Les leurres métalliques
Les leurres métalliques sont des incontournables de la pêche du brochet. Les flashs émis par ces leurres ainsi que les vibrations générées par les palettes agissent comme de véritables aimants sur les brochets. Je vais les classer en trois catégories en fonction des spots pêchés et de l’activité des poissons :
Les spinnerbaits : ce sont de véritables 4x4 des milieux aquatiques. Ils brillent, ils vibrent avec les palettes et la jupe en silicone et ils passent partout. Ce sont des leurres parfaits pour attirer l’attention des brochets. Aussi bien à l’aise au-dessus des herbiers que dans les bois morts, le spinnerbait saura se montrer aussi efficace pour une pêche de prospection rapide en pleine eau. Rien n’arrête un spinnerbait si ce n’est la touche d’un brochet ! La particularité de ce leurre est de très peu s’accrocher dans les obstacles. Sa forme en triangle joue le rôle de déflecteur et lui permet ainsi de passer dans les endroits les plus encombrés. N’utilisez pas une canne trop raide sous peine d’avoir beaucoup de décrocher, et n’hésitez pas à rajouter un hameçon chance (trailer hook) lorsque vous pêchez en pleine eau. Cela limitera les touches ratées.
Le bladed jig : plus communément appelé chatterbait, c’est un leurre à double tranchant. Ses vibrations agressives peuvent aussi bien agir comme un aimant sur les brochets tout autant qu’elles peuvent faire disparaître les carnassiers comme par magie. J’aime utiliser le chatter lorsque les poissons sont sur le fond et s’alimentent d’écrevisses, lorsqu’ils sont calés au milieu des herbiers et que rien d’autre ne les fera sortir si ce n’est un leurre très agressif qui leur passe devant le nez, ou tout simplement lorsque les poissons réagissent sur des récupérations rapides avec de fortes vibrations.
La cuiller : c’est l’arme absolue du pêcheur de brochet depuis des décennies. C’est un incontournable à posséder absolument dans sa boîte. Aucun brochet ne résiste à la cuiller. De mon côté, j’ai un petit faible pour deux modèles : la Mepps Aglia argentée numéro 3 ou 4 lorsque le temps est dégagé et l’eau claire, et la Mepps Aglia feuille de saule orange numéro 4 pour les pêches de bordure proches des zones de frayère ou lorsque le temps est couvert. Les brochets en sont friands.
Les leurres souples
Ce sont des leurres en plastique souples, que l’on monte avec une tête plombée munie d’un hameçon simple. Je vais différencier les leurres souples assez simplement en deux catégories :
Les shads : ce sont des leurres souples se rapprochant assez souvent de la forme d’un poisson. La queue se termine par un appendice caudal souvent rond qui se met en mouvement dès qu’il touche l’eau. Il existe des shads avec des gommes dures (toniques), conçues pour pêcher vite. Ceux-là, je les utilise peu, je leur préfère de loin ceux ayant une gomme tendre. Ces derniers pêchent le tement, déplacent de l’eau et se mettent en action à la moindre sollicitation. En revanche, je vais principalement utiliser des leurres entre 10 et 15 cm. Il vaudra mieux lancer discrètement un leurre de 15 cm maximum sur une bordure que faire du bruit et ainsi faire fuir tout le monde avec un shad de 20 cm ou plus. À ce petit jeu, j’aime beaucoup pêcher au Illex Deraball au-dessus des herbiers et dans les bois immergés en bordure ou alors avec des shads préplombés type Illex Dunkle, Fox Replicant 14 cm dans des profondeurs comprises entre 1 et 4 m. Évidemment, pour prospecter en pleine eau dans le but d’attraper un gros poisson, j’essayerai de lancer de gros shad de 20 cm et plus.
Les virgules (grub) : tout le monde connaît le célèbre Sandra blanc tête rouge de Delalande. Qui n’a jamais attrapé un brochet avec ce leurre mythique ? Il est, à mon sens, parmi les leurres souples et notamment les grubs, un incontournable. Il attrapera des poissons là où aucun autre leurre n’en attrapera. Je le mettrais en best-sellers de mes virgules. Pour moi, le 12 et le 16 cm sont des incontournables, surtout si vous avez encore les anciens modèles… Évidemment ce n’est pas le seul grub efficace, et lancer un Gunki Grubby gun ou un Illex Dexter Eel vous rapportera son lot de poissons. La nage lente d’une virgule, associée à sa faible vibration, décide les brochets les plus apathiques du secteur. On peut pêcher en linéaire avec, mais aussi l’animer canne haute avec des phases de relâchés planantes.
