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Hommage à Marc Sourdot : portrait de Pertti Rautio dans le n°560

Notre collaborateur Marc Sourdot est décédé à l'âge de 77 ans, le 30 octobre dernier. Pour rendre hommage à l'homme, au journaliste qu'il était, nous publions quelques-uns de ses anciens articles. Ici, un portrait de Pertti Rautio, ex-chargé des relations internationales de Rapala. Marc a écrit des dizaines de portraits, dans une rubrique intitulée "Un pêcheur, ses pêches, sa rivière". Celui-ci, sur 4 pages, a été publié en janvier 1992 dans le n°560 de La Pêche et les poissons

Pertti Rautio, dit "Pépé"

Comme pour beaucoup de Finlandais, la pêche et la vie au grand air font partie de son quotidien. Sportif endurci, sous ses allures souriantes d'étudiant un peu myope, Pépé est sans doute l'un des plus méridionaux des pêcheurs finlandais : peut-être parce qu'il garde un bon souvenir de ses deux années passées à Nice. Cela se traduit, pour ses compagnons de pêche, par une bonne humeur toujours égale, une délicieuse courtoisie. Ce n'est pas lui qui forcera le pas, même s'il le peut, pour vous précéder sur un coup non pêché !

De plus, et Hubert Guillois qui le connaît bien m'en avait averti, Pépé est un « preneur » de poissons. Même s'il remet nombre de ses prises à l'eau, il pêche d'abord pour « prendre », pour se prouver que sa technique et son savoir-faire sont supérieurs à la ruse du poisson. En un mot, Pépé est un pêcheur, pas un occasionnel praticien d'opérette. J'ai pu le vérifier durant les quelques jours que nous avons passés ensemble. Que la pêche fasse partie de son quotidien signifie d'abord que, dès qu'il en a le temps, il se rend sur les rapides de Kalkkinen, à quelques minutes de son bureau. Dans ces grands courants qui réunissent deux parties du lac Päijänne, du bord ou en bateau, il recherche au leurre les grosses truites qui se rassemblent là, en quête de vairons. Son plus beau poisson, il l'a pris cette année, au Fat Rap bleu : une fario qui dépassait les 11 livres !

La pêche au lancer

Quand il pêche au lancer, Pépé pêche vite pour pêcher efficace. Il ne stationne jamais à la même place tant qu'il n'a pas trouvé le poisson. Que ce soit en lac ou en rivière, à la truite, à l'omble ou au saumon, il ne s'attarde pas. Son principe est simple : il lance dix fois en éventail, en faisant varier la distance, et s'éloigne de 15 pas. Même sur les postes qu'il connaît bien, les points chauds qui lui ont déjà valu de belles émotions, il n'insiste pas plus. Il considère que si le poisson est là, mordeur, il attaquera lors des premiers passages. Ce qui est un raisonnement tout à fait sain quand on l'applique à des eaux normalement peuplées. Heureux pêcheurs finlandais qui sont toujours sûrs de trouver plus de poissons que de pêcheurs sur les rivières qu'ils fréquentent ! Bien qu'il ait eu l'occasion de pêcher un peu partout de par le monde, l'un de ses poissons préférés demeure la truite de mer, tout particulièrement celles de la Baltique qu'il recherche à deux époques bien différentes. En avril/mai, il les retrouve sur la côte ouest, à proximité des iles Aland, loin de la côte, donc, et en bateau. Les truites se tiennent à proximité des ilots, sur le blanc des rochers, à la recherche de leur nourriture. Pépé rapproche cette pêche de celle du bar qu'il a pratiquée en Bretagne, en compagnie d'Hubert Guillois et Ange Porteux. Le jeu consiste à s'approcher des récifs, tout en demeurant à distance de sécurité, et à lancer dans l'écume que font les brisants sur la crête des rocs. Ondulantes lourdes et poissons-nageurs sont alors nécessaires. En automne, au contraire, c'est à l'est, et à proximité de la côte que se tiennent les poissons en quête des alevins nés de l'été. Dans ce cas, on utilise des leurres de petite taille pour une prospection moins périlleuse mais tout aussi systématique. Chaque année, également, Pépé se réserve une semaine ou deux qu'il consacre au saumon. La plupart du temps, il pêche les rivières du nord norvégien, à proximité de la frontière finlandaise. La Neidenelva, à une cinquantaine de kilomètres de Kirkenes, reste l'une de ses préférées. Mais, si l'occasion se présente, il n'hésite pas à innover, voire à tenter l'aventure avec de véritables expéditions sur des rivières «nouvelles ». C'est ainsi qu'il fut l'un des pionniers de la pêche en Russie où j'ai eu la chance de l'accompagner l'été dernier. Là, j'ai pu véritablement me rendre compte de ses qualités de pêcheur et de sportif.

Remarquable observateur

Habitué à fréquenter des eaux bien différentes les unes des autres, Pépé n'est jamais pris au dépourvu, ne se trouve jamais désorienté face à de nouvelles conditions de pêche. Il a tôt fait d'analyser la situation et de trouver les solutions adéquates. Ainsi, lors de notre arrivée sur la Varzina, à l'est de la presqu'ile de Kola, tout semblait réuni pour rendre difficile notre prise de contact avec les saumons russes: un temps sec, des eaux basses et la présence... d'un «inspecteur des pêches » qui ne semblait pas convaincu des bienfaits du tourisme halieutique. Dès le premier soir, pourtant, après s'être fait expliquer les caractéristiques du parcours, Pépé, en compagnie de deux autres amis, avait découvert le seul endroit vraiment valable du lot qui nous était attribué : un grand courant régulier à l'entrée du lac que formait la rivière entre deux séries de rapides. A la tombée du jour, les poissons quittaient momentanément les eaux calmes pour venir s'oxygéner. Dès le tout premier soir, Pépé avait « fait sa pêche » : saumons, truites de mer et ombles chevaliers venaient récompenser sa perspicacité. Les eaux continuant de baisser, il devenait nécessaire de prospecter la rivière bien au-delà- du parcours initialement attribué. Les saumons qui s'y trouvaient depuis plus d'un mois connaissaient tous parfaitement les leurres et les mouches qu'on pouvait leur présenter. Il fallait, à défaut de poissons frais, rechercher des saumons qui n'avaient pas encore été pêchés. C'est ainsi que l'avant-veille du jour prévu pour notre départ, alors que la plupart d'entre nous pensaient déjà au retour, Pépé prit son matériel, son sac à dos et un duvet. En plein brouillard - on n'y voyait pas à cinquante mètres - accompagné d'un ami finlandais aussi «fêlé» que lui, sans tenir compte des consignes de notre « inspecteur des pêches », il fit plus de 12 kilomètres à travers la lande accidentée pour rejoindre des pools qui n'avaient jamais été pêchés. En quelques heures - entrecoupées d’une courte et humide nuit à la belle étoile - il prit plus de poissons, dont un saumon qui dépassait les 20 livres, que les trois jours précédents. Tous avaient mordu sur un Rapala C.D. 9 de couleur orangée, son modèle préféré pour le saumon en milieu de saison. Comme je m'étonnais de cette réussite, il me fit simplement remarquer qu'il suffisait de « marcher un peu » pour trouver des poissons « innocents ». Quand je vous disais «pêcheur sportif» dans tous les sens du terme !

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