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Perches et brochets : les conseils de Gaël Even pour les prendre en surface

Une grenouille souple, ici la Bull Frog (Gunki), animée en bordure, permet de capturer les brochets embusqués dans la végétation. Vous pouvez la monter sur un hameçon texan pour limiter les accrocs dans les herbiers et la laisser planer.

Crédit photo Gaël Even
Perches et brochets montent volontiers cueillir nos leurres dans une gerbe d’eau et de gros remous. Les techniques sont toutefois différentes selon le milieu pêché, que ce soit de l’eau libre ou envahie de végétaux. Gaël Even nous précise dans le détail quel leurre utiliser pour les capturer.

Les beaux jours arrivent, même si la météo du printemps passé laisse perplexe ! Il convient de se préparer à un bel été. En effet, avec toute l’eau que nous avons eue les mois passés, la fraie des poissons blancs va être excellente et il y aura beaucoup de nourriture dans les bordures. Qui dit nourriture, dit prédateurs. Les perches et les brochets vont trouver tout ce qu’il faut dans les nombreux herbiers et structures encore immergés en ce début d’été. C’est là que nous allons intervenir spécifiquement.

Le popper permet de pêcher lentement sur des postes marqués en alertant le poisson de loin. Idéal par exemple dans cette forêt de bois immergés.
Crédit photo : STB 360

Un instant magique

J’aime particulièrement les pêches en surface au lever du jour et à la tombée de la nuit. À la faveur de ces faibles luminosités, les carnassiers se rapprochent des rives et zones les moins profondes. Je ne connais pas grand-chose de plus excitant que de voir mon leurre de surface évoluer le long d’une roselière, alors qu’une vague se forme et fond droit dessus avant d’exploser dans une gerbe d’eau ! Le tout dans des ambiances assez folles entre les lumières magnifiques, les brumes matinales, les chants d’oiseaux et de grenouilles. Avant d’en arriver là, il y a quelques règles à suivre pour sélectionner les leurres les plus adaptés.

Les grosses perches ciblent en général bien leur attaque en surface. Vous pouvez insister sur les postes les plus marqués, pointe de roche, pile de pont et arbres immergés notamment.
Crédit photo : Christopher Chew

Les différentes eaux

Tout d’abord, il convient de définir deux types de postes. Il y a ce que l’on va appeler l’eau « libre » : à savoir, les bordures de roseaux, au-dessus des herbiers immergés, entre les coques de bateau dans un port, les piles de pont ou pointes rocheuses, les canaux entre les nénuphars et autres arbres noyés. Dans cette configuration, tous les leurres peuvent passer, car il n’y a rien pour retenir les hameçons. A contrario, si l’on souhaite lancer au cœur des roseaux, nénuphars, sur des plaques de renoncules ou dans un entrelacs de branchages, il convient d’adapter le choix du leurre pour optimiser la prospection. La pêche autour des structures est de loin la plus pratiquée. Elle est plus rapide, on couvre du terrain et les combats sont bien plus simples. Autre gros avantage, l’ensemble des leurres peut convenir. Personnellement, j’ai une forte préférence pour les stickbaits dans ce cas de figure. Ils se lancent loin et avec précision, peuvent pêcher à toutes les vitesses. C’est la catégorie de leurres de surface dans mes boîtes qui offre la plus grande diversité, tant au niveau des tailles que des sonorités. Avoir le choix, c’est bien, mais encore faut-il le faire de manière avisée car tous ne se valent pas..

Quel stickbait ?

Pour faire simple, moins il y a de profondeur, moins les poissons sont actifs, plus les leurres de petite taille et avec de faibles sonorités sont à privilégier. A contrario, évidemment, plus les poissons sont actifs, plus les postes sont profonds et vastes, plus on monte en taille et plus les grosses billes feront la différence. Pour une pêche opportuniste sans cibler spécifiquement une espèce, les tailles de stickbait que j’utilise sont généralement comprises entre 90 et 115 mm. Si je cible un peu plus les perches, je peux descendre entre 50 et 75 mm dans les petits milieux et quand ces dernières sont vraiment focalisées sur les poissonnets de l’année. Dans le cas du brochet, il m’arrive fréquemment de monter jusqu’à 130 mm. Si vous avez l’opportunité de le faire, la trajectoire du leurre doit être parallèle à la berge ou à l’obstacle, voire aller du profond vers le moins profond. À ce sujet, pour les pêches de tout début de saison, il y a des journées pendant lesquelles on obtient davantage d’attaques en pêchant depuis la bordure que depuis une embarcation.

