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La Miuras et autres souris, petite révolution pour grands poissons

Il m’arrive assez rarement d’écrire un texte sur un seul leurre. Si je parle régulièrement d’une famille, comme les jerkbaits par exemple, je ne digresse jamais sur une ou deux références bien précises et laisse au lecteur le soin de sélectionner ses propres modèles. Mais la puissance de frappe de la Miuras et de ses déclinaisons m’incite à changer mon fusil d’épaule…

Connu à ses débuts de quelques initiés seulement, ce leurre à part a déboulé comme un extraterrestre dans le monde des pêcheurs de brochets quand il a été distribué en masse. Les résultats exceptionnels obtenus lui ont valu un plébiscite rapide qui ne se dément pas. Avec le recul et beaucoup d’utilisation, nous en savons aujourd’hui un peu plus sur sa façon de fonctionner et son potentiel d’utilisation. Alors si vous n’avez pas encore franchi le cap, ou que vous tâtonnez, voici l’histoire de la Miuras…

Le point de départ

Tout est né d’un Italien passionné de pêche, Maurizio Carini, qui a développé les premiers modèles à l’occasion d’un voyage en Irlande en 2008. Avec le temps et de nombreuses améliorations est née la Miuras Mouse telle que nous la connaissons aujourd’hui. D’abord distribuée en direct d’Italie sur le site Internet de Maurizio, c’est la marque CWC qui a repris la production et la distribution de ce produit, la faisant ainsi connaître du grand public et la rendant accessible au plus grand nombre. Portée en France par leur emblématique pro staff Pierre Montjarret, qui gagne sous l’œil des caméras de Fly VS Jerk avec un fabuleux poisson de 1,27 m, la Miuras ne tarde pas à susciter la curiosité puis l’engouement de nombreux pêcheurs de brochets ! L’histoire était lancée… Mélangeant un montage mouche, la masse d’un big bait, un gros leurre souple et un montage ventral type screw rig à toute épreuve, la Miuras est le leurre hybride par excellence. Constitué d’une tête en résine sur laquelle est collé du bucktail (longs poils creux ; littéralement queue de daim en anglais) et imitant une (belle) souris. L’armature prise dans la résine permet l’articulation avec un screw sur laquelle est vissé un trailer souple double queue. Initialement proposée en quatre tailles, la Miuras est aujourd’hui disponible en deux tailles : le modèle classique, qui mesure 23 cm et pèse 95 g avec son trailer original, et la « mini » qui, elle, affiche 20 cm pour 60 g. Sachant que ce leurre se charge en eau à l’immersion, les deux tailles pèsent chacune bien plus lourd une fois qu’elles sont mouillées et se classent donc dans la catégorie des bigbaits qui nécessite des cannes adaptées (c’est évidemment particulièrement vrai pour le grand modèle).

La Miuras est facile à mettre en œuvre. En effet, elle n’est jamais aussi redoutable que quand elle est ramenée lentement en linéaire.
Crédit photo : Arnaud Brière

Plus de touches

Les résultats observés depuis quelques années le prouvent, la Miuras déclenche des touches, sélectionne les beaux poissons et, surtout, elle fait réagir les poissons qui ne bougeaient sur rien d’autre. Il n’en faut pas plus pour que ça clignote rouge dans nos têtes de pêcheurs de brochets et, rapidement, ce leurre s’impose comme incontournable. Dans l’eau, l’action du leurre est lente et vivante, et si, quand on le tient à bout de doigt la première fois, il peut laisser le doute, cette impression disparaît dès qu’on le fait nager! Le trailer s’anime au moindre mouvement et le buctkail donne une illusion de vie saisissante. La force de la Miuras vient de son incroyable capacité à déplacer de l’eau, en émettant des vibrations puissantes et uniques. Si une grosse partie de cet effet vient de la surface du nez, qui « pousse » beaucoup d’eau, la masse du corps habillé de bucktail derrière rajoute à ce fort déplacement d’eau. Associé à un leurre souple très mobile, tous les ingrédients du succès sont là. Grosses vibrations, grosse bouchée et gros signaux visuels se cumulent pour faire réagir des poissons qui n’auraient pas réagi autrement. Les brochets y voient-ils vraiment un rongeur capable de fournir un gros apport de protéine ? Ou interférant sur leur territoire de chasse ? Difficile à dire évidemment. Toujours est-il que là où un streamer va émettre des vibrations subtiles capables de déclencher des poissons méfiants, la masse de la Miuras va tout emporter sur son passage et déclencher des touches phénoménales d’agressivité et de violence.

