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Tout savoir sur le roulage des bouillettes : matériel, recettes, cuisson, conservation, astuces…

Rouler ses propres bouillettes présente de nombreux avantages, notamment dans le contexte économique actuel. Avec un peu de bonne volonté et avec un peu d’huile de coude, il est possible de fabriquer de très bons appâts à un coût relativement réduit. Rouler ses propres bouillettes est un moyen de disposer d’une grosse quantité d’appât qui permettra de répondre à vos besoins (amorçage, pré-amorçage, eschage…) durant toute une saison. Quel matériel faut-il ? Quelles recettes choisir ? Quelle organisation mettre en place ? Voici 10 conseils d’un inconditionnel rouleur-garage..

1. D'un matériel adapté tu t'entoureras

Pour rouler des bouillettes, il faut un minimum de matériel, ça va sans dire. Avant d’acquérir du matériel, il convient de prendre en compte plusieurs éléments fondamentaux. Aucun maillon de la chaîne de roulage ne doit être négligé, du mélange des farines jusqu’au stockage des billes, en passant par la cuisson. L’idée de base étant de tout faire soi-même, en autonomie. Il faut donc un peu de matériel pour chacune des étapes. Ce dernier devra bien entendu être adapté à la quantité du mix souhaité et du temps qu’on peut allouer au projet. Bien souvent, une bonne organisation et un peu de pragmatisme valent mieux qu’une chaîne high-tech, tout automatisée. Voici le matériel nécessaire pour chacune des étapes d’une chaîne de roulage complète :

  • mélange des farines > balance/peson, pelle, seaux, poubelles noires, bétonnière (bétomix dans le jargon)
  • conditionnement du mix > sac en plastique, seaux étanches, fûts en plastique à couvercle (l’ami du rouleur)
  • pétrissage pour faire la pâte > seau solide, mélangeur/malaxeur à plâtre, pétrin
  • tirer les boudins > buses, pistolet à bouillette, compresseur
  • rouler les bouillettes > tables à bouillette, plan incliné, machine à rouler motorisée
  • cuisson des billes > bouteille de gaz, trépied à gaz, stérilisateur, cuiseur vapeur, couscoussière
  • séchage des appâts > cagettes, clayettes, claies à fruits
  • conditionnement les billes > fûts, sacs plastiques, seaux, filets
  • conserver les bouillettes > salaison, machine sous vide, congélateur

S’il fallait faire une liste du matériel essentiel, je sélectionnerais : une pile de seaux, un bon pistolet pneumatique, un compresseur de 50 l, des tables à rouler, un trépied à gaz, une grosse couscoussière et une dizaine de clés de séchage.

Comme à l'usine, mais pour la bonne cause !
Crédit photo : Romain Prouillac

2. La recette magique tu trouveras

Élaborer sa propre recette doit être le point de départ du projet roulage. La composition d›une bouillette est un arrangement de trois éléments essentiels :

  • le mélange de farines, appelé mix
  • l’ensemble des liquides (arôme, amino fish, huiles…)
  • le liant (œuf, œuf en poudre, œuf en bouteille…)

Une bouillette est composée de différentes farines, le mix. Il convient d’élaborer une base composée de maïs blé soja ou maïs blé noix tigrées. La base joue un rôle essentiel dans la mécanique du mix et permet d’avoir le gros du volume de la bouillette. La base peut être bonifiée par des farines lourdes et collantes comme la farine de riz ou des farines riches comme l’arachide ou la levure de bière. À cette base, il est nécessaire de rajouter des farines plus protéinées. C’est là qu’interviennent les farines de poissons, appelées fishmeal (thon, saumon, poisson blanc, sardine, anchois…), les farines de pellets, les farines de krill, de calamars, de poulet, de sang séché, de lait en poudre, etc. Les farines animales enrichissent considérablement la bouillette en protéine (acides aminés).

