Quand on dit sonder, on pense à utiliser un échosondeur. Or, tout le monde n’a pas forcément de bateau et beaucoup de pêcheurs pratiquent du bord. Qu’ils se rassurent, il y a plusieurs méthodes, des plus économiques aux plus technologiques pour se faire une cartographie du fond.
Comprendre la nature du fond
Le plus accessible, c’est d’utiliser une de ses cannes car il suffit d’un plomb et un flotteur. On peut faire deux opérations de sondage en même temps, celle pour comprendre la nature du fond et celle pour connaître la profondeur. Décomposons les choses. Pour des raisons tactiles, on utilisera un moulinet garni de tresse raccordée à un plomb. On lancera en éventail et on ramènera à chaque fois en raclant le fond. Avec un peu d’habitude et un plomb spécial à picots, on peut ressentir les fonds de vase molle où le plomb est freiné, les substrats plus durs sur lesquels il tressaute sur les pierres et graviers ainsi que la présence d’herbiers dans lesquels on accroche, voire dont on ramène des morceaux d’herbe.
La profondeur
Pour connaître la profondeur, c’est presque la même approche, sauf qu’il faut monter le plomb en dérivation et mettre un flotteur en bout de ligne. Le flotteur a deux rôles : nous aider à mesurer la profondeur et à visualiser l’emplacement de telle ou telle tâche de gravier, vase ou herbier, cassure ou haut fond. Pour la profondeur, c’est relativement simple. On lance au loin, le plomb tombe au fond et on mouline pour ramener le flotteur en butée du plomb. On desserre alors son frein et on tire doucement sur la tresse depuis le moulinet jusqu’à l’anneau de départ (ou à une marque sur sa canne) qui correspond par exemple à 50 cm de fil. Une fois, deux fois, trois fois… jusqu’à ce que le flotteur réapparaisse en surface. On multiplie le nombre de fois par 50 cm et on obtient la profondeur. On redescend le flotteur en butée, on mouline de quelques mètres et on recommence l’opération ainsi de suite jusqu’à sa berge, pour trouver des différences de fond.
Les points chauds
Les « hot-spots » peuvent être une cassure, endroit où la pente varie, un haut-fond, ou au contraire un trou. Bref, tout ce qui tranchera avec la régularité du fond constituera votre fond de carte : une cassure accumulera un peu plus de sédiments où les carpes viennent manger, un herbier des escargots d’eau, une tache de vase peut indiquer la présence de vers de vase, les poissons viendront se réchauffer sur un haut-fond…
La distance
Votre flotteur peut donc vous servir momentanément pour marquer et visualiser le ou les spots que vous allez amorcer au spomb, avec un tube lance bouillette, ou à la fronde si ce n’est pas trop loin, puis à pêcher précis. Pour cela, il va vous falloir deux choses : un axe et une distance. Pour l’axe, il suffit de prendre un repère visuel fixe sur la berge d’en face (un arbre, une maison…). Pour mesurer la distance exacte, utilisez ce que l’on appelle des distance-sticks. Ce sont deux piquets plantés dans le sol reliés par un ruban ou une cordelette dont vous connaissez la longueur. Ramenez le flotteur de votre canne marqueur en butée du plomb, clipsez votre fil puis moulinez. Sur la berge, posez votre plomb au niveau d’un piquet et déroulez votre fil (pick-up ouvert) en faisant des 8 entre les deux piquets et sur tout en comptant (voire en notant) le nombre de longueurs. Les rubans entre les distances-sticks du commerce sont gradués, vous pouvez donc savoir au centimètre près la distance de votre spot, par exemple 10 longueurs et 1,20 m (vous pouvez ranger votre canne marqueur). Il suffit ensuite de faire l’inverse avec votre canne à pêche : posez votre plomb à 1,20 m du piquet faire 10 longueurs, clipsez, moulinez et vous êtes parés pour lancer dans la direction de votre repère visuel à la bonne longueur. Au lancer, il suffit de garder la canne à 45° et à accompagner un peu le plomb à la descente en baissant la canne et/ou en déclipsant. Idem avec un spomb ou un bait-rocket.
Deeper
Il y a plus rapide pour sonder depuis la berge. On peut utiliser un sondeur en forme de boule flottante (de marque Deeper) que l’on accroche au bout du corps de ligne et que l’on lance devant soi. Cette sonde transmet les éléments de profondeur et de nature des fonds sur votre smartphone via une application, au fur et à mesure que vous moulinez. En trois ou quatre lancers en éventail vous êtes vite fixé. Autre avantage, vous voyez la profondeur à laquelle les poissons se tiennent et vous pouvez choisir la « bonne » hauteur ou en tout cas disposer vos montages dans cette profondeur (par exemple un haut-fond) et aviser. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de poisson maintenant qu’il n’y en aura pas dans 15 min ou dans 2 heures. De la même façon, il vous faudra également clipser et utiliser les distances sticks pour pêcher un spot précis. Vous pouvez tout aussi bien utiliser ce type de sondeur sur un float tube ou sur un bateau radiocommandé.
Bateaux radiocommandés
On touche là au summum de la technologie actuelle. Il y en a à tous les prix, d’une centaine d’euros pour les débuts de gamme à quelques milliers suivant l’équipement et de la qualité des composants. Un modèle basique permet d’aller déposer ligne et appâts sous des frondaisons peu éloignées. Pour avoir essayé celui d’un copain, c’est très ludique quand on a rentré les points GPS des hot-spots et que le bateau, avec la fonction « Go to », s’y rend tout seul en emportant montage et amorce puis revient seul au point de départ. Mais c’est plus coûteux !