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Pêche du brochet au jerkbait : animations, billes, couleurs, densité... Tout savoir !

Famille emblématique de la pêche du brochet, les jerkbaits se déclinent sous un nombre incalculable de formes, de matières et de coloris. Ils peuvent répondre à de nombreuses situations de pêche et « savent » leurrer bien des poissons, à condition de choisir le bon leurre et de l’animer correctement. 

Trop souvent cantonnés à une action type, ils sont pourtant polyvalents et ludiques et savent déclencher les spécimens. Le saviez-vous ? Ils sont doués dans les pêches de réaction, de bordure, lors des sessions difficiles et dans beaucoup d’eau. Ils marchent toute l’année, sont faciles à lancer et souvent abordables à côté des swimbaits. « Pourquoi n’as-tu pas que ça dans tes caisses alors ? » me répondrez-vous. Eh bien je n’ai pas que ça dans ma caisse, mais j’en ai beaucoup… dans tous les cas, j’en ai toujours un monté sur une canne et j’attaque 80% de mes sorties « broc » au jerk. Tour d’horizon donc de ces machines à brochets, sans langue de bois…

Un jerk c’est quoi ?

Un jerkbait, par définition, c’est un leurre qui remue et qu’il faut animer ! On pourrait l’opposer en cela au swimbait qui nage seul et ne nécessite qu’un cranking plus ou moins rapide ou varié. Il existe deux grandes catégories de jerks : ceux qui possèdent une bavette comme les jerkminnows (type X-Rap 10 ou B’Freeze) ou les plus grand modèle, dénotés comme wobblers, comme les Super Shadow Rap, et ceux qui n’en ont pas comme le fameux Buster Jerk. C’est cette deuxième catégorie qui nous intéresse plus particulièrement aujourd’hui. Bien qu’il n’existe pas de définition précise, on peut classer les jerkbaits dans la catégorie des petits big baits. Ils mesurent entre 10 et 20 cm et pèsent entre 50 et 100 g. Il y a toujours des exceptions, mais la grande majorité des modèles se situe dans cette fourchette. Ce sont souvent les caractéristiques les différenciant les uns des autres qui seront prépondérantes. Au-delà du coloris, souvent important (mais pas toujours…), la taille, la forme et la densité sont des paramètres clé.

Pêche jerk brochet
La « puissance » d’attraction d’un jerk vient principalement de sa capacité à « bouger de l’eau », ce qui déclenche la touche
Crédit photo : Arnaud Brière

Une question de densité

Certains modèles sont assez petits. Je pense au Rapala Twtichin’rap, au Baby Buster ou au TNT HK Mama. D’autres, par leur succès, ont standardisé la catégorie et définissent la taille « classique », je pense bien sûr au fameux Buster. Certains enfin sont de gros modèles, comme le Big Bandit (CWC) ou le Freestyler 17 (Savage Gear). La densité joue elle aussi un rôle fondamental, car elle va déterminer la profondeur de nage et l’action du leurre durant les pauses (nous y reviendrons !). Ils peuvent donc être coulants (plus ou moins rapidement), suspending, ou flottants. Selon les références, ils sont en résine ou en bois. La résine permet d’équilibrer les leurres à volonté. On peut y insérer des billes et jouer sur un effet de transparence. Le bois est un matériau plus compliqué à équilibrer mais il émet des vibrations proches du vivant qui font souvent la différence. Quelles que soient leurs formes, plus ou moins allongées ou aplaties, ils sont étudiés pour avoir une nage qui les fera changer de direction à chaque coup de canne. Ainsi, ils partent à droite et à gauche de la ligne de traction. On appelle cet écart un « slide », et il est plus ou moins long selon le leurre et l’impulsion que l’on donne avec la canne. Certains, comme le Big Bandit, effectuent volontiers de longs slides. Entendez par là qu’il glisse longuement sur sa trajectoire latérale avant de repartir dans l’autre sens. D’autres auront des slides beaucoup plus courts et changeront de direction bien plus souvent. Imaginez pour cela la nage d’un stickbait, mais sous l’eau !

Buster jerk meilleur brochet
L’incontournable Buster ! Ils en ont pris, des poissons, ceux deux-là...
Crédit photo : Arnaud Brière

Des billes ou pas ?