Stickbaits, poppers et leurres souples non plombés composent la boîte idéale de Gaël. Il alterne en fonction de la typologie du poste pêché.
Crédit photo : Gaël Even

Mon équipement pour le brochet

Pour ces pêches de surface, j’utilise deux types d’ensembles. Pour les pêches en milieu ouvert, une canne spinning ou casting en 10-30 g, voire 15-40 g de 220 cm est parfaite pour les pêches embarquées. Du bord, un modèle de 240 cm permet de gagner un peu de distance et d’éviter que le poisson ne replonge dans l’herbier. Un moulinet en taille 3000 garni avec une tresse en 0,15 ou 0,17 mm fait parfaitement l’affaire. Pour ce qui est de pêcher au cœur des structures, j’ai souvent recours à ma canne destinée aux pêches au rubber jig. Elle mesure 220 cm, en 10-30 g, mais avec une grosse réserve de puissance dans le blank. Une tresse en 0,20 mm est un minimum dans ce cas de figure, voire plus si vous pêchez de grands tapis de jussie dans lesquels vous êtes contraint d’arracher le poisson suite au ferrage. Dans tous les cas, le bas de ligne se compose d’une pointe de fluoro carbone d’une trentaine de centimètres reliée directement à la tresse. Pour les stickbaits et poppers, un 0,50 mm est idéal. En revanche, pour les pêches en texan, ce sera 0,65 mm minimum. La tresse est flottante et le fluoro coulant, c’est pourquoi je vous conseille ce montage qui bride votre leurre au minimum.

Tentez le brochet

Pour les brochets sur les postes restreints ou marqués, je vous encourage à faire des pauses assez régulières entrecoupées de tressautements et de glissades. Si vous prospectez une zone uniforme, une animation régulière assez lente est préférable. Elle permet au prédateur de mieux cibler son attaque. Si ce dernier manque le leurre, ce qui est assez fréquent, l’erreur la plus commune consiste à récupérer rapidement ce dernier pour relancer. C’est la solution qui fonctionne le moins souvent! Il est plus judicieux de marquer une pause assez longue, suivie de quelques tressautements avant de reprendre l’animation. Le poisson qui est bien souvent resté à côté du leurre va l’attaquer dès qu’il va se remettre en mouvement. Si le brochet était embusqué dans un poste très marqué et qu’il vient de manquer franchement son attaque, et que vous avez réalisé ce que je viens de vous décrire sans succès, il est préférable de laisser reposer le poste un bon quart d’heure avant de retenter le coup en changeant de leurre. Laissez-lui le temps de se remettre en chasse et vous constaterez qu’au second passage, il va ressurgir au même endroit et avec le même axe. Cette astuce est valable uniquement pour les postes marqués. Sur les grands plateaux d’herbiers, le prédateur n’a que l’embarras du choix et il ne se reposte pas spécialement au même endroit. C’est ce qui explique notamment qu’il est parfois difficile de les ferrer correctement dans cette configuration, car une fois le « pompon » intercepté, au lieu de tourner pour regagner son poste, le brochet continue sur sa trajectoire et, par conséquent, vient vers le pêcheur. Les chances de le ferrer correctement dans ce cas de figure sont alors nettement moins bonnes.

