La pêche de la carpe au coup voit ses origines en Angleterre où les fameuses fisheries (étangs commerciaux) sont apparues il y a quelques décennies et aussi en Italie d’où nous vient le terme « carpodrome » (carpodromo). Dans ces deux pays au climat diamétralement opposé, la pêche est un sport et la carpe, cette belle gourmande qui contre bons soins tolère les prises à répétition, s’adapte aussi facilement et offre aux pêcheurs au coup tout ce qu’il recherche : belles bourriches et sensations ! La Belgique a aussitôt emboîté le pas et c’est tout naturellement que la France a imité ses voisins car il faut bien dire que notre hexagone ne manque pas de plans d’eau propices à l’exercice, loin de là.
Un matériel adapté
La pêche de la carpe a vu apparaître toute une panoplie de matériel dédié à commencer évidemment par les grandes cannes. Alors que dans les années 1990, la capture d’une carpe de 3 kg relevait de l’exploit, l’évolution du matériel est telle qu’aujourd’hui il ne connaît quasiment plus de limites. D’une course à celui qui produira la plus longue, la plus légère et la plus rigide, les enseignes proposent aujourd’hui des grandes cannes parfaitement ciblées tant au public qu’à leur destination. Il est possible de trouver une canne à la fois solide et maniable, capable de résister à des tractions importantes sans risque de casse et sans que la pratique de longues heures durant ne devienne une torture pour le corps. Toute la panoplie du pêcheur au coup a vécu une véritable révolution. En effet depuis l’élastique intérieur à l’hameçon, en passant par le flotteur et les plombs, c’est tout un marché bien garni qui s’est créé et a fait évoluer les mentalités. La pêche de la carpe a décomplexé pêcheurs et fabricants.
Partout et en toutes saisons
La pêche à la grande canne peut se pratiquer sur de multiples terrains de jeux. Depuis une grosse vingtaine d’années, les carpodromes ont fleuri avec d’abord une belle concentration dans les Hauts-de-France, suivie par une grosse partie du Nord-Est pour finir par s’implanter un peu partout. Ils représentent des lieux de pratique idéaux. L’accès et l’installation y sont aisés, des commodités sont présentes, voire parfois même un détaillant et une restauration. Mais surtout, ces structures sont rempoissonnées régulièrement et le plaisir y est garanti. Mais la pêche de la carpe peut également se pratiquer en milieu naturel. Canaux, rivières et gravières sont exploitables en poste fixe, le fameux coup préparé minutieusement, mais aussi grâce à une approche qui a ses aficionados, le stalking ou pêche à roder. Si l’appétit de la carpe atteint son paroxysme aux beaux jours, il est possible de réaliser de très belles pêches tout au long de l’année grâce à une approche adaptée en termes de montages de ligne et de quantité d’appâts utiles, ce qui en fait, en plus d’une pratique plaisante, une pêche technique qui exige adaptabilité et stratégie.
Une pêche pour tous
Si la pratique est rapidement devenue populaire, c’est qu’elle a conquis un double public : des pêcheurs au coup en manque de sensations et des jeunes en quête d’un plaisir plus instantané. Attention, ne vous méprenez pas, je ne dis pas que la pêche de la carpe est « facile », mais à l’époque de son apparition et encore plus aujourd’hui, le domaine public oppose de nombreuses difficultés aux pratiquants. Les lieux de pêche sont parfois difficilement accessibles, notamment les canaux, pour des pêcheurs chargés en matériel. Amorces, appâts sont souvent nécessaires en quantité pour attirer le chaland pour des résultats parfois maigres. Le début des années 2000 coïncide également avec l’apparition du fléau Cormoran. Gageons que pour attirer un public jeune, il y a mieux. C’est donc logiquement que plusieurs générations, ancienne, actuelle et nouvelle, se sont tournées vers les étangs aménagés où le plaisir est garanti contre un investissement somme toute inférieur à la pêche des poissons blancs en rivière ou en canal.
