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Streamers à brochets : le b.a.-ba pour bien débuter

Crédit photo David Gauduchon
L’attraction pour un streamer est vraie tant du côté du prédateur que de celui du pêcheur. Plumes, poils, naturels, synthétiques et autres fibres brillantes, le tout en un certain ordre assemblé, ont de quoi séduire. De là à passer derrière l’étau, il n’y a qu’un pas à franchir. Pour ceux qui débutent, voici un petit tour d’horizon du matériel et des matériaux qui vous permettront d’avancer la paternité de vos « créatures » avant d’explorer des montages et des techniques plus avancés.

La pêche à la mouche des carnassiers, et particulièrement du brochet, c’est un peu comme un virus (un bon!) que l’on contracte. Ne cherchez pas d’antidote, il n’y en a pas ! Pour pallier cet état de manque qui vous habite désormais – au point de loucher sur le plumeau de la maison – il n’y a guère d’autres solutions que de rester à l’écoute de vos envies. Passer le cap de l’achat de l’équipement, de sa mise en pratique et du premier brochet mis dans l’épuisette puis relâché, ne vous inquiétez pas s’il vous prend de vouloir monter vos propres streamers, quand bien même vous en trouvez dans le commerce. Leur séduction opère. Vous les caressez du regard, vous les rangez soigneusement comme de petits bijoux dans leur boîte, vous mettez en eux bien des espoirs de réussite. Bientôt, leur efficacité passera par vos propres canons esthétiques, par le fait de vouloir personnaliser vos montages. Attention, à ce stade, une forme d’obsession vous guette et il faudra probablement négocier avec madame l’emplacement de votre coin montage. Un conseil, évitez la chambre à coucher, au risque de plonger dans les catalogues spécialisés plutôt que dans les bras de Morphée ! Plus sérieusement, aborder ce domaine n’est pas si simple face à la quantité et la diversité des accessoires et des matériaux proposés. Si l’univers du « Fly Tying » ressemble à la caverne d’Ali Baba, il peut aussi devenir un lieu de perdition tant l’offre est pléthorique. Pas facile, a fortiori lorsque l’on fait ses premiers pas de se repérer dans la nébuleuse des appellations et des spécificités de chaque produit. Par quoi commencer ? Comment s’équiper à bon escient pour progresser au rythme d’une pratique régulière. Faut-il privilégier les matériaux naturels ou synthétiques ? Quels types d’étau et d’outils. Quels modèles d’hameçons et de fil de montage ? Faut-il privilégier les résines ou l’époxy ? Bref plutôt que d’en rêver la nuit (Madame pourrait finir par vous en vouloir !), essayons de rationaliser notre approche afin de débuter sur le bon pied !

 

1 Les outils indispensables

On reconnaît un bon artisan à ses outils. C’est cette dimension manuelle alliée à un sens esthétique qui fera de vous un bon monteur, reconnaissable par son style. Pour monter vos premiers « streams » à brochet, appuyez-vous sur ces quelques recommandations.

L'étau

Pièce maîtresse de votre équipement : l’étau. Sans lui, point de salut ! Il en existe de nombreux modèles dans le commerce. La gamme de prix est large – d’une trentaine d’euros à plus de 700 euros – selon la qualité de leur fabrication et de leur alliage, leur type d’articulation et leur système de rotation (corps et/ou tête), la force du serrage des mors, leur qualité intrinsèque et leur interchangeabilité, leur système de fixation d’accessoires (porte-bobine, porte-outils, etc.). Un étau, c’est donc un peu comme une voiture, il en existe pour tous les goûts et toutes les bourses ! Premier critère à prendre en compte : vous n’allez pas monter des mouches à truites sur de petits hameçons. La qualité d’ouverture et la puissance du serrage des mors sont donc primordiales lorsque vous allez présenter un hameçon de taille importante et fort de fer. L’autre critère repose sur sa stabilité et sa solidité. Dès lors que l’on commence à monter de grands steamers, leur tenue doit être parfaite, il faut pouvoir exercer une certaine tension sur le fil de montage au rythme de la superposition ou de la juxtaposition des différents matériaux. Si vous optez pour un système de fixation dit « à clamp » (fixation sur le bord de la table par mâchoire), vérifiez bien la qualité du serrage. Sur socle, son poids doit être suffisamment important pour qu’il ne bascule pas. Posez-vous la question suivante : souhaitez-vous casser votre tirelire et craquer pour un étau haut de gamme entre 500 et 700 euros (type Dyna-King, Petitjean, Coratelli, Tiemco, Vise II, Stonfo Elite, pour ne citer qu’eux) qui vous assurera toutes les fonctionnalités et qualités décrites précédemment ? Ce type d’étau est fait pour vous accompagner toute votre vie de monteur avec un SAV pour le faire évoluer ou réparer, si besoin, un mord usé par exemple. Qui peut le plus peut le moins, ce type d’étau permet de monter aussi bien une mouche sur un hameçon 32 qu’un streamer sur 8/0 (CQFD). À l’opposé, je vous déconseille de vous attarder sur un premier prix (moins de 150 euros) qui sera source de désillusion et d’ennuis précoces. Reste un étau de qualité intermédiaire qui sera parfait pour vous accompagner dans vos premiers pas puis dans votre évolution. Certaines marques proposent des mors interchangeables. La gamme s’élargit alors, comprise entre 300 et 500 euros selon votre budget. Citons : le Pro Tyer Master de Mouches de Charette, qui offre un excellent rapport qualité-prix pour une qualité artisanale, la série Danica, Stonfo Morsetto Transformer, Anvil Atlas, pour citer ceux qui sont parmi les plus faciles à trouver en France.

