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Safari aspe au fil de la Loire

Une descente de la vallée de la Loire en compagnie d’un enfant du pays, le guide Lionel Guirado, est une aventure en soi, prompte à vous en mettre plein les yeux. Qui plus est lorsqu’elle est pimentée par la recherche d’un facétieux carnassier, l’aspe. Au leurre comme à la mouche, ce formidable poisson de sport vous en fait voir de toutes les couleurs !

Une journée de pêche avec Lionel Guirado débute en mode 4x4 et finit les pieds dans l’eau arrosée d’une dégustation de vin de Loire bien frais ! De La Charité-sur-Loire, en passant par Pouilly-sur-Loire jusqu’aux contreforts de Sancerre, c’est une descente du fleuve sur une vingtaine de bornes qui m’attend. En ce mois de juillet, le niveau de la Loire et son débit sont relativement bas. « Tu serais venu il y a quinze jours, elle était encore en crue ! » s’exclame Lionel, qui est à la manœuvre pour mettre son Carolina Skiff à l’eau de façon peu orthodoxe.

Pêcheur à la mouche de renommée internationale, notre ami David ne s’est pas fait prier pour tenter les aspes au fouet
Crédit photo : David Gauduchon

Une sacrée dextérité pour naviguer

Les mises à l’eau sont rares sur le fleuve, et son accès demeure d’autant plus difficile que les abords sont humides et glissants. Un remake d’une aventure sur l’Orénoque ? Les paysages majestueux et sauvages qui s’ouvrent bientôt devant nous, les veines de courant qui se scindent contre les épis rocheux, les bancs de sable dorés qui se dévoilent tantôt à nu tantôt immergés ne sont pas sans me rappeler une récente aventure colombienne. Comme quoi, il n’est pas toujours nécessaire d’aller bien loin pour se dépayser. Je m’imprègne de cette ambiance si particulière. La Loire est envoûtante, parfois inquiétante quand elle se fâche, toujours impressionnante car imprévisible. Je note avec quelle dextérité Lionel, concentré au poste de pilotage, anticipe les nombreux pièges qui se présentent : hauts-fonds, tourbillons, blocs de roches éparses, bois morts… Le risque de s’échouer est latent, tout comme celui de se voir projeter par une accélération de courant sur un obstacle, faute d’avoir su anticiper les gaz du moteur. Oublié le combiné sondeur-GPS. « C’est un fleuve au caractère sauvage qu’il faut apprendre à connaître et à respecter. Au rythme des crues, la Loire procède au travail d’érosion de ses berges, sculpte les bancs de sable, dévie les bras secondaires. Chaque début de saison, il me faut redessiner mentalement sa cartographie. Le poisson bouge et se repositionne au gré des postes qui apparaissent puis disparaissent. Aucune sortie ne se ressemble », ajoute Lionel, qui amorce une dérive, moteur thermique coupé, sur un chenal plus profond, histoire de prendre la température.

Un premier coup d’éclat.
Crédit photo : David Gauduchon

Premier coup de maître

Pas d’activité apparente. Un ciel nuageux se reflète sur la surface du fleuve aux accents métalliques. Pas un bruit non plus. La clarté de l’eau donne l’impression de naviguer dans un immense aquarium où des fonds sablonneux alternent avec des fosses plus sombres jonchées de bois morts. Aux zones de courant prisées par les barbeaux succèdent des radiers, tels d’immenses flats. Simple échauffement ou véritable prémonition, Lionel saisit sa canne et propulse un stickbait au ras d’une berge plus encaissée afin de lui faire traverser une accélération du courant. Son leurre n’est pas arrivé à mi-chemin qu’il disparaît dans une aspiration. Le frein chante, et le poisson a effectué un rush de 25 mètres plein aval. Lionel est à la manœuvre, monté sur la poupe de son bateau à fond plat. Aucun doute, c’est un aspe, et un beau spécimen qui défend chèrement ses écailles jusqu’à la mise à l’épuisette! Le verdict tombe : 82 cm. Un coup de maître ! La confirmation que les aspes (Leuciscus aspius), grégaires, sont bien sur zone même s’ils ne se manifestent pas encore en surface. L’absence de soleil qui tarde à percer ? Pas facile d’avancer une théorie avec ce diable de carnassier, aussi facétieux que tempétueux. Une chose est sûre, sa population ne cesse de croître depuis quelques années sur le fleuve. « Je le recherche spécifiquement depuis cinq ans pour le bonheur de mes clients qui en redemandent. C’est un magnifique poisson de sport dont les mœurs sont parfois mystérieuses. Il en est d’autant plus intéressant à traquer. Sa pêche de surface est l’occasion de faire le plein d’adrénaline a fortiori quand on les traque à vue », explique Lionel.

