Peu sensible à la pollution, la corbicule supporte relativement bien l’eau turbide et s’acclimate également bien à l’eau saumâtre. En effet, elle peut tolérer un taux de salinité de 5 à 8% et des températures comprises entre 2 et 30°C. Elle nécessite cependant un taux d’oxygène dissout dans l’eau relativement élevé et elle abonde notamment dans la partie intermédiaire des cours d’eau. La corbicule se nourrit principalement de phytoplancton. Le mollusque vient tout simplement filtrer l’eau. À l’aide de ses deux siphons, elle produit une circulation d’eau qui sera filtrée puis rejetée. Certains scientifiques s’interrogent même sur les conséquences de la surconsommation de ces dernières sur les biomasses de plancton. Les densités de bivalves sont parfois si élevées qu’elles peuvent entraîner une clarification des cours d’eau. Ce phénomène pourrait avoir pour conséquence un surcroît de lumière qui profiterait aux herbiers aquatiques. Par ailleurs, les jeunes alevins de poissons ont un régime alimentaire planctophage, ils peuvent donc souffrir de la concurrence des corbicules.
Reproduction
Il s’agit d’une espèce hermaphrodite qui possède à la fois des organes mâles et femelles. Les larves qui résultent de la fécondation sont microscopiques, elles mesurent 250 μm. Les larves sont larguées lorsque la température dépasse 16°C. Ce relargage peut avoir lieu toute l’année si la température de l’eau le permet. Un individu peut relâcher 400 larves par jour en moyenne et plus de 70 000 par an.
Lieu de vie et habitat
La corbicule est présente dans tous les bassins hydrographiques français, il est possible de la rencontrer dans toutes les eaux de 2e catégorie. Elle pullule dans les fleuves et les cours d’eau de plaine où l’eau est bien oxygénée mais elle est également présente dans certains étangs et plans d’eau. Il semblerait que la nature du fond soit déterminante pour l’espèce. En effet, même si on peut la trouver sur différent substrat allant de la vase, au gravier, en passant par le limon, la granulométrie idéale serait le sable. Elle affectionne donc les substrats sableux, du sable fin jusqu’au sable très grossier. Sur certains milieux et sur certaines zones, la densité de corbicules est dantesque. Elle peut atteindre plusieurs dizaines et parfois même plusieurs centaines d’individus au mètre carré. Empilées sur plusieurs dizaines de centimètres, les coquilles des corbicules peuvent constituer un substrat à part entière…
Les carpes et les corbicules
Bien que la date d’introduction de la corbicule soit très récente par rapport à celle de la carpe, il semblerait bien que nos chers cyprins ne se soient pas fait prier pour les consommer ! Si l’explosion de ces bivalves n’est pas forcément bénéfique pour les écosystèmes, force est de constater que c’est une réelle aubaine pour les carpes. Inertes et de taille idéale par rapport à leur bouche, les corbicules représentent une abondante source de nourriture à haute valeur énergétique. Il se pourrait bien que la corbicule ait fortement contribué à la multiplication des grands poissons dans le domaine public ! La quantité de fragments de coquilles de corbicules que l’on peut parfois retrouver dans les sacs de conservations témoigne de l’intérêt porté par les carpes à cette source de nourriture. Elles en mangent et elles en mangent beaucoup. En rivière notamment, positionner ses montages sur « les lits » de corbicules est souvent très productif. Les carpes passent instinctivement sur ces spots car elles les assimilent naturellement à des zones d’alimentation. Par ailleurs, ces substrats, colonisés par ces petits mollusques, ne sont ni vraiment durs, ni vraiment mous… et le montage pêche merveilleusement bien là-dessus ! Impossible de finir ces quelques notes sur la corbicule, sans parler d’un phénomène bien connu des pêcheurs de silures. En été, souvent au mois d’août, lorsque la température est restée très (trop) élevée et que le taux d’oxygène est au plus bas, une forte mortalité de corbicules se produit. Après quelques jours de décomposition, le mollusque malodorant se décroche de sa coquille et se met alors à flotter en surface. C’est au moment où les invertébrés en putréfaction dérivent lentement en surface que les silures se focalisent sur eux. C’est impressionnant de voir des poissons de plus de 2 mètres venir littéralement gober ces petites taches blanches en surface. J’ai eu la chance de voir ce phénomène sur la Garonne vers Saint Nicolas-de-la-Grave. Avec un ami nous avons capturé un très grand nombre de matous en stalking ce jour-là, quel souvenir !
Fiche d'identité
- Nom latin : Corbicula fluminea et Corbicula fluminalis
- Nom français : corbicule
- Nom vernaculaire : palourde d’eau douce, corbicule asiatique
- Famille : Corbiculidae
- Classe : Bivalve (Bivalvia)
- Origine et colonisation : sud-est de l’Asie (Corée, Chine). Elle est remarquée en France, dès 1980, dans l’estuaire de la Dordogne. Elle a ensuite colonisé les bassins de la Garonne, du Rhône, de la Loire et de la Seine. En 1990, elle est présente dans l’embouchure du Rhin et remonte jusqu’à la Suisse.
- Statut : espèce exotique envahissante.