Xavier Dally : des trophées en 3D, la taxidermie 2.0 !

À l’origine, Xavier s’intéresse au graffiti et gribouille quelques dessins en lien avec la pêche. Il se fait alors connaître par des visuels et logos publiés sur le forum Achigan, pour son AAPPMA locale et d’autres associations. Jakub Vagner le sollicite pour travailler sur sa ligne de textiles techniques puis pour développer les produits de sa marque. Autodidacte et curieux de nature, il se prend au jeu, s’équipe et s’initie à l’impression 3D. Xavier s’intéresse au crafting de leurres, mais il est confronté aux difficultés liées à la production en série. Il a alors l’idée de créer des sculptures de poissons. Un parcours atypique !

Dessin créatif sur logiciel

Xavier réalise ses dessins 3D sur Maya et ZBrush, deux logiciels complémentaires. Il utilise une tablette et sculpte une base cubique à l’aide d’un stylet. Il conserve sous les yeux ou en transparence sur son écran des photos de grands poissons et des dessins de Tommy Kinnerup, artiste américain réalisant les visuels de la marque Savage Gear dont il apprécie le style. Xavier est perfectionniste et passe du temps sur les détails, il peaufine la dentition, les écailles et même les cicatrices de ses créations. Mais son style, c’est de leur donner une expression humaine et agressive, c’est sa signature visuelle.

L'impression 3D

Une fois le dessin 3D sauvegardé, il passe à l’impression en 3D. Il s’est équipé d’une imprimante gros volume dont la précision est de l’ordre du micron ! Le matériau utilisé est une résine UV qui polymérise au soleil, il doit donc opérer dans une pièce à volets fermés. L’imprimante procède par couches, un faisceau lumineux, correspondant au dessin, passe sur la partie à durcir de chaque strate et les soude entre elles. Xavier imprime les nageoires de ses sculptures séparément pour faciliter le transport sans risque de casse, lors des envois ou des éventuels déménagements et parce qu’il utilise une résine différente, transparente, pour que le rendu final soit des plus réalistes. Les nageoires sont dotées de pas de vis et se fixent sur le buste. L’imprimante travaille seule, il faut deux jours pour réaliser une œuvre.

Aérographes et pinceaux

L’artiste se sert des peintures couramment utilisées dans le modélisme, de marque Citadel ou Vallejo, car elles apportent le meilleur rendu visuel et ne jaunissent pas dans le temps. Il applique les premières couches de peinture à base d’alcool qui sèchent instantanément, à l’aide de quatre petits aérographes lui permettant de traiter chaque couleur indépendamment. Cela permet de réaliser les dégradés de couleurs, il peaufine ensuite l’aspect imitatif de la robe des poissons en traçant les lignes marquées et tranchées au pinceau avec des peintures acryliques.

La touche finale

Il procède de la même façon pour les nageoires, mais avec des peintures préservant la transparence. Chaque pièce est unique et personnalisable à la demande! Ainsi, il est tout à fait possible de réaliser un brochet à la robe jaune typique des poissons de tourbière ou à grosses taches blanches comme ceux vivants dans les grands lacs alpins. Place au vernissage, à base de vernis époxy dilués et peu visqueux, appliqués à la bombe. Il faut quatre couches pour obtenir cet effet brillant et mouillé et assurer une protection durable de la peinture. Chaque passage nécessite une demi-journée de séchage en été et jusqu’à une complète en hiver. Il colle enfin les yeux dans la partie concave prévue à cet effet et fixe une plaque d’acier à l’arrière de la tête pour assurer la résistance de la fixation murale invisible. La sculpture est enfin terminée, prête à l’envoi, avec un rendu moderne et réaliste. C’est tout de même plus sympa que les poissons naturalisés et poussiéreux qui trônaient au-dessus des cheminées de nos aïeux.