Trois recettes de mix

Une recette passe-partout
• 20 % de farine de maïs
• 20 % de semoule de blé
• 20 % de farine de Tiger
• 10 % de farine de riz
• 15 % de farine de sardine
• 10 % de poudre de sang séché
• 5 % de paprika

Une recette pour les plans d’eau surpêchés
• 20 % de farine de maïs
• 20 % de semoule de blé
• 15 % de farine soja
• 5 % de farine de riz
• 10 % de farine d’arachide
• 10 % de farine de krill
• 10 % de farine de calamar
• 10 % de Robin red

Une recette pas chère qui fait le taf
• 25 % de farine de maïs
• 25 % de semoule de blé
• 25 % de farine de Tiger
• 15 % de farine poissons blancs
• 5 % de farine de pellet
• 5 % de curry

À noter tout de même que les farines animales sont plus onéreuses que les végétales et qu’un débat éthique demeure sur l’utilisation de celle-ci (utiliser des poissons morts pour en capturer d’autres en no-kill). Je vous invite à lire un très bon article de Soël Briche qui a été diffusé il y a quelques mois à ce sujet. Malheureusement et en toute honnêteté, force est de constater qu’incorporer des protéines animales « ça marche » quand même très fort… Un dosage entre 10 et 20% semble être approprié, à la fois pour ne pas déstructurer la mécanique du mix et à la fois pour marquer correctement la bouillette. Personnellement, depuis plus de 15 ans, je me sers chez mon ami Nicolas Barrio, fondateur de la marque Fireball, ses farines sont toujours au top ! Il est également intéressant d’incorporer entre 5 et 10% d’épices. Les épices jouent un rôle fondamental dans l’attractivité de la bouillette. Les propriétés de ces dernières sont très intéressantes, notamment en termes d’instantanéité et en termes de coloration naturelle de la bouillette. La liste des épices disponibles sur le marché est énorme : le célèbre robin red, le fenugrec, l’ail, la coriandre, le poivre, le paprika, le curry, le ras el-hanout, les piments, etc.

Nicolas Barrio de Fireball me fournit les faines depuis bien longtemps.
Crédit photo : Romain Prouillac

3. Les liquides tu ne pleureras pas

L’ajout de liquides dans la recette d’une bouillette est primordial. Ces derniers viennent directement bonifier, agrémenter et compléter l’action des farines. Parmi les liquides il est primordial de commencer par l’arôme, c’est lui qui impactera le plus l’odeur de la bouillette. Il y a de nombreux débats dans le milieu des pêcheurs de carpe sur l’importance de l’arôme. Il ressort souvent de ce débat que l’arôme joue un rôle plus important encore pour le pêcheur que pour le poisson. L’arôme jouant davantage un rôle de Placebo qu’un rôle d’attractant. Du coup, à titre personnel, j’aime bien sous-doser l’arôme dans ma recette, un dosage de 3 ml par kilo me convient très bien. Les préconisations normales de dosage étant situées entre 5 et 10 %. Il existe deux nombreuses catégories d’arôme notamment en fonction de leur base (support) et de leurs odeurs. La liste des parfums est longue, parmi eux on peut citer des grands classiques : Monster crabe, saumon, thon, calamar ananas, fraise, pêche, tutti frutti… Dans la grande catégorie des liquides il existe aussi les acides aminés, les aminofish, lysine, les liquides de poisson, les sauces asiatiques, les liquides de foie… Ces liquides s’avèrent très intéressants car ils viennent à la fois enrichir la bouillette, augmenter l’attractivité et renforcer l’odeur de l’appât.

Le paprika tout comme le robin ed colore la bouillette en rouge.
Crédit photo : Romain Prouillac

Enfin dans la catégorie des liquides, il est impossible de ne pas parler des huiles. Les lipides jouent un rôle fondamental dans l’alimentation de nos chers carpes. J’ai parfois le sentiment que plus une bouillette est grasse plus elle fonctionne, particulièrement l’hiver lorsque l’eau est froide. Force est de constater que l’incorporation d’huile aide à la mécanique et au roulage. Attention tout de même à l’excès, lorsque le taux d’huile est trop important la mécanique de roulage se fait mal et le mix peut se retrouver inroulable. Parmi les huiles utilisables nous pouvons citer les célèbres huiles végétales, colza, tournesol, olive, chènevis (...), les huiles de poissons (sardines, saumon, anchois) ainsi que les différentes huiles à base d’insectes. Parmi les huiles, impossible de ne pas aborder le sujet des huiles essentielles. Les huiles essentielles sont caractérisées par une très forte concentration de molécules odorantes. Quelques gouttes suffisent à marquer durablement la bouillette. Les huiles essentielles les plus connues étant le poivre noir, ail, citron, fenouil… Les huiles étant moins denses que l’eau elles ont tendance à flotter et donc à mieux travailler dans les couches d’eau supérieures. Les huiles essentielles sont efficaces mais il s’agit d’une denrée rare, souvent onéreuse.

