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Expédition Giant Snake Head en Thailande !

Cette grosse femelle giant snake head, très sombre, a été capturée à proximité d’une boule d’alevins.

Crédit photo Patrice Maharibatcha
L’ophiocéphale ou tête de serpent, plus communément appelé giant snake head, est un carnassier hors normes, dont la touche très brutale ne laisse pas le pêcheur insensible ! Patrice Maharibatcha a eu la chance de le traquer en Thaïlande, le récit est passionnant.

J'ai pratiqué de manière assidue et passionnée une des pêches les plus sédentaires et statiques qui soit, celle de la carpe, avec ce qu’elle concentre de détails, de technologie, de précision, de stratégie, de préparation. J’ai aimé ce poisson plus que de raison. J’apprécie toujours cette pêche mais aujourd’hui mon regard se tourne ailleurs… Un peu plus loin que la berge d’en face. Et après les carangues de Djibouti, il pointe vers la Thaïlande, en janvier 2023, à la recherche de cette espèce à la fois mythique et mystérieuse : le giant snake head !

Pêche au milieu des bananiers, ça change des nénuphars. Le poisson convoité n’est pas le même non plus !
Crédit photo : Patrice Maharibatcha

Une rencontre...

Après 11 heures de vol, 6 heures de décalage horaire et une amplitude thermique de 35 degrés, nous atterrissons dans la chaleur moite de Bangkok. Notre hôte nous y attend : Jean-François Hélias, figure française de la pêche en Asie et légende du snake head, nous accueille dans son antre, un lieu qui, comme lui, n’a pas d’âge, un véritable musée de la pêche qui retrace un chemin jalonné de 274 records du monde et de milliers de rencontres, toutes espèces et toutes personnalités confondues ! La discussion se passionne, les anecdotes fusent, nos connaissances communes ravivent les souvenirs, qui eux-mêmes télescopent les projets à venir. Les leurres locaux s’amoncellent sur la table basse du salon, chacun accompagné d’une histoire. Nous comprenons alors que nos boîtes, composées d’une supposée savante sélection de ce qui fait de mieux pour traquer black-bass, brochets, sandres et bars ne sera pas d’une grande utilité…

Notre guide nous oriente vers un leurre de surface artisanal en bois, fabriqué à la main par son ami Addy, à la finition exceptionnelle, un ersatz de grenouille modélisée de 6 cm, équipé d’une hélice en Inox martelé à l’avant et d’une jupe arrière, dissimulant un hameçon double, pointes vers le haut, assez fin de fer et très piquant. Il ne reste dans les obstacles que très rarement et permet de prospecter les forêts immergées dans lesquelles rôde notre cible. De toute façon, en cas d’accroc, le batelier manœuvrera pour aller le chercher. Sur les milliers de lancers réalisés durant le séjour, nous n’en perdrons aucun ! La configuration de cette grenouille est telle que l’attaque du snake head ne peut être transformée que s’il surgit par l’arrière, la gerbe d’eau et le son si caractéristique étant immédiatement suivis d’un ferrage ferme et énergique. Il en résulte un ratio de prises validées d’environ 30%, ce qui peut paraître frustrant. Mais nous vivons 100% des attaques, furieuses, violentes. Celles qui ne laissent aucun doute et qui font basculer le moment et le pêcheur dans une autre dimension !
Crédit photo : Patrice Maharibatcha

Un ensemble très solide !

Le snake head est connu pour fondre sur les proies avec une rage inouïe et réputé pour la force de ses mâchoires et pour ses zones de chasse ou de tenue très encombrées. Le rapport poids/puissance n’a rien à envier aux poissons marins les plus vigoureux : la base du matériel sera donc composée de cannes casting d’une puissance de 30 à 60 g, moulinets à fort ratio, frein serré, tresse de 40-50 lbs, bas de ligne fluorocarbone de 50-60 lb, de 50-60 cm. Sur les jerkbaits, poissons-nageurs, minnows et cranks, les anneaux brisés seront remplacés par des Owner de 21 kg de résistance et hameçons triples ST66.