Un des facteurs fondamentaux dans le choix de votre jerkbait réside dans le fait qu’il possède des billes ou non. C’est bien souvent lié à la matière de fabrication et, sans que ce soit une règle absolue, on peut dire que les jerks en bois sont « no rattle » alors que les jerks en résine le sont. Les billes sont à privilégier en début de saison, quand les eaux sont froides et que les poissons ont besoin d’être « bougés » pour les sortir de leur apathie. Un peu comme si ce son, capté par l’oreille interne lui donnait un petit supplément d’âme qui déclenchait son agressivité. Les jerks avec rattle sont également très bons à partir du mois d’octobre, lorsque l’on assiste aux premiers regroupements de poissons fourrage. Ils sont parfois incontournables par jour de grand vent, sur les grandes zones. Les jerks en bois sont également bons par jour venté mais aussi en conditions calmes, quand les billes ou la dureté du plastique font office d’épouvantail. Ils excellent dans les pêches de bordure en powerfishing et sur les zones de chasse type tête de roche ou champs de potamots. Il n’est de toute façon pas une partie de pêche où je n’essaie pas les deux catégories pour prendre la tendance. Il est surprenant de constater combien cet aspect est compartimenté : c’est avec ou sans billes, presque jamais les deux.

Jerk gros brochet
Trop souvent cantonnés à une action type, les jerks sont pourtant polyvalents et ludiques et savent déclencher les spécimens.
Crédit photo : Arnaud Brière

Suspending et même flottant

Les jerks suspending, c’est-à-dire qui ont une densité très proche de celle de l’eau, resteront en suspension lors de pauses. Ils sont assez rares sur les jerks sans bavettes. C’est une qualité que l’on trouve très souvent chez les jerkminnows mais assez peu dans ce qui nous accapare aujourd’hui. Je les utilise personnellement très peu, car j’aime gagner un peu de profondeur lors des pauses. En allongeant ces dernières, on peut même pêcher relativement creux, ce qui peut être pertinent sur certains postes plus profonds. Enfin, certains jerks sont flottants. C’est le cas des Buster Shallow (CWC). Ceux-ci sont particuliers à deux égards. D’une part, ils permettent de pêcher dans des zones particulièrement shallow. À la pause, ils remontent et permettent ainsi de passer au-dessus d’herbiers qui affleurent presque à la surface. D’autre part, ils répondent à un pattern très singulier à un moment de l’année. Lorsque les poissons blancs ou les truites sont en train de s’alimenter en surface en gobant les éclosions, les brochets sont capables de focaliser leur prédation sur cette action. Ainsi, ils ne prendront que des leurres qui remontent à la surface lors de la pause. Je l’ai vécu de nombreuses fois en Irlande ou en France, où seuls les pêcheurs équipés de jerks flottants prenaient des touches. C’était flagrant. À ce titre, j’ai toujours quelques jerks à faible densité dans ma boîte.

jerk peche brochet couleur
Selon Arnaud Brière, les coloris zébrés doivent faire partie de votre sélection.
Crédit photo : Arnaud Brière

