Pêche de la carpe sur l'étang de Létrade

Les prévisions météorologiques pour les prochains jours sont plutôt bonnes pour le pêcheur, ciel clair et grosses températures en journée, mais froides la nuit. Concernant la pêche, ce ne sont pas celles que je préfère, surtout en cette saison, mais il faudra bien faire avec… Le plan d’eau de Létrade est situé sur la commune de Mérinchal, dans le département de la Creuse, à trente minutes de la ville d’Aubusson. Il est facilement accessible puisqu’il est situé à quelques centaines de mètres de la D941.

L’étang est une ancienne pisciculture. Sa création exacte n’est pas datée mais il apparaît sur les anciennes cartes de Cassini. Dans la famille de Pierre depuis cinq générations, il était encore voué à la pisciculture avant d’être ouvert à la pêche de la carpe l’année dernière. Il s’étend sur 12 ha et est entouré de champs et de prairies. Sa profondeur moyenne est d’un peu plus de 1 m avec une profondeur maxi qui dépasse 2 m à la chaussée. Le fond est sableux sur tout le pourtour, sur une distance variable selon les postes et ensuite on trouve un fond sablo-vaseux sur la majeure partie du plan d’eau. Un sondage méticuleux permet de découvrir des choses très intéressantes qui peuvent faire la différence en termes de touches. Huit postes sont aménagés avec un ponton en bois sur chaque. Ces pontons n’existaient pas auparavant et ont été construits pour les pêcheurs quand Pierre et ses associés ont décidé d’en faire un plan d’eau commercial. Ils sont finalement indispensables en permettant d’ouvrir les angles et on est ainsi en capacité de pêcher aussi bien l’extrême bordure que la pleine eau.

Confort

Vous trouverez sur chaque poste des toilettes sèches. Je n’étais pas habitué à un tel confort mais les propriétaires ont à cœur d’accueillir les pêcheurs du mieux possible et aussi de garder un site propre. Je dois dire que c’est particulièrement appréciable d’avoir la possibilité de se recueillir dans de bonnes conditions. La formule est simple, un sac sur un seau qu’il vous appartiendra de changer selon la fréquence de vos visites en ce lieu. Les sacs sont fournis ainsi que le nécessaire à une bonne hygiène. Les divers aménagements, pontons, toilettes ont nécessité un an et demi de travaux. Lors de ma visite, un point d’eau au niveau de la maison du lac était en cours d’installation, bien pratique pour refaire le plein et éviter de s’encombrer de stocks de bouteilles. L’installation d’une prise de courant était également en projet, afin de permettre le rechargement de vos batteries.

Les poissons

Le cheptel de l’étang était constitué en avril 2023 de 400 carpes minutieusement sélectionnées et issues de l’ancienne pisciculture. Ont été ajoutés 10 amours blancs et 3 esturgeons. En fin d’année ce premier empoissonnement a été complété par 60 autres carpes issues d’un étang voisin. La philosophie des propriétaires est de constituer un plan d’eau au cheptel équilibré et en aucun cas un étang surdensitaire. La quantité de nourriture naturelle, aidée par les amorçages des pêcheurs, a permis un fort grossissement des poissons dès la première année. Pour donner un ordre d’idée, le plus gros poisson aujourd’hui présent passait les 20 kg en fin d’année alors qu’il faisait 15 kg lors de l’empoissonnement quelques mois plus tôt. Pour l’équilibre du milieu, il y a aussi des gardons en bonne quantité, des perches et des brochets.

La pêche

Comme convenu, Pierre m’attend sur la chaussée devant la maison du lac. On prend le temps de boire un café pendant qu’il me présente son étang et les 8 postes aménagés. J’ai réservé le n° 6, sur le dernier tiers amont. Je pense que c’est un bon choix en ce tout début de printemps, misant sur les températures qui devraient monter tout le long de la semaine et faire bouger les poissons vers des zones moins profondes. Je serai seul sur l’étang, ça me laisse toute latitude de bouger d’un poste à un autre si besoin. J’en profiterai également pour faire le tour des différents emplacements et en apprendre un peu plus sur le plan d’eau. Le temps de gonfler le bateau au niveau de la mise à l’eau nouvellement aménagée et d’y loger tout mon matériel et je me dirige donc vers le poste 6, seulement accessible par ce moyen, comme les autres postes mis à part les 1 et 8 qui sont accessibles du bord. Des poissons se manifestent à différents endroits du plan d’eau, dont un juste devant le ponton du 6 au moment de mon arrivée. Ça sent bon !

