Dossier ouverture avec Gaël Even
Le lac peut être déconcertant, tant par sa taille que par les profondeurs que l’on peut rencontrer. Avant de charger la voiture, il convient de se préparer un minimum pour optimiser vos chances de réussite et ne pas vous trouver pris au dépourvu. À mes yeux, il y a trois grands types de plans d’eau différents.
Vive les herbiers
Les lacs « landais » et autres grandes gravières sont caractérisés par des pentes relativement faibles et surtout des plateaux d’herbiers qui peuvent faire plusieurs hectares et se trouver loin des bordures. Plus les herbiers sont nombreux et denses, plus l’eau sera claire. Dans ce genre de configuration, il y a souvent deux types d’approches qui rapportent des poissons. La première consiste à prospecter l’ensemble des anses, ports et autres bordures peu profondes qui en plus de contenir des structures en tous genres se réchauffent plus vite et par conséquent offrent à notre prédateur des proies plus nombreuses. Si vous recherchez un spécimen, cette option n’est pas la meilleure. En revanche, si vous souhaitez avoir de nombreuses touches de poissons de taille moyenne avec parfois une belle surprise, et que vous aimez faire des pêches à courte distance et précises avec des attaques à vue, alors foncez, c’est le bon endroit !
Leurres légers
Pour le menu, inutile de se compliquer la vie, un rubber jig associé à une écrevisse ou une grenouille, un swimbait souple peu plombé, un spinnerbait, un jerkbait minnow d’une douzaine de centimètres et un stickbait dans les mêmes tailles. C’est parti pour une prospection minutieuse de l’ensemble des structures et autres tâches d’herbiers qui offrent des zones d’ombre dans ces bordures peu profondes. Sur ces grands milieux, si une anse correspond aux exigences de notre carnassier, les touches ne tarderont pas et seront assez nombreuses. Dans ces parties peu profondes, les poissons, en fonction des heures, peuvent se trouver collés à la bordure ou au contraire décalés sur les herbiers qui se trouvent davantage en pleine eau.
Cap sur le large
Il est fréquent qu’un « canal » un peu plus marqué parte de la zone profonde pour s’enfoncer dans le port ou sur les hauts-fonds. C’est souvent à cet endroit que vous prendrez les plus gros poissons. Si cette première option n’est pas votre favorite, direction les plateaux d’herbiers au large. En fonction des températures et de l’avancement du printemps, les poissons peuvent se trouver en plein milieu de l’herbier. Mais dès que la température de l’eau va dépasser 20degrés, la cassure entre l’herbier et le large sera la zone à gros poisson par excellence. Si en plus, il y a une pointe sortant du plateau pour s’enfoncer dans le profond, vous tenez la zone à prospecter en priorité. Je vous invite d’ailleurs à y revenir plusieurs fois dans la journée ! En fonction des conditions, les brochets peuvent être sur le cassant, mais aussi sur les herbiers. Si vous aimez pêcher avec des gros leurres de type jerkbait, swimbait et leurres souples, alors vous êtes au bon endroit. Commencez par pêcher le cassant avant de faire de grandes dérives parallèles sur le plateau.
Gardez des marques
Si vous enregistrez des touches et des suivis, notez bien le point GPS. En général, les poissons ne sont pas seuls et vous vous rendrez compte que certaines parties de plateau tiennent toujours des poissons alors que d’autres sont stériles. Si vous préférez utiliser des leurres plus petits, alors c’est le bon moment pour sortir vos lipless, bladed jig, jerkbait minnow et autres leurres souples de 13 à 18 cm que vous plomberez en fonction de la vitesse de récupération souhaitée et de la profondeur de nage recherchée. J’insiste bien sur la notion de vitesse, car en début de saison il n’est pas rare que les poissons prennent des leurres qui se déplacent vite, voire très vite.
Les barrages
Le second type de lac est beaucoup plus minéral, c’est en général une retenue EDF, comme celles que l’on trouve dans le Massif central. Les bordures sont souvent constituées de roches, mais il arrive fréquemment qu’avec les niveaux hauts de début de saison, certaines rives soient parsemées d’arbres immergés. Elles seront, avec les pointes rocheuses, les premiers postes sur lesquels vous devez concentrer votre attention. Une pêche rapide au spinnerbait tout autour des branches, une prospection méticuleuse au rubber jig au cœur des obstacles et un passage parallèle à la bordure au jerkbait minnow vous livreront bien souvent des poissons très rapidement. Ces trois techniques vous permettent de trouver le type d’activité du jour. Plus vous lancez près de la bordure, plus vos posés doivent être discrets. Votre leurre doit entrer dans l’eau sans faire le moindre bruit. Je vous invite tout de même à avoir une canne plus forte sous la main équipée d’un gros jerkbait ou d’un swimbait pour effectuer une série de lancers dans le prolongement des avancées rocheuses. C’est bien souvent de cette manière que vous allez faire monter les plus gros poissons de la journée. Certains jours, seuls les postes rocheux livrent des touches et vice versa. Si c’est le cas, inutile de perdre du temps, concentrez-vous sur les postes productifs.
