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Pêche du brochet aux leurres durs sur le lac de Bourget avec Lucas Martinet

C’est ce brochet de 95 cm qui va marquer le tournant de la journée. Lucas a vraiment bien fait de changer de leurre ! 

Crédit photo Thierry Bruand
Une partie de pêche du brochet mal engagée peut très bien se terminer à condition de savoir remettre en cause ses certitudes, même quand on connaît un parcours sur le bout des doigts. C’est ce qui est arrivé à Lucas Martinet sur le plus grand lac naturel de France, le lac du Bourget, lors d’une session riche en enseignements.

Ce reportage était prévu de longue date pour la fin mai, période censée être favorable pour les beaux brochets sur le Bourget. Mais quelques jours avant le dimanche en question, je reçois un coup de fil de Lucas en plein doute après les renseignements pris auprès de ses amis et de ses clients, il est détaillant d’article de pêche. « Les nouvelles ne sont vraiment pas très bonnes. Il y a eu une fonte des neiges tardive et le lac s’est refroidi anormalement pour la saison. Les capots se sont multipliés cette semaine. » La question se pose alors de savoir si nous maintenons la sortie. Au regard de nos agendas respectifs, elle est finalement actée, mais avec un ultimatum : si à midi aucune touche n’a été enregistrée, nous rentrons à la maison ! La pression monte.

Il y en a pour une petite fortune dans cette boîte ! Lucas aime utiliser ces gros swimbaits Balam articulés de Madness en début de saison.
Crédit photo : Thierry Bruand

Stratégie gros poissons

Nous mettons à l’eau au petit port d’Aix-les-Bains. Lucas et son père mettent les gaz plein sud pour rejoindre le secteur du Lido, particulièrement intéressant en début de saison avec ses roselières et ses grands plateaux. Comme beaucoup de jeunes pêcheurs de carnassiers, Lucas, qui a 28 ans, concentre tous ses efforts sur les plus beaux sujets, ceux dépassant au moins 90 cm. Sa stratégie est à l’avenant : « Au Bourget, la pêche se pratique majoritairement avec des souples d’une petite vingtaine de centimètres. Personnellement, je préfère miser sur des leurres durs et de plus grande taille, de 22 à 30 cm. Les brochets ont moins l’habitude d’en voir passer et ils imitent probablement mieux les belles proies comme les brèmes et gros gardons qui commencent à se concentrer sur les plateaux pour frayer. Ma préférence se porte sur les hard swimbaits qui ne font pas trop de bruit tels que les Balam (Madness) ou les Dowz Swimmer (Illex). Comme ce type de leurre est en général plutôt adapté à des milieux peu profonds et qu’ils descendent assez peu dans la couche d’eau, je les densifie avec des lests supplémentaires qui se fixent sur les anneaux des leurres. J’estime alors qu’ils pêchent à environ trois mètres de profondeur au plus creux, ce qui est suffisant pour faire monter les brochets quand ils voient passer l’ombre au-dessus d’eux. C’est de cette manière que j’avais enchaîné les belles sorties l’année dernière à cette saison. Voilà pour la théorie ». Le matraquage peut alors commen cer avec un matériel évidemment adapté pour la propulsion de tels leurres (voir encadré). Les dérives sont paramétrées de manière à suivre la ligne bathymétrique des dix mètres. Lucas, situé à l’avant du bateau, essaye, dans la mesure du possible, de lancer en direction de la berge.

