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Sandres difficiles en été, ce qu’il faut faire ou ne pas faire

Pêcher le sandre au cœur de l’été s’avère bien souvent plus compliqué qu’à d’autres périodes de l’année. Ce n’est pas dû à une baisse d’activité mais à deux phénomènes saisonniers : la nourriture est très abondante et ce poisson modifie ses comportements. Mais, à condition de la jouer fine, Michel Tarragnat rappelle que des pêches honorables restent très faisables.

Concernant le sandre, les données scientifiques indiquent que son optimum thermique se situe autour de 25-26°C. C’est là que son métabolisme est à son maximum, son temps de digestion le plus court et sa croissance la plus rapide. Ce n’est donc pas une eau trop chaude qui permet d’expliquer que sa pêche en été soit souvent plus difficile qu’en automne, par exemple. Chez nous, la température en surface dépasse rarement les 28°C, les eaux étant presque toujours plus fraîches en profondeur. Il faut donc chercher ailleurs les raisons de cette évidente faible capturabilité estivale.

La pêche du sandre se complique un peu dès qu’arrivent les belles journées d’été. Mais en s’appliquant, et comme le prouve ce très beau spécimen capturé par Michel en plein cagnard, rien n’est impossible. 
Crédit photo : Michel Tarragnat

Garde-manger dispo

La première est que l’été est une période où la nourriture abonde, du fait notamment de l’émergence au printemps des millions d’alevins de l’année, toutes espèces confondues. Et, quand l’été arrive, certains atteignent déjà une taille susceptible d’intéresser les sandres adultes. Les eaux pauvres en fourrage deviennent provisoirement riches, les eaux qui l’étaient déjà deviennent richissimes ! Comme tout prédateur, le sandre se focalise alors sur les proies les plus abondantes, très faciles à attraper. Une boule de fingerlings, dont la vitesse de nage est faible et dont le nombre compense leur taille modeste, est une cible idéale.

Ces bancs de petit poisson fourrage repérés au sondeur permettent d’espérer. Les prédateurs ne sont jamais bien loin. 
Crédit photo : Michel Tarragnat

Pas d'appétit

Le sandre étant un chasseur ultra-efficace, il se nourrit donc facilement et sans effort de cette manne. C’est le premier problème: on essaie de faire mordre des poissons repus qui, au moindre petit creux, n’ont qu’à se servir dans un garde-manger fourni à proximité immédiate, et qui, en outre, vont s’intéresser en priorité à des proies de petite taille.

Difficulté récurrente et bien connue de ces pêches estivales : la conservation des vifs.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Un noctambule

L’autre difficulté, c’est que le sandre est volontiers nocturne et que cette tendance semble s’accentuer en été. En cause peut-être, la très forte luminosité ou le dérangement auquel sont soumises pendant la journée la plupart de nos eaux à cette époque de l’année. Ce problème-là est difficile à résoudre puisque la réglementation ne nous permet pas de pêcher les carnassiers la nuit. Les seules options de contournement consistent à pêcher très tôt le matin ou tard le soir, à privilégier les eaux teintées moins lumineuses (plancton, crue d’orage) et les jours de vent soutenu, à chercher des zones ombragées (ponts, pontons, frondaisons) et les coins les plus tranquilles possible (sans baignade ni navigation). En réunissant ces conditions, on augmente ses chances de trouver du poisson actif pendant les heures légales de pêche.

Sur un montage drop-shot, un petit poisson remplace ici l’habituel leurre souple. Ce drop-vif permet de pêcher tout en finesse un peu au-dessus du fond. 
Crédit photo : Michel Tarragnat

Les solutions

Mais face à ces poissons sélectifs et repus, s’activant plutôt la nuit, digérant la journée et disposant de proies à profusion, il n’existe pas de technique miracle. Les pêches faciles viendront plus tard, à l’automne: le fretin de l’année aura subi des coupes sombres, les sandres auront plus de difficulté à se nourrir et nos plans d’eau auront retrouvé leur quiétude. Mais heureusement, en été, il y a tout de même des approches qui marchent plus souvent que d’autres. En fait, les deux qui réussissent le plus régulièrement semblent diamétralement opposées… Pourtant, elles exploitent les mêmes ressorts. La première consiste à pêcher avec un vif très remuant. Ce point est déterminant car il s’agit moins de jouer sur l’appétit de poissons sans doute repus et au repos que de déclencher un réflexe d’agressivité. On joue là sur l’instinct du prédateur face à une proie en panique. Un vif moribond pendouillant sous un flotteur n’a quasiment aucune chance, un mort posé encore moins ! Et même avec un vif tout frais et frétillant comme un diable, il est fréquent que le sandre se contente de tuer sans avaler, comme s’il s’agissait davantage pour lui de faire cesser ce brouhaha que de s’alimenter. Comportement typique en été, et nombre de pêcheurs à la tirette ont connu de ces journées où les sandres attaquent pour tuer mais ne se piquent jamais. Le ferrage à la touche est de rigueur, et il faut parfois ajouter un petit triple voleur pour espérer piquer quelque chose.