Dans le vif du sujet !

Une durite à changer et nous partons le lendemain matin pour le barrage de Sinakharin, sur la rivière Khwae Yaï, dans la province de Kanchanaburi, à 5 heures de route de Bangkok. Un lac de retenue d’une soixantaine de kilomètres de long pour deux de large en moyenne dans la zone que nous prospecterons, avec de multiples lagunes et bras morts. Les tubes, sacs et provisions sont chargés dans une grande pirogue en bois, équipée d’un moteur de moto bricolé.

Les cabanes flottantes du Sinakharin serviront de camp de base à l’expédition. Confort rustique mais dépaysement garanti !
Crédit photo : Patrice Maharibatcha

Nous glissons sur une eau lisse, chargée et trouble. L’ambiance est singulière, nous traversons des paysages saisissants et contrastés. Nous atteignons finalement notre camp de base, un hameau flottant de huit grandes cabanes en bois, montées sur des rangées de barils métalliques et prolongées de grandes terrasses couvertes. Pas d’eau courante et un groupe qui nous fournira de la lumière jusqu’à 21h. Le lieu est magique et l’ambiance ressemble à celle que j’avais imaginée. Les familles installées ici vivent de la pêche et du troc. Le dépaysement est total !

Un petit passage dans un temple le jour de l’arrivée des pêcheurs leur a certainement porté chance !
Crédit photo : Patrice Maharibatcha

Une pêche pointure

La pêche se pratique depuis une pirogue traditionnelle en bois, deux pêcheurs par embarcation, dirigée par un dextre batelier, qui naviguera au moteur lors des transitions puis à la rame en action de pêche. Celui qui partage le bateau de Jean-François aura bien évidemment le privilège de pratiquer depuis l’avant mais sur l’autre, par souci d’équité, nous décidons de permuter entre l’avant et l’arrière toutes les heures. Les lancers sont millimétrés et s’enchaînent à un rythme effréné, c’est du power fishing en jungle thaïlandaise ! Nous prospectons perpendiculairement à la berge, avec des jets de 15-20 m, parfois moins. Cette configuration nous permet, par pêcheur, de réaliser entre cinq et dix lancers par minute, selon les conditions et l’environnement. Nous sommes donc à plus de 500 lancers par jour, en intégrant les moments de transition, petites pauses et autres aléas ! J’évoque cette estimation pour étayer mon propos concernant le rendement sur Sinakharin : 500 lancers, pour une vingtaine d’attaques et cinq à six poissons validés par jour et par pêcheur. Nous sommes loin d’une sortie en pisciculture ! C’est une vraie pêche, rude, difficile, exigeante. Pas de seconde chance sur un ferrage raté : dans 99% des cas, le snake head n’y revient pas. Mais un monstre peut surgir à tout instant. Et celui-là se mérite ! Nous sommes tous les trois unanimes à ce sujet : n’en prendre qu’un plutôt que trente… mais avoir la chance de toucher un giant snake head exceptionnel !

Patrice, Jean-François, Lilian et Antoine toucheront de superbes poissons tête de serpent durant le séjour. Les différences de couleurs sont saisissantes
Crédit photo : Patrice Maharibatcha

Antoine remplit sa mission

La pénombre tombe sur le camp et la pirogue d’Antoine et Lilian n’est pas encore amarrée au ponton. Le wok crépite, Jean-François passe un coup d’éponge sur la table et met le couvert tandis que je contemple les dernières lueurs du jour découper l’ombre des montagnes, harassé par la journée et encore retourné d’avoir ferré trop tard un superbe poisson. Un bruit de mobylette se rapproche, rapidement étouffé par des chants de joie et le rire convulsif d’Antoine. Il n’en faut pas plus pour deviner : il enregistre une violente attaque sur sa grenouille et ressent tout de suite la puissance d’un giant déterminé à rejoindre des obstacles. La canne est cintrée mais il ne ressent plus d’à-coups. Le monstre est coincé. Le batelier manœuvre, tandis qu’Antoine alterne tractions et relâchements. Rien ne bouge. Déterminé à ne pas perdre ce poisson, il décide de plonger mais la visibilité quasi nulle et la raison lui rappellent qu’il est père de famille. En limite de rupture, l’obstacle cède et le combat reprend ! Quelques instants plus tard, il glissera dans l’épuisette un magnifique spécimen, coiffé d’un reste de vieux filet de pêche. La règle IGFA indiquera 82 cm pour un poids estimé de 8 kg.

