Vertiglane : ce mot-valise, je l’ai entendu pour la première fois en 2003 de la bouche de Xavier Vella sur les berges du Rhône. Il désigne une technique de pêche « verticale », empruntée aux pêcheurs de sandres hollandais et adaptée pour s’adresser tout spécifiquement aux silures glanes.
Présentation discrète
Cette pratique tout en finesse consistait à dériver à l’aide d’une embarcation et à lécher le fond des postes avec une monture capable de présenter à la verticale du bateau et en toute discrétion un petit appât vivant, mort, ou un leurre souple de 15 à 20 cm en moyenne. Aujourd’hui, ces principes fondamentaux sont toujours les mêmes. Néanmoins, face à l’évolution des populations de silure qui ont bien grandi un peu partout en France ce dernier quart de siècle et face à la démocratisation des postes de pêche et de la pratique « vertiglane » aux plus grands nombres, j’ai dû m’adapter, ainsi que mon matériel, pour préserver un bon ratio de captures.
Des populations en croissance
À l’époque, je pratiquais à l’aide de cannes disposant de blanks de 20-30 livres de puissance, des moulinets taille 4000 prévus pour les pêches fortes du brochet et des corps de ligne en tresse de 0,30 mm environ. Je visais déjà les plus gros spécimens de mes secteurs, des poissons de 180 à 210 cm. Aujourd’hui, les populations ont vingt-cinq années de croissance derrière elles et comportent des poissons de 240 à 260 cm ! Ce matériel du début des années 2000 à 2010 s’avère bien trop léger. Actuellement, la technicité des nouveaux carbones et l’optimisation des mélanges entre fibres de carbone et de verre offrent des blanks plus fins, plus légers et plus solides que les meilleures références d’il y a vingt ans. Pour avoir récemment repris, par nostalgie, quelques-uns de mes anciens fleurets, j’ai pu constater le fossé entre mes souvenirs de sensations et celles, réelles, procurées par le matériel d’aujourd’hui. Je ne m’étais pas rendu compte à quel point ces évolutions technologiques avaient amélioré mon confort et mon efficacité de pêche.
Plus petits, compacts et efficaces
Un tel bilan est peut-être encore plus criant lorsqu’il s’agit des moulinets ! Ils ont tout d’abord été alourdis pour augmenter leur robustesse et leur puissance de frein. Des modèles casting haut et bas profils ont été spécifiquement développés. Ils offrent un équipement compact et extrêmement résistant, permettant de répondre parfaitement à l’essence même de la « vertiglane ». Ils sont légers, maniables, confortables à l’usage prolongé et offrent une ergonomie sans commune mesure pour libérer de la tresse lorsque le fond descend.
De solides tresses
En ce qui concerne le corps de ligne, les tresses actuelles en huit brins bien serrés permettent d’allier une grande solidité à la traction qui atteint quasiment 1 kg de résistance par centième de diamètre, avec une très bonne pénétration dans la colonne d’eau. C’est un paramètre important pour présenter un montage en « vertiglane » bien à l’aplomb d’une embarcation en dérive dans le courant. Du côté des montures, la « magie » de la monture secrète faite maison du début des années 2000 a perdu de sa superbe. La vulgarisation de la pratique, sa diffusion à travers les forums et les réseaux sociaux ont conduit au développement industriel de nouveaux modèles. Ils sont tous efficaces lorsqu’utilisés dans les bonnes conditions et sont accessibles à tous. Vous pouvez jeter un œil aux montures « vertiglane » ou « screw planante » de Vario Pêche, qui me rappellent nos montures faites maison ô combien redoutables il y a une vingtaine d’années.
Quid de l'électronique ?
Pas nécessairement obligatoire au départ pour pratiquer la pêche du silure en « vertiglane », l’échosondeur a petit à petit pris une place incontournable dans cette technique. En plus de repérer plus rapidement le placement des plus gros poissons, il permet d’anticiper, d’insister et de moduler ses animations au besoin lorsque le retour écho trahit la présence d’un gros pépère à proximité directe de son appât. De mon tout premier sondeur Piranha max 150 mono faisceau de 100 watts de puissance et d’une résolution écran de 160 x 132 pixels noir et blanc à un appareil moderne comme l’Helix 12 G4 offrant une puissance multipliée par 10, un double faisceau et maintenant Megalive, un écran de 1 280 x 800 pixels couleurs… il n’y a plus grand-chose de comparable. Certes, j’affectionne m’appuyer sur mon électronique pour prospecter, repérer, créer plus rapidement mes cartes mentales du biotope et des fonds du bief que j’arpente. Mais j’utilise moins l’échosondeur aujourd’hui en action proprement dite de pêche. Je suis plus discret et j’ai plus de succès sur les gros poissons dans les parcours très sollicités. Je retrouve le sens de l’eau et surtout plus de temps de cerveau disponible hors écran pour profiter de l’ambiance, de mon environnement et de mes amis.