Les brochets ratent souvent leurs attaques en surface ! Celui-ci s’est bien piqué et entame une série de chandelles pour tenter de se débarrasser du leurre piquant. Le pêcheur doit rapidement abaisser la canne et gérer le combat en finesse ! Un souvenir gravé à jamais dans la mémoire
Crédit photo : Gaël Even

Accélerez la cadence

Si vous recherchez les perches dans ces zones d’eau libre, retenez seulement que plus il y a de profondeur et le milieu est vaste, plus vous devez pêcher avec de gros leurres. Pour les secteurs où l’eau est inférieure au mètre, les tailles de leurres comprises entre 50 et 80 mm conviennent parfaitement ; alors qu’à partir de deux mètres, les tailles entre 95 et 120 mm seront plus indiquées. À la différence du brochet, il convient de récupérer les leurres de manière un peu plus rapide et, surtout, au moindre soupçon de suivi, il faut accélérer. Plus il va y avoir de remous, plus les mâchoires claquent derrière votre popper ou votre stickbait et plus vous devez augmenter la vitesse de récupération! Ce type d’attaque est caractéristique de perches qui évoluent en bancs. Si vous tombez sur des gros poissons isolés, ils montent une seule fois à l’aplomb du leurre et, le temps que l’on réalise ce qui vient de se passer, la perche s’est déjà piquée. Les coups du soir en été sont de loin le meilleur moment pour réaliser du nombre sur cette espèce. Néanmoins, en rivière courante, les bordures ombragées et les journées avec un plafond bas peuvent livrer des poissons toute la journée. Si les zébrées montent et refusent le leurre, je vous invite à mettre un petit teaser en sauteuse trente centimètres devant celui-ci. Un petit leurre souple de type finess ou un petit streamer font parfaitement l’affaire. Dans ce cas de figure, si vous pêchez sur le domaine public, il convient de conserver un seul hameçon sur le leurre de surface, en général celui de queue, pour rester en conformité avec la législation. À ce petit jeu, les doublés sont fréquents et un bas de ligne en 0,24 mm est un bon minimum.

Dans les champs de nénuphars, les leurres souples montés avec un hameçon texan et, surtout, les frogs, ces grenouilles à corps creux et hameçons plaqués sur les flancs, sont recommandés.
Crédit photo : STB 360

Dans les herbiers

Voilà pour ce qui est de la « pleine eau », attaquons-nous maintenant à la pêche au cœur des herbiers, branchages et autres jungles végétales dans lesquelles l’eau s’étend parfois loin. Cette année, nombreux sont les plans d’eau qui ont retrouvé un niveau très élevé, qu’ils n’avaient pas atteint depuis un bon moment. La végétation rivulaire s’est développée entre-temps et elle se retrouve immergée. Excellente nouvelle pour la fraie de l’ensemble des espèces, mais un peu moins pour le pêcheur qui n’est pas équipé pour pratiquer dans ces entrelacs. Encore une fois, avant de se lancer, il convient de regarder quel type d’obstacle nous allons devoir surmonter. Il y a la bordure encombrée, mais avec tout de même, au travers, des espaces d’eau libre. C’est le grand classique d’une rive noyée avec des buissons, des massifs d’iris, plaques de nénuphars et autres touradons. Avec un peu d’adresse, on peut facilement utiliser les poppers et les stickbaits dans ce cas de figure. Le but est de poser le leurre sans bruit au plus loin dans la trouée pour lui octroyer la distance maximum pour évoluer. Une fois le poisson nageur sur l’eau, marquez une pause. Sur ces postes assez réduits, laisser le temps au brochet de tourner pour cibler son attaque est une des clefs de la réussite. Tout ce qui ressemble à un canal, goulet d’étranglement, est à prospecter en priorité. Le brochet n’est pas aussi agile que le black-bass pour chasser dans les milieux très encombrés. Choisissez toujours la fenêtre la plus large dans les obstacles et allez ensuite vers les espaces plus confinés. C’est prendre moins de risques de s’accrocher tout en optimisant les touches et les chances de sortir la prise sans encombre. Gardez toujours ceci en mémoire !

Contrairement aux jeunes individus qui vivent et chassent en groupe, les vieilles perches sont plus solitaires. Une telle prise est le Graal pour certains pêcheurs
Crédit photo : Christopher Chew

Mon équipement pour la perche

Pour la recherche spécifique des perches en petite rivière et canal, une canne de 210 cm en 5-15 g est parfaite. Le moulinet en taille 2500 est garni d’une tresse 8 brins en 0,10 mm avec en pointe un bas de ligne de 0,22 à 0,25 mm de 50 centimètres, et c’est parti. Pour les rechercher en lac, le premier ensemble mentionné pour la traque des brochets fera très bien l’affaire.

