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Pêche du chevesne aux leurres (2) : en surface évidemment

La précision dans le geste ! Le pêcheur de chevesne doit maîtriser toutes les formes de lancer afin de s’adapter à des parcours très variés

Crédit photo Thierry Bruand
Ludique et technique, la pêche des chevesnes aux leurres de surface permet de faire le plein de touches et d’émotions. Tous les leurres ne se valent pas et Thierry nous guide dans les choix à faire.

Chevesne aux leurres : vive les beaux jours !

Le chevesne est l’une des espèces les plus abondantes du réseau hydrographique français et sa cote de popularité ne cesse de grimper auprès des pêcheurs aux leurres. L’été est une excellente saison pour traquer ce cyprinidé facile à repérer et actif toute la journée, notamment en surface. Du bord, ou à partir d’une embarcation, Thierry Bruand nous livre tout son savoir-faire pour les approcher, les séduire et les capturer.

Pour certains carnassiers –brochets et perches par exemple– la pêche estivale en surface est une option parmi d’autres, souvent alternative. C’est différent avec le chevesne où elle est bel et bien la technique reine des mois de juillet-août et d’ailleurs même plus globalement de mi-avril à fin octobre. Son principe est simple et consiste à présenter à notre cher cyprinidé lèche-à-tout une petite créature sur la pellicule d’eau pour déclencher son instinct insectivore. La plupart du temps, la technique ne requiert aucune animation et il s’agit surtout de s’appliquer à lancer le leurre plus ou moins près du poisson pour déclencher son attaque. D’où le grand intérêt de les repérer et d’optimiser ses approches comme nous l’avons vu précédemment.

Une question de poids

Le leurre de base pour capturer les chevesnes en surface est une imitation d’insecte mesurant de 2 à 4 cm. Même si son allure a une certaine importance, c’est surtout le poids de cette créature qui sera le critère de choix déterminant. Un chevesne posté est, en effet, toujours très méfiant et le simple impact du leurre en surface peut le faire fuir. Toute la problématique consiste donc à trouver le bon compromis entre ce poids (le plus léger possible) et votre capacité à lancer très précisément à la distance du poisson repéré. Notons qu’à masse égale une créature souple est plus discrète qu’en matière dure. Une bonne boîte à chevesnes doit donc comporter une panoplie de grammages pour couvrir les différentes distances de cible. Idéalement la même créature souple déclinée en 4 ou 5 grammages serait parfaite, mais cette option n’existe pas. Il faut donc jouer avec les matières, les marques et les modèles pour obtenir ce panel (voir tableau plus haut). La question de la couleur est plus simple à négocier puisque, pour les petits souples au moins, les teintes sombres sont nettement les plus efficaces. Les modèles disponibles ne proposent d’ailleurs pratiquement plus que cette option: marron, vert très foncé, noir… J’avoue toutefois que les coloris type « bourdon » (jaune et noir) du fameux Notobug de Sakura sont aussi excellents.

Ce joli « chub » a été séduit par ce petit leurre de surface, un mini stickbait évoluant en surface. 
Crédit photo : Thierry Bruand

L'art du lancer

La pêche du chevesne en surface demande une excellente maîtrise des lancers qui doivent être ultra-précis et tout en discrétion. Ils seront facilités par l’utilisation d’un matériel light ou ultra-light. Du bord, j’utilise le plus souvent une canne de 2 m 15 puissance 1-7 g montée, comme pour la truite, avec une tresse fine de 0,06 à 0,08 mm. C’est parfait pour propulser des leurres qui pèsent souvent moins de 3 g. À côté des lancers classiques pour longues distances et espaces dégagés, il faudra utiliser tous ceux qui permettent de se « jouer » de la végétation. Le lancer en cloche est parfait pour passer par-dessus une bande de végétation rivulaire alors que le revers est intéressant quand il faut jeter sous les frondaisons. Ne pas hésiter non plus à utiliser le lancer arbalète pour propulser votre créature dans une minuscule trouée. En général cela fait « mouche » puisque les chevesnes sont toujours moins méfiants quand ils sont sous un tas de branches. Reste à savoir où déposer le leurre par rapport au poisson posté. Pour un individu isolé, deux stratégies complémentaires se dégagent: lancer 1 à 2 m en amont pour que l’imitation dérive vers lui ou juste derrière pour qu’il se retourne et attaque le leurre par réflexe, sans trop avoir le temps de l’examiner. Rarement, mais quelquefois, il peut être rentable d’animer un peu la créature. Cela soit en la faisant sautiller quasi sur place, soit en la déplaçant lentement pour simuler l’effet de fuite.

Un peu d’attractant en pâte sur ce leurre souple Woodlouse d’Illex améliore le taux de capture et l’alourdit un peu. C’est utile pour gagner en distance de lancer
Crédit photo : Thierry Bruand

Temporiser

La montée d’un gros chevesne d’une cinquantaine de centimètres sur le leurre procure toujours une poussée d’adrénaline. Parfois, il s’en saisit assez rapidement et franchement surtout quand il y a de la concurrence alimentaire entre congénères. D’autres fois, il s’en approche lentement puis suit sa dérive un certain temps, la gueule quasiment collée au leurre, avant de le gober doucement ou de le refuser. Comme pour toutes les pêches de surface, la question du taux de réussite au ferrage se pose alors. Atteindre les 100% est illusoire mais il est possible de s’en rapprocher en appliquant certains principes. Il faut tout d’abord optimiser l’armement. Pour les souples, comme l’incontournable Woodlouse d’Illex, il est régulièrement conseillé de les piquer par la tête. En réalité, il est plus efficace d’enfiler l’hameçon, comme pour une sauterelle, en faisant ressortir sa pointe au 3/4 de l’abdomen. Contrairement à ce qui est parfois affirmé, cela ne fait pas couler le leurre et permet au contraire à la créature de rester toujours bien à plat à la surface. L’ajout d’un attractant pâteux peut également améliorer la prise en bouche. Enfin et surtout, il faut se mettre dans de bonnes conditions mentales pour effectuer, malgré l’excitation, des ferrages retardés d’une ou deux secondes par rapport au gobage. Idéalement, il faut attendre que le meunier ait fermé la gueule ou commence juste à redescendre pour éviter de lui « ôter le pain de la bouche ». Toujours plus facile à dire qu’à faire, mais le succès en dépend.

Thierry affectionne cette pêche des chevesnes à vue car elle procure de superbes sensations lorsque l’on voit les poissons monter et cueillir le leurre en surface.
Crédit photo : Thierry Bruand


Une boîte bien pensée

Elle comportera surtout des créatures imitant des insectes type cloporte, hanneton ou cigale. Toutes les catégories de top water en petite taille sont aussi susceptibles d’intéresser les chevesnes: popper, stickbait ou crawler (avec des « pagaies »). Ils sont moins discrets mais se lancent mieux. Ils peuvent être une option en grande rivière et à partir d’une embarcation, sur des gros poissons peu sollicités et moins méfiants que dans les petits milieux. Ils sont redoutables quand la surface de l’eau est un petit peu agitée.

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