Le sandre n’aime guère les très fortes lumières du jour. Patienter le plus tard possible sur l’eau est bien souvent payant.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Tirette et drop-shot

Les meilleures techniques sont la tirette et le drop-vif. Ces montages légers ne brident pas trop le vif et permettent de pêcher très tendu, condition indispensable pour détecter les touches subtiles. Le gros inconvénient de cette approche est qu’elle suppose une réserve importante de vifs de taille modeste (pour réduire les ratés au ferrage) s’épuisant donc assez vite, et dont la conservation, par temps chaud, reste toujours très problématique.

Technique un peu délaissée mais qui marche toujours bien sur le sandre: la tirette.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Les leurres aussi

Autre approche possible: une pêche aux leurres rapide. On cherche à énerver, à provoquer un pur réflexe d’agressivité. C’est là que les deux approches se rejoignent. Le jigging sec et rapide –cuiller à dandiner, plomb-palette, lame, etc.– est une option. Le tempo se veut soutenu, le poisson ne doit pas avoir le temps d’examiner le leurre. On peut aussi ramener rapidement un leurre souple brassant pas mal d’eau et lourdement plombé au-dessus du fond. Cette vitesse est l’élément clé, aux antipodes des pêches appliquées généralement mais qui fonctionnent rarement l’été. Si les résultats ne sont pas bons, essayez encore plus vite. Plus vous ralentissez plus vos chances diminuent ! Un tour de manivelle à la seconde est une bonne base de départ. Cette technique impose des plombées nettement plus lourdes qu’à l’ordinaire, sinon le leurre remontre trop vers la surface : comptez entre 4 et 5g par mètre d’eau selon la taille du leurre souple et la vitesse désirée.

Aux leurres, il faut s’attacher à réaliser des animations rapides et très agressives. 
Crédit photo : Michel Tarragnat

De l'espoir

Ça peut sembler énorme mais vous constaterez vite que c’est ce qu’il faut pour être opérationnel. Moyennant quoi, on peut espérer pêcher ainsi jusqu’à une profondeur d’une dizaine de mètres maximum… Au-delà, ça devient un peu irréaliste.

Le jigging permet lui aussi de déclencher l’agressivité de poissons pourtant rassasiés. 
Crédit photo : Michel Tarragnat

Les cibles privilégiées

Parmi les alevins de l’année susceptibles d’intéresser le sandre, perche et sandrillon sortent du lot. D’abord parce qu’ils naissent plus tôt et atteignent plus vite une taille attractive. Ensuite, parce qu’ils ont tendance à se tenir en bancs compacts et souvent plus profondément que les autres espèces. Dans des eaux pauvres, ces petits fingerlings de percidés peuvent même parfois constituer l’essentiel de l’alimentation des carnassiers. On reconnaît ces bancs au sondeur à ce qu’en été ils se tiennent le plus souvent sur des structures assez profondes et sont moins compacts que des boules de petits poissons blancs.

 

Même s’il ne rapporte pas que des monstres, le plomb-palette est aussi à essayer en été.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Les bonnes tenues

Quand le poisson se fait désirer, on a tendance à l’imaginer ailleurs, par exemple dans les grands fonds. En réalité, le sandre n’a pas intérêt à se tenir très profond en été, ce qui reviendrait à l’éloigner de sa zone de confort (eaux chaudes et riches en proies). Comme toujours, c’est la présence de nourriture qui va dicter sa tenue et si votre sondeur ne révèle pas de poisson fourrage en profondeur, il y a des chances pour que la solution ne soit pas là. Il y a des constantes en matière de tenues estivales : grandes pointes plus ou moins pentues, de préférence à fond dur et donnant sur le large, arrivées d’eau principales en lac, pentes très abruptes, falaises, pleine eau, berges ombragées végétalisées, courants rapides avec obstacles en rivière. Fonds de baie et plages en pente douce sont plutôt déconseillés sauf à l’aube et au crépuscule, les plateaux de pleine eau pouvant, eux, se révéler excellents.

Il ne faut pas hésiter à plomber lourdement les leurres souples pour pêcher assez creux.
Crédit photo : Michel Tarragnat

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Brochets, Sandres, Perches

Magazine n°915 - août 2021

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