Mais c’est un gros cabot qui vient faire plier la canne à mouche.
Crédit photo : David Gauduchon

Le paradis du moucheur

C’est au moteur électrique que nous nous engageons dans un bras latéral surmonté de berges boisées baignées par un courant régulier. C’est à la mouche que je souhaite tenter ma chance, et j’ai pris place à l’avant du Carolina Skiff, lunettes polarisantes sur le nez. De là à se croire, cette fois, dans la mangrove à pêcher le baby tarpon… Lionel me confirme avoir de plus en plus de « moucheurs » qui font appel à ses services. D’ailleurs, ne donne-t-on pas à l’aspe le surnom de « tarpon d’eau douce » ? La luminosité s’est accentuée. J’en profite pour scruter la surface en essayant de discerner la moindre tache sombre en mouvement. Lionel stabilise la dérive tout en la ralentissant lorsque soudain, je discerne trois ombres sur le sable qui remontent le courant. Fin prêt, soie lovée, en trois faux lancers, je pose mon streamer blanc 1,50 m au-dessus du « school ». La dérive est rapide. J’ai juste le temps de stripper sur ma soie qu’un poisson se détache du banc et saisit mon imitation. Lionel sourit en soulevant l’épuisette, après un combat somme toute sympathique. «  C’est un beau chevesne. J’ai oublié de te dire qu’ils se montraient agressifs, notamment sur ce secteur de la Loire. » Sur une cinquantaine de mètres de dérive, je vais ainsi ferrer parmi les plus beaux « cabots » que je n’avais jamais pris avec une canne à mouche.

Une belle perche prise au hasard d’une dérive.
Crédit photo : David Gauduchon

Mieux qu’un pis-aller, cette pêche à vue est décidément des plus existantes, d’autant que c’est bientôt les perches qui s’invitent au bal. Du grand sport ! Dans un large virage encombré de bois mort là où le courant pousse, j’aperçois cette fois plusieurs beaux aspes qui sont en station derrière un fatras de branche. Impossible pour moi de lancer, car l’angle est trop fermé. Un clin d’œil à Lionel qui les a probablement vus avant moi et, avec sa dextérité habituelle, il risque son leurre de surface. Ça passe ou ça casse ! Ferrage, tension à la limite de rupture de la tresse en 12/100 sans empêcher pour autant la « locomotive » de se caler sous une branche morte. Le courant fait dangereusement dériver le Carolina Skiff. Une main sur la manette des gaz alternant avec le volant, l’autre tenant la canne à bout de bras, Lionel gère une situation critique dont il sort vainqueur avec une bonne dose de sang-froid. Du grand sport ! Notre descente de la Loire se poursuit et nous arrivons, entre Pouilly et le château de Mouron, un des secteurs les plus prometteurs. Des veines d’eau courantes alternent avec une succession de seuils : une autoroute à aspes ! Le soleil est enfin installé et illumine un vaste aquarium dont le spectacle est permanent. Ici dans une fosse, c’est une dizaine de silures qui sont au repos, là en bordure d’un haut-fond, à l’ombre de la végétation rivulaire, ce sont des grosses carpes en file indienne.

David Gauduchon inscrit son nom dans le Hall of Fame des preneurs d’aspes à la mouche en Loire.
Crédit photo : David Gauduchon

Attention à l’addiction

Avec Lionel, nous avons décidé de pêcher en combiné : il fera la voiture-balai au leurre de surface. La vitesse de dérive et l’animation sont deux paramètres cruciaux, a fortiori à la mouche. Mon guide prend soin de me placer aux petits oignons lorsque, soudain, retentit la première chasse de la journée. Quatre aspes tournent dans un banc d’ablettes. Leur vitesse de déplacement est telle qu’il est difficile d’anticiper leur trajectoire. Mon gurgler (slider en mousse) tombe du bon côté, je retends ma soie illico et débute une animation rapide et saccadée. L’un des spécimens se détache, suit, suit… L’attaque est fulgurante ! Je combats mon premier aspe de Loire alors que Lionel, qui a lancé derrière, dans le bon axe, est attelé lui aussi. Doublé ! Croyez-moi, une fois que l’on y a goûté, c’est difficile de ne pas devenir accro à cette pêche à vue qui demande concentration et énergie ! D’autant que l’on croisera la route de nombreux aspes tout au long de cette majestueuse descente de Loire qui m’en mettra plein les yeux et les papilles. Cette belle et longue journée sera couronnée, comme le veut la tradition avec Lionel Guirado, par une dégustation de Sancerre ou de Pouilly, à moins qu’il ne serve des deux. Attention, l’addiction n’est pas loin !

Infos pratiques

Lionel Guirado, guide de pêche Lionel Guirado organise des séjours à thème pour qui souhaite se spécialiser sur la pêche de l’aspe, du silure ou du sandre selon les saisons. Il met à disposition de ses clients et de leur famille un hébergement confortable et très bien situé qui permet de découvrir cette magnifique région de Pouilly-sur-Loire.
Tél. : 0682179979
E-mail : guirado.lionel@hotmail.fr
Site : www.progress-peche.com
www.facebook.com/lesgitesdumilieudeloire

 

Les streamers de petites tailles (7 à 10 cm), imitation plus ou moins réaliste du poisson fourrage du moment, s’avèrent efficaces. Ils doivent être faciles à lancer et permettent de couvrir différents niveaux : de la surface à 1 m en dessous. Les montages de type soft hackle (à base de plumes de marabout) offrent légèreté et mobilité attractive.
Crédit photo : David Gauduchon

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