Découverte : pêche de la carpe au pain en surface

Dans quels plans d’eau pratiquer ? Il est je pense possible de pratiquer la pêche en surface dans quasiment tous les plans d’eau. Néanmoins, il est toujours plus facile de pêcher des plans d’eau où les carpes mangent régulièrement en surface. Dans les autres plans d’eau, il faut un temps d’adaptation et d’amorçage qui peut prendre plusieurs heures, jours, voire plus, avant que les carpes viennent manger régulièrement en surface. Le premier type de plans d’eau où il est possible de pêcher très rapidement des carpes en surface, et particulièrement au pain, est ceux où les gens nourrissent régulièrement les canards. Les carpes sont habituées à manger à la surface, et elles montent rapidement dessus quand on en jette. Cela ne veut pas dire que la pêche est forcément facile, surtout pour prendre plusieurs poissons. Mais on est certain d’avoir une chance de voir les poissons monter sur nos amorçages.

Dans certains plans d’eau, elles sont tellement focalisées sur le pain qu’il y est très difficile de prendre des poissons autrement. J’ai pris conscience du conditionnement possible par le pain en 1997. Un ami m’avait invité dans le plan d’eau de sa tante, dans l’est de la France. Petit plan d’eau d’un peu plus d’un hectare, qui abritait à l’époque une jolie population de carpes dont quelques poissons entre 18 et 22 kg. Nous y programmons une pêche d’un week-end. Nous nous disons qu’en deux nuits sur une superficie si petite, nous arriverons bien à prendre quelques poissons. Le dimanche matin, nous n’avions pas eu une touche du week-end, et cela malgré un sondage minutieux, et différentes approches. Rien, pas un bip. À l’époque nous pêchions uniquement sur le fond. Juste après avoir remballé, son oncle vint nous rendre visite. Après lui avoir expliqué notre piètre résultat, alors qu’il faisait gris et pluvieux, et qu’aucune carpe ne se manifestait depuis deux jours, il nous dit qu’il allait donner un peu de pain à ses canards, et que nous pourrions aussi ainsi voir quelques carpes… moins de cinq minutes après avoir jeté le pain, plusieurs carpes dont quelques très grosses du plan d’eau étaient à se nourrir en surface au milieu des volatiles. Il fallait se rendre à l’évidence que nos appâts, graines et bouillettes ne les intéressaient nullement, mais qu’elles étaient tellement habituées au pain qu’il ne fallait pas longtemps pour qu’elles viennent se restaurer.

Un autre type de plan d’eau où il est possible de prendre rapidement des carpes en surface est ceux où elles y mangent naturellement, comme pour exemple des chatons de saules ou autres végétations qui tombent régulièrement dans l’eau. Si vous voyez des poissons manger en surface régulièrement, vous savez que vous pourrez les prendre même si elles n’ont jamais été amorcées en surface avec du pain ou encore avec des croquettes. Ainsi dans un plan d’eau très sauvage au milieu des bois où je pêchais régulièrement en stalking au flotteur sur le fond, il m’est arrivé un jour où je n’avais aucune activité sur mes amorçages sur le fond de voir quelques poissons manger du « pollen » qui flottait. J’avais un peu de pain avec moi. Il a fallu moins de cinq minutes pour que les poissons s’y intéressent et passent en phase d’alimentation. Et moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire pour que j’en capture une. Et pourtant je pense vraiment que c’était la première fois qu’elles voyaient du pain dans ce plan d’eau.

