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Une session de pêche de la carpe, du sauvage à l'urbain en Slovénie avec Salvatore Perrone

Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas assis derrière mon bureau pour écrire, non pas par manque de contenu, d’histoire de pêche ou autre, mais simplement par manque de motivation, probablement dû à la foule d’engagements et de choses à faire l’an passé.

L’histoire d’aujourd’hui raconte la traque de ces petites eaux qui sont la plupart du temps cachées juste derrière chez nous, qui ne nécessitent pas des heures et des heures de route ni d’avoir des masses d’informations. Il faut juste y aller, découvrir, essayer, échouer ou réussir. Le printemps, à mon avis, est probablement la saison la plus difficile pour la pêche à la carpe, plus que par le passé. À cause de la folle croissance du réchauffement climatique, les saisons sont beaucoup plus courtes et les changements climatiques drastiques. En 24 heures, ils peuvent nous faire passer de l’été à l’hiver, avec près de 30 degrés dans la journée et chuter à 5 dans la nuit. Ici, dans le sud de la Slovénie, dans la région de Dolenjska, les cours d’eau subissent la fonte des neiges et les amenées d’eaux froides, quand ce ne sont pas les pluies diluviennes qui viennent littéralement inonder toutes les vallées, de sorte qu’il devient très difficile, mais pas impossible, de profiter de quelques bonnes journées de pêche au printemps. C’est ainsi que j’ai finalement décidé d’aller passer quelques nuits sur une rivière locale, dans la petite ville de Kocevje. Nous avons souvent vu des photos sur Internet de pêcheurs posant avec de jolis poissons avec une église en arrière-plan, mais peu de gens connaissent la partie supérieure. C’est un endroit littéralement sauvage, dans tous les sens du terme. La rivière prend sa source aux pieds des montagnes et des forêts, il y a des animaux sauvages, des cerfs et même des ours. Nous allons devoir être particulièrement prudents la nuit.

Un spot au milieu des nénuphars.
Crédit photo : Salvatore Perrone

Immersion sauvage

Nous remontons le fleuve aussi loin que possible en voiture. Avec le 4x4 on peut s’approcher assez près de la rive et tracer notre propre chemin dans la boue. Une fois sur place, le moteur coupé, on n’entend que plus que le silence, les oiseaux, les chevaux de la ferme derrière moi et l’eau qui se déverse de la cascade toute proche. J’ai aussi choisi cet endroit car l’eau y est un peu plus profonde que dans les autres secteurs. Ici nous avons près de 2 mètres de profondeur et la plupart du temps elle est très lente à cause du mur de béton qui freine l’écoulement. À vrai dire je ne connais pas vraiment cette partie de la rivière, j’ai juste parlé avec des amis qui pêchent ici. En gros il n’y a pas de monstre et la taille moyenne des carpes est plutôt faible, mais ceux qui pêchent ici à défaut de spécimens recherchent l’immersion paisible dans la nature. La première chose à faire est de partir reconnaître le secteur en bateau. Toute la rivière est couverte de nénuphars dont les tiges sont grosses et robustes comme des cordes. Je sais que je vais de voir pêcher court et utiliser un gros monofilament, car la tresse est interdite. J’utilise le bateau pour faire quelques allers-retours. Au final je passe deux bonnes heures pour délimiter ma zone de pêche et essayer d’y trouver quelques spots. J’ai bien vu quelques groupes de carpes sous les branches qui se reposent à l’ombre, quelques miroirs et quelques communes, mais ces spots sont trop loin du campement. Je me résigne à pêcher simplement, quelques trouées où je pourrais lancer facilement avec mes cannes de 10’ pieds, et à n’utiliser le bateau que pour sauver les poissons si cela s’avérait nécessaire. L’endroit est également bien pourvu en brochets, donc en poissons fourrages qui je le sais peuvent perturber ma pêche si j’utilise des petites particules ou du maïs. J’amorcerais donc à la bouillette pure, avec des appâts de 20 mm bien imbibés de liquides attractifs, tout aux poissons et aux épices. Mon intention est de passer 24 heures ici, avec l’espoir d’intercepter une carpe ou deux dans la soirée et la nuit, avant de me déplacer sur un autre spot en aval. La journée s’écoule lentement, paisiblement, à regarder quelques grenouilles sauter, les chevaux pâturer de l’autre côté de la clôture, le héron passer, jusqu’à ce qu’un départ très lent vienne briser ce silence. C’est à peine la fin de l’après-midi aussi suis-je bien content de voir de l’action aussi rapidement. Malheureusement pour moi ce n’est pas une carpe, mais une belle tanche qui ne pouvait pas refuser une présentation en bonhomme de neige qui pour moi, reste un must à utiliser sur les fonds de mauvaises herbes avec des eaux claires.

