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Interview de Thomas Martié, le boss de « Tom Baits »

Vous avez certainement remarqué son encart dans la revue depuis quelques mois, ou peut-être que certains crashs tests et shoppings concernant sa marque vous ont interpelés au point d’avoir la curiosité d’aller jeter un œil sur son site ? Ou bien encore êtes-vous déjà conquis par ses produits depuis longtemps… Mais connaissez-vous celui qui se cache derrière la marque « Tom Baits » ? Non ? Et bien je vous propose de le découvrir à travers cette interview que Thomas Martié nous a fait le plaisir de nous accorder !

Bonjour Thomas, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Bonjour à tous, oui bien sûr ! Je m’appelle Thomas Martié, j’ai 35 ans. Je vis dans l’Indre avec ma conjointe et mes deux filles de 3 ans et de 3 mois. Je suis à la base ingénieur agronome. J’ai orienté mes études autour de la nutrition des animaux. Je suis passionné par les poissons et la pêche depuis tout petit ! J’ai concilié ma formation et mes passions pour monter mon entreprise Tom Baits. Je conçois, développe, fabrique et vends mes produits.

Tu pêches la carpe depuis longtemps ?

Oui depuis tout petit. La passion a commencé lors d’une pêche de journée avec mon grand frère au mythique lac de Saint Cassien en 1993. J’avais 6 ans ! A cette époque, mes parents nous emmenaient en vacances chez mes grands-parents qui habitaient à côté du lac. Ils nous y déposaient pour vaquer à leurs activités. Je n’avais pas encore de canne avec des moulinets à l’époque, c’était mon frère qui était équipé de cannes télescopiques. Ce jour-là, en fin de matinée, mes parents avaient fini leur randonnée. Mon frère et mon père s’étaient éloignés. A ce moment-là, gros départ ! Mon frère pêchait avec des moulinets débrayables dont je ne savais pas me servir ! J’ai pris la canne, fais quelques tours de moulinets et j’ai commencé à combattre. Je me faisais littéralement treuiller. J’ai appelé mon frère à l’aide ! Le poisson m’a emmené dans l’eau, qui a fini par m’arriver à la taille. Ma mère me criait de lâcher la canne ! J’étais léger à cette époque ! Mon frère est enfin arrivé et après une heure de combat il a mis au sec une carpe connue de la Mecque accusant, sur la balance du carpiste d’à côté, un poids de 26kg. Depuis ce jour, la carpe est entrée dans ma vie, dans ma tête et ne cesse de m’obséder !

Comment devient-on fabricant de billes ?

Au collège, une de mes copines qui savait que je pêchais la carpe a eu la gentillesse de m’offrir tout le matériel pour rouler que son père n’utilisait plus. J’ai donc commencé à rouler mes propres bouillettes assez jeune. Des choses simples, avec du mix du commerce, puis des choses un peu plus évoluées avec le temps. J’utilisais aussi des appâts du commerce jusqu’à la fin de mes études. J’ai découvert un artisan prêt de chez moi qui fait d’excellents appâts et échanger avec lui était très instructif. J’ai toujours switché entre mes appâts perso et, faute de temps, des appâts ready made.

En parallèle, ma passion pour les poissons a guidé le choix de mes études et c’est ainsi que je me suis orienté dans l’agronomie, qui est un domaine bien vaste ! J’ai privilégié tout ce qui se rapportait à l’animal, l’élevage, la zootechnique, la nutrition mais aussi à l’eau et à l’écologie. J’ai aussi pu profiter de nombreux cours sur l’entreprenariat, chose qui m’a toujours fasciné.

Sorti des études, je galérais à trouver un boulot en lien avec mes compétences en France. Ce sont des jobs très rares. J’ai par conséquent démarré comme ouvrier dans une salmoniculture puis j’ai eu de la chance qu’un poste s’ouvre et j’ai sauté dessus. C’est là que je me suis installé dans l’Indre. Je travaillais à développer et pérenniser la pisciculture dans la région Centre. Après quelques années, et ayant rencontré ma conjointe actuelle, je me suis un peu lassé de ce travail et j’ai décidé de monter mon entreprise. J’ai fait un stage de trois mois à la Chambre de Commerce et d’industrie afin de faire mon business plan et je me suis ensuite lancé ! Ma famille et mes amis m’ont soutenu dans ce projet et je tiens d’ailleurs à les remercier.

Maintenant je sais que c’était ma voie, un choix logique depuis le départ ! Et je suis très heureux de vivre de ma passion.

Tom Baits est aujourd’hui ta principale activité, j’imagine que tu as dû adapter ton outil de travail ?

