Pêche de la carpe sur Cabanac, le barrage de Castelnau-Lassouts-Lous

Cabanac, c’est la star des lacs du département de l’Aveyron en région Occitanie. Il est niché au fond de gorges, à deux pas des villages de Saint-Geniez-d’Olt et de Sainte-Eulalie-d’Olt. Il bénéficie d’une réputation internationale pour la pêche de la carpe. Il a été découvert par Jo Nivers et plus tard par Henri Limouzin, Rod Hutchinson, Didier Cottin et Georges Cortay. La pêche peut y être pratiquée toute l’année, c’est une seconde catégorie. Ce lac de barrage EDF situé sur la rivière Lot a peu de marnage quotidien, mais les crues de la rivière peuvent influencer la pêche sur le barrage. Lors de ces périodes de fortes pluies, il est fréquent que de grandes quantités de bois flotté dérivent et viennent s’accumuler sur les bordures, parfois juste devant votre poste ! L’amont du lac est aisément accessible. En revanche, l’aval est plus encaissé, avec tout un tronçon de gorges plutôt abrupt rendant difficile l’implantation sur les postes de cette partie. Un chemin carrossable a été réalisé. Il permet de faire tout le tour du lac, mais il sera plus ou moins éloigné des bordures suivant les secteurs. Ce lac fait partie du domaine privé de l’État, donc les riverains ne peuvent en interdire l’accès aux berges, mais il convient de les respecter en enlevant vos déchets et en préservant la quiétude des lieus. Il n’y a pas si longtemps que ça, le barrage était totalement ouvert en pêche de nuit, mais suite aux dérives habituelles, celle-ci a été restreinte à trois secteurs (voir la carte du lac).

Cabanac s’étale sur une longueur d’environ 15 km et il est situé à 410 m d’altitude dans une zone encaissée. Ce n’est donc pas un endroit très chaud en hiver. Pourtant, tous les ans, certains courageux choisissent de passer la nuit de la Saint-Sylvestre sur ses berges, qui peuvent facilement être enneigées à cette période plutôt fraîche ! La profondeur maximale est de 45 m et la superficie de ce lac atteint les 263 ha. Eaux navigables, l’utilisation d’une embarcation permet d’apprécier pleinement le potentiel halieutique du lac. Pour ce faire, trois rampes de mise à l’eau vous permettront de descendre vos bateaux sur remorque au niveau du pont de Lous, de Cabanac et des Alauzets. Le lac est géré par l’AAPPMA Lou Saltobouc.

De l'eau est passée sous le pont de Sainte-Eulalie !

J’ai régulièrement pêché le lac entre 2003 et 2006, puisque je vivais dans le département voisin de la Lozère. Ensuite, j’ai déménagé pour retrouver mes Deux-Sèvres natales. Loin des yeux, loin du cœur, je ne suis retourné y tendre mes lignes qu’en septembre dernier, à l’occasion de ma participation au fameux Trophée Cabanac. En 17 ans, il s’en passe des choses sur un lac et j’ai retrouvé un barrage bien différent de celui que j’avais connu début 2000. Tout d’abord, la population en carpes a tout simplement explosé ! Alors que le cheptel était correct en nombre et d’une moyenne élevée, autour des 13-14 kg en 2005, beaucoup des très gros poissons qui ont fait la célébrité des lieux sont aujourd’hui morts ou malheureusement envolés… Mais on trouve encore une très belle population de poissons entre 15 et 20 kg et un groupe plus restreint de spécimens s’approchant des 25 kg. En revanche, le plus impressionnant est la nouvelle génération montante de poisson de 10 kg, qui est simplement exceptionnelle et qui a littéralement changé la donne sur le lac. La répartition de ces différents groupes de carpes n’est pas uniforme. Ainsi, on trouvera les sujets petits et moyens de taille principalement sur le haut du lac et la zone du barrage. Les plus gros sujets se capturent en général dans la partie des gorges, qui est aussi le secteur le plus calme et le moins pêché, car non autorisé en pêche de nuit. Ces observations ne sont que des généralités et il ne faut pas les prendre au pied de la lettre, car au fil des saisons, tous les poissons se déplacent, notamment au printemps pour se rassembler sur le haut du lac à l’occasion de la fraie. Mais c’est incroyable comme l’approche technique s’est métamorphosée. Alors qu’autrefois, la pêche au spot avec quelques poignées de Tigers au pied d’une souche ou sur une pierre plate dans une pente était reine, aujourd’hui, on peut y réaliser de très belles pêches de rendement en amorçant au Spomb et en pêchant au zig ! La population en carpes ayant bien grandi, tout comme celles des silures, des grosses brèmes et des beaux gardons, la concurrence est rude entre les espèces pour trouver de la nourriture abondante ! Les amorçages bien entretenus sont donc devenus très productifs, principalement sur les trois secteurs de pêche de nuit que compte le lac. Ils sont ouverts toute l’année.