Quatre bonshommes de neige prêts à être déposés.
Crédit photo : Salvatore Perrone

Bientôt le soleil se couche...

Dans le silence je suis bercé par le hululement des chouettes et le chant des grenouilles. Je me prépare pour la nuit qui arrive, sachant que je peux être réveillé au milieu de mes songes. Après une tasse de thé chaud je m’enroule dans le sac de couchage. Une carpe sonne le réveil vers minuit, cette fois je ne peux pas me tromper c’est bien une carpe, sur la canne que j’ai placée à ma droite, bien dégagée des obstacles et de la végétation. Dans l’obscurité le combat est court mais intense. Je mets au sec ce que je considère être une beauté de la nature, rien de bien extraordinaire diront certains, mais je ne me lasse pas de ce genre de poisson vierge et sauvage qui n’a probablement jamais vu d’autre hameçon que le mien ! Cette carpe commune d’environ 8 kg pourrait grossir encore plus sur ces rivières mystérieuses ! J’ai encore deux autres montages à l’eau, je me rendors donc avec l’espoir d’avoir deux autres cartes à jouer et autant de chances d’attraper une carpe, bien que mon but d’en capturer une soit déjà atteint.

Une palme tachetée.
Crédit photo : Salvatore Perrone

Aux premières lueurs du jour

Je suis réveillé par le charme mystérieux de la rivière. À vrai dire je ne peux pas vraiment dormir et assiste à un autre run presque inespéré. Les yeux collés, je prends la canne… C’est le montage lancé au milieu des nénuphars, à 30 mètres de moi. Je sais que la distance est très courte mais le poisson est coincé aussi, sans hésitation je saute dans le bateau et à la rame je rejoins lentement le poisson. Presque arrivé au-dessus, l’excitation m’envahit. Je vois une très grosse koi couleur carotte, alors que je n’imaginais même pas qu’il puisse y en avoir ici !!! Je savais qu’il y en avait en ville, mais pas dans la forêt. Désormais j’ai du mal à rester calme et je sais que je ne dois pas commettre la moindre erreur ! C’est un vrai combat, avec à un bout le poisson que j’espère ne pas perdre et à l’autre votre serviteur affairé à essayer de démêler comme il peut le fil piégé dans des touffes de mauvaises herbes et de nénuphars… Après 10 bonnes minutes je réussis à sortir le poisson, enfin dans l’épuisette… YESSS !!! Je n’en crois pas mes yeux, c’est un si beau poisson. Je ne suis pas vraiment à la recherche des carpes colorés mais quand cela arrive dans ces circonstances et dans un endroit comme celui-ci, leur capture est vraiment spéciale !

Un poisson qui n'a peut-être jamais été piqué avant !
Crédit photo : Salvatore Perrone

Une fois de retour au camp

Le soleil se lève lentement et j’ai donc plus de lumière pour voir le poisson. Je n’ai pas vraiment réa lisé à quoi il ressemblait jusqu’à ce que je le déplace de l’eau vers le matelas de réception et que j’écarte les mailles de l’épuisette. Sa bouche est vierge, si pure, je peux le dire ! En le soulevant je me rends compte combien il est gras et ventru, c’est certainement un grand poisson dans tous les sens du terme ! Une perle rare de cette petite rivière, qui doit être protégée dans les années à venir !