Oui c’est mon activité principale depuis 2016. Concevoir des nouvelles recettes, rouler, vendre, communiquer, promouvoir… Tout ça prend un temps fou ! Je ne compte pas mes heures ! En 2018, avec ma conjointe, nous avons acheté une maison avec un grand hangar. J’ai construit à l’intérieur de celui-ci un atelier d’environ 100m2 dédié à mon activité. Tout a été réfléchi pour être à la fois pratique et suffisamment spacieux. J’ai créé cinq espaces. Un pour stocker mes matières premières, mon laboratoire (où je fabrique), une pièce dédiée au séchage, une pièce pour stocker les produits finis et des machines et enfin un magasin qui me sert aussi de bureau.

J’ai plusieurs machines pour m’aider (pétrins, machine à bouillettes motorisée… etc.) mais je souhaite rester sur une petite échelle et valoriser mon savoir-faire plutôt que de produire en masse des produits bas de gamme.

Sur quel volume de fabrication es-tu à l’année et par quel biais vends-tu principalement tes produits ?

Je n’ai pas un gros volume de production comparé à de grosses firmes. Je pense sortir environ 4 tonnes à l’année ce qui, à ma petite échelle est déjà énorme. Je vends principalement mes produits via mon site internet sur lequel je travaille beaucoup pour qu’il soit des plus simples d’utilisation. Je vends aussi beaucoup en direct à mon magasin. Je suis distribué au Decathlon près de chez moi et commence à commercialiser un produit très spécifique (dont on parlera après) dans différents magasins de pêche de la région, que j’espère étendre au national. Faute de temps, ce n’est pas facile de passer de fabriquant à commercial.

Peux-tu nous décrire ta gamme de bouillettes et l’intérêt de chacune ?

J’ai quatre gammes de bouillettes qui correspondent chacune à des besoins et des niveaux de pratiques différents : Classique – Challenge – Main lourde - Concept 60%.

La gamme « Classique » est la plus polyvalente pour des pêcheurs pratiquant partout et pour tout type de pêche. Elle s’adresse à des pêcheurs débutants comme confirmés. C’est aussi ma gamme avec le plus large choix ; Cassis – Epices – Pinapeach – Tiger peanuts – Scopex épice – Ail foie – Thon krill robin red – Ecrevisse gammare vers de vase.

La gamme « Main lourde » est destinée quant à elle à des pêcheurs plus expérimentés pratiquant principalement en lac ou en rivière sur des sessions longues ou des ALT. Le maitre mot de cette gamme est le rapport qualité/prix. Elle se décline en deux bouillettes : une carnée et une crémeuse avec l’Extrême thon et la Coco banane. A titre d’exemple, pour la carnée il y a quand même plus de 15% de farine de poissons !

Début de cette année, j’ai créé une nouvelle gamme, la « Challenge » que j’évoquais plus haut, qui correspond à des produits plus spécifiques, plus tournés pêche de compétition et pêche rapide. Ma volonté était de créer une bouillette vraiment haut de gamme avec une diffusion plus rapide et avec un pouvoir d’attraction supérieur. C’est comme ça qu’est née la première de la gamme avec la 7S. Pourquoi ce nom, tout simplement parce qu’elle contient sept ingrédients solubles, mais pas que ! Elle comporte d’autres ingrédients très intéressants notamment des acides aminés dont il a été prouvé scientifiquement qu’ils sont très attractifs sur la carpe.

Justement, je crois savoir que tu t’es particulièrement intéressé aux acides aminés… Peux-tu nous en dire plus ?

Oui, c’est un sujet passionnant ! Bien que présents naturellement dans plusieurs farines, je me penche de plus en plus sur un ajout d’acides aminés dans mes différents produits. Ces derniers ont un rôle important sur l’attraction et la détection de nos appâts. Ils transmettent des signaux très intéressants. En tant que scientifique, je me base sur les vrais résultats émis dans les publications scientifiques (avec plan expérimental, protocole, répétition, tests statistiques… etc.). Les rapports où les personnes décrivent ce qu’elles voient n’ont pas beaucoup de valeur à mes yeux car beaucoup trop subjectifs ! La carpe est l’un des poissons les plus étudiés dans le monde, mais à des fins de grossissement pour son élevage, ce qui ne facilite pas la transposition des résultats… Ça laisse aussi une part de mystère dans la pêche !

Tu as créé un concept intéressant qu’on a déjà présenté dans Média Carpe, la gamme Concept 60. Peux-tu nous en parler ?