Le matériel

  • Combo 1 : Canne Deep Core Monster (Golden Mean) 2 m 40, puissance de 100-240 g et moulinet Super Duty 300 (Lew’s)
  • Combo 2 : Night Shadow The Wild Dog (Illex) 2 m 50, puissance de 200 g max. et moulinet Tranx (Shimano)
  • Tresse : 0,26 et 0,28 mm X Braid 4 brins (YGK)
  • Fluorocarbone : 100 % Soft 0,81 mm (Savage Gear)
  • Le leurre du jour : Raw Bite 15 cm (Westin)
  • Autres leurres: Balam 30 cm (Madness) et Dowz Swimmer 22 cm (Illex)
  • Lests à leurre : John Weight 10 et 14 g (Illex)

Le Balam n’est pas prévu pour pêcher très profondément. Notre jeune savoyard n’hésite pas à le lester avec des poids amovibles pour le faire couler plus rapidement. 
Crédit photo : Thierry Bruand

Dans le dur

Il faut noter qu’à cette saison, la sonde live, qu’il maîtrise fort bien, n’est pas à la base de sa stratégie, car les gros brochets ne sont pas encore en pélagique. Elle peut éventuellement lui servir à observer un suivi ou lui donner une indication sur la présence des poissons. Comme nous l’avions pressenti, les touches se font attendre. Notre Savoyard reste toutefois droit dans ses bottes, il croit dans son pattern et se concentre sur ses lancers.

Cannes et moulinets casting sont choisis dans les plus grosses tailles pour affronter les plus gros poissons du Bourget et lancer sans peine les leurres très lourds.
Crédit photo : Thierry Bruand

De longs lancers

Il s’applique à les faire les plus longs possible car, à cette saison, les brochets sont peu actifs et ils ont tendance à suivre les leurres longtemps avant de les attaquer. Un vrai métronome. Devant la difficulté, il consent à faire tourner un peu les couleurs, mais pour lui trois nuances sont suffisantes. Quand je lui demande, moi le pêcheur de truite qui aime avoir des touches, comment il peut rester de si longues périodes sans la moindre tape, sa réponse fuse : « Cette année, le jour de l’ouverture, les conditions étaient très difficiles. J’ai un ami qui a passé toute la journée sur cette zone sans jamais se disperser, car il était persuadé de la présence des brochets. Il fallait juste attendre le moment où ils allaient se mettre sur “on”. À l’arrivée, la situation s’est débloquée en milieu et en fin d’après-midi et il a été un des rares pêcheurs à sortir son épingle du jeu avec deux gros poissons. La pêche des carnassiers, c’est aussi du mental. » Au fur à mesure de la matinée, le doute s’installe toutefois et nous finissons par prendre la décision de tenter le poste bien connu de l’embouchure de la Leysse. Quelques minutes après notre arrivée sur site, nous essuyons un coup de vent.

Il faut un sacré mental pour lancer toute une journée durant de gros leurres sans avoir une seule touche. Jusqu’au bon moment...
Crédit photo : Thierry Bruand

Grosse frayeur

En voyant Lucas se débattre sans succès dans le vent et la pluie, je me dis alors que le reportage est bien mal engagé d’autant que nous sommes arrivés à l’heure butoir fixée. C’était sans compter sur la pugnacité de notre Aixois. Il sait que les coups de vent troublent l’eau et peuvent parfois activer les brochets. Il décide alors de revenir sur le poste du début de matinée et se laisse encore une ou deux dérives avant de rendre les armes. Il sort alors l’unique crankbait de sa panoplie de leurres du jour. Il était sûr de sa stratégie et n’avait embarqué pratiquement que des leurres durs articulés pour essayer de réveiller les brochets. Il prend rapidement une tape, puis quelques minutes plus tard le fameux « poisson », lancé haut et fort par un Lucas ragaillardi, me sort de la légère somnolence dans laquelle j’étais en train de tomber. De l’action, enfin !