Retour pour une très belle compétition

L'hiver dernier, Pascal Magnetto, le boss de Daïwa France me contacte pour me demander si je suis intéressé pour faire le Trophée Cabanac. L’idée est de constituer une équipe sponsorisée avec un autre ambassadeur de la marque. Même si j’accepte directement la proposition de Pascal, je me pose pas mal de questions, puisque cela fait très longtemps que je n’ai pas mis les pieds à Cabanac et puis faire une compétition avec un binôme que l’on ne connaît absolument pas, c’est particulier ! Sans oublier que nous devrons communiquer en anglais ! Le Trophée Cabanac est l’un des enduros les plus prisés de France, puisque pour 55 équipes inscrites, l’organisation reçoit plus de 500 demandes ! Le niveau est très relevé, certaines équipes sont présentes chaque année et ont donc cumulé beaucoup d’expériences, de connaissances sur les meilleurs postes, les bonnes stratégies et le comportement des carpes quand la pression fait rage. Au printemps, une première édition spéciale a même eu lieu pour offrir aux trois premiers leur place pour le Trophée ! Daïwa souhaitait inscrire une équipe, puisque la célèbre marque nipponne est partenaire de l’événement et donne aussi un sérieux coup de main à la fédération d’Aveyron qui organise chaque été, pour des jeunes, des stages de pêche de la carpe à Cabanac. Je décide de partir deux jours avant le début des hostilités. C’est donc le 14 que je reprends cette route que je connais bien, empruntée à de nombreuses reprises autrefois. Je dois retrouver Salvo et Vita avec qui je ferai équipe. Eux sont venus de Slovénie en voiture ! On se retrouvera au camping de Cabanac, lieu de rencontre avec les autres équipes et PC de la compétition. La journée du 15 sera consacrée à la reconnaissance de chaque poste qui se verra attribuer une note en fonction de sa capacité à produire des carpes, son niveau d’encombrement, ses structures exploitables, sa position sur le linéaire, sa possibilité d’implantation pour trois, … Autant vous dire que la journée sera bien chargée. Heureusement, je suis descendu avec mon CAP360, son 15 CV et surtout mon Garmin Ecomap pour rapidement pouvoir cartographier chaque poste.

En soirée, tout le monde est convié au tirage au sort des postes. C’est un système particulier qui permet à toutes les équipes d’avoir au moins deux possibilités. Bien sûr, plus on est appelé tard pour choisir et moins il reste de bons postes ! Nous serons appelés dans les 35e et tirerons le 45 et le 18, deux postes dans les gorges, la peste ou le choléra. Mais il y a pire encore dans le panier, donc nous choisirons le 45 et ne risquerons pas un troisième tirage sec. La difficulté de ce poste réside dans sa configuration avec des berges abruptes qui plongent rapidement dans les 22 m et leurs fonds très encombrés avec des arbres entiers encore debout par-ci, par-là. On pourrait s’imaginer que de nombreuses carpes pouvaient apprécier les lieux, mais dommage, ce sont les silures qui ont colonisé le secteur. Très agressif, l’un d’entre eux m’arrachera des mains un marqueur d’amorçage alors que je tâtais le fond avec seulement un plomb à son extrémité ! On le sait déjà, la gagne n’est pas envisageable avec ce poste, alors, avec Salvo et Vita, nous décidons de faire comme si nous étions en session « normale » ensemble, avec comme objectif prendre des carpes bien sûr, mais aussi d’apprendre à se connaître et prendre du bon temps.