Arnaud a largement testé ce leurre hors norme en France comme à l’étranger.
Crédit photo : Arnaud Brière

Un leurre hors norme

Je pense qu’au-delà d’être capable de prendre des poissons éduqués, ce leurre hors norme fait également « bouger » des brochets qui ne réagissaient pas sur les autres leurres. Je suis persuadé que certains carnassiers ne sont jamais pris – une étude des Fisheries board irlandaise établissait il y a une dizaine d’années que seulement 30% des poissons étaient pris ! La Miuras élargit son territoire de chasse à ceux-là. Je n’ai rien pour le prouver, mais les statistiques vont dans ce sens. Contrairement à certaines catégories de leurres compliquées à utiliser (entendez par là qui nécessitent une vraie gestuelle et un peu d’entraînement), la Miuras Mouse est facile à mettre en œuvre. En effet, elle n’est jamais aussi redoutable que lorsqu’elle est ramenée lentement en linéaire. Seules quelques pauses sont parfois les bienvenues, mais je n’ai jamais remarqué qu’une quelconque animation la rendait plus efficace, au contraire. Le modèle original (c’est logiquement le plus utilisé, car c’est celui qui produit le plus gros effet et qui sélectionne les plus gros spécimens) nécessite un ensemble « big bait » capable de propulser sans coup férir au moins 130 g. Une fois le lancer effectué, il suffit d’entamer un petit cranking assez lent : silence, ça pêche !

Les différents combos possibles avec la Miuras.
Crédit photo : Arnaud Brière

Changez de couleur !

Les subtilités de la Miuras viennent plutôt de trois autres paramètres : sa couleur, sa profondeur de nage et son trailer. Nous avons remarqué que tous les coloris ne se valent pas en fonction des couleurs d’eau, des jours et de l’heure. Si la bleue et blanche marche bien sur la Seine par exemple, elle déclenche très peu de touches en Irlande… De même outre-Manche, chaque jour appelle sa couleur, et le combo de l’après-midi sera peut-être supplanté par un autre au coup du soir. Il n’y a pas de règle absolue sur le sujet et il ne faut pas hésiter à changer de couleur jusqu’à trouver la bonne, celle qui fait mouche ce jour-là ! Comme pour de nombreuses catégories de leurres, il vous faudra donc en avoir plusieurs dans votre boîte… La Miuras passe très bien dans des eaux très peu profondes. Sa vitesse d’immersion est lente, et elle passe donc sans problème, lentement sous la surface, toujours en émettant de forts signaux. Cela fait d’elle un redoutable chasseur de brochets dans les ultra-shallows, ou au-dessus des champs d’herbiers. Mais elle pêche aussi efficacement plus profondément, voire carrément sur le fond…

Quelques montages avec des shads afin d’augmenter encore les vibrations
Crédit photo : Arnaud Brière

Dans toutes les couches d’eau

Pour bien peigner un tombant ou une simple zone plus profonde, il suffit de lui ajouter un petit sinker de 6,8 ou 10 g. Il sera bien positionné si vous l’accrochez sur l’armature du triple de tête. Les densités varient d’un leurre à l’autre, et vous choisirez le grammage approprié en fonction de cette densité – en mettant la Miuras dans l’eau, attachée à votre ligne, vous verrez tout de suite si elle coule vite ou non – et en fonction de la vitesse de récupération souhaitée. Même si elle n’a probablement pas été conçue pour ça, la Miuras pêche également très bien dans les couches d’eau profondes. En lui ajoutant 40 g, elle descendra vite et pêchera sans problème dans 8 ou 10 m. En la laissant se poser régulièrement sur le fond, vous aurez sans doute de bonnes surprises… À bon entendeur. Il paraît même que certains petits malins les utilisaient en « verticale » dans les grands lacs pour rechercher les poissons pélagiques… Enfin, le dernier élément d’optimisation, et pas des moindres, est le trailer. Livrée d’origine avec un LS double queue du plus bel effet, la Miuras est déjà très efficace dans sa livrée d’origine. Mais elle gagne parfois à être couplée avec d’autres leurres souples. Les grands curltails sont parfois redoutables lorsque les poissons sont particulièrement frileux ou dans les pêches plus profondes. Enfin, les gros shads amènent un vrai plus en fournissant encore plus de vibrations les jours de grand vent. Sur les gros modèles, il ne faut pas hésiter à mettre des leurres de 25 cm et plus. Grosse bouchée, gros poissons, non ? Face à un tel succès, d’autres fabricants se sont engouffrés dans le créneau et proposent aujourd’hui des alternatives intéressantes, créant ainsi une véritable famille de « souris » et élargissant encore les possibilités d’applications.

