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Aventure-pêche en float-tube sur la Loire dans la Nièvre avec Vincent de Bruyne

S’il y a bien un département que j’affectionne particulièrement, c’est la Nièvre. La douceur de vivre, les paysages bucoliques et la multitude de canaux, lacs et rivières font de ce département, un endroit où je m’évade dès que possible. Et dans la recherche de cette évasion, ce qui me faisait rêver dernièrement, c’était de pouvoir descendre un des derniers fleuves sauvages de France en float tube, la Loire, durant deux jours avec juste le minimum de confort pour dormir et pêcher…

J'ai la chance d’avoir mes meilleurs amis et mon filleul qui habitent vers Montreuillon, un petit village réputé pour la pêche de la truite et proche du lac de Pannecière. Passionnés de pêche tous les deux, Sylvain et Lubin (mon filleul) se rendent plusieurs fois par an sur la Loire pour pêcher en float tube. Perches, chevesnes, silures et aspes de Loire n’ont plus aucun secret pour eux sur les portions de ce fleuve qu’ils affectionnent. C’est donc tout naturellement que j’ai fini par céder à leur invitation : partir pêcher durant un Road Trip sur la Loire, en float tube et en totale autonomie !

Aspes et silures

L’idée est belle et noble. Descendre ce fleuve mythique au gré des courants, en parfaite harmonie avec la nature et son environnement, cela est plutôt envoûtant. Qui plus est, sans électronique pour la pêche (juste la lecture de l’eau et des postes) et sans moteur thermique ni électrique. La descente se fera à la force des jambes et à l’observation, rien de plus. J’aime cette approche et cette idée. Sur le papier, elles ressemblent à ces descentes en canoë que je fais sur la Seine lors de mes guidages de pêche. À la seule différence que, sur la Loire, plus précisément sur le tronçon qui traverse le département de la Nièvre que nous allons pêcher, les brochets sont plus rares. Qu’à cela ne tienne, je vais faire une infidélité à « mon poisson de cœur » le temps de quelques jours, et me tourner vers la Loire et ses poissons magiques : les aspes et les silures en priorité. D’après Sylvain et Lubin, gros chevesnes et perches nous attendent en espèces collatérales. Il me tarde de mettre les floats à l’eau…

Superbe coucher de soleil sur la Loire.
Crédit photo : Vincent de Bruyne

Bien se préparer

Évidemment, on n’organise pas une descente de la Loire en float tube durant plusieurs jours en claquant des doigts. Cela demande un petit peu d’organisation et de préparation. Ainsi chaque centimètre carré de chaque float doit être optimisé, afin d’avoir tout ce qu’il faut pour pêcher, dormir, boire et manger sur un minimum de place. Car en plus, nous ne sommes pas fans des « float tube cargo », lourds et plus difficiles à manœuvrer dans les courants. Ce sont nos fidèles Outcast et FLTB Caperlan qui nous suivent lors de ces aventures en Loire. Ils sont légers, solides, faciles à manipuler, à transporter et parfaitement stables. Pour cela, il faut prévoir (liste non exhaustive) : une trousse à pharmacie comprenant un désinfectant, des lingettes, des pansements et des strips, des petits ciseaux, une bande et une couverture de survie ; un tapis de sol, type tapis de gym mais pour dormir, cela isole de l’humidité et est un peu plus confortable que le sable. Prévoir aussi une tente légère pour se couper de l’humidité et des insectes. Sinon, à la belle étoile, c'est super. Une lampe frontale s'ajoute au panier pour s’éclairer la nuit. Pensez à vérifier les piles ou le chargement. Prévoir de quoi manger : un couteau « multi-outils », de quoi allumer un feu (si c’est autorisé), gâteaux secs, eau, sandwichs, fruits, légumes… Faites attention à la conservation s’il fait chaud. Côté float tube : un wader, un gilet de sauvetage, des palmes, un tuyau avec embout pour le regonfler si nécessaire, un kit de réparation, une corde et un piquet/ancre pour l’arrimer au bord la nuit (surtout en cas de vent). On pense bien sûr aux Crocs : on marche partout avec ces chaussures, ça flotte, ça sèche, et ça évite les bouts de verre dans le pied. Les clés : ne pas oublier ou perdre les clés de la voiture. Un petit flotteur et un leash accrochés à ces dernières ne sont pas superflus. Je vous l’ai dit, on pêche simple et efficace, avec le moins d’artifices possible ! Cela demande, en revanche, de respecter quelques points de sécurité. Road Trip ne rime pas avec faire n’importe quoi. On ne part pas non plus à l’aventure sur un fleuve sauvage sans respecter quelques consignes liées à l’environnement dans lequel on va évoluer.