J’allais y venir car il s’agit de ma quatrième gamme. Conçue pour se différencier des bouillettes et apporter un concentré d’attraction, les Concepts 60% sont des appâts hyper originaux. Ce sont des dumbells denses, surdosés, contenant au moins 60% de l’ingrédient principal. Certains contiennent aussi des éléments bruts comme du jus de maïs doux issu d’une centrifugation, du thon en boite, des crevettes et des moules broyées, Je décline cette gamme avec chènevis, maïs doux, cacahuète, frolic, pellet, thon, crevette et moule. Les « Concepts » sont disponibles en trois tailles de manière à faire face à toutes les situations, que ce soit en étang surpêché ou à l’inverse en grands espaces. Plusieurs concepts se cachent derrière ces produits. Amorcer avec l’ingrédient principal, escher avec une esche qui est normalement très soluble et qu’on ne peut escher et j’en passe ! Ce produit est simplement exceptionnel et ravit un bon nombre de mes clients !

Comment te fournis-tu en matières premières ?

Je cherche le plus que possible à me fournir localement. Malheureusement, pour certaines farines comme celle de poissons ce n’est pas possible. Depuis quelques années, j’ai sauté beaucoup d’intermédiaires en me fournissant directement chez les producteurs ou les fournisseurs français. Je travaille beaucoup avec la coopérative agricole à 10km de chez moi et fabrique moi-même plusieurs de mes farines. J’ai également un fournisseur d’arômes avec qui je travaille en étroite collaboration afin de développer des produits spécifiques. J’achète aussi beaucoup de produits destinés à l’alimentation humaine car ils sont beaucoup plus qualitatifs que ceux pour animaux.

Aujourd’hui, avec le contexte COVID, la guerre en Ukraine et la grippe aviaire, le marché est hyper tendu et les prix en forte hausse. En parallèle je ne souhaite pas modifier mes recettes afin de ne pas réduire la qualité de mes appâts, ce qui me complique un peu la tâche...

Quel est ton avis sur les arômes dans les appâts ?

J’en utilise pour certaines de mes bouillettes mais pas toutes ! Les arômes ont pour certain un réel intérêt attractif. C’est un sujet que j’aborde beaucoup avec mon aromaticien qui est lui-même ingénieur agronome et très calé sur le sujet.

Néanmoins, je pense que l’intérêt marketing des arômes est supérieur à leur intérêt attractif.

Quel est ton cheminement de pensée dans la conception d’un nouvel appât ? Pars-tu d’une page blanche ou restes-tu sur une base solide ?

Les deux ! J’ai une base solide de mix végétal que je modifie en fonction de ce que je souhaite obtenir comme appât. Par exemple, cette base agit en partie sur le temps de diffusion, la dureté, l’aspect… etc. L’autre base que je qualifie d’éléments attractifs ou nobles est la plus intéressante et rentre en grosse proportion dans mes mix. Les ingrédients sont sélectionnés en fonction de différents critères objectifs afin d’apporter un plus en fonction de ce que je recherche. Ça peut être un plus en termes d’attraction (des farines avec des acides aminés qui agissent favorablement sur l’ingestion des appâts par exemple), en termes de digestion, ou en termes de couleur et bien d’autres ! En fait, tous ces ingrédients dépendent du cahier des charges que je me suis fixé avant de créer ma recette.

Je fais attention au profil nutritionnel global de mon appât. Celui-ci doit être équilibré, c’est-à-dire avoir suffisamment de protéines et lipides de manière à répondre le plus que possible aux besoins des carpes. Je pars du principe que les carpes, peu importe où elles nagent, reviendront sans mal sur des appâts qui leur conviennent.

Sur ton site, on peut voir que tu proposes de magnifiques hangers en bois. Je trouve ta démarche très intéressante…

Oui, il s’agit de hangers en bois 100% personnalisables, fabriqués artisanalement par un ami ébéniste. C’est quelque chose qui se fait un peu en Angleterre et j’ai voulu le démocratiser en France en apportant un choix beaucoup plus varié.

Ces hangers sont 100% personnalisables et totalement uniques. Il y a le choix entre deux modèles : le « slim bobby », assez fin avec un clip fil externe et le « fat bobby » plus large avec un clip fil interne. Ils sont proposés dans 6 essences de bois différentes et avec plusieurs types de finition (chaines simples, à maille, barre simple, barre lestée), ainsi qu’avec plusieurs boites de rangement… etc. Je propose également de les personnaliser avec une gravure. Cela peut être du texte (souvent des prénoms) mais aussi avec un dessin ou un logo. Depuis peu, je me suis équipé pour apporter un peu de couleur afin de répondre au mieux à la demande !

Est-ce que tu trouves encore le temps d’aller pêcher malgré ton emploi du temps bien chargé même si parler de pêche, d’appâts et en faire son activité principale c’est un peu pêcher ?

Effectivement oui, je pêche souvent par substitution en parlant avec mes clients et mes consultants. Parler pêche, poisson, comment faire pour pêcher dans telle situation… etc. sont des choses qui me plaisent tellement ! Mais quand on parle avec passion, on ne voit pas le temps passer… C’est aussi chronophage, heureusement que j’ai un bon kit main libre !

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