Il s’agit d’un grand bivalve, une sorte de moule géante de couleur sombre, marron / brun. C’est le plus grand mollusque d’eau douce européen. L'anodonte peut atteindre 20 cm de longueur, 60 à 120 mm de hauteur et 30 à 60 mm d’épaisseur. La coquille possède un côté assez pointu. La charnière est f ine et ne possède ni dents, ni lamelles. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’anodonte peut se déplacer au fond de l’eau grâce à un pied unique, en laissant des traces visibles en plongée ou avec un aquascope. Partiellement enfoncée dans la vase, cette moule entrouvre sa coquille et laisse outrepasser ses siphons respiratoires. L’anodonte est une espèce bio-épuratrice, c’est-à-dire qu’elle filtre l’eau en permanence et favorise ainsi l’épuration de l’eau. Il s’agit également d’une espèce bio-accumulatrice et, par la même occasion, c’est aussi une espèce bio-indicatrice. Elle témoigne relativement bien de la qualité de l’eau puisque celle-ci ne résiste pas longtemps à une pollution trop sévère de l’eau. À noter que, comme il s’agit d’un bio-accumulateur, il est fortement déconseillé d’en consommer. Elle accumule aussi pas mal de toxines et autres éléments nocifs. Oubliez donc le plan moules-frites….
Lieu de vie et habitat
Ce mollusque vit sur et dans la vase. Elle affectionne particulièrement les sites où il existe une accumulation de matière organique. Il est donc possible de la rencontrer dans les étangs, les gravières, les plans d’eau collinaires et les barrages lorsque les zones s’y prêtent (zones peu profondes). Toutefois, il n’est pas rare de retrouver l’Anodonte des étangs en rivières lorsque celles-ci sont très calmes (rivières à biefs), lorsqu’il y a existence de bras morts ou parce qu’il y a présence de plans d’eau à proximité.
Reproduction
L’anodonte est hermaphrodite, c’est-à-dire qu’elle est dotée à la fois de caractères sexuels mâle et femelle. L’élément marquant concernant la reproduction de l’anodonte réside dans le fait qu’elle a besoin des poissons pour se reproduire. Les larves d’anodontes ont besoin de se développer dans un kyste, dans les branchies d’un poisson devenu hôte. La moule produit environ 50 000 œufs, qu’elle féconde elle-même. L’éclosion se produit dans les branchies du mollusque avant d’être expulsés par les siphons. Les jeunes larves sont gobées par les poissons et se fixent alors à leurs branchies, où elles s’enkystent et se transforment lentement. Après plusieurs mois, quand la jeune moule a atteint la taille d’un centimètre, celle-ci se détache du poisson et tombe au fond de l’eau. Bien souvent, en introduisant des poissons dans un milieu (alevinage, empoissonnement) l’anodonte y est introduite également, en toute discrétion, bien cachée dans les branchies des poissons. L’autre élément remarquable c’est qu’un poisson a développé d’étroites relations biotiques avec l’anodonte. Il s’agit de la bouvière. Elle va pondre à l’intérieur de la moule grâce à un petit conduit (visible en période de reproduction), l’ovipositeur. Les œufs se développent ensuite, bien protégés dans le coquillage. Les alevins sortent alors de la moule (qui reste entrouverte pour respirer) après 2 ou 3 semaines. La présence de bouvières est alors directement liée à la présence de moules.
Les carpes et l'anodonte
Tout comme le ragondin, le rat musqué et la loutre, les carpes mangent des anodontes. Lorsque l’anodonte est adulte, elle représente une très grosse bouchée pour une carpe, on peut alors imaginer que seules les très grosses carpes peuvent arriver à les ingérer (ou que seuls les petits individus sont consommés). Sans outil, casser un bout de coquille d’anodonte à la main est impossible, la puissance des dents pharyngiennes de la carpe est toujours aussi surprenante. Pourtant, on retrouve régulièrement des bouts de coquille sur les tapis de réception où dans les sacs de conservation. Pour la parenthèse, laisser les coquilles d’œufs dans les bouillettes ne pose aucun problème aux carpes, quand on voit ce qu’elles arrivent à broyer… Par ailleurs, les carpes semblent adorer le goût des bivalves. Les additifs à base de moule sont une référence dans la composition des appâts. De surcroît, le bénéfice énergie à fournir par les carpes pour « capturer » une anodonte et le taux de protéines ingérées est plus que positif. Force est de constater que les anodontes ne nagent pas très vite (même si elles se déplacent) et qu’elles sont plutôt charnues. Comment les carpes pourraient-elles résister à ce festin ! D’un autre point de vue, il me semble pertinent d’identifier où sont potentiellement situées les zones de présence d’anodontes dans un milieu. Il y a de fortes chances pour que les poissons visitent régulièrement ces zones. Pour repérer ces spots, il est possible d’utiliser un aquascope ou pour les plus courageux, d’aller plonger avec un masque et un tuba. Il est aussi possible de simplement privilégier les plateaux de vase et autres hauts-fonds en gardant à l’idée que ces derniers hébergent potentiellement des anodontes. Avec un peu de moule, ça peut le faire, comme on dit. Nous passons souvent des heures à chercher des fonds durs pour y déposer soigneusement nos montages mais la vérité est parfois ailleurs. Les spots mous sont parfois très productifs et particulièrement en rivière.
Fiche d'identité
- Nom latin : anodonta cygnea
- Noms Français : Anodonte des étangs / Anodonte des Cygnes
- Noms vernaculaires : Moule d’eau douce / Moulasse
- Famille : Uniodidae
- Classe : Bivalvia
- Origine et colonisation : Espèce Européenne
- Régime alimentaire : Particules organiques en suspension dans l’eau qu’elle filtre
- Statut : Liste rouge européenne des espèces menacées