Conditionner le mix en sac de 25 kg facilite parfois les comptes !
Crédit photo : Romain Prouillac

4. Ton mix tu réaliseras "in the mix"

Préparer et mélanger son mix n’est pas une étape à prendre à la légère. La masse (volume/poids) est vite très importante entre la base (maïs, blé, soja/tigger…), les farines de poissons, les additifs et les compléments. Un bon mix doit être parfaitement homogène, c’est-à-dire qu’il doit être très bien mélangé. Il existe plusieurs méthodes. Une que j’apprécie tout particulièrement est de raisonner par sacs de 25 kg de mix. Dans un 1er temps, je dépose les différentes farines dans une poubelle noire, sèche et propre, en respectant bien les proportions, je prépare ma recette. Pour ça, utilisez une balance précise (au gramme près) et jouez de la calculette pour passer du pourcentage au grammage par kilo. Une fois le grammage au kilo déterminé, je préconise de faire fois 25 (x 25) afin de remplir raisonnablement une poubelle de 25 kg. Une fois l’ensemble des ingrédients bien préparés dans la bassine, je mets le tout dans une bétonnière électrique, bien propre. Avant de faire tourner l’engin, il convient de calfeutrer proprement l’ouverture de la bétonnière avec de la toile plastique et un sandow élastique pour éviter les pertes.

Certaines farines sont très volatiles, sertir la betomix avec du plastique évite le gaspillage.
Crédit photo : Romain Prouillac

À noter que certaines farines sont très volatiles. Une fois la bétomix bien préparée, je laisse tourner le tout 5 bonnes minutes. Je conditionne ensuite mon mix en fût si la session de roulage n’est pas imminente ou, à défaut, dans des sacs plastiques solides, étanches et résistants. Le sel est à la fois un très bon conservateur et à la fois un très bon additif, il est bon de l’intégrer directement au mix lors de la préparation… L’autre méthode, pour bien mélanger le mix est de déposer toutes les farines (en respectant scrupuleusement la recette) sur une grande bâche. Ensuite, pour mélanger le tout, utilisez une pelle et de l’huile de coude jusqu’à ce que le mélange soit parfaitement homogène. Cette méthode permet d’éviter les éventuels reliquats/ chutes de farine. Par contre, avec cette méthode, il faut vraiment passer beaucoup de temps avec la pelle et transvaser les farines plusieurs fois de la bâche vers des poubelles puis à nouveau des poubelles vers la bâche et ainsi de suite… Il convient de réaliser cette opération en extérieur avec une belle météo, le vent et la pluie pourraient vous jouer de mauvais tours.

Prêt à être roulé, le mix est conditionné en sac de 25 kg
Crédit photo : Romain Prouillac

Une fois le mix parfaitement homogène, stockez-le en fûts ou en sacs plastiques étanches. Un bon mix peut être stocké plusieurs semaines en respectant les conditions suivantes :

  • Il doit être à l’abri des prédateurs (souris, rats, vers de farines…) qui raffolent des farines fraîches hautement protéinées. Les petits mammifères peuvent rapidement dévorer une grosse quantité de mix et endommager ou percer vos sacs. Attention également aux animaux de compagnies, chiens, chats, qui ne sont pas indifférents à l’odeur des farines animales,
  • Le mix ne doit pas prendre l’humidité, l’hygrométrie doit être faible et stable. L’humidité peut avoir des conséquences désastreuses sur le mix (coagulation, altération, dégradation ; moisissures / champignons…),
  • Stockez les farines à l’abri de la lumière, les UV ont tendance à altérer les propriétés des farines.

