Le silure est un prédateur omnivore, grand opportuniste, doté d’une faculté d’adaptation exceptionnelle aux différents environnements dans lesquels il évolue. S’il passe la majeure partie de l’année tapi sur le fond, lorsque les eaux sont chaudes, il n’est pas rare de croiser des moustachus embusqués ou en vadrouille quelques centimètres seulement sous la surface de l’onde ! C’est peut-être par opportunité alimentaire, pour chercher un courant plus oxygéné, se cacher à l’ombre d’un arbre ou simplement se dorer la pilule au soleil…
Adapté pour chasser en surface
La morphologie de sa mâchoire est parfaitement adaptée pour aspirer une proie par-dessous ! Le silure est biomécaniquement armé pour se nourrir en surface ou subsurface de cyprinidés en marsouinage, batraciens, rongeurs, petits oiseaux, serpents, larves, vers de terre, corbicules, mais aussi de déchets alimentaires humains. J’ai déjà observé ou retrouvé dans le gosier de silures pris en surface des frites, des cornets de glace, de la peau de volaille, des épluchures de légume, des carottes faisandées, des lamelles de fromage à pâte molle. Il est donc possible de mettre en œuvre différentes techniques et tactiques spécifiques de pêche en surface pour déclencher des touches explosives tant visuellement qu’auditivement.
Aux appâts naturels
Une stratégie aussi enfantine qu’exaltante consiste à utiliser de petits appâts naturels de basse densité et à les présenter à vue au plus près des silures repérés, à la manière d’un stalking au pain sur des carpes. À ce petit jeu, la pêche à la corbicule est la star de l’été. Elle est le plus souvent conditionnée par les épisodes de mortalité estivale de ce petit mollusque plus ou moins fréquents en fonction des rivières et des régions. Quand l’eau est très chaude et que le taux d’oxygène chute, les corbicules meurent, se détachent de leur coquille et flottent par centaine, déclenchant une suractivité de surface auprès de très nombreuses espèces de poissons, silures en tête. À ce moment, la technique le plus évidente reste la plus efficace. Il s’agit dans un premier temps de récupérer des corbicules flottantes et de s’en servir d’appâts. Eschez-les sur un hameçon ni trop gros ni trop épais pour ne pas les faire couler, mais suffisamment résistant pour ramener un silure sans s’ouvrir. Un n° 1 ou 2, avec une bonne force de fer convient parfaitement. Il ne vous reste plus qu’à repérer les silures en maraude, et à vous en approcher très doucement, tant en bateau que pour les postes accessibles depuis la berge. Le but du jeu est d’anticiper leurs déplacements et de présenter votre offrande le plus naturellement possible. Attention, en cas de réussite comme d’échec, émotions violentes garanties.
Le vers, toujours !
Les gros vers canadiens sont encore de la partie ici. En fin d’épisode de mortalité de corbicules, alors que de nombreux silures sont toujours en maraude en pleine eau, ou lorsque vous repérez un spécimen embusqué devant une trouée d’un tapis végétal, un simple montage wacky s’avère redoutable. Pour ma part, j’aime déposer mon montage anti-herbe sur les feuilles, afin d’éviter un plouf pas vraiment naturel. Puis je procède par légères tirettes successives jusqu’à faire glisser mes appâts dans la trouée cible. En général, la touche survient dès l’entrée dans l’eau ou les premiers centimètres de la lente coulée du montage. Pour faire une transition avec le paragraphe suivant, il est tout à fait possible d’utiliser des worms bourrés d’attractants et destinés à la pêche du black-bass selon la même technique.
Aux leurres de surface
Pour débusquer les silures qui se seraient réfugiés un peu trop profond dans les embâcles de bordures, rien de plus efficace qu’une pêche aux leurres de surface. Certes, le popper a toujours de beaux jours devant lui, mais d’autres modèles sont venus s’ajouter pour former une palette qui permet aujourd’hui de palier à de nombreuses situations. En premier lieu, si je repère ou soupçonne la présence de silures quelques centimètres sous la surface, je vais jouer la carte de l’imitation, à l’aide de top-water aux émissions sonores et vibratoires plutôt discrètes ou encore de volumineux mais silencieux bucktails. À l’opposé, pour les faire réagir, bouger et monter chasser en surface lorsqu’a priori ils ne sont pas en phase d’activité alimentaire, j’emploie des leurres plus volumineux et surtout beaucoup plus bruyants. Plus besoin de finesse puisqu’il s’agit de faire un maximum de raffut lors de la récupération, que ce soit à l’aide d’une palette, d’une hélice, ou encore d’une large bouche typée popper.
Spinning vs casting ?
Le cahier des charges concernant le choix du matériel diffère en fonction des stratégies qui prônent tantôt l’usage d’un matériel spinning, tantôt casting. Pour la pêche en surface aux appâts naturels, il est nécessaire de lancer des montages très légers à au moins 7-10 mètres de distance. À ce petit jeu, un matériel spinning sera plus adapté. En revanche pour pitcher des leurres de surface précisément, récupérer de manière très linéaire un buzzbait, ou jerker un popper sans trop s’épuiser, un combo casting sera plus pertinent. Et pour encore plus de fun et de nouveauté, pourquoi ne pas tenter l’aventure des pêches d’été sur du matériel destiné à la mouche ?
Mes 5 leurres favoris pour les pêches du silure de surface
- Whopper plopper - River2Sea
- Basirisky - Deps
- 3D Hollow Duckling - Savage Gear
- Streamers Bucktail artisanaux
- Easy Shaker - Keitech