Les leurres durs
Le crankbait : ce leurre dur, de forme ronde avec une bavette plus ou moins longue, s’utilise de la plus simple des manières : en cranking, c’est-à-dire en lancer-ramener sans animation. Sa force vient de cette nage régulière, à une profondeur constante, qui change de rythme uniquement lorsqu’il rencontre un obstacle : fond rocheux, branches noyées… Évidemment, il est possible de l’animer par de petits twitchs ou jerks pour le faire se désaxer. Cela marche dans certains cas, mais ça n’est pas là son utilisation première. Le crankbait se lance et se ramène, c’est un leurre de prospection qui permet de pêcher vite et de couvrir du terrain. C’est un leurre agressif qui fait bouger les brochets de loin. Les différentes tailles de bavette lui permettent d’évoluer à différentes profondeurs. Plus la bavette est longue, plus il ira profond, plus la bavette est courte et plus il évoluera près de la surface. Elle joue aussi un rôle de déflecteur en tapant sur les obstacles. Elle permet ainsi au leurre de ne pas s’accrocher, de se désaxer au contact de l’obstacle et ainsi de casser la régularité de la nage. On appelle cela pêcher en bottom taping, et croyez moi on flirte parfois avec l’accrochage sur le fond, mais le jeu en vaut la chandelle…
Des leurres durs à animer…
Je pense que beaucoup de pêcheurs ont en tête de commencer en pêchant au leurre dur, et notamment avec des leurres de types jerk. Les jerks en général sont des leurres à animer et qui trouvent naturellement leur place dans une boîte à brochet.
Les jerkbaits : ce sont de véritables leurres à brochet et notamment à gros brochets. Ils sont durs, en bois ou en ABS, sans bavette, avec ou sans billes, et s’animent à la canne, en faisant des jerks qui permettent au leurre de se désaxer de gauche à droite. Pour que vous compreniez mieux, le Buster jerk de CWC est le jerkbait par excellence. C’est un aimant à brochet pour ce type de pêche, et tout pêcheur de brochet se doit d’en posséder un dans sa boîte. Ce modèle avec bille est particulièrement efficace par tout temps, mais dans des conditions tempétueuses (vent, pluie, vague) il exprime toute sa puissance. Il rend fou les brochets, et les touches sont souvent brutales. Lorsque le temps est plus calme, les modèles en bois silencieux comme le Gliding rap de chez Rapala deviennent aussi des incontournables. Pensez à bien faire des pauses entre vos séries de jerks. Lorsque je guide j’aime dire à mes pêcheurs de garder le rythme du jerk ainsi : un jerk, deux jerks, trois jerks puis pause, un, deux, trois, pause et ainsi de suite. La touche intervient souvent à la pause.
Les swim-jerk : c’est une belle alternative au jerkbait pour ceux qui n’arrivent pas à animer les jerkbaits. Les swim-jerk sont des leurres ayant la même forme que les jerkbaits, sans bavette, mais ils se ramènent en lancer-ramener avec des pauses. Tout le monde connaît le swim-jerk de chez Westin. Plus simples d’utilisation que les Buster jerks, ils ne sont pas moins efficaces. Ils permettent la capture de jolis brochets, en rendant le jerk accessible à tous.
Les jerkminnow : ce sont des leurres plus petits et se rapprochant de la forme d’une ablette ou d’un petit gardon. Plus filiforme, avec une courte bavette, ils s’animent à la canne avec des petites tirées sèches ou de manières plus agressives avec de grands jerks, le tout entrecoupé de pauses. Ils sont redoutables sur les brochets, mais malheureusement ils ne font pas le tri sur la taille de ces derniers. Ainsi, si vous les utilisez et que vous ne faites que des petits poissons, préférez changer et passez sur un jerkbait pour essayer d’attraper des poissons plus gros.
Les leurres de surface
Certains habitent dans des régions où les herbiers auront déjà bien poussé par suite d’un hiver doux. Ils n’auront donc pas d’autres choix que de pêcher en surface. Pour cela, deux techniques s’offrent à vous :
Au stickbait/popper : en été, il sera possible de pêcher au stickbait ou au popper. Quelle belle image que la prise d’un poisson en surface. Si les conditions sont calmes (peu de vent et soleil) on privilégiera la pêche au stickbait. À l’inverse, si les conditions sont dantesques, avec du vent, alors le popper aura toutes ses chances. Dans tous les cas, ces deux leurres permettent de prospecter du terrain, de pêcher peu profond et de passer là ou d’autres pêcheurs n’oseront pas lancer. Les herbiers, les nénuphars, les branches mortes, les rochers sous l’eau… sont autant de postes qui doivent attirer votre attention pour pêcher au leurre de surface.
Au leurre souple en texan : certains plans d’eau, lac ou canaux vont déjà être envahis par les herbes. Impossible d’y faire passer un leurre. Certains pêcheurs déserteront ces zones impêchables à leurs yeux. Que nenni, c’est là que vous devez aller. Préparez vos grenouilles, shads et autres slugs à monter sur un hameçon texan (hameçon protégé des herbes par le leurre) et rejoignez immédiatement ces spots à brochet.