L’animation

La « puissance » d’attraction d’un jerk vient principalement, je pense, de sa capacité à « bouger de l’eau » et à créer une perturbation hydrodynamique importante. Ce déplacement d’eau sollicite fortement le brochet sur son sens vibratoire, par le biais de la ligne latérale. Il cible très précisément le leurre quand il passe dans sa strike zone et déclenche au minimum sa curiosité. Un brochet, comme tous les prédateurs, est capable de capter le furtif déplacement d’un poisson blanc dans l’eau, alors imaginez ce qu’est la sollicitation d’un jerk animé à sa proximité ! C’est un véritable tremblement de terre (d’eau !). C’est votre animation qui va décider de l’intensité des vibrations émises. Certains jerks nécessitent un twitiching, c’est-à-dire un coup de scion pour tourner. En enchaînant les « twitchs », votre leurre partira alternativement à gauche et à droite. La fréquence et la vitesse des twitchs déterminent logiquement l’action de votre leurre. Le Twitch’in rap (Rapala) est l’archétype du leurre qui gagne à être animé comme cela. Je mettrais dans la même catégorie le HK Mama de TNT ou le Raffal de Biwaa. D’autres jerks gagneront à être utilisés avec un balayage latéral de la canne. Les slides seront alors plus longs. Je pense bien sûr au Buster Jerk ou au Big Bandit. Dans tous les cas, deux aspects de l’animation doivent être respectés : il ne faut pas mouliner en animant, au risque de brider le leurre et de l’empêcher d’effectuer son écart latéral. La récupération ne sert qu’à récupérer l’excédent de bannière induite par la tirée. Ensuite, quelle que soit votre humeur, il faut toujours faire des pauses. Des pauses ! C’est une des clés de la réussite. Animation-pause, animation-pause. Vous constaterez – ou alors vous êtes déjà d’accord avec moi – que neuf touches sur dix ont lieu pendant la pause, lorsque votre leurre est immobile. L’animation déclenche la séquence d’attaque, la pause la finalise en signifiant au brochet que votre leurre est facile à attraper. La pause représente sa fenêtre de tir… Ces fameuses pauses peuvent être longues et durer plusieurs secondes. À vous de garder le contact pour sentir la touche en moulinant tout doucement, notamment si votre bateau dérive vers le leurre. Ainsi, tout se joue entre la puissance de votre animation, la fréquence des pauses et leurs durées !

 

Bien démarrer son leurre

Une petite précision quand même. Certains leurres ont besoin d’être « lancés » pour bien nager. Entendez par là qu’il faut enchaîner plusieurs coups de canne pour qu’ils se mettent en action. Un Big Bandit, par exemple, peut très bien subir un balayage (long slide) suivi d’une pause et ainsi de suite. Un Twitchin Rap devra être « twitché » deux ou trois fois minimum avant de démarrer. Ce modèle-là est mon coup de cœur. Je l’utilise depuis des années (anciennement Glidin’rap) avec bonheur et je ne compte plus depuis longtemps le nombre de gros poissons que j’ai pris avec. Je le manie sèchement et rapidement avec de longues pauses. Indétrônable ! Certains leurres sont plus faciles que d’autres à utiliser, là ou un Haku tournera à la moindre sollicitation, il faudra avoir le geste parfait pour faire nager correctement un Deviator Belly Up ou un Freestyler. Ces deux-là prennent moins de poissons, mais leur nage peu mécanique déclenche des gros !

L’auteur attaque 80 % de ses sorties brochet avec un jerk, on peut dire que cela lui réussit !
Crédit photo : Arnaud Brière

Côté matos

Pour animer correctement votre leurre, il faut être équipé d’un ensemble adapté. Je vois trop souvent des cannes à jerk, achetées comme étant les dernières roues du carrosse. Erreur tactique, car à mon sens, les jerks sont des leurres qui exigent le plus une canne adaptée… Elle ne doit pas être trop raide en pointe pour ne pas « rebondir » lors de l’animation. Autrement dit, lorsque vous faites votre twitch, le scion doit « plier », et c’est son retour qui fait tourner le leurre. Le blank doit être doté d’une grosse conicité afin d’être puissant et faciliter les ferrages appuyés. Enfin, il doit être adapté à votre taille et ne pas être trop court afin, encore une fois, d’optimiser les ferrages. Les jerks sont aérodynamiques et se lancent bien, un long talon est donc plus gênant qu’autre chose à mon avis… Ainsi, une canne de 1,80 m, raide comme une trique avec un talon de 50 cm, est une aberration. Cela n’engage que moi… Personnellement, j’utilise des cannes qui font au moins 2 m de long (6’6 ou 6’8) de puissance 20-80 ou 30-100, d’action medium fast. Ce n’est pas très académique, mais c’est très efficace. En tout cas, elles me conviennent. Les grands gabarits auront intérêt à utiliser des longueurs assez importantes, jusqu’à 2,10 m, afin de ferrer efficacement.