Budget : le matériel
En fonction de votre niveau de pratique, que vous soyez pêcheur de loisir ou occasionnel, amateur averti ou compétiteur, vous aurez envie et/ou besoin d’un matériel différent. On ne traque évidemment pas la carpe avec le même matériel que les gardons et les brèmes. La ligne budgétaire reste évidemment la grande canne, mais merci la carpe il faut bien l’avouer et l’évolution des matériaux qui a suivi, on trouve aujourd’hui des modèles accessibles et surtout, car c’est la grande nouveauté, polyvalents ! J’entends par là que vous pouvez très bien posséder une base de grande canne et modifier la puissance de sa tête, représentée par le scion et les deux éléments suivants et appelés « kit ». En intervertissant les kits, vous pourrez donc à loisir, pêcher le gardon avec l’élastique intérieur adapté ou les barbeaux en rivière ou encore les carpes en carpodrome. Il suffit pour cela de vous assurer de la compatibilité de votre matériel. Dans ce domaine vous n’aurez que l’embarras du choix, canne à tout faire si vous faites un peu de tout, canne dédiée si vous ne pratiquez que la carpe au coup, canne hyper puissante si vous recherchez les très gros poissons.
Parlons choses qui fâchent pour le coût ? Encore une fois, vous aurez le choix, de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros, c’est comme le vélo! Le reste de l’équipement n’est pas anecdotique, mais je ne le passerai pas en revue dans cette colonne. J’appuie simplement sur l’élastique intérieur adapté lui aussi, qui est la seconde pièce maîtresse et les hameçons, sans ardillon évidemment, dédiés. Pourquoi insister sur eux me direz-vous, simplement au même titre que la grande canne, ils ont subi une révolution aussi et les progrès sont impressionnants tant en termes de capacité que de longévité, qui n’est pas sans incidence sur le coût global.
Budget : les appâts
Révolution dans le matériel, mais aussi au rayon appâts. La carpe est certes une bonne mangeuse, elle n’en est pas moins un gourmet à ses heures. Une approche traditionnelle de pêcheur au coup avec amorce élaborée faite de pain, biscuit et autres graines moulues et garnie d’appâts vivants s’est rapidement montrée peu efficace et sélective. Et là l’expérience des carpistes en batterie a été forte utile puisqu’il a suffi de s’imprégner de leurs connaissances pour développer des appâts adaptés à la pêche des gros poissons au coup. Les fameux granulés ou pellets, ces concentrés riches tantôt carnés, tantôt fruités sont vite apparus comme le procédé d’amorçage idéal. Ils entrent dans l’alimentation des carpes dès leur plus jeune âge et c’est tout naturellement qu’ils ont trouvé leur place. De 2 à 8 mm de diamètre, leur richesse est telle qu’une faible quantité est nécessaire pour attirer et maintenir les carpes sur le coup. En comparaison des amorces conventionnelles, le rapport poids/ coût est sans comparaison possible (6 euros les 2 kg environ). Ajouter à cela les incontournables maïs et chènevis, quelques vers de terre et vous avez déjà de quoi couvrir presque tous vos besoins pour une bonne partie de pêche.
La pêche de la carpe a ses épreuves de compétition
Grandes épreuves, coupe de France, Championnats de France, etc. Envie de passer la vitesse supérieure, la pêche de la carpe à la grande canne a son circuit de compétition. En solo ou par équipe de deux pour les concours, en championnat individuel, la bagarre fait rage dans un esprit certes de compétition, mais aussi de convivialité. La pratique a évidemment ses hauts lieux et je ne saurais que trop vous conseiller quelques plans d’eau comme La Mecque de la carpe au coup qu’est Socourt (Vosges), le splendide Domaine de Chassemy (Aisne) les étangs de Maxstadt (Moselle) le complexe Carpo Bresse (Ain), le mythique carpodrome Chuzelles (Rhône-Alpes), celui de Bruch (Lot-et-Garonne) ou encore les étangs de Strépy (Belgique).