Les outils

Le montage simple de streamers à brochet ne nécessite pas autant d’outils que pour les mouches à salmonidés. Une bonne paire de ciseaux parfaitement affûtés, un porte-bobine, une pince à hache, un outil à twister, un égalisateur de poils, un finisseur de nœud, une brosse à dubbing suffisent amplement pour commencer. Là encore, il existe de nombreuses marques sur le marché (Loop, Stonflo, C&F Design, Tiemco, Petitjean, Dr Slick, Mouches de Charette pour ne citer que les principales). Certaines proposent des kits avec une sélection d’outils essentiels. Mais mieux vaut les acheter au détail en fonction de vos besoins. Pour une même fonction, selon les marques, le rapport de prix peut être de un à trois. Certaines marques génériques ou de distributeurs proposent des prix d’entrée pour des outils tout à fait convenables (Mouches de Charette, TOF).

Les colles et les résines

Colles et résine sont indispensables pour la confection de streamers à carnassier. La colle type cyanoacrylate (liquide ou en gel) est parfaite pour consolider la mise en place pas à pas des matériaux de montage et renforcer la tenue de la ligature. Bien entendu, il faut apprendre à la doser. Certaines colles comme la Zap-A-Gap Adhesive collent rapidement tout en ayant le mérite de rester souple après séchage. Elle est parfaite, par exemple, pour le collage des yeux. Pour la confection des têtes, des corps et autres protubérances, on s’orientera vers les résines époxy, type Flex coat, qui peuvent être teintées ou recevoir l’ajout de paillettes. Mais ces dernières années, celles-ci sont peu à peu détrônées par l’arrivée des résines UV qui, selon leur nomenclature, peuvent aussi bien remplacer l’époxy que les colles. On les trouve principalement sous les marques Solarez (quinze coloris et trois textures), Gulff, Loon, Resin UV Fast. Grâce à l’emploi d’une lampe UV, elles permettent toutes sortes de réalisations 3D.

Les fils de montage

Élément clé du montage, leur choix est essentiel à la réussite dans la qualité de vos réalisations. Solides et fins, tels sont les deux critères de base, a priori antinomiques. Un fil trop gros sera sujet à des surépaisseurs et n’offrira que des résultats disgracieux. Avec habitude et dextérité, il est bien entendu possible de monter un streamer avec un fil classique type Uni-Thread 6/0. Mais pour débuter ou pour des montages volumineux, il faudra vous orienter soit vers des fils Kevlars soit Nano au rapport diamètrerésistance incomparable. On trouve aussi des fils plats très résistants qui conviendront à vos besoins. Quelques marques repères : Fil Kevlar Extra Fin Naturel MDC, Fil fluo Stream Big Fly MDC, Nano Silk Predator 6/0 Semperfli, Kevlar Veniard.