Anses et tête de lac
Dans ce type de milieux, il est toujours bon de remonter en tête de lac s’il existe des zones peu profondes avec des herbiers. Ils seront occupés, c’est certain. Dans ce cas de figure, je vous invite à recourir aux mêmes techniques que celles évoquées pour les lacs précédents. Enfin, s’il y a des anses peu profondes avec un peu de végétation immergée, vous pouvez y passer rapidement. Les poissons y vont et viennent en fonction des différentes fraies des poissons blancs. Dans ce cas de figure, les leurres évoqués pour pêcher la bordure peuvent très bien fonctionner, mais je dois avouer que je vais tenter en priorité un gros stickbait pour la beauté des attaques. Souvent peu utilisés, ces leurres de surface, sur certains plans d’eau, réservent de vraies belles surprises.
Les lacs alpins
Enfin, la dernière catégorie de plan d’eau est du type lac alpin. Des eaux extrêmement claires, des herbiers qui poussent profond et bien souvent peu de végétation dans la bordure. La pêche se passe majoritairement avec des leurres souples sur les extérieurs des plateaux. Vous vous contentez de suivre la cassure sur laquelle poussent les herbiers en plaçant le bateau dans le profond. La difficulté consiste à pêcher cette pente au-dessus de l’herbier sans s’y accrocher en permanence. Au fil de la journée, vous pourrez observer plusieurs comportements. Les brochets peuvent être très actifs et prendre vos leurres qui passent assez rapidement au-dessus de leur tête. Ils peuvent ramasser les leurres posés au fond lors des pauses. Ils peuvent également réagir positivement aux tractions vives que l’on effectue généralement pour se débarrasser d’un bout d’herbe sur l’armement. C’est le long de cette rupture de pente que vous avez un maximum de chance d’enregistrer vos premières prises. Ces pêches se pratiquent en général entre 6 et 15 m de profondeur. Il arrive toutefois que les poissons se placent sur des plateaux entre 5 et 8 m à cette période. Bien entendu, vous pouvez toujours passer un shad avec ou sans palette, mais vous pouvez également tenter des crankbaits grands plongeurs, voire un gros jerkbait lors des journées venteuses. Au niveau des leurres souples utilisés, le plus souvent, il s’agit de shads d’une longueur comprise entre 12 et 25 cm avec des grammages importants, dans la plupart des cas, entre 14 et 35 g.
Trois types de leurres : le rubber jig
Très peu utilisé, le rubber jig est pourtant un leurre passe-partout qui attrape des poissons dans quasiment toutes les situations. Redoutable pour pêcher les bordures en début de saison associé à une écrevisse ou une grenouille, il permet de proposer une belle bouchée sans s’accrocher tout en ralentissant la vitesse de descente du leurre. Pour faire vos premiers lancers avec, je vous conseille de l’envoyer au ras des bordures en réalisant un posé discret. Laissez-le descendre entre deux eaux, imprimez trois tirées sèches de courtes amplitudes, laissez-le redescendre un peu et recommencez les tirées sèches. On redescend un peu avant de réaliser une belle accélération au moulinet sur un ou deux mètres. En général, le brochet attaque dans le haut de l’animation. Vous allez le voir se saisir du leurre. Laissez-le bien se retourner avant de ferrer fort et ample. Le combat débute !
Trois types de leurres : le spinnerbait
C’est une incroyable machine à battre du terrain ! Ce leurre, aux signaux multiples, gagne à être relié au bas de ligne par un nœud bien serré et non une agrafe. Si la récupération linéaire ne pose pas spécialement de problème, il faut tout de même savoir que quatre-vingts pour cent de vos touches sont liées à la qualité du posé. Entendez par là que la précision du lancer tout contre la bordure est une des clefs et la suivante réside dans le fait que le leurre doit se poser sans faire le moindre bruit et ses palettes entrer en rotation dès son impact avec la surface. Si vous y parvenez, vous constaterez que la majorité de vos prises seront réalisées dès les premiers tours de manivelle. Entraînez-vous.
Trois types de leurres : le Jerkbait minnow
Moins régulier que les rubber jig et spinnerbait, le jerkbait minnow connaît tout de même de belles heures de gloire et il est pour moi inconcevable de ne pas tenter le coup. J’aime particulièrement l’utiliser parallèlement à la bordure. Je le lance assez loin, je mouline quelques tours pour lui faire atteindre sa profondeur de nage et j’imprime deux belles tirées sèches suivies d’une pause. Je mouline un mètre ou deux et je recommence les jerks et la pause. Les touches interviennent très souvent sur cette phase d’arrêt. Il convient donc de garder la bannière légèrement tendue pour bien les déceler. En début de saison, j’aime beaucoup les modèles avec une sonorité puissante !