Pêcher le silure à poste fixe, du bord et au cœur de l'hiver

Dans les eaux inférieures à 8°C , voire très froides, en dessous de 4°C, l’activité générale des silures chute drastiquement. Les métabolismes nerveux centraux, nerveux autonomes, et musculaires ralentissent et adoptent des phases d’hivernation. D’un point de vue comportemental, cela se traduit par des phases d’éveil attentionnel plus courtes au profit de somnolences plus longues, un métabolisme digestif très ralenti et des déplacements quotidiens réduits comparativement aux autres périodes de l’année. Pour le pêcheur, ces adaptations du silure aux eaux froides impliquent moins de touches et sur des fenêtres temporelles plus réduites. A priori, ce n’est donc pas le scénario le plus réjouissant pour se lancer à la poursuite de Silurus glanis.

Les gros sont actifs

Il y a cependant des points positifs ! Tout d’abord, ce sont les métabolismes les plus robustes et gras qui résistent le mieux au froid. Les plus petits silures adoptent une léthargie presque totale. Nous enregistrons moins de touches, certes, mais cette réduction est compensée par une augmentation significative de la taille des captures. Toujours dans les singularités de l’hiver, les couleurs des robes changent parfois. Dans des eaux plus piquées, il est possible de croiser des silures aux couleurs crème et jaunâtres. Le froid peut faire ressortir chez les poissons à robe grise des reflets rosés à rougeâtres d’un bel effet.

Localisés

Dans un souci d’économie d’énergie et donc de calories, les silures vont limiter leurs déplacements ce qui, à priori, est plutôt un point négatif pour le pêcheur. Mais, à l’inverse, si nous avons localisé des silures sur un poste, il y a de grandes chances pour qu’ils y restent de longs moments, plusieurs journées, voire plusieurs semaines d’affilée tant que les paramètres environnementaux restent stables. Il est l’heure d’aiguiser l’une des qualités ancestrales du pêcheur que l’on tend à minimiser lors des pêches beaucoup plus proactives : la patience !

La tactique

La tactique de mise en place des montages est complètement différente d’une pêche en poste fixe dans des eaux supérieures à 12°C. En eaux tempérées, je vais partager mes cannes entre montage d’interception sur des axes de passages entre les postes de repos et les postes de chasse et postes de chasse eux-mêmes, n’hésitant pas à positionner des appâts jusqu’en subsurface. Même si ces secteurs sont vides de silures lorsque je dépose, je sais qu’ils y viendront pour s’alimenter. À l’inverse, plus les eaux sont froides et plus je délaisse les postes de chasse pour investiguer les postes de repos. Autant gagner du temps en déposant mes appâts au plus près d’eux. Au plus près, mais pas sur eux ! Du moins pas les premiers 75% de mon temps de pêche. Lorsqu’il ne me reste que 25% du temps de pêche et que je n’ai pas rentré de touche depuis un moment, je déplace les deux lignes de points tangents pour les mettre en plein milieu de la tenue et tenter de provoquer un peu de mouvement et d’activité.

Des lignes plus fines

Pour la confection des lignes, j’opte pour des matériaux plus fins, plus discrets qu’en été, en acceptant de diminuer leur résistance. Les silures engourdis par le froid proposent des défenses un peu moins vigoureuses et moins endurantes que dans les eaux chaudes. Comme je descends en diamètre de corps de ligne (30 à 35/100), de bas de ligne Kevlar (50 à 75 kg), et de monofilament (90/100), je prends soin de bien serrer et protéger mes nœuds avec des gaines et des perles de butée. L’été, je ne pêche qu’à deux cannes lorsque je suis seul et trois à quatre cannes pour un binôme. L’hiver, les situations étant moins dynamiques, je positionne trois ou quatre cannes sans problème tout seul.

Positionnement des lignes

Trois postes sont ciblés sur une zone de tenue du poisson. L’entrée du secteur. C’est généralement une pente descendante dans le sens du courant. Si la pente est douce, je positionne mon montage 2 à 4 mètres avant le point bas. Un cassant abrupt rend difficile la stabilisation du montage au sol. Dans ce cas, je dépose au pied du tombant, dans l’axe du positionnement supposé ou sondé des silures. La sortie de poste. Il s’agit souvent d’une remontée ou d’une fin d’obstacle. Je positionne ma ligne 2 à 4 mètres derrière l’obstacle ou en aval du talweg, en prenant garde à ce que le positionnement du corps de ligne ne coupe pas la sortie du poste. Les cannes restantes sont positionnées sur un point tangent sur le périmètre de délimitation du poste, en évitant absolument que ma tresse soit sécante de ce périmètre. Sinon le montage couperait l’accès d’une partie des silures à ma ligne d’entrée ou de sortie de poste et risquerait de rentrer en contact avec leur corps.

Montages privilégiés

En saison froide, je positionne mes appâts à proximité du fond, généralement des poissons vivants ou morts, de taille raisonnable, de 20 à 35 cm. Si la zone cible de dépose choisie possède trois mètres de fond ou moins, je privilégie une ligne maintenue en place par le dessus, avec un relai noué sur un arbre, une pique ou une bouée. Il s’agit généralement de pêche autour d’un obstacle bien marqué et reconnu (un arbre, une structure artificielle comme un épi ou un bloc de béton…). Plus profond, j’utilise un montage semi-coulissant à la pierre perdue, légèrement décollé par deux flotteurs sous-marins. En fonction de ma position sur la berge par rapport au courant, de la propreté de l’eau, du type de ligne mis en place, du vent, de la navigation, je peux utiliser soit un positionnement vertical dans un tube, soit un positionnement horizontal sur des piques. Le positionnement vertical est idéal pour des présentations soutenues par un cassant aérien, pour soustraire sa ligne à une grosse pression du courant, pour limiter l’interaction avec les déchets charriés ou éviter l’abrasion de fonds scabreux. En revanche, il est incompatible avec des postes situés dans un espace de navigation et moins optimal par grand vent qu’une ligne noyée.