Les hameçons

L’armement est un sujet essentiel. Le choix de l’hameçon préside non seulement à la qualité du ferrage mais aussi à l’équilibre du streamer, sans oublier sa silhouette selon le type de montage qu’il autorise. Ces derniers temps, les monteurs pro ou passionnés ne manquent pas de faire preuve d’une grande créativité avec des montages avancés sur lesquels nous reviendrons ultérieurement : montages tandem, Tube Fly, articulés, texan notamment. Pour vos premiers montages, je vous conseille un modèle de base qui a fait ses preuves et le fera encore longtemps. Il s’agit de l’hameçon de type Aberdeen, facilement reconnaissable avec sa longue hampe droite, son ouverture large et arrondie. Il se décline chez de nombreux fabricants entre les tailles 1/0 et jusqu’à 8/0, le 6/0 étant une bonne moyenne. C’est une valeur sûre tant au niveau de la tenue des poissons que du panel de montages qu’il autorise, que ce soit un montage de type « impressionniste », « Piker Point » de Guido Vinck, « réaliste », nombreuses imitations de poissons fourrage, ou plus ou moins « surréaliste », l’imagination est sans limite pourvu qu’elle réponde à des critères précis de nage. Outre la forme et le profil, rappelons qu’un bon streamer à brochet doit émettre des vibrations plus ou moins importantes selon que l’on pêche en eau claire ou teintée, froide ou chaude. À ce titre, l’apparition récente des montages à disque, type Waterpushing démontre bien le dynamisme de la recherche & développement qui anime les monteurs aux quatre coins du globe. Afin de vous repérer facilement dans votre sélection, voici les principales références, faciles à trouver auprès des revendeurs : JMC BRO 10, Kamasan (B950U, B940, B940s), Ahrex (PR330, PR351), TOF Brochet noir et bleu (réf 9903 et 3190), Partridge (CS45BN).

 

2 Une sélection de matériaux indispensables ou presque

Que vous soyez plutôt enclins au naturel (produits issus de l’élevage) ou au synthétique, que vous préfériez mélanger les deux pour servir votre propre expression, les matériaux de montage sont innombrables. Ils répondent à une question de goûts et d’affinités en ce qui concerne le travail. Pour le débutant, cela peut relever du casse-tête que de faire son shopping parmi les nombreuses familles, marques, dénominations. Pour commencer, mieux vaut s’en tenir à quelques grandes thématiques et produits phares. En forgeant votre propre expérience, il n’en tiendra qu’à vous de sortir des sentiers battus.

Les poils

1. Le bucktail est le poil de queue du daim que l’on trouve dans de très nombreux coloris, du naturel au fluorescent. Je vous conseille de vous le procurer en queue entière ou demi-queue, toujours plus économique, d’autant que l’on en use généralement en grande quantité tant il est incontournable, que ce soit pour réaliser des sous corps, des sous-ailes ou des têtes. Son poil creux, long entre 5 et 10 cm en moyenne, offre une grande souplesse d’utilisation : il se coupe et se taille facilement. Il permet de rigidifier votre montage lorsque vous utilisez de longues fibres synthétiques. C’est encore le matériau phare pour vous initier au montage du fameux modèle « Piker point ».
2. La queue de renard arctique, bien que plus court que le précédent, offre un poil plus fin et mobile qui confère un volume remarquable en immersion.
3. Le poil de yack, ce grand ruminant domestique à longue toison de l’Himalaya, offre de longues fibres (plus de 20 cm), fines et souples, qui confèrent une nage exceptionnelle au streamer. Jusqu’à l’arrivée plus récente de certaines fibres synthétiques – qui présentent l’avantage d’être hydrophobe –, il était incontournable même s’il est loin d’être démodé. On le trouve facilement dans une dizaine de coloris.
4. Le Nayat, avec sa forme naturelle conique, permet la confection de streamers avec un profil parfait. Ce poil de chèvre d’Asie, légèrement ondulé, propose une très grande mobilité. Il est devenu un best-seller chez les monteurs de mouches à brochet. Décliné dans de nombreux coloris, il est très facile d’utilisation et peut être mélangé avec les deux précédents ainsi que des fibres de tinsel.
5. La lanière de peau de lapin ou « rabbit strip », est un autre incontournable, notamment pour la confection de queue. Dans l’eau, il ondule et offre une nage très réaliste. Son seul inconvénient reste son poids une fois mouillé et son temps de séchage.