En wading
Le wading, ou pêche à pied dans l’eau, est à mi-chemin entre une technique à part entière et la pratique d’une technique. Quoi qu’il en soit, je la vois comme une technique à part entière, car elle demande un petit savoir-faire et de l’observation pour ne pas risquer de tomber dans l’eau. Cette technique, qui par sécurité se pratique à deux, permet de mettre en œuvre toutes les techniques de pêche citées précédemment, mais elle permet surtout d’avoir accès du bord à des endroits où personne ne peut avoir accès. Pêcher en wading permet de pêcher des étangs à faible profondeur où le float-tube ne passe pas, d’avoir accès à des portions de petites rivières où aucune embarcation ne peut se rendre, d’avoir accès à des marécages ou tout simplement de pêcher plus efficacement des postes du bord mais les pieds dans l’eau. J’aime beaucoup cette technique de pêche, car elle demande réflexion, concentration et observation. Il faut être discret lorsque l’on se déplace dans l’eau, avoir le pas léger, observer les zones où l’on peut marcher, observer où se tiennent les poissons, mettre en place la stratégie pour les approcher et les pêcher et, enfin, concrétiser la touche et sortir le poisson. Évidemment, inutile de s’encombrer de dizaines de leurres lorsque l’on part pêcher en wading. Une sélection brève de leurres, ou des morts maniés, une canne avec son moulinet, une pince facilement accessible pour décrocher les poissons, du fluoro pour refaire un bas de ligne et en avant. Les mystères des milieux aquatiques s’offrent à vous !
Au swimbait
Par rapport aux autres techniques, elle est assez onéreuse pour pêcher du bord. Je m’explique, lorsque l’on pêche du bord, il est difficile d’aller récupérer son leurre si on est accroché au fond ou de l’autre côté de la berge. Mettre en œuvre des techniques du bord où le prix moyen d’un leurre est de plus de cinquante euros n’est donc pas facile pour tout le monde. C’est rageant de voir son swim préféré pendre dans un arbre, comme une vulgaire boule de noël. Pour autant, le swimbait est une super technique à mettre en œuvre à l’ouverture, surtout pour prospecter les plateaux herbeux en début de saison sur les lacs ou les fins de courant et d’herbier en rivière. Un des moins onéreux est le Spro bbz 15 cm. Ce swimbait est le swim à tout attraper. Petits, moyens ou gros brochets, ils sont tous friands de ce leurre. Évidemment, d’autres modèles existent : le Illex Gantia, le Balam 250 et 300 ainsi que le Seven Biwa. Pour ce qui est de l’animation, la pêche au swimbait est assez simple. Il suffit de lancer devant soi et de ramener canne assez basse, un ramener linéaire entrecoupé de pauses. Comme souvent, la touche intervient au moment de la pause ou au redémarrage du leurre.
La pêche aux appâts
Pour terminer et parce qu’on n’en parle pas assez, la pêche aux appâts est accessible à tous et reste une valeur sûre pour pêcher les brochets du bord. En respectant quelques règles, les pêches aux appâts peuvent être très rentables. Je vais diviser cette technique en deux sous techniques : au mort manié pour les pêcheurs mobiles et aux appâts vivants pour les autres.
Au mort manié : c’est une des techniques reines pour pêcher le brochet aux appâts. Un sac en bandoulière, quatre ou cinq montures Drachko dedans, deux trois plombs, quelques bas de ligne, une pince, les poissons dans un sac ou une boîte étanche et le tour est joué. Ici, on pêche au sens de l’eau, à l’observation des courants, des obstacles, au ressenti du fond. C’est une pêche technique, à la limite de l’art pour celui qui la maîtrise à la perfection. Elle permet de traquer des poissons souvent sollicités au leurre, qui ne mordent plus, et ainsi de déjouer leur méfiance. Le mort manié n’a pas son pareil pour « réveiller » les brochets et passer d’une journée mal engagée au leurre à une véritable frénésie. J’utilise beaucoup les montures Drachko pour pêcher ainsi. Mais je les fabrique moi-même, celles du commerce étant très fragiles. À l’inverse du sandre qui aime les animations saccadées, le brochet aime les animations planantes, en feuille de saule. Pour cela, je pêche léger sur mes montures (entre 2 et 10 g suivant la profondeur et le courant) afin de garder un effet planant tout au long de la récupération.
Au poisson vivant : la pêche au vif est une pêche ancestrale, que quasiment tous les pêcheurs connaissent et ont pratiqué au moins une fois dans leur vie. Elle a donc, à mon sens, toute légitimité à être présente dans ce papier comme technique pour pêcher le brochet du bord. D’autant que les mentalités et les techniques ont évolué, il n’est plus nécessaire de laisser partir des heures le bouchon avant de ferrer. Un léger décalage entre le moment de la touche et le ferrage permet bien souvent de piquer le brochet au bord de la gueule et ainsi de pouvoir le relâcher dans de bonnes conditions pour celui qui veut le relâcher. L’action de pêche est simple et se résume dans cet ordre : une canne de quatre à cinq mètres, un moulinet, du Nylon en 35 centièmes, un bouchon de 15 à 20 g, une olive de 10 à 15 g, un émerillon, un bas de ligne acier terminé par un hameçon simple (pas moins de ratés, et plus de chances de survie pour le brochet) et un petit poisson vivant de 10 à 15 cm. Il reste à choisir le poste (un calme en rivière, un arbre mort en étang, une irrégularité sur une berge de canal, la confluence entre deux rivières…) et mettre en action de pêche les cannes. Rien n’empêche, pour s’occuper en attendant la touche au vif, de lancer un leurre autour de ses cannes.