Du plus large au plus dense

Pour résumer, la prospection commence par la périphérie, pour passer ensuite aux trouées les plus larges, et enfin on termine par le plus dense. Si les leurres durs lancés avec dextérité permettent de pêcher les trouées les plus larges, pour aller au cœur du problème, seuls les montages texans et grenouilles flottantes vont réussir à s’en sortir sans encombre. Sur mes hameçons texans non plombés, je monte soit une grenouille soit un shad avec une gomme assez tonique. Le batracien, avec sa forme assez plate, me permet un poser en douceur tout en restant bien dans la pellicule. Dans le cas des herbiers comme la jussie, les joncs et les nénuphars, il est très facile de faire passer, voire de «faire sauter» la grenouille de trouée en trouée. Si les températures sont assez élevées, vous pouvez même vous permettre une récupération rapide et linéaire en passant à fond au-dessus de la végétation. De ce cas de figure, les attaques sont très violentes et nécessitent un minimum de sang-froid pour assurer un ferrage à retardement. Le shad avec une gomme tonique me permet au besoin de faire ricocher mon leurre en surface sans trop le détériorer. Sa vibration puissante délivrée dans ces milieux « fermés » sollicite davantage le poisson au niveau de sa ligne latérale, et c’est à mes yeux un vrai plus. Enfin, si vraiment vous attaquez le plus dense des herbiers, voire les plaques de mousse verte qui couvrent certains plans d’eau, il vous reste la frog, cette grenouille au corps creux avec le ou les hameçons plaqués sur le dos. C’est le 4x4 des leurres, avec un pouvoir d’appel assez surprenant. Sa seule limite avec les brochets est qu’il faut vraiment le laisser redescendre avec le leurre en gueule avant de ferrer fort et ample avec un ensemble vraiment adapté, car il faut qu’il aplatisse le corps souple du leurre pour dégager la pointe des hameçons. Le taux de réussite est un peu plus faible.

Il est parfois judicieux de prospecter en pêchant discrètement depuis le bord, du large vers la berge. Les brochets sont plus enclins à attaquer les leurres se rapprochant de la rive.
Crédit photo : STB 360

Chasser l'intrus

En surface, le brochet peut avoir plusieurs comportements. En effet, il arrive qu’il saute par-dessus le leurre, qu’il attaque avec beaucoup de violence sans le prendre. Dans ce cas de figure, il cherche juste à faire sortir l’intrus du territoire. Vous constaterez en changeant de leurre que les attaques deviennent moins spectaculaires, mais qu’elles se traduisent par une aspiration plus qualitative. Si vous observez ce comportement, je vous invite à descendre un peu en taille de leurre et à passer sur une couleur un peu plus mimétique dans le milieu. Savoir agresser ou, au contraire, se fondre dans le décor est souvent la clé du succès. Amusez-vous, l’été vous attend !

Poste classique de chasse d’un groupe de perches ! Un fond rocheux et des herbiers épars. Un stickbait ou un popper animé en surface permettent de ne pas s’accrocher dans les plantes et saura faire monter les zébrées !
Crédit photo : Marcel Panne

Les yeux au ciel

Dans ces pêches très visuelles, le ferrage est bien souvent ce qui pose le plus grand problème au débutant. Il convient de laisser le poisson se saisir du leurre et replonger avant de ferrer un peu ample, mais sans trop de vitesse. Si vraiment vous n’y parvenez pas, une fois le lancer réalisé, je vous invite à regarder ailleurs, sur le côté ou le ciel. Vous manquerez beaucoup moins de touches. Le seul petit bémol, c’est qu’il est difficile d’adapter l’animation en cas de poisson suiveur. Sur ces pêches au leurre de surface, les hameçons ont une importance considérable. Pour la perche comme pour le brochet, je vous conseille l’utilisation de pointes droites et non de pointes rentrantes. Vous pouvez également placer sur un des triples un teaser en plumes. Certaines journées, cette petite touche colorée va vous sauver la mise. Pour les leurres destinés aux perches, les triples teintés en rouge sont à mes yeux un vrai plus. Il est facile de changer ceux d’origine.

 

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Magazine n°950 - juillet 2024

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