Une rencontre formidable

C’est la magie de notre passion ! Je ne compte plus le nombre de personnes que j’ai rencontrées grâce à la pêche ! Au bord de l’eau, sur des Salons ou bien sur le Net, les conversations commencent naturellement, tout comme parfois les amitiés qui s’ensuivent. Vous connaissez sans doute Salvo et Vita, « Nomad by fate », le couple qui pêche dans toute l’Europe et qui réalise des images et des vidéos magnifiques ! Comme vous, je ne les avais vus qu’au travers des articles de leurs aventures qu’ils nous partagent dans Média Carpe, entre autres. Et puis là, je les avais en face de moi et nous allions passer une semaine ensemble. Au premier abord, malgré sa grande taille, sa barbe et ses tatouages, c’est une grande gentillesse qui se dégage de la personnalité de Salvo, et comme ceux qui se ressemblent s’assemblent, Vita est adorable dès nos premiers mots en anglais ! Le courant passe immédiatement et nous savons que nous allons passer un bon moment au bord des eaux aveyronnaises. C’est une double découverte pour eux, car ils ne connaissent pas Cabanac et c’est la première fois qu’ils participent à une compétition. Sur notre poste, en extérieur de virage, sur une petite pointe rocheuse, on se répartit la zone de pêche. Salvo pêchera la bordure d’en face et moi notre berge et le mini bras mort très sale à notre droite. En cinq jours, on aura essayé beaucoup de choses, allant de l’assiette de Tigers, de bouillettes ou de graines toastées dans différentes profondeurs, jusqu’à la pêche au zig avec 12 m de bas de ligne sur un amorçage entretenu !

Au final, on sortira seulement quatre carpes calibrées entre 9,6 et 11,8 kg et, malgré un bon repérage pour bien localiser tous les obstacles, on perdra plusieurs poissons. Fidèle à mes habitudes, surtout quand il y a des risques d’accrocs, l’utilisation d’hameçons sans ardillon me permettra de rester serein malgré plusieurs casses enregistrées dans les branches omniprésentes. Tout comme la quinzaine d’équipes autour de nous, en aval et en amont, nous aurons la malchance de ne pas avoir d’importants bancs de carpes à stationner devant nous. Chaque poisson se méritera, mais c’est aussi ça le jeu de la compétition. C’est donner le meilleur de soi-même et espérer un petit coup de chance du destin qui vient, ou pas ! Ce sont finalement les montages au spot qui ont le plus payé, positionnés près d’une souche, sur un petit replat ou près d’une légère arrivée d’eau. C’est principalement les présentations bonhomme de neige avec une pop-up ou un Dumbel jaune fluo qui ont fait la différence dans ces eaux très claires. Les vainqueurs de l’édition étaient placés à la limite de navigation avant le barrage et avaient par chance les deux postes vacants de la compétition à leur droite. Avec des pêcheurs talentueux et une large zone sans pression, ils ont su garder les poissons devant eux et enchaîner les départs jusqu’à battre tous les records en nombre de prises réalisées par une même équipe pendant le trophée Cabanac, soit 86 carpes ! Bravo à eux.

Quand je cherche à me rappeler la dernière fois que j’ai pêché Cabanac, je me souviens que c’était en 2005, à l’occasion de la réalisation du double DVD Carpes en grands lacs pour Vidéotel. J’avais souhaité effectuer une séquence sur Cabanac puisqu’avec le Salagou et Saint-Cassien, il faisait partie des incontournables pour les amateurs de gros poissons et de pêche techniques en barrage. Je m’en souviens comme si c’était hier. Je me revois dans mon « carpboat » à traquer les poissons rassemblés avant le frai dans un dédale d’obstacles, au-dessus du Pont de Lous, très en amont sur le lac ! Aujourd’hui, la pêche a changé du tout au tout, mais ce n’est pas pour me déplaire, car je préfère maintenant largement les pêches à frapper du bord plutôt qu’embarquées ou nécessitant des déposes en bateau. On peut même y envisager des pêches de rendement ! Et ce qui m’étonne le plus, actuellement, c’est que ce lac qui était plutôt technique s’ouvre maintenant aux moins aguerris d’entre nous sur sa partie amont ! Son cheptel grandissant a redistribué complètement les cartes, au point que tout le monde, peu importe son niveau, peut s’amuser, apprendre et progresser dans différents types de pêche, sans avoir à changer de pièce d’eau ! C’est extrêmement rare et je ne connais aucun autre barrage capable d’offrir ce genre de possibilités.

Coordonnées utiles :

• Camping Brise du Lac, Jean-Christophe Gas : 06 8012 41 70
• Fédération de pêche d’Aveyron : 05 65 68 41 52
• Coordonnées GPS : 44.505774, 2.873957