Ferrage puissant

Le ferrage, justement, parlons-en! C’est une des données majeures de la pêche au jerk. Lorsque l’on pêche au swimbait, au gros leurre souple ou à la Miuras, les leurres sont engamés franchement dans la longueur, ce qui facilite considérablement le ferrage ; dans le cas d’un jerk, la prise en gueule se fait souvent de travers. Pas de soucis avec un petit poisson, mais avec un gros sujet qui exerce une forte pression sur le leurre, il faut ferrer suffisamment fort pour « déplacer » ce leurre dans la bouche et faire pénétrer les hameçons. Plus le poisson est gros, et plus c’est juste, ce qui rend l’adage « ce sont toujours les gros qu’on rate » vrai ! Pour ferrer fort, il faut une bonne canne et un pêcheur aguerri. Il faut de la vitesse, de la puissance et de l’amplitude. Le ferrage doit se faire de manière croisée sur la poitrine pour avoir le plus d’angle possible. Lors de l’animation, il ne doit pas y avoir d’angle entre le fil et la canne, et le pêcheur a tout intérêt à faire attention à son positionnement dans le bateau pour avoir le meilleur bras de levier possible. Je vous conseille des moulinets à ratio élevé, afin de récupérer la bannière et de rester au contact du leurre facilement en cas de forte dérive ainsi que des tresses fortes (genre 30 centièmes) pour éviter tout accident, sachant qu’une tresse fine n’apporte rien, à part une désillusion de temps en temps ! Enfin et pour finir, le frein doit être serré fort pour ne rien lâcher au moment du ferrage. Tout un programme qui fera une nette différence en fin de saison !

Une sélection de l’auteur selon les eaux pratiquées.
Crédit photo : Arnaud Brière

Les coloris

Le marketing est à la manœuvre, et des coloris tous plus beaux les uns que les autres se succèdent au fil des saisons. C’est tant mieux pour l’engouement et la confiance qu’on leur accorde (on ne pêche jamais mieux qu’avec un leurre en lequel on a confiance). Cela étanche aussi notre soif de fétichisme. Mais il est des coloris indispensables qui couvrent 90% des situations. Dans les pêches par eaux claires, avec des leurres silencieux, les livrées perche, gardon et FT font bien souvent le job. Mais dans des eaux troubles avec un leurre à bille, j’ai envie de dire : faites-vous plaisir, le coloris n’est pas fondamental. Adepte du contraste plus que de l’aquarelle, le brochet portera son attention sur des zébrures marquées, ou sur une nette distinction entre le dos et le ventre. Le bleu et l’orange ainsi que les zébrures ont mes préférences… Que la gorge soit rose ou rouge n’a pas d’importance. J’en vois déjà certains qui crient au scandale. Tant pis. Portez davantage votre attention sur la couleur de l’eau qui peut agir en véritable filtre chromatique, et sur les poissons fourrages du moment (gardons, truites, perches, brochets ou tanches par exemple). C’est la logique qui doit prendre le dessus. Mettre un coloris poisson rouge dans une ballastière remplie de perches ne correspond pas à la mienne. On se fait parfois des idées, mais je suis persuadé qu’un coloris vert peacock est pris pour une perche. Enfin, comme toujours, favorisez les coloris naturels ou discrets par forte luminosité et tendez vers le fire tiger ou le flashy par temps couvert.

Un leurre à part, le Guppie !
Crédit photo : Arnaud Brière

Deux leurres à part

Un petit mot pour finir sur deux leurres un peu à part. Le Slider (Salmo) tout d’abord, véritable aimant à poisson dans bien des situations. En 10 ou en 12 cm, ce n’est pas à proprement parler un véritable jerk. Comme son nom l’indique, c’est un slider qui effectue une nage en « S » marquée. Mais il gagne à être animé un peu à la façon d’un jerk, en alternant tour de manivelle et twitch. De nombreux pêcheurs de brochet l’utilisent avec bonheur, et je vous conseille de ne pas passer à côté. Le second s’appelle Guppie (CWC). Muni d’une petite queue souple en faucille, il coule vite et travaille efficacement à la descente. Je l’utilise lors de pêches difficiles, en le « caressant », avec un rythme lent et en faisant de longues pauses pour gagner de la profondeur. Redoutable ! Il est surprenant de constater combien le pattern peut être sélectif… Comme pour les sandres, il y a très souvent un leurre du jour pour le brochet. Je pense qu’il y a presque toujours un jerkbait pour débloquer la situation. Reste à trouver le bon !

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Brochets, Sandres, Perches

Magazine n°130 - Octobre à décembre 2022

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