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Brochet au jig avec Cyril Martinez

Cyril Martinez aime innover dans ses approches pour traquer un de ses poissons favoris, le brochet. C’est l’école du bass qui l’a inspiré à développer une pratique du jig aussi singulière qu’efficace. Accrochez-vous, c’est parti !

Un magnifique étang de Seine-et-Marne au petit matin. L’automne s’installe avec sa palette de teintes mordorées. Une brume matinale tarde à se dissiper. Cyril Martinez s’active au bord de l’eau. Float-tube gonflé, cannes gréées, montages préparés, notre homme semble cultiver le souci du détail. Normal lorsqu’on est conseiller technique et team manager chez Florida Fishing, un spécialiste du matériel américain haut de gamme. Mais au-delà de son « pedigree », ce qui caractérise avant tout Cyril, c’est sa simplicité, doublée d’un véritable talent de pédagogue. Il n’a rien à cacher, il est prêt à tout montrer et démontrer, petits secrets et tours de main en prime. La pêche, c’est avant tout, pour lui, une question de partage et de plaisirs, ce qui n’exclue pas une recherche constante d’efficacité.

C’est dans la brume du petit matin que débute notre aventure de pêche.
Crédit photo : David Gauduchon

Le challenge du jour

À ce titre, il aime sortir des sentiers battus. Curieux de nature, un brin audacieux, c’est un souci permanent de l’innovation qui l’anime, sa modestie dut-elle en souffrir. Toujours à la recherche d’un nouveau leurre ou d’un mode d’utilisation, Cyril aime faire bouger les lignes. Aime-t-il pour autant les challenges ? « Élevé dans le Sud de la France, à l’école du bass, j’ai développé une approche du brochet au jig en partant d’une observation simple. À certaines périodes de l’année, à la fin du printemps notamment, notre prédateur est embusqué au plus profond de la végétation rivulaire et des bois morts, d’où il est très difficile à atteindre là où le meilleur des spinnerbaits se verrait barrer la route. Un montage texan pourrait faire l’affaire à condition de répondre à des vibrations précises, d’être capable de jouer sur l’effet de surprise et de couler rapidement dans la plus étroite des trouées », explique-t-il tout en brandissant un jig équipé d’une brosse et d’un curieux trailer à queue plate.

Cyril voue un culte au jig, qui le lui rend bien.
Crédit photo : David Gauduchon

En ouvrant l’une de ces boîtes, on comprend que Cyril est prêt à relever le pari. Des Vengeance jigs de différents grammages (de 14 à 21 g), des têtes et des jupes de différents coloris (sur des bases incontournables : blanc, chartreuse, rouge, noir, orange) et des pochettes d’une drôle de créature de 12,5 cm avec une queue de castor, des papattes et un corps proéminent. Une belle bouchée une fois montée. Dans une seconde boîte, aussi bien rangée, des jigs à palettes associés cette fois à un curieux shad segmenté et doté d’une queue axée à l’horizontal (le fameux Live Magic S !), de véritables 4x4 qui répondent au petit nom de vibrator jig (C.Q.F.D.).

Notre aventurier n’hésite pas à s’infiltrer sous les frondaisons pour rencontrer le succès.
Crédit photo : David Gauduchon

« In the cover »

Bon, assez bavardé ! Passons à l’action, d’autant que la brume qui se dissipe laisse deviner un ciel dégagé qui augure une belle journée. Le float-tube est l’outil idéal pour remonter les bordures en toute discrétion. Cyril se place dans un premier temps à une dizaine de mètres des frondaisons. Le premier lancer est signé de main de maître. En mode skipping, il envoie son jig rouge et blanc, avec une précision redoutable, avant de disparaître sous des frondaisons qui laissent à peine 30 cm d’espace libre au-dessus de la surface… « Le jeu consiste à envoyer le leurre au plus profond de la zone d’ombre jusqu’à aller taper la berge. Même si cette technique est surtout optimale après la période du frai, lorsque les grosses femelles restent sur la zone de leurs ébats pour se refaire une santé, gîte et couvert offert, je fais aussi de belles pêches en début d’automne, lorsque le fretin est rassemblé dans peu d’eau, un abri tout relatif… » précise Cyril, dont la qualité des lancers est vraiment impressionnante.

Le skipping permet de lancer le leurre au plus profond des obstacles.
Crédit photo : David Gauduchon

Tel un métronome, il explore patiemment une longue berge, en se décalant à chaque lancer. Il prend soin d’analyser chaque poste, passant parfois son chemin, insistant sur d’autres. Comme pour le bass, il accompagne son jig, dès son impact à la surface, qu’il laisse ensuite couler sur un plan vertical jusqu’à atteindre le fond : « La touche intervient dans 80 % des cas à la descente. Il convient de garder sa bannière légèrement tendue sans pour autant brider le leurre. Une tresse de couleur permet de suivre son évolution. Lorsque mon jig touche le fond, je lui fais faire des petits bonds jusqu’à la sortie du “cover”. Je le ramène ensuite en linéaire avant d’amorcer le lancer suivant. Il ne faut pas perdre en vigilance pour autant, car il arrive que le brochet suive le leurre jusqu’au dernier mètre de récupération. En eau claire, autant dire qu’il faut faire preuve de sang-froid », ajoute-t-il.

Un joli brochet d’environ 75 cm.
Crédit photo : David Gauduchon

Dans la trouée

En l’absence de touches, il alterne jig et chatterbait en interchangeant avec une autre canne prête à l’action, rangée sur son râtelier, histoire de coller à l’humeur du carnassier, que l’on sait parfois taciturne. L’action de pêche reste identique, à l’exception que la vibration dégagée par la palette permet d’insister sur une récupération plus linéaire ou saccadée, même entre deux eaux. Jouer sur la complémentarité de deux leurres au sein d’une même famille, c’est aussi élargir le potentiel de réussite. Cyril repère une ouverture dans la végétation. Un espace d’eau libre dont l’entrée est obstruée par des bois morts. Il se rapproche silencieusement du poste afin de se placer judicieusement. Un lancer sous la canne cette fois lui permet d’envoyer son jig à palette au plus près de la bordure. En l’absence d’attaque, il repasse au jig en prenant soin de changer de coloris, une combinaison noir et rouge avec un trailer blanc afin d’optimiser le contraste. Second lancer, un poil plus appuyé, le leurre retombe sur une branche en équilibre sur la berge. Un coup de scion, un plof, le jig n’est pas descendu sur le fond que la bannière se décale sur la gauche. Ferrage appuyé, canne bandée pour une extraction en force. En moins de 5 secondes, c’est un brochet de 75 cm qui se retrouve dans l’épuisette. « Sur ce type de poste, il ne faut rien concéder. Je joue sur l’effet de surprise avant que le brochet ne réalise ce qui lui arrive et fonce dans le champ de mine. Le nerf de la canne mais aussi le choix de la tresse sont par conséquent primordiaux. J’utilise une Power Pro en 28 centièmes, en quatre brins. Moins de résistance linéaire, moins de confort, plus de bruit… elle offre cependant une meilleure résistance à l’abrasion », précise Cyril, qui n’est pas mécontent de son coup de ligne après une heure de pêche sans touche.

Le rôle du trailer est multiple tant en matière de vibrations que d’effets visuels.
Crédit photo : David Gauduchon

En mode camouflage

Le soleil s’est levé. Cyril insiste davantage sur les secteurs les plus ombragés. Un skipping bien ajusté, et son jig perce un fatras de branches partiellement immergées. Le genre de poste où l’on n’oserait pas poser un leurre plus conventionnel. Cette fois, la touche est instantanée et suivie d’un gros remous. Cyril réussit à extirper le prédateur, qui tente toutefois de repartir en force sous le couvert végétal. La tension est à son comble, l’issue du combat incertaine. Tout en faisant pivoter son float-tube afin de gagner un précieux mètre, il saisit son épuisette et avance sur le poisson qui tente une chandelle avortée avant de retomber dans l’épuisette. Deux touches, deux brochets, 100 % de réussite pour notre maestro qui arbore un large sourire. Pour cause, c’est un spécimen métré qui, cette fois, fait preuve de mauvaise humeur. « Tant qu’on joue, on gagne. Les brochets sont sur “on”, il faut en profiter. » Cyril relâche son beau brochet, qui le salue par une gerbe d’eau. Les poissons se tiennent bien contre la bordure. Qu’à cela ne tienne! Cyril disparaît quasiment dans les frondaisons lorsqu’un poser chirurgical s’impose, avant de reculer en mode rétropédalage au ferrage. C’est encore un joli brochet qui fait bientôt les frais de cette approche de sioux. Sur certains postes très encombrés, la progression est difficile, parfois acrobatique. Quelques touches ratées, un poisson décroché. Une courte pause déjeuner, bien méritée, s’impose.

Les grosses perches ne sont pas non plus insensibles au jig.
Crédit photo : David Gauduchon

Belles zébrées

En voyant opérer Cyril au fil de l’après-midi, on finirait presque par banaliser chaque action, chaque skipping qui fait ricocher son jig sur une dizaine de mètres, voire plus. Tout semble simple, fluide. Pourtant, cette approche est techniquement exigeante, l’engagement physique réel. Son efficacité et sa dimension ludique n’en sont que plus gratifiantes. Et le jig façon « Martinez », ça marche aussi sur les perches. Alors que les attaques de brochets s’espacent, ce sont les zébrées qui se mettent en activité crescendo. Jusqu’au coup de grâce : cette mémère de 52 cm que le fluoro en 80 centièmes ne semble pas avoir dérangée, la taille du jig non plus !

Vengeance Weedless Swim jig (Phenix) en 10,5,  14 et 21 g, associés à l'Hyper Freak (Lake Fork) de 12,5 cm.
Crédit photo : David Gauduchon

Vibrator Blade Jig (Phénix) en 10,5, 14 et 21 g associés à des Live Magic Shad (Lake Fork) de 11,5 cm.
Crédit photo :

 

BONUS : Cyril Martinez en action dans la série #JPCV de La Pêche et les poissons, avec Serge Fafe.

 

 

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