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Le mythique lac de Saint-Cassien et la pêche de ses grosses carpes

S’il y a bien un lieu qui a fait couler des litres et des litres d’encre et qui a participé grandement à la popularité de la France sur la scène carpe internationale, c’est incontestablement le mythique lac de Saint-Cassien. Cet endroit légendaire a sûrement vu passer plus de pêcheurs de carpes toutes générations confondues que n’importe quel autre lac dans le monde. La beauté du site, le climat et l’ambiance ne sont pas les seules raisons de cette grande notoriété, les résidentes des lieux ont fait tourner la tête de beaucoup de pêcheurs. Certains y ont même consacré une vie, c’est dire. Alors, Saint-Cassien : mythe ou réalité?

Je pense que vous aurez tous situé le lac de Saint-Cassien, ne serait-ce que par les nombreuses photos d’ambiance que vous avez pu voir sur le Net ou dans votre magazine préféré. C’est bien dans le sud de la France que se trouve ce bijou provençal et plus exactement dans le sud est du département du Var et les communes des pays de Fayence. Saint-Cassien est un barrage d’une superficie de 450 hectares bordé par les communes de Montauroux, Callian (souvenez-vous du célèbre Bois de Callian du non moins célèbre Gérard Thevenon), du Tanneron et des Adrets-de-l’Estérel. Sa longueur est d’environ 7 km (du nord au sud) sur 3 km d’est en ouest, le barrage retenant quelque 60 millions de m³ d’eau. Il fut mis en service en 1966. Il était à l’origine destiné à l’alimentation en eau du sud-est du Var et de l’extrême sud-ouest des Alpes-Maritimes. Il a maintenant une double vocation. En plus de celle énoncée, il est devenu un site de production électrique. Saint-Cassien se divise en trois bras : le bras Nord, le plus profond avec un maximum de plus de 40 m de profondeur, son accès se fait essentiellement en bateau ; le bras Ouest, qui est le moins profond avec un maximum d’environ 15 m et sa célèbre réserve de Fondurane; et le bras Sud, avec une profondeur d’environ 20 m.

C’est sûrement ce poisson capturé en 1986 par Kevin Ellis, au poids complètement hallucinant de 34,450 kg.
Crédit photo : DR

Des poissons stars

Si ce lac a connu une si grande notoriété, c’est en particulier grâce aux grosses carpes qu’il abritait et qui, de génération en génération, ont fait tourner les têtes des spécimens hunters. Disons que cela commence en 1986, lorsqu’un très jeune pêcheur anglais (Kevin Ellis) y a pris un poisson monstrueux et exceptionnel pour l’époque, qui affichait au peson 35,2 kg. La petite histoire dit que, ce jour-là, Dave pêchait la carpe pour la deuxième fois de sa vie, imaginez sa réaction. Mais le poisson de Dave n’est pas le seul à avoir donné ses lettres de noblesse à cet endroit mythique. D’autres géantes allaient voir la lumière des projecteurs et donner, elles aussi, naissance à bien des vocations. Ces noms très évocateurs m’ont énormément fait rêver et à chaque fois que je prenais la route pour enquiller les 800 km qui séparaient ce lac de mon domicile, j’avais tous les noms de ces goliaths en tête : « Banana », « Thimothey », « Stella » qui a fait tourner la tête d’un véritable passionné et amoureux du lac, le très regretté Benoît Gueneau. Nul doute que Benoît et Stella sont maintenant des étoiles bienveillantes qui ont un œil sur le lac.

Mon ami Mark est un amoureux des grands espaces et après plusieurs semaines de vacances passées sur le lac, les choses ont semblé bien lui sourire.
Crédit photo : DR

Je n’oublierai pas la gigantesque miroir « Bernardette », capturée par mon regretté ami Bernard Hesse dit « Berny », autre passionné du lac. Je me souviendrai toujours des conversations téléphoniques lorsque j’étais en session à Cassien, depuis mon zodiac, où Bernard me donnait les coordonnées exactes où il avait capturé cette géante dans le bras Sud. Je me devais de rendre hommage à ces deux pêcheurs d’exception qui ont, chacun à leur façon, marqué l’histoire du lac. D’autres poissons un peu moins gros, mais tout aussi beaux et légendaires, sont venus compléter la liste déjà longue de ces carpes atypiques. Vous avez sûrement déjà entendu les noms évocateurs d’Obélix et de Fleur. Ces carpes n’atteignaient certes pas la barre mythique de certaines de leurs consœurs, mais avaient des écaillures et une beauté particulière. Certains de ces poissons stars ne nagent malheureusement plus dans le lac et ont été retrouvés morts de vieillesse sûrement. Si ce lac a eu un si grand succès, c’est aussi parce que des pêcheurs de légende ont foulé ses berges, avec pour certains, une réelle obsession, les frères Van Den Hoven et Steve Briggs entre autres, mais aussi plus proche de nous, mon ami Didier Cottin qui a voué sa vie de pêcheur à ce lac. Depuis les premiers carpistes des années 1980, le lac n’a jamais cessé d’être convoité, la pression de pêche était énorme et venait des quatre coins du globe. On pouvait même à certains moments voir au bord du lac des bivies ornés de drapeaux qui affichaient fièrement la nationalité des pêcheurs présents. La pêche de nuit étant autorisée, la pression de pêche était énorme et certains avaient carrément élu domicile sur le lac. On peut véritablement parler de squats. J’ai vu des scènes complètement hallucinantes, comme ce duo de pêcheurs allemands patientant à la fin de l’hiver dans la réserve de Fondurane, quasi à sec, que les eaux montent et que les poissons s’y rendent. J’avoue n’avoir jamais vu ça auparavant. J’ai même été spectateur d’une bagarre entre deux tour-opérateurs qui se disputaient la très convoitée pointe de Kevin Ellis dans le bras Ouest. Il faut dire que la convoitise de ce lac a donné des noms à de nombreux postes de pêche dans les trois bras (voir la carte).

Attention, malgré le fait que les gros poissons nageaient en masse, Cassien n’en restait pas moins une eau très difficile. Beaucoup de pêcheurs pouvaient passer des semaines entières sans avoir la moindre touche. Le lac a connu une époque un peu anarchique avec beaucoup de dérives et, victime de son succès, les instances dirigeantes ont décidé d’y interdire la pêche de