Une granulométrie un peu grossière favorise la diffusion des odeurs dans l’eau, attention aux exagérations
Crédit photo : Romain Prouillac

5. Pétrir tu ne seras pas contre

Les doigts dans les pâtes, ça commence à sentir bon (ou pas) la bouillette. L’étape du pétrissage n’est rien d’autre que la préparation de la pâte avant de la mettre dans le pistolet. C’est le moment où l’on vient humidifier puis malaxer le mix. À ce stade, il y a 2 grandes écoles, l’utilisation d’œufs frais (soumis à certaines normes pour les sociétés) ou l‘utilisation de la poudre d’œuf. Les 2 approches présentent des avantages et des inconvénients. Personnellement, pour l’instant, je n’utilise que des œufs frais. J’y vois là, un gage de qualité (sûrement à tort) et les vieilles habitudes ont la peau dure. Cependant, la dernière fois en date où j’ai roulé, exaspéré par le tarif des œufs, même déclassés, et par leur trop courte date de péremption, je me suis promis d’essayer la poudre d’œufs. La poudre d’œufs semble bien plus facile d’utilisation et moins contraignante : date limite de conservation longue, pas de contraintes liées aux coquilles et d’usure prématurée du matériel. De surcroît, la poudre d’œuf peut être directement intégrée au mix à raison de 125 g pour 1 kg de mix. Cette opération peut être faite avec la bétomix, au moment de la préparation du mix. C’est un peu de temps gagné et une manipulation de moins à faire lors du pétrissage. En effet, compter et battre les œufs ça prend un peu de temps, surtout pour réduire les coquilles en tout petits morceaux. L’outil ultime pour faire un bon pétrissage dans les règles de l’art, c’est le pétrin électrique. Quel gain de temps et d’énergie !

Moins efficace qu’un pétrin électrique le malaxeur à plâtre peut quand même faire le taf
Crédit photo : Romain Prouillac

C’est bête à dire (et encore plus à écrire) mais les pétrins électriques ont été développés pour pétrir des pâtes (pain, pâtisseries…) de façon précise et optimale, la pâte est parfaitement mélangée. En ce qui me concerne, je n’ai pas encore investi dans un pétrin, sûrement à tort, là aussi. Voici donc la méthode que j’utilisais jusqu’alors : tout d’abord, je prépare mes boules avec 5 kg de mix, c’est tout simplement le plus gros volume qu’accepte mon pistolet à bouillette. Je casse en 1er lieu mes œufs avec les coquilles dans un grand seau, soit environ 35 œufs, selon les mix et selon le volume d’additifs liquides. J’ajoute ensuite mes liquides avec des seringues et des verres doseurs. Puis, avec un malaxeur à plâtre, je viens battre les œufs et broyer finement les coquilles. J’ajoute enfin mes 5 kg de mix et mélange le tout au malaxeur avec insistance jusqu’à ce qu’une boule compacte se forme dans le seau. Je finis le pétrissage à la main sur une table solide. Avec cette même boule, je forme ensuite un gros boudin au diamètre de mon pistolet, en faisant rouler la boule. Je laisse ensuite reposer les gros boudins plusieurs minutes pour les faire durcir et pour que toutes les particules de farine soient saturées d’humidité.

Avec du bon matos, ce n’est pas si dur de tirer les boudins !
Crédit photo : Romain Prouillac

6. Des boudins tu devras tirer !

Avant de pouvoir rouler les bouillettes à proprement parler, il faut commencer par « tirer des boudins » avec un pistolet. Cette étape demande pas mal d’énergie et de « puissance », la pâte étant lourde et collante. Il existe de nombreux modèles de pistolet à bouillette, petits manuels portatifs, petits pneumatiques portatifs, gros pneumatiques fixes ou encore les imposantes extrudeuses. La pâte est poussée soit grâce à un piston soit grâce à une vis sans fin. Certaines machines peuvent être dangereuses, restez toujours prudent et vigilant. Charger ou recharger un pistolet, ça peut prendre du temps. Plus la contenance d’un pistolet est petite et plus il faut le recharger fréquemment. Attention donc aux pertes de temps, un pistolet de gros diamètre avec une grande contenance permet de considérablement gagner du temps. Comme à chacune des étapes du roulage, le matériel doit être adapté à la quantité et au volume souhaités. Pour ma part, j’utilise un gros pistolet pneumatique en aluminium artisanal depuis un bon nombre d’années. C’est un fidèle compagnon. Je peux y insérer environ 7 kg de pâte. Les boudins sortent en continu et le réglage du débit se fait au niveau de la pression de sortie… du compresseur !