Magnifique silure tacheté, capturé à vue !
Crédit photo : Vincent de Bruyne

En toute sécurité

Avant de vous lancer, il faudra vérifier les débits : regarder sur « Vigicrue » s’ils sont stables, qu’il n’y a pas de risques de crues et s’ils sont compatibles avec la descente en float tube. Faites cela à la belle saison, privilégiez les mois de juillet à septembre. Ce sera plus confortable pour dormir à la belle étoile ou dans la tente, et l’eau sera plus chaude pour faire « trempette » douze heures par jour dans son float tube. Faites attention aux orages : regardez toujours la météo avant de partir, et ne prenez pas de risques si des orages sont annoncés. Une fois sur la Loire, venir vous récupérer n’est pas chose aisée. Il faut encore penser à mettre la tente en lieu sûr. On ne plante pas sa tente, ou on ne dort pas à la belle étoile directement au bord de l’eau. Tenez compte du fait que cette dernière peut monter dans la nuit. Ecartez-vous et pensez aussi à ne pas vous retrouver encerclé sur un banc de sable. Se protéger du soleil, de la déshydratation et de la faim est vital ; casquette, lunettes et tee-shirt manches longues sont des alliés de choix lorsque l’on passe douze heures sur un float tube en plein soleil. De même, prenez suffisamment d’eau avec vous, et même des gourdes filtrantes permettant de boire « n’importe quelle eau », ainsi que des barres de céréales et pâtes de fruits… Ne jamais partir seul, et toujours préciser où l’on va ainsi que le point de départ, le point de retour et le jour et l’heure où l’on rentre. En cas de problème, il sera plus facile pour les secours d’intervenir.

Un gros silure pris à vue avec un appât vivant, un vrai régal pour le pêcheur.
Crédit photo : Vincent de Bruyne

La brume s’échappe de la surface

Tous ces points abordés, « let’s go fishing ». L’organisation est millimétrée, il faut dire que Sylvain est bien rodé. Il n’en est pas à sa première sortie en float tube sur la Loire. C’est donc par une belle journée du mois d’août que me voilà debout bien avant l’aurore, à 4 heures du matin… Nous avons prévu un petit « 36 heures » de float tube sur la Loire. Lubin et Sylvain sont déjà debout, prêts à me faire découvrir ce road trip qui leur est si cher, tandis que je peine à ouvrir les yeux. Les voitures sont chargées, direction la Loire où nous retrouverons Rémy, notre quatrième acolyte. Nous partons à deux voitures. En effet, pour être autonomes, nous déposons une voiture en aval qui restera sur place et que nous retrouverons à la fin de la descente, puis nous partons ensuite avec l’autre voiture et tout le matériel vers le point de départ. Nous récupérerons la voiture du point de départ une fois la descente en float terminée. Arrivés sur place, la Loire est majestueuse. Il est 5 h 45 du matin, la brume s’échappe de la surface de l’eau et le soleil commence tout juste à se lever. Ces moments hors du temps nous font savoir pourquoi nous aimons tant la pêche. Les foat tubes gonflés et chargés, nous voilà tous les quatre sur l’eau, prêts à en découdre avec ce fleuve magique. L’idée est simple, pêcher les silures au « fireball » à vue tant que nous avons des vifs, puis pêcher les aspes au leurre de surface. Si besoin, nous essayerons d’attraper des chevesnes ou des poissons blancs pour retenter les silures en fireball une fois notre stock de vif épuisé. L’eau est incroyablement claire, c’est un véritable aquarium où se mêlent carpes, goujons, gardons, chevesnes et autres poissons blancs. Mais attention, il faut toujours avoir l’œil vif et ne pas se laisser avoir par ce magnifique ballet subaquatique.