Le fameux nez de notre souris qui déplace beaucoup d’eau.
Crédit photo : Arnaud Brière

Souris et Mustaches

Les Mustaches de VMC utilisent ce même concept de nez plat qui pousse de l’eau raccordé à un screw qui permet de visser un leurre souple. La version originale est constituée d’un disque en zinc dense qui rend le leurre coulant. Le bucktail est collé sur le bord du disque. La densité importante de la matière utilisée rend les Mustaches plus coulantes qu’une Miuras classique. Elles sont donc logiquement tout indiquées pour pêcher les zones profondes. Avec la Mustache, vous n’aurez plus besoin de rajouter un sinker pour gagner en vitesse d’immersion. Trois tailles sont disponibles avec des ratios poids/diamètre différents (30 mm/40 g, 20 mm/20 g et 10 mm/11 g), ce qui permet de s’adapter à de nombreuses situations. Si la grosse taille fonctionne aussi bien avec des trailers fluides (curltail ou double queue) que des LS toniques comme des shads, les petits modèles sont particulièrement efficaces avec des petits shads. Le petit modèle est très « agile » et ouvre d’autres perspectives d’animations plus proches du linéaire classique. Sachant qu’on peut facilement l’utiliser avec une canne classique (10-40), de nombreux pêcheurs devraient y trouver leur compte. Livrées sans armement ni trailer (ce qui autorise un prix bien plus doux), je vous conseille de les armer avec des hameçons de bonne qualité (2/0) pour le grand modèle, reliés entre eux par une chaînette, que vous pourrez fabriquer vous-même ou acheter déjà montée. Une version ultra-shallow avec un nez en bois vient de voir le jour et sera bientôt disponible. Elle permettra ainsi de couvrir toutes les profondeurs de pêche avec cette gamme.

Préparation d’une grosse Mustache.
Crédit photo : Arnaud Brière

Quelques petites astuces

Que vous utilisiez la Miuras ou la Mustache, je vous conseille de renforcer vos bas de ligne. Il y a en effet des périodes où les brochets se focalisent sur la tête de ces leurres, ce qui augmente grandement les « coupes ». À titre d’exemple, j’ai vu plusieurs bas de ligne en fluorocarbone coupés net dans la même journée sur un groupe de quatre pêcheurs, ce qui n’arrive absolument jamais avec un autre type de leurre. Je vous conseille donc d’être particulièrement vigilant avec l’aspect « hard mono » de votre fluoro et d’éviter les 60 ou 70/100 ; c’est 80, voire 100, minimum. L’autre alternative, plus coûteuse mais 100% fiable, est de passer en titane. Optez dans ce cas pour un titane tressé (plus souple) de 70 lbs minimum. Il arrive très souvent que lors de la récupération, vous sentiez un petit « toc ». Dans ces cas-là, il faut être assez fort mentalement pour ne pas ferrer et continuer sa récupération comme si de rien n’était. Un ou plusieurs petits tocs surviennent avant « la » grosse touche. Ceci est sans nul doute dû au fait qu’un beau poisson suit votre leurre, le nez collé au leurre, et qu’il met des petits coups de dents sur le bout du trailer. Un peu comme s’il voulait vérifier que le leurre n’en est pas un. Si celui-ci continue sa course imperturbablement, le poisson finit toujours par attaquer franchement. Ce coup-ci, il faut ferrer franco ! Il y a fort à parier que vous serez amené un jour ou l’autre à vivre cette situation.

Détail du kit de montage « Mustache rig » ici avec un shad.
Crédit photo : Arnaud Brière

Un gros triple en tête

Je vous conseille également de surdimensionner un peu votre hameçon de tête pour limiter au maximum les ratés au ferrage. Ainsi, sur la grosse Miuras, je mets systématiquement un 7547 3/0 à la place de l’hameçon d’origine. Sur la grosse Mustache, je mets cette fameuse chaînette et deux hameçons 2/0. Avec tous ces éloges, certains seront sans doute tentés de ne plus pêcher qu’à la Miuras, comme ce fut le cas en d’autres temps avec des leurres qui avaient fait le buzz (Buster Jerk par exemple). Malheureusement (ou heureusement !) les souris ne sont pas toujours la panacée et d’autres leurres seront plus efficaces à certaines périodes. Je pense au jerk en début de saison dans les eaux très froides ou aux swimbaits au-dessus des boules de poissons fourrage à l’automne. Cependant, la Miuras reste une valeur sûre dans beaucoup de situations, à de nombreux moments. Reste à voir dans le temps comment les poissons s’éduqueront face à ce leurre redoutable. J’ai déjà remarqué que sur certaines zones les petites « souris » commençaient à faire la différence avec les grosses. Avec l’éventail de coloris et de trailers disponibles, il y a de fortes chances pour qu’elle ait encore de beaux jours devant elle ! Il n’y a pas de véritables succès commerciaux sans réussite au bord de l’eau. La Miuras a fait ses preuves. Sa capacité à déclencher des touches sur des poissons qui n’auraient pas pris d’autres leurres en fait une arme d’exception. C’est une belle corde à son arc, et il serait dommage de s’en priver. Désolé, il va falloir faire de la place dans vos boîtes !

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