Bien qu’onéreux, une machine à rouler peut faire gagner beaucoup de temps.
Crédit photo : Romain Prouillac

7. Tes bouillettes tu rouleras

Bien souvent dans une chaîne de roulages moderne et automatisée, le pistolet est synchronisé avec la machine à bouillette. Les boudins sont directement découpés avec une « guillotine » à la bonne longueur et ils tombent directement dans les rouleaux de la machine à rouler. Il n’y a donc aucune manipulation à faire entre ces 2 étapes. Tous les rouleurs amateurs ne possèdent pas ce genre de « machine à rouler ». C’est mon cas, même si j’avoue en avoir déjà utilisé notamment des ghebel carp ou des rolly carpe. J’utilise encore régulièrement la bonne vieille table à rouler manuelle. Cette dernière, une fois montée sur un pan incliné à hauteur d’Homme, directement à la sortie du pistolet, permet d’obtenir un rendement et une cadence honorable. Avec cette méthode, en jouant avec la gravité, les bouillettes tombent directement dans un grand bac, ça évite de devoir les attraper une à une. L’avantage de ce dispositif est bien entendu financier (une table à bouillette ne coûte qu’une quarantaine d’euros) et un demi-chevron avec une plaque de bois aggloméré / OSB suffiront à construire le plan incliné. Par ailleurs et compte tenu du faible coût qu’une table à rouler représente, il est facile de se composer une petite collection de celle-ci, avec tous les diamètres usuels (14,16,18,20,24, et 30 mm). Personnellement, dans 80% des cas, je ne roule qu’en 20 ou en 24 mm. Ce choix fut notamment orienté par une certaine déception quant à l’efficacité des gros diamètres et par le fait que rouler des petits appâts est très (trop) fastidieux. Force est de reconnaître que rouler des petits diamètres, inférieurs à 14 mm, demande beaucoup de temps, de patience, et un mix spécifiquement adapté (granulométrie très fine et mécanique parfaite). Si j’ai besoin de petites particules, je trouve bien plus facile de couper en quatre 10 kg de bouillettes de 20 mm que de rouler 10 kg de billes en 12 mm… Il est parfois opportun de rappeler qu’un des objectifs principaux du « homemade » est de réduire le coût de ses appâts et qu’investir plus de 5 K€ dans du matériel de roulage vient contrecarrer ce dernier. Avec les copains, on aime à répéter que pour rouler de bonnes billes il faut de l’huile de coude et quelques bonnes bières…

Les buses permettent de définir le diamètre du boudin. Elles doivent être adaptées à la table et au mix.
Crédit photo : Romain Prouillac

8. Tes appâts tu devras cuire

 Après l’étape du roulage vient l’étape de la cuisson. La cuisson façonne la tenue et la bouillette, une bouillette mal cuite restera molle et friable. Elle tiendra très mal au cheveu. Pour éviter de se retrouver à pêcher « à la goutte d’eau » le matin, il est indispensable de bien cuire ses bouillettes. Il y a de 2 catégories de rouleurs ceux qui cuisent dans l’eau bouillante et ceux qui cuisent à la vapeur, ceux qui ont tort et ceux qui ont raison ! Personnellement, j’ai très vite abandonné la cuisson à l’eau. Cette méthode est pourtant rapide et efficace. Il suffit de faire monter de l’eau à ébullition dans un grand récipient, d’y jeter les billes crues et de les sortir avec une écumoire dès qu’elles remontent à la surface. Le problème de cette technique c’est que les bouillettes se retrouvent très vite « lessivées ». Un bon pourcentage des additifs et notamment des nutriments solubles se retrouvent dans l’eau de cuisson. La couleur et l’odeur de cette dernière en disent long sur le phénomène de « lessivage » que subissent les appâts. Par ailleurs, l’eau bout à 100°C ce qui entraîne une dégradation des oligo-éléments, des vitamines et des enzymes que contiennent les billes.