C’est ce gros crankbait Westin qui fut le grand gagnant de cette journée avec trois prises. Il plonge jusqu’à trois mètres de profondeur, ce qui était suffisant.
Crédit photo : Thierry Bruand

Le coup du triple

Très concentré, notre champion ramène le carnassier avec autorité, car il sait qu’il n’est jamais bon de faire durer un combat avec un leurre dur sur lequel le poisson peut prendre appui. C’est un vrai beau brochet qui crève la surface. Malheureusement, au moment du premier coup d’épuisette, un des triples s’accroche à l’extérieur des mailles. Le père de Lucas réagit instantanément et d’un geste très brusque arrive quand même à faire rentrer le poisson dans le filet. Soulagement, on a frôlé la catastrophe ! Le décrochage dans l’épuisette annoncé difficile se déroule finalement mieux que prévu. Le poisson est mesuré avec sérieux et la toise indique 95 cm. Après la série de photos, je félicite Lucas d’une tape amicale pour sa persévérance et le coup de ligne. Avec un spécimen de cette taille au compteur, on peut d’ores et déjà considérer que le contrat est rempli.

Ce petit brochet capturé dans la baie de Mémard confirme que les carnassiers voulaient de la vibration ce jour-là !
Crédit photo : Thierry Bruand

Le leurre du jour

Notre Savoyard pense que les vibrations ont fait la différence avec des poissons qui réagiraient aujourd’hui plus par agressivité que par besoin nutritionnel. Il ne changera donc plus de leurre pour le reste de la session. La suite des événements va lui donner raison. Un coup de traverse, ce vent puissant descendant de la montagne, nous empêche malheureusement de continuer sur le secteur du Lido. Nous devons nous réfugier dans un coin plus abrité. Pour l’après-midi, il est décidé d’aller explorer la zone située juste au nord d’Aix-les Bains. C’est donc du côté de la baie de Mémard que notre pêcheur va maintenant concentrer ses efforts. Il attrape assez rapidement un poisson d’une cinquantaine de centimètres qui le conforte à nouveau dans ses choix. Très motivé, Lucas ratisse la zone consciencieusement pendant trois heures avec à la clé deux nouveaux poissons : un de 69 et un de 85 cm. Ce dernier beau sujet, pris un peu après 18 heures, signe la fin du reportage et un joli retournement de situation après une matinée calamiteuse. Les brochets se sont-ils activés l’après-midi avec les coups de vent ou notre Savoyard a-t-il trouvé le bon leurre comme il le pense ? Impossible de le savoir à 100%. L’absence complète de touche enregistrée durant la journée par son père qui n’a pas pu mettre le même type de leurre, faute de disponibilité, tendrait en tout cas à le confirmer.


Crédit photo :

L’agenda du Bourget selon la team Alpes pêche

Ce lac est réputé nationalement pour la pêche du brochet. Il était donc intéressant de demander à Lucas, vrai spécialiste de cette espèce et en contact permanent avec ses clients et les guides de pêche de la région, sa saisonnalité.

  • Mi-avril à début juin : À cette période, les brochets, notamment les gros, sont assez nettement concentrés au sud du lac. C’est la partie moins profonde, et celle où l’eau est la moins brassée par les courants et donc relativement plus chaude. Il faut éplucher les plateaux où les poissons étaient montés pour frayer. C’est la meilleure période pour pêcher aux leurres durs car les brochets ne sont pas trop profonds.
  • Juin à mi-septembre : Avec la température qui s’élève, les gros poissons partent en pélagique et c’est donc en pleine eau qu’il faut aller les chercher. Les brochets de taille standard (50 à 80 cm) se nourrissent sur les cassants là où se concentrent les perches et perchots de l’année.
  • Mi-septembre à novembre : Avec le refroidissement des eaux, les « petits brochets » s’arrêtent petit à petit de s’alimenter sur le cassant. Les gros regagnent un peu la bordure et il est de nouveau possible de les croiser et de les prendre au sud comme au nord.
  • Décembre et janvier : Avec les grands froids, les brochets se prennent plus facilement sur des appâts naturels. Ne pratiquant qu’aux leurres, Lucas sort beaucoup moins. Une des techniques pratiquées par les locaux consiste à les pêcher au vif, juste au-dessus du fond, avec des dérives ultra-lentes.

 

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