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10 conseils pour bien pêcher la carpe en automne

Depuis que je vais au bord de l’eau, j’applique pour mes pêches d’automne, aussi bien au coup qu’à la carpe, une stratégie qui repose sur le fait que les poissons s’alimentent beaucoup avant l’hiver, c’est-à-dire de fin septembre à fin décembre.

1. Une tradition à remettre en cause ?

Dans la littérature halieutique ancienne peu d’éléments spécifiques apparaissent sur la pêche de la carpe en automne. Dans les années 1960, Raoul Renault écrit même dans La Carpe, Ses mœurs, Ses pêches « Mais tous les vieux pêcheurs de Carpes sont d’accord pour reconnaître que, dans la plupart de nos régions, septembre lui est encore supérieur ; c’est à ce moment-là que la carpe « mord » le plus volontiers… En octobre, la carpe est moins active ». Depuis, on sait avec certitude que l’automne est une époque très favorable à la capture des carpes car on sait qu’elles s’alimentent plus dans le but d’affronter la période hivernale. C’est un thème récurrent traité depuis au moins 20 ou 30 ans. Cependant on observe aussi que les changements globaux (climatiques et autres) impactent le comportement des poissons : aussi on constate parfois que durant cette saison il peut y avoir des périodes difficiles pour enregistrer des départs car les températures et d’autres facteurs peuvent varier de façon très sensible. Loin de moi l’idée d’avoir des propos absolus mais peut-être de nuancer l’idée selon laquelle l’automne est la meilleure des saisons. Le premier conseil est donc bien de privilégier les pêches en automne mais de tenir compte aussi et surtout des circonstances in situ des eaux ciblées (dépression, température ambiante, température de l’eau, pression de pêche…).

2. Bien choisir son terrain de jeu : repérage indispensable

C’est bien le premier paramètre à prendre en compte. Le choix du poste est vital et constitue une des clés du succès. Dans l’idéal, on cherchera un poste où les poissons se manifestent sur une zone assez réduite (de 30 à 60 mètres) où ils peuvent manger, se reposer et se cacher. En clair l’idée est de trouver THE zone rassemblant cuisine, chambre et salon. Au fil des pêches vous apprendrez à connaître de mieux en mieux le poste et à trouver les zones précises qui déroulent. Il est très intéressant de ne pas trop pêcher les obstacles de manière à ne pas harceler le poste et à ne pas tuer la poule aux œufs d’or. On peut pêcher à quelques mètres d’un très gros arbre immergé sans forcément aller pêcher dedans. C’est contre-intuitif car très souvent vous ferez un peu moins de départs mais ça durera largement plus longtemps.

3. Bien choisir son créneau météo et ses équipiers

Il est évident que ce n’est pas en plein cœur d’une crue sur les rivières ou encore en pleine chaleur lors d’un été indien que vous optimiserez vos chances de succès. Des exceptions existent, mais dans l’ensemble il y a des moments plus propices que d’autres : période d’évolution des pressions atmosphériques avec des précipitations marquées, journée automnale ensoleillée juste avant les grands froids en novembre ou décembre. Si le créneau météo est important il est aussi primordial de bien savoir s’entourer : un ami qui viendra vous faire de jolies photos et qui amorcera avec vous, une bande de copains qui vous aideront et qui seront là, aussi bien dans la joie des captures que dans les doutes et questionnements liés aux capots…

4. Bien choisir sa stratégie

Durant le printemps et l’été, j’observe et je repère aussi bien les zones de passage que les zones de tenue, pour préparer de façon chirurgicale mes pêches d’automne. En général, je choisis un poste « régulier » que j’amorce tout l’automne. L’astuce consiste à ne pas trop insister dessus et à faire des pêches rapides à 2 cannes. En parallèle j’amorce de façon beaucoup plus ponctuelle les zones de passage. Dans tous les cas j’accorde une extrême importance à la précision et les bateaux amorceurs équipés d’écho GPS ont ici toute leur place (utilisés de manière raisonnée bien entendu).

5. Les appâts

De nombreuses marques proposent désormais des billes ready made de haute qualité et qui s’adaptent à la majorité des situations. Cela ne veut pas dire que je n’emploie jamais des billes maisons mais bien souvent je fais confiance au K6 ou à des parfums du type miel ananas ou monster crab. Il s’agit aussi de ne pas sous-estimer l’intérêt des booster ou des produits qui permettent de bien marqué votre appât. Mais cet appât doit être la pièce maîtresse de votre stratégie (pêche au spot, en appât perdu, ALT…). Vous devez tenter de trouver l’approche la plus rentable en fonction du lieu, du moment et de la pression de pêche aussi.