Lr résultat d'une immersion sauvage.
Crédit photo : Salvatore Perrone

Après le petit-déjeuner, toujours sous le coup de l’excitation et de l’adrénaline, nous plions le bateau et le bivouac pour descendre dans la ville et nous installer sur un poste urbain. Ici la rivière devient plus encombrée, heureusement pour moi en ce milieu de semaine il n’y a personne qui pêche, je suis par conséquent libre de choisir l’endroit que je veux, pas avec l’église en face de moi cette fois ci, mais plus bas, en fait sur le plus grand barrage, qui définit la limite où il est possible de pêcher. Plus bas c’est interdit, de toute façon le débit de l’eau y est si faible qu’on ne peut même pas imaginer y mettre une canne. L’eau est plus trouble ici et ne coule pas. Je gare la camionnette près de la berge en béton et j’installe un parapluie tente. C’est très facile et rapide à installer, et en laissant l’avant ouvert on peut garder un œil sur ce qui se passe autour. Nous sommes en ville et on ne peut pas exclure qu’un gars ivre vienne en pleine nuit ou des individus pétris de mauvaises intentions. Ici j’ai un hot spot potentiel sur mon côté gauche, une île avec quelques grands arbres qui font beaucoup d’ombre. C’est parfait pour une pêche de bordure. Il y a aussi quelques nénuphars qui peuvent intéresser les carpes, un obstacle au milieu d’un fond plat sera toujours un repère pour nous ainsi pour les poissons en quête de nourriture. Rapidement, je remonte quelques bonshommes de neige, j’appâte la zone avec une longue perche terminée par une cuillère et nous sommes de nouveau dans la partie ! Après une heure à peine j’ai un beau run mais il s’avère que c’est à nouveau une belle tanche, avec un ventre bien plein et une belle forme. Ce serait une belle prise lors d’une compétition de pêche au feeder, comme s’en est une pour moi. J’aime les tanches, j’en ai d’ailleurs 5 dans un aquarium de 500 litres à la maison !

Une résidente urbaine aux belles couleurs.
Crédit photo : Salvatore Perrone

La nuit sécoule rapidement

À ma grande surprise je n’ai aucune touche. L’eau se réchauffe rapidement et tout me pousse à penser que sur cette section de rivière, les carpes puissent être plus en amont pour se préparer à frayer. Mais juste au moment où le café se met à bouillir, j’ai un run, et avec la lumière dorée du lever de soleil j’embrasse une belle carpe commune aux tons sombres. Encore une fois rien de grand, mais un poisson sauvage et pur, c’est tout ce dont j’ai besoin ! Sachant que je plierai en fin d’après-midi, je réamorce rapidement les spots avec quelques appâts et lance les montages tout autour de l’île, en utilisant un filet soluble garni d’une vingtaine de bouillettes. J’aime utiliser cette présentation lorsque je lance à de très courtes distances pour être sûr d’être pêchant. 15 minutes après, j’ai eu un autre départ, au même endroit. C’est une nouvelle carpe commune, assurément plus grosse et plus puissante au combat. Elle arbore des marques distinctives de combat et des rayures probablement dues au frai approchant. Une très belle guerrière de cette portion urbaine de la rivière ! Je pense que nous devrions tous nous intéresser un peu plus à la pêche dans ces petits environnements tant elle est gratifiante, au lieu de nourrir les besoins avides de géantes, qui dans la plupart des cas ont la bouche détruite, les lèvres coupées, les nageoires cassées et des cicatrices sur tout le corps. En tant que pêcheurs de carpes, nous déclarons être respectueux des poissons et de l’environnement. Je pense que c’est effectivement un aspect très important auquel nous devons tous réfléchir et méditer. Sachons apprécier l’instant présent, ici et maintenant, sans être systématiquement avides de poissons géants ! Paix et bonne pêche !

Là où les berges sont en béton.
Crédit photo : Salvatore Perrone

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