Pêcher au pain à courte distance

Quand on peut pêcher à moins de 10/12 mètres du bord, c’est pour moi l’idéal. On peut bien observer les poissons monter, manger… et même choisir le poisson qu’on veut cibler. Cette pêche est à la fois passionnante, demande patience, discrétion et parfois acharnement ; et techniquement facile à mettre en œuvre. Pour amorcer et escher, le mieux est pour moi la baguette fraîche. Les morceaux de baguette tiennent très bien à l’hameçon. Pour pêcher ainsi, j’utilise une canne de 2,70 m à 3,30 m. Équipée d’un moulinet taille 5500 maximum, garni de nylon transparent ou hybrid fluoro-nylon de 0,25 mm à 0,35 mm selon les obstacles, l’ensemble sera parfait. Je n’hésite pas à graisser le monofilament pour qu’il flotte bien. Niveau montage, rien de plus simple. Un hameçon relié directement au fil du moulinet, et rien d’autre. Le morceau de baguette sera esché directement dessus en le repiquant plusieurs fois pour qu’il tienne bien. La stratégie est également très simple. Juste quelques morceaux de pain, et en distribuer régulièrement quand les poissons commencent à manger pour les mettre en confiance. C’est au niveau de l’approche ensuite que les choses peuvent se gâter. Des poissons qui mangent en surface, même en confiance, aussi près du bord restent extrêmement méfiants. Du coup, le moindre geste de trop, le lancer et mouvement de la canne trop visible, parfois même le mouvement de tête qui nous semble anodin, et c’est un poisson qui s’effraie. Et dans sa panique, quasiment à tous les coups, il emmène tous les autres poissons. Et dans ce cas, il fait parfois de longues minutes ou heures pour que les poissons viennent à nouveau manger. D’expérience, j’aime aussi essayer de cibler le poisson que je veux prendre car en pêchant si près du bord, il est rare de pouvoir prendre deux carpes de suite pour les mêmes raisons que celles citées ci-dessus.

Pêche à moyenne et longue distance

Il n’est malheureusement pas toujours possible de pouvoir pêcher prêt du bord. Cela n’exclut pas de pêcher en surface, mais il va falloir s’adapter pour amorcer et lancer les appâts. Au niveau matériel, une canne de 3,30 à 3,60 mètres va être parfaite. Si possible pas trop puissante pour pouvoir envoyer des charges légères. 2 à 2,75 lb est un très bon compromis. Un moulinet type Ultegra 5500 sera parfait. Il a une taille de bobine qui permet de lancer facilement et reste suffisamment léger pour tenir la canne en main. Pour amorcer, plusieurs options en fonction de la distance, du type d’appâts que l’on veut envoyer (croquettes ou pain) et de la discrétion souhaitée. Si je ne pêche pas trop loin, la fronde est une bonne alternative. Sinon, j’amorce avec une canne et soit un petit spod que j’ai bricolé pour qu’il se retourne et libère les appâts flottants (c’est le mieux niveau bruit) ou soit un Spomb si j’ai besoin de moins de discrétion ou veux aller plus loin.

Niveau montage, si je pêche jusqu’à environ une soixantaine de mètres voire un peu plus, j’utilise un « flotteur controler ». Il est important de laisser au moins un mètre cinquante entre l’hameçon et le controler pour ne pas effrayer les poissons. Le poids du controler va dépendre de la distance de pêche choisie. Autre point important, il ne faut pas ferrer à la vue du gobage car à partir d’une certaine distance ce n’est pas forcément facile de distinguer si le gobage est sur l’esche piégée. Il faut attendre l’indication de la touche avec le controler. Cela évite aussi de ferrer trop tôt et d’effrayer les poissons avec un poisson raté. Si je veux pêcher loin (80 mètres et plus), alors j’utilise un montage comme au zig, sauf que j’adapte la longueur du bas de ligne pour que mon esche soit en surface. En esche, on peut utiliser dans les deux cas un morceau de baguette eschée comme pour la pêche à courte distance ou un morceau de pain Sensas qui tient encore mieux au lancer. Pour ce dernier, il faut l’escher sec en le « lochant » et le lancer directement sans le mouiller pour qu’il tienne à des lancers appuyés. On peut sinon comme pour l’amorçage utiliser des croquettes. Mais dans ce cas, j’esche sur un cheveu, en mettant un bout de mousse entre la croquette et l’hameçon pour que ce dernier se présente au-dessus et ne soit pas visible par les poissons. J’espère que ces quelques lignes et conseils vous donneront ou redonneront envie d’une partie de pêche en surface. Pour finir, si c’est avant tout une pêche estivale, elle peut se pratiquer dans certains plans d’eau même à la saison froide.