Action

Je dépose sans attendre une flottante accompagnée d’un stick sur la zone où j’ai vu de l’activité et je commence l’aménagement de mon campement sous un soleil de printemps déjà bien chaud. Pierre me rejoint plus tard alors que je suis sur l’eau à explorer les différentes opportunités qu’offre ma zone de pêche. On échange une dernière fois avant qu’il ne rentre chez lui. Je lui dis que je suis confiant, ayant vu un beau regroupement de poissons, notamment juste en face de mon poste, au n° 4. Pour commencer, je prépare un coup légèrement amorcé en pleine eau qui recevra un montage en bonhomme de neige et je dépose deux montages dans le même esprit en bordures. Un en limite « dur, mou », l’autre franchement sur le dur à proximité de végétation immergée. La fin de journée se passe tranquillement, plus de signe d’activité mis à part des sauts réguliers sur la zone la plus profonde de l’étang. La nuit est froide, bien plus que je ne l’avais présagé. Je n’ai pas monté la façade de mon abri et je le regrette. Le matin, tout est gelé. J’aurais dû m’en douter, on est au mois de mars à plus de 700 m d’altitude. Ceux qui ont fait quelques séjours au camp d’entraînement de la Courtine tout proche savent de quoi je parle quant à la rudesse du climat par ici.

Premier bilan

Rien, nada, pas un bip, plus aucune activité sur ma zone. Les poissons se montrent toujours régulièrement vers la digue et ne semblent pas vouloir en bouger. Le soleil monte vite et la journée est anormalement chaude pour la saison. Quelques poissons croisent en surface. Aucun de mes appâts n’a été touché et j’ai reposé à l’identique, espérant que l’eau se réchauffe et mette les poissons en appétit. Dans l’après-midi, je dépose des chods sur le moindre signe d’activité mais rien n’y fait. Un grand nombre de poissons se fait bronzer au poste 5 à l’arrivée d’eau. Une bande de petites carpes qui ne me donnent pas envie de changer de poste. Le soir arrive, puis la nuit, toujours rien mis à part ces manifestations vers la large zone de la digue. Le lac est partagé en deux et les poissons ne se montrent jamais au-delà des postes 3 et 7… Il fait aussi froid que la nuit passée mais cette fois j’ai pris mes précautions. Le matin, je me dis que la partie est bien mal engagée, et Pierre qui prend de mes nouvelles commence à stresser. Il va falloir faire quelque chose ! Une fois mon petit-déjeuner avalé, je vais explorer la zone où j’ai vu et entendu bouger les carpes depuis mon arrivée. Il est un peu tôt et je n’observe rien qui me pousse à venir par ici. Je laisse passer la matinée et rebelote, l’activité reprend, toujours au même endroit. Cette fois, c’est décidé, je bouge ! Si les carpes ne veulent pas venir à moi, c’est moi qui irai à leur rencontre.

Changement de poste

Une heure après, je suis au poste 8. Un bon vent de face vient de se lever et les poissons se montrent partout sur ma bordure jusqu’au poste 7. C’est l’effervescence ! Vite fait je dépose deux sacs solubles de chaque côté du ponton, dans 50 cm à 1 m d’eau. Je n’ai pas le temps de vider mon bateau que la canne de gauche se plie. Une petite commune rentre enfin dans l’épuisette. J’ai à peine eu le temps d’envoyer cette bonne nouvelle à Pierre que c’est la canne de droite cette fois qui démarre avec à la clé une joie miroir capturée. Puis une autre sur la même canne quelques minutes après avoir redéposé le montage. Quand le soir arrive, j’ai capturé 5 poissons et le lendemain matin, j’en suis à 8 carpes dont le record du lac et deux autres très belles miroirs. C’est du délire ! Le matin le vent est tombé et les poissons ne se montrent quasiment plus. La journée qui suit est encore une fois très chaude et ce n’est que la nuit venue que je capturerai trois nouveaux poissons pour clôturer mon séjour sur l’étang.

Clap de fin

Je prends le temps de sécher et ranger mon matériel en attendant Pierrot, Boun et Bibi qui m’ont proposé de partager un barbecue avec eux avant mon départ. C’est sur la terrasse de la maison du lac qu’on se retrouve, également en compagnie de leurs adorables voisins, David et Michelle Faure, qui possèdent une exploitation agricole et les terres qui bordent l’étang. Ils ont créé un gite pour accueillir des familles qui auraient envie de concilier pêche et tourisme dans la région en proposant un hébergement tout confort juste au-dessus du plan d’eau. Le déjeuner partagé sera à l’image de mes hôtes, des plats généreux et d’une grande convivialité. Mais comme il n’est de bonne compagnie qui ne se quitte, il est temps de rentrer. J’ai passé un séjour des plus agréables sur l’étang de Létrade que je vous encourage à venir découvrir. Tout ici respire le calme et la tranquillité. Vous serez accueillis comme il se doit par des hôtes d’une grande gentillesse dans un cadre magnifique. Chaque poste, entouré de prairies et de sousbois, est un havre de paix. Une belle destination pour vos futures vacances.