Les tinsels

La grande famille des tinsels. Il serait vain de vouloir tous les décrire et les énumérer tant la liste est longue et se recoupe, à quelques détails près, sous des dénominations différentes. Ces tinsels apportent immanquablement de la vie et de la lumière dans les montages. Leur longueur, leur souplesse, leur type de reflet diffèrent selon les effets recherchés. Le Krystal flash, mentionné précédemment, est, par exemple un tinsel torsadé, facile d’emploi, très apprécié des monteurs pour ses multiples applications. Les tinsels très fins tels des cheveux, type WingN’flash, Angel hair, Swim flash, Magic fibre, Hammer flash, apportent incontestablement du réalisme en action de nage. Le Flashabou est un incontournable. Derrière cette marque déposée, cette fibre synthétique flash, qui s’apparente à un tinsel plat entre 0,6 cm et 2,5 mm, existe dans de nombreuses longueurs, largeurs, coloris et qualités. Elle se décline dans des dizaines de coloris et de nombreuses qualités : perle, holographique, 3D, phosphorescent, grizzly, torsadés appelés encore Krystal Flash. Avec l’engouement pour le montage des streamers à brochet, on le trouve aujourd’hui en format « Predator » avec des fibres de plus de 50 cm de long. Certains modèles de streamers sont entièrement réalisés avec ce matériau qui émet d’intenses flashs lumineux sous l’eau. La plupart du temps, on l’utilise additionnellement à d’autres poils naturels ou brush synthétiques pour son apport de luminosité, qui accroît l’attractivité de l’imitation. Certains monteurs, comme le Suédois Niklaus Bauer, l’utilisent en montage type dubbing, pour des imitations du plus bel effet.

Les plumes

Les hackles en provenance de coqs grizzly (striés ou non) offrent de belles plumes qui sont du plus bel effet sur un streamer. Placées en queue, latéralement ou pour la confection d’ailes, elles offrent non seulement souplesse une fois immergées mais aussi effet graphique et coloré. Il faut distinguer les cous de coq indiens, bon marché, qui offrent des plumes plus larges et moins nerveuses que celles des selles de coqs grizzly et leurs fameuses lancettes (longues plumes fines de plus de 20 cm de long). Bien entendu, ces dernières sont beaucoup plus onéreuses, mais peuvent être achetées en demi-selle.

Le marabout est une grande plume de dinde particulièrement souple et duveteuse, à la nage incomparable. Elle se travaille par touffes ou enroulées comme un hackle, et peut se positionner en queue, en aile ou en tête. Elle se présente soit sur quills, soit enlacées sur un cordon (plus fines que sur les quills). L’autruche est constituée de herls longues et souples, doté de petites barbules, qui sont très attrayantes. Leur souplesse peut être conjuguée avec de nombreux autres matériaux, par exemple du yack, ou un matériau synthétique comme le Flashabou.

Les fibres et les brush

EP Fiber, pour Enrico Puglisi. Cet américain a popularisé ce type de fibres à travers ces montages. Légèrement ondulées, semi-translucides, mates ou à effet flashant ou scintillant, elles revêtent de nombreux aspects et constituent aujourd’hui le matériau de base pour de nombreux protocoles de montages. Peignées, taillées, mêlées avec d’autres matériaux, les fibres offrent un grand spectre d’utilisation que nous aurons l’occasion de développer ultérieurement. Cette grande famille se décline sous un vocable qui ne manque pas d’inspiration : Ghost fibre, Diabolic flash (Mouches de Charette), Pike & Sea fiber (Tof), Pike Monkey zebra hair (Fly Scene) Mirror image (Just Add H2O), Big Fly fiber (Flashabou), Craft fur, Long fur, Polar fibre, pour ne citer qu’elles, vous ouvrent un champ infini de créativité.

Les yeux, les queues, les pattes...

Pour clore cette présentation non exhaustive, sachez encore qu’il existe de nombreux artifices pour apporter toujours plus de vie et du réalisme à vos streamers. Les yeux en relief ou 2D, les pattes en caoutchouc, les tubes body, les Wiggle tails, le foam, etc.

Fashion victim !

Mis bout à bout, le matériel de montage représente un budget certain. D’autant que, vous ne le savez pas encore, mais le péché de gourmandise vous guette. Côté référencement, tout est fait pour que vous craquiez ! Les gammes de couleur, les spécificités et leur variante, les tendances et les nouveautés. Bref, attention à ne pas vous écarter de votre but, qui est de leurrer votre carnassier fétiche. Derrière l’étau, on s’écarte parfois un peu trop de la nécessité d’être au bord de l’eau. Et, jusqu’à présent, c’est encore les poissons qui ont le dernier mot !

 

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