6. L'amorçage, clé de la réussite ?

Une fois la zone repérée et les spots bien déterminés, il est temps d’investir sur le long terme. Il faut amorcer très régulièrement surtout les trois premières semaines. Il est très important de ne pas pêcher au tout début de l’amorçage. On peut y aller franchement avec des billes de différents diamètres et démarrer même en couplant avec du maïs (sur les poissons vierges cette graine est magique !). On a coutume de mettre pour les deux ou trois premières semaines entre 3 et 5 kg au moins 3 fois par semaine. Les tout premiers amorçages peuvent se faire avec en plus 5 à 10 kg de maïs bien cuit. Il faut être régulier et rigoureux et essayer de respecter des heures fixes (à 2 ou 3 heures prêts). En amorçant tôt le matin, non seulement vous conditionnez les poissons à mordre la journée mais vous aurez aussi de plus en plus de chance de les voir à chaque amorçage. Il est également très important d’entretenir le poste et d’amorcer large à chaque fin de pêche. Cela demande une grande quantité de billes mais en se groupant cela devient raisonnable. Au bout de deux mois et de quelques pêches il est tout à fait possible d’alimenter ce poste avec tous les restes des autres pêches que vous faites durant l’année (graines, pellets, autres types de billes). J’ai remarqué qu’après deux mois d’amorçage en petite rivière, la cohérence de l’amorçage est moins importante qu’au début de celui-ci, mais cette donnée est purement empirique.

7. Question montage et matériel

Pour moi, qui dit pêche automnale dit pêche rapide et matériel peu encombrant. Cannes courtes, piques, un sac d’appât et un bon tapis. Vous devez n’effectuer qu’un seul voyage pour vous installer. Bien souvent, mes cannes sont eschées à l’avance pour optimiser le temps de pêche. Cela ne signifie pas que je pêche au hasard mais que la bonne connaissance des spots et leur repérage (très) fréquent me donnent des indices pour être opérationnels le jour J… Peu de matériel mais du bon et du costaud pour un maximum de temps dans l’eau ! Très souvent je pratique en rivière, je mets donc une bonne tête de ligne et utilise un montage simple, type nœud sans nœud. J’affine un peu plus pour les pêches en gravière ou en petit lac avec des matériaux plus fins (tresse gainée en 15 lbs).

8. Varier les approches et les appâts

Ce conseil s’applique plus particulièrement en fin de campagne d’amorçage et d’exploitation de votre poste à l’année. Il s’agit de tenter, par petites touches, d’introduire du nouveau au fil des semaines et des mois. La tiger et les graines peuvent constituer une alternative intéressante. Cette petite astuce peut vous aider à toucher des poissons bonus ou plus méfiants qui tournent toujours autour de votre poste sans jamais se nourrir des billes. Cela ne coûte rien de tenter, surtout si cela fait plusieurs mois que vous déroulez régulièrement. J’ai tendance à penser que ces grands principes sont aussi valables en eau close mais la tenue d’un amorçage sur le long terme est beaucoup moins évidente qu’en petite rivière délaissée, mais il y a là matière à essai et à réflexion !

9. Tenter des coups de poker

L’automne peut aussi être l’occasion de tenter des choses : les poissons mangent plus que le reste de l’année donc il faut tenter de pêcher des nouveaux spots, des nouveaux appâts ou de prendre un poisson qui sort du lot. Je ne résiste pas à vous livrer une anecdote qui reste un de mes meilleurs souvenirs de pêche : mon ami Pascal m’a offert une somptueuse fully de 20+ lors d’un super mois de novembre. Le lac était assez peu profond. Pascal s’active et s’empresse d’aller placer LE montage qui devrait bien dérouler sur un micro haut-fond qu’il connaît bien. Nous avions tous deux en tête un poisson magnifique, mais nous n’en parlions pas. Je ne l’avais vu qu’en photo mais j’en rêvais, sans en parler. Cette carpe nommée Zézette planait dans nos esprits mais nous n’osions l’évoquer le sujet de peur de nous attirer le mauvais œil. Une fois ladite canne du dit haut-fond placée, Pascal semblait serein et confiant. Deux heures plus tard, c’est effectivement la canne en question qui enregistrait une touche franche. Pascal restait stoïque et me pressait de prendre la canne. Une fois le poisson dans le triangle, nous explosions de joie : la belle fully était là !

10. Pro-fi-tez !

Le plus important est d’être en accord avec vous-même : bien cerner vos objectifs et prendre un maximum de plaisir. Aujourd’hui on connaît bien les cheptels et la toile est une source énorme d’information. Soyez serein et détendu au bord de l’eau : moi j’aime fuir le monde et faire ma petite vie de pêcheur loin des eaux très pêchées (même si ça m’arrive d’y aller). La pêche en automne est un vaste sujet sur lequel mes positions et mes pratiques ont changé au fil du temps et des pêches. J’envisage mes stratégies d’amorçage en me servant de mon vécu mais en contextualisant mes pêches avec un maximum de paramètres qui peuvent influencer mes résultats. À l’ère de la popularisation de notre pêche et des changements climatiques, mon maître mot est bien l’ADAPTATION.

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