Patrice, Jean-François, Lilian et Antoine toucheront de superbes poissons tête de serpent durant le séjour. Les différences de couleurs sont saisissantes
Crédit photo : Patrice Maharibatcha

Actions de pêche mémorables !

Lorsque la lumière se tamise un peu en fin d’après-midi, l’activité reprend et la surface explose à nouveau, nous offrant quelques beaux poissons. Nous atteignons silencieusement le fond d’une lagune très encombrée. Alors que nous prospectons, désormais presque machinalement, un banc d’alevins apparaît à quelques mètres de la pirogue et, fait rarissime, la mère monte et se positionne entre nous et sa descendance, la tête presque hors de l’eau, immobile, comme pour manifester sa présence et nous rappeler son rôle, avant de disparaître. Je suis à la fois pétrifié et subjugué par l’instant. Nous scrutons la remontée. Elle a lieu quelques secondes plus tard et je suis le mieux placé pour lancer avec précision. La grenouille tombe un mètre derrière la cible et, après quelques tours d’hélice, un missile transperce la surface ! Le leurre disparaît dans une gueule béante et le ferrage instantané est immédiatement suivi d’un rush vertical d’une puissance inouïe. La pirogue vacille, le batelier est médusé et Lilian s’écrit : « C’est un monstre ! » Ma Tenryu semble mieux supporter la pression que moi et, après un bras de fer incertain, la grosse femelle finit dans l’épuisette ! Nos cris de joie résonnent dans la jungle thaïlandaise ! La fin de journée approche et nous nous dirigeons vers le dernier spot. Après avoir perdu un gros poisson dans les obstacles, Lilian se ressaisit et, quelques minutes plus tard, enregistre une touche violente sur une zone inaccessible en barque, à quelques mètres du bord et dans seulement 50 cm d’eau ! Il relance, seconde attaque infructueuse et moins franche. Nous voyons le couple, devinons la boule et distinguons le nid circulaire sur le fond sableux ! Il dégaine la pince et monte un B-Switcher 2.0 dont la bavette gratte les sédiments sur quelques centimètres avant de se faire happer ! S’ensuit un combat épique dans les bois morts et une explosion de joie ! Le retour se fera dans la pénombre, illuminée par les souvenirs de ce moment exceptionnel !


Crédit photo : Patrice Maharibatcha

Renseignements pratiques

ADRESSE UTILE

  • Tourism Authority of Thaïland - 1600 Phetchaburi Road, Makkasan, Rhatchathevi, Bangkok 10400 Thailand. Téléphone : +66 2250 5500

DÉTAILLANT

  • 7seasProShop Thailand - 1393 Nawamin Road, Khlong Kum, Bueng Kum, Bangkok 10240 Thailand. Téléphone : +66 2944 9899

HÉBERGEMENTS

  • Multitude d’hôtels à Bangkok, à partir de 12 euros/nuit.
  • Pour l’hébergement en jungle, seul Jean-François peut vous y mener.

GUIDE DE PÊCHE

  • Fishing Adventures Thailand - Jean-François Hélias - 13/14 city studio Sukhumvit - Road Soi – 1310110 Bangkok Thailand - Téléphone : +66 81 846 9894 - Email : fishasia@ksc.th.com - Site : www.anglingthailand.com

A VOIR

  • Palais Royal et le Wat Phra Kaew
  • Le Wat Pho
  • Le fleuve du Chao Phraya
  • Khasan Road
  • Le marché de Chatuchak
  • Streetfood

C’est aux heures extrêmes de la journée que les touches sont les plus fréquentes. Il faut rester concentré en permanence.
Crédit photo : Patrice Maharibatcha

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