Bagarre dans une eau cristalline.
Crédit photo : Vincent de Bruyne

Montée d’adrénaline

Les silures rôdent, et un manque d’attention peut nous faire passer à côté du roi de ce fleuve sans avoir le temps de lui présenter notre appât. Pour les pêcher, rien ne vaut un beau poisson vivant présenté avec précision sous leur nez. Et à ce petit jeu, Sylvain a l’œil. Au détour d’un herbier, il a repéré une queue de silure. Il fait passer le poisson appât au plus près de l’herbier, lorsque le silure sort et engame l’appât. Attaque à vue, double ferrage en règle et voilà un combat musclé qui s’engage. Il se soldera par un superbe silure de plus de 175 cm. Les hostilités sont lancées et c’est Lubin qui attrapera le deuxième silure de la journée. Il l’avait repéré en bordure dans des bois morts. Une approche discrète et une présentation subtile n’ont pas laissé indifférent ce silure de 140 cm qui a littéralement gobé son poisson. Le combat n’était pas gagné d’avance, mais Lubin, même s’il est jeune, sait parfaitement combattre ces géants d’eau douce. La traque des silures à vue est excitante sur la Loire. Chaque poisson est vu, approché et pêché. Tous ne sont pas capturés, évidemment. Certains se décrochent, d’autres refusent les appâts, mais à chaque approche l’adrénaline est à son maximum. C’est cette adrénaline, ces moments hors du commun qui nous font vibrer et nous font prendre conscience, nous pêcheurs, du pourquoi nous sommes là, sur l’eau, au milieu de cette Loire sauvage. La journée touche à sa fin, il est temps de monter le bivouac pour dormir au bord de l’eau. Je me suis occupé de capturer quelques vifs pour mettre des lignes au cassant sur le coup du soir, pendant que Sylvain et Lubin montent le camp.

Un premier aspe rapidement mis à l’épuisette.
Crédit photo : Vincent de Bruyne

Frénésie des aspes

Rémy, quant à lui, en a profité pour nous sortir un superbe aspe qui chassait à vingt mètres de nous en rabattant les petites ablettes vers le bord. Une action folle, et un moment unique que seule la Loire peut vous offrir. La nuit arrive, elle sera belle, douce et le ciel étoilé nous transporte encore un peu plus dans ce moment qui semble irréel. C’est les yeux dans le brouillard que je me réveille et vois Lubin la canne en main, pliée en deux. Il fait déjà jour, et en attendant que tout le monde se réveille, il avait mis une canne au bord avec un petit gardon. Il n’aura pas fallu longtemps pour qu’il capture un silure, et du bord. Le temps de prendre un petit-déjeuner rapide et nous voilà à nouveau dans les floats. Il nous reste environ neuf heures de pêche avant de rejoindre la voiture en aval. Cette deuxième journée sera consacrée à la pêche de l’aspe. La Loire en regorge, et tout au long de la journée nous pourrons assister à de véritables frénésies. Les aspes étaient comme fous ; des chasses éclataient partout sur la Loire. En bordure, à la limite de s’échouer, tout comme en plein milieu du lit du fleuve, on avait l’impression qu’il pleuvait des aspes… Mais il est un poisson malin et ne mord pas à tout. Il aura fallu essayer quelques leurres avant de trouver qu’ils voulaient de petits modèles de surface, ramenés le plus vite possible sans animer. Cela a déclenché des touches réflexes et des attaques à couper le souffle. Lubin sortira même un chevesne record de 63 cm en pêchant l’aspe. La Loire est vraiment pleine de surprises ! Partir en Road Trip pêche, simplement, sans superflu, entre copains, et se confronter à des monstres d’eau douce comme le silure ou à des attaques d’aspes en surface, dans une eau si cristalline, est vraiment une belle histoire à vivre. L’ambiance, la magie des lieux sont une invitation à l’évasion comme peu d’endroits en France le permettent encore.

Les gros chevesnes se mêlent souvent aux aspes.
Crédit photo : Vincent de Bruyne

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