La cuisson vapeur permet de ne pas détériorer l’appât.
Crédit photo : Romain Prouillac

La cuisson à la vapeur présente de nombreux avantages. Comme en cuisine, la cuisson à la vapeur permet de conserver tous les nutriments, les vitamines, les sels minéraux. Bref, vous l’aurez compris, la cuisson vapeur possède la faculté de moins altérer les propriétés, le goût et la texture des appâts. La chaleur est moins agressive et les appâts ne trempent pas directement dans l’eau. Les billes ne sont ni lessivées ni démunies de leurs additifs solubles. Le seul vrai inconvénient de la cuisson vapeur réside dans le fait que ce soit moins rapide que la cuisson dans l’eau. Il vaut mieux privilégier la qualité à la rapidité… Pour la cuisson vapeur j’utilise une grosse couscoussière, identique à celle utilisée pour les collectivités ainsi qu’un trépied à gaz en fonte, fiable et stable. La couscoussière possède un gros volume d’eau (environ 2 litres) et plusieurs paniers. Je ne suis donc pas obligé de remettre de l’eau en permanence et je peux mettre en place un roulement pertinent: pendant que je remplis un panier, un autre est en train d’attendre et un autre est en train de cuire. À la vapeur, le temps de cuisson varie en fonction du diamètre de la bille, de la recette, du mix et du taux d’albumine (nombre d’œufs au kg). En principe, la fourchette varie entre 6 et 12 minutes. Notez que pour une bonne tenue de la bouillette, il vaut mieux que celle-ci reste trop longtemps à la vapeur que pas assez…

La cuisson, une étape importante
Crédit photo : Romain Prouillac

9. Tes bouillettes tu feras sécher

Rien de bien technique dans cette étape si ce n’est l’aspect logistique. En effet, faire sécher plusieurs dizaines (voir centaines) de kg de billes, nécessite un grand nombre de cagettes ou de clayettes. Il est important de bien maîtriser le séchage des appâts et de contrôler la déshydratation de ceux-ci. Pour éviter tous risques de moisissures, les billes doivent être bien aérées (une seule épaisseur), disposées dans une pièce saine et ventilée avec une température stable. À la sortie de cuisson, les billes sont gorgées d’humidité et elles sont relativement molles. Personnellement, j’aime bien qu’elles soient bien sèches et bien dures (là aussi c’est une question de goût). Je trouve que bien sèches, les billes résistent plus longtemps aux attaques des indésirables et que les moisissures apparaissent moins vite, j’y reviendrai plus bas. Je n’utilise aucun dispositif spécifique de séchage. Cela dit, il m’est parfois arrivé de placer un ventilateur à proximité des clayettes en début de séchage pour gagner un peu de temps. Attention tout de même à ne pas faire craqueler/fendre les bouillettes en les faisant sécher trop vite… La phase de séchage peut prendre plusieurs jours, assurez-vous qu’aucun « nuisibles » (souris, rats, sauvagines…) ou animaux domestiques ne touchent à votre butin. Dans le passé j’ai déjà rencontré ce genre de problème, notamment à cause des rats, je reste maintenant très vigilant !

Les claies sont tout à fait adaptées au séchage des appâts, ces claies à prune ont trouvé une nouvelle vie.
Crédit photo : Romain Prouillac

10. Tes appâts tu devras conserver

Les bouillettes n’étant rien de plus qu’une combinaison de matières organiques et d’eau, avec le temps, elles se dégradent. Cette dégradation, ou plus précisément cette biodégradation, commence avec l’apparition de champignons (moisissures) et de bactéries. Il existe différentes méthodes pour ralentir cette dégradation, comme dans l’agroalimentaire. Le sujet est vaste, restons synthétiques et pragmatiques. Une bouillette se dégradera plus vite lorsque la température est élevée (supérieure à 20°C), que le taux d’humidité est important et lorsqu’elle sera exposée à l’air libre. Il est facile de jouer sur ces 2 variables. Voici quelques exemples de méthodes, saines et simples :

  • La dessiccation. Cette méthode est très simple, il suffit de faire considérablement tomber le taux d’humidité présent au cœur de l’appât. Pour cela, il faut d’abord que l’endroit s'y prête (pièce saine et bien ventilée) et accepter l’idée de devoir pêcher avec des bouillettes très dures, les fameux cailloux ! L’utilisation de ce genre d’appât est psychologiquement dure à accepter et ça peut casser une aiguille à bouillette, l’utilisation de vrilles/ forêts est fortement recommandée. Au début, cette pratique me rendait septique, je n’y croyais pas vraiment jusqu’à ce je réalise une belle pêche, puis j’ai accepté ce genre d’appât. Il est bon de rappeler que les carpes peuvent briser tous les types de coquillages (dressens, corbicules, anodontes…) à la simple force des dents pharyngiennes, alors imaginez une boulette de farine… Cette méthode a tout de même ses limites et la conservation reste limitée dans le temps, 3 mois semblent raisonnables. Je pratique Une bonne vieille table peut également faire le boulot cette méthode lorsque j’ai une bonne fréquence de pêche, notamment en période estivale. 
  • La congélation. C’est la méthode la plus simple et certainement l’une des plus efficace. Il suffit de laisser sécher les billes 3 ou 4 jours et de les mettre au congélateur. C’est la méthode que j’utilise le plus, notamment pour son aspect pratique, il n’y a rien à faire. Je conditionne les appâts en sac ou en filet, parfois même en directement en vrac (selon volume) dans le congélateur. J’en ai un spécifiquement dédié à cet usage. Ce mode de conservation présente tout de même 2 ou 3 points négatifs C’est très énergivore (consommation électrique), le prix du KW est en constante augmentation. La congélation/décongélation altère la texture de la bille, son taux d’humidité et probablement, un peu le goût. Comme pour les aliments, la durée de congélation est limitée dans le temps, l’activité bactérienne n’étant pas totalement stoppée lors de la congélation…
  • La mise sous vide. Cette méthode est efficace, elle consiste à isoler les bouillettes de l’air et ainsi de l’oxygène. Privée d’oxygène, l’activité des décomposeurs est très faible. Par ailleurs les machines à mettre sous vide sont complètement démocratisées, il est facile de s’en procurer avec les recharges de sacs plastiques. Les principaux défauts de cette méthode, c’est que la manutention est fastidieuse (mise en sac des billes, passer les sacs à la machine, les thermosouder…) et que ça consomme beaucoup de plastique, très éloigné du 0 déchet. Là aussi la durée dans le temps est limitée.
  • Les trempages. Très vieille méthode de conservation qui consiste à immerger les appâts en seau, dans du sel ou du sucre. Ça fonctionne bien pour la charcuterie et pour les confitures et puis le sel est un très bon additif et le sucre ne déplaît pas aux carpes ! Il y a plusieurs points faibles, c’est beaucoup de manutention au moment du conditionnement, il faut faire des couches, (bouillettes, sel, bouillettes, sel…). Avant de partir au bord de l’eau, il faut prendre à nouveau le temps de trier/tamiser. Par ailleurs, cette méthode à tendance à lessiver et altérer les appâts, la structure change et des additifs s’échappent de la bille par capillarité.
  • Les conservateurs. Cette méthode consiste à stabiliser la bouillette en incorporant un conservateur ou un antioxydant lors du roulage. Il est notamment possible d’utiliser du sorbate de potassium, un gros dosage de sel, du mono propylène glycol… Je ne vous cache pas que l’utilisation de conservateur n’est pas trop mon truc, je n’ai donc pas de retour d’expérience (à vous partager ?). Quand je vois à quel point les conservateurs de l’agro-industrie, notamment les acides benzoïques, sont controversés, ça ne donne pas trop envie d’en utiliser. Bien souvent, l’utilisation de conservateurs est diabolisée parfois même, boycotté. Là aussi, tout est à relativiser en fonction de « l’agent » utilisé. Certains étant naturels et plutôt neutres pour les poissons et le milieu, ni invasifs, ni toxiques. Je laisse cependant cette pratique aux professionnels, bien mieux formés et qualifiés que moi…

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