Car une nouvelle année qui se présente, c’est un peu comme une nouvelle campagne. Tous les espoirs sont permis et les fantasmes habituels font leur grand retour, renforcés par l’excès d’optimisme emmagasiné durant la fermeture et exacerbés par l’achat de quelques nouveautés qui, c’est sûr cette fois, rapporteront une vraie bûche. Si si, c’est sûr, le mec dans la vidéo prend six métrés en deux heures ! Une nouvelle saison se prépare et il ne faut rien laisser au hasard. Voilà donc un tour de boutique pour ne rien oublier, glaner quelques astuces et mettre toutes les chances de son côté pour réussir « l’année de dingue ».
Trois cannes spécifiques
Les mois de janvier et de février sont propices aux portes ouvertes et aux achats qui entretiennent le rêve. Les ensembles canne-moulinet doivent être révisés, adaptés, voire complétés. À mon sens, il faut au moins trois cannes bien spécifiques pour réussir son année et utiliser avec efficacité la plus grande partie des leurres. Sans doute avez-vous déjà les vôtres, mais voici ma sélection pour parer à toutes les situations sans être obligé de partir avec une semi-remorque. La big bait principale est une canne comprise entre 2,20m et 2,60m d’une puissance de 40-130 g. Elle permettra de « passer » la plupart des swimbaits, des gros leurres souples et des Miuras par exemple. Cette puissance s’adapte à vos préférences évidemment et, si vous ne pêchez qu’au Balam 300 ou au Giant Replicant, il faudra agir en conséquence ! Le moulinet est à l’avenant. C’est un modèle big bait de taille 300 ou 400 de ratio intermédiaire et garni d’une bonne tresse 8 brins. Votre seconde canne est une canne à jerk. Tiens donc. D’une puissance de 50- 100 g, elle ne doit pas être trop courte. Elle doit être adaptée à votre taille. J’ai déjà abordé ce sujet plusieurs fois, mais les cannes à jerk sont des cannes exigeantes. Elles ne doivent pas être trop dures afin d’éviter le rebond sur le leurre lors de l’animation, mais elles doivent en même temps posséder une grosse réserve de puissance afin de faciliter les ferrages. Elle doit donc avoir de la conicité. Elle est complétée par un moulinet 200 ou 300 garni d’une solide tresse 4 brins. Enfin, ma troisième canne sera mon petit modèle passe-partout en 20-80 g. Elle me permettra de lancer un spinnerbait, de cranker un shad de 15 cm ou un Chatter de 20 g, mais aussi de sortir un jerkminnow ou un petit slider. Je la monte généralement avec un moulinet de ratio assez rapide et une tresse plus fine.
Le choix des tresses
Parlons-en de la tresse justement. Concernant les cannes big baits, la finesse n’apporte rien si ce n’est des désillusions… Casse lors d’un lancer ou sur un gros poisson. Personnellement, c’est 28/100 minimum, voire 30 ou 33… Ces gros diamètres vous permettent de pêcher en toute sécurité et sans perte de rendement. Pour la distance de lancer, le poids de ces gros leurres compense largement l’épaisseur de la tresse ; un bon réglage du moulinet permet quand même d’optimiser cette donnée. Comme c’est le début de saison, il est peut-être temps de changer cette tresse si cela fait plusieurs années qu’elle est sur votre moulinet. Vous pouvez procéder à un changement total ou juste la retourner. En effet, la partie qui est près du backing ne sort jamais et reste « neuve ». Il suffit donc de charger un moulinet vide avec le moulinet que l’on veut « recharger », puis de faire la même opération avec une autre tresse à changer sur le moulinet que l’on vient de vider, etc. Dans tous les cas, n’oubliez pas de mettre un backing en Nylon sur votre bobine au préalable afin d’éviter qu’elle ne tourne sur le tambour. Je privilégie les tresses souples et silencieuses pour le cranking au sens large : lancer-ramener de gros leurre souple, swimbait, cranking shad, etc. Je préfère les 4 brins, plus rustiques certes, mais donc plus raides et plus solides pour les pêches au jerk.
Faire le tri
Le retour dans mes caisses de leurres du printemps juste avant de démarrer la saison est un moment excitant. Certes, car il sent bon le retour au bord de l’eau et nous remémore de beaux souvenirs, mais c’est aussi un moment angoissant, puisque c’est l’heure du tri ! Il va falloir intégrer les nouveautés de l’année, entendez par là les derniers achats en date (nouveau swimbait, nouveau coloris de jerk, nouveau leurre souple monstrueux) dans votre caisse déjà pleine à craquer. Pour ceux qui démarrent et pêchent le brochet depuis quelques années seulement, c’est encore le temps béni où l’on peut rajouter des boîtes, voire carrément rajouter un bakan. Mais pour les vieux briscards dont les boîtes s’entassent dans le garage et qui ont changé de paradigme (moins se charger à la pêche et ne prendre que l’essentiel), la manœuvre est autrement redoutable. Il va falloir supprimer quelques références qui avaient pourtant été jugées indispensables à l’exercice précédent… Heureusement, il y a quelques nouveautés de l’an passé qui ont déçu, et quelques pertes ont fait des trous dans les boîtes. Il faut également remplacer les leurres souples indispensables qui ont trop « ramassé » pour faire une saison supplémentaire, vérifier et changer le cas échéant les trailers trop abîmés. Je passe en général une bonne soirée à cela : trier, ranger, intégrer, réparer, changer. Et voilà ma caisse de leurres toute neuve pour cette nouvelle année, où se côtoient mes incontournables tout rayés (qui rassurent) et mes nouveautés flambant neuves (qui enthousiasment).
Changer certains hameçons
Je profite de ce moment pour optimiser l’armement de tous mes leurres. Je change systématiquement tous mes hameçons rouillés ou émoussés. Je les change aussi sur tous les leurres neufs sur lesquels j’ai le moindre doute. Enfin, je fais pareil avec tous les anneaux brisés qui me paraissent « légers ». Ce petit travail, qui peut paraître fastidieux, ne l’est pas tant que ça, si l’on s’y met sérieusement avec le bon matériel. Une bonne pince à anneaux brisés, quelques pochettes d’huile de pouce, et le tour est joué. Vous penserez à moi le jour où vous perdrez un 30lbs à cause de ce point de détail… Personnellement, j’opte pour les VMC 7547. Facile, puisque ce sont ceux de mon sponsor diront certains. Objectivement le meilleur rapport qualité prix du marché, de loin, répondrais-je. Pour les anneaux brisés, choisissez la marque que vous souhaitez mais prenez du haut de gamme qui ne se déforme pas à l’ouverture (Decoy, VMC, Shout, etc.) ! Pensez à doubler vos anneaux brisés sur les leurres durs type jerk. Ils favorisent ainsi la rotation du poisson et limitent efficacement les « décroches ». C’est moins vrai sur les swimbaits, qui sont souvent engamés par l’arrière, ou avec les leurres souples…
Révision des accessoires
Je fais ensuite un tour du petit matériel. Je passe toutes mes pinces au WD-40 : coupe hameçon, pince anneaux brisés, ciseaux, pince coudée, etc. Rien de pire que de se retrouver avec une pince bloquée le premier jour où l’on souhaite s’en servir sur l’eau. Je fais le plein de bas de ligne : tête de ligne, fluoro hard mono en 80 centièmes et titane éventuellement. Je fais le plein de mes petites boîtes indispensables : anneaux brisés de secours, plomb balles, perles, etc. À ce sujet, connaissez-vous les EZ Splits ou les Boozring ? Ces losanges brisés possèdent deux avantages majeurs : ils sont particulièrement résistants et peuvent, avec un peu d’habitude, s’utiliser sans pince. Très utiles. Je fais également le plein de Pike chains (chaînette d’émerillon baril et d’anneaux brisés), hyperutiles pour les montages de dernière minute (sur un bateau, en plein vent). Mustache, montage 360, screw rig, les pike chains rendent d’immenses services et sont indestructibles. Un must-have. Les tubes de colle sont souvent presque vides ou secs, c’est le moment de les changer. Je préfère les colles en gel qui ne gouttent pas et évitent de s’en mettre plein les doigts. Elles coûtent un peu plus cher à l’achat, mais on les gaspille moins en travaillant proprement. Je fais également le plein de sinkers. Ces petits plombs qui permettent de changer la vitesse d’immersion d’un leurre sont véritablement indispensables. Il n’est pas un jour sans que je ne m’en serve. Lorsque vous pêchez plus profondément (même si ce n’est que 20 cm de plus sous la surface) ou plus vite, ils permettent de s’adapter rapidement à la pêche et sont donc essentiels. Pour parer à toutes les situations, j’ai aujourd’hui une petite boîte consacrée à cela avec des grammages allant de 4 à 20 g étagés tous les 2 g. Si vous n’êtes pas décidés à dépenser autant d’argent dans des produits marketés, un petit atelier bricolage vous donnera satisfaction. Des chevrotines fendues et des émerillons en fer-blanc peuvent aisément être assemblés avec une simple pince, et le tour est joué ! De retour dans le garage, il est peut-être nécessaire de recoudre le filet de l’épuisette et de changer cette veste avec laquelle on est rentré trempé une fois de trop.
Repérage des spots
Lorsque l’opération logistique est terminée, il reste encore un sujet important à traiter : choisir le bon spot pour les premières sorties. Ce sont les critères météo qui seront sans doute les plus prépondérants dans votre choix. Que vous connaissiez bien le secteur choisi ou que vous tentiez de nouveaux spots, un petit repérage ne fait jamais de mal si vous le pouvez. Il vous donnera une idée des niveaux et de l’avancée de la pousse de la végétation. Google Maps est une application formidable qui vous permettra de découvrir un plan d’eau inconnu et vous donnera même des informations sur la structure du plan d’eau en faisant apparaître des hauts-fonds invisibles du bord ! Une bonne appli météo sera bien utile pour connaître les conditions avec précision 72 heures avant le jour J. Un gros coup de vent vous orientera vers un plus petit plan d’eau alors qu’une canicule précoce vous enverra vers un spot plus favorable (rivière bien oxygénée par exemple). C’est encore plus vrai si vous pêchez en bateau, en kayak ou en float-tube. Les sites de type Vigicrue, prépondérants sur les pêches d’hiver, peuvent tout de même vous donner des infos supplémentaires sur les débits et les niveaux. Ceux qui pêchent sur les grands fleuves ou les grandes rivières en savent quelque chose. Les partages d’infos avec ceux qui vous accompagneront sont importants. Ils permettront de faire en commun le bon choix… Et de répartir les rôles dans l’organisation du cassecroûte. La veille du jour J, rassemblez votre équipement, sortez le thermos et posez-le près de la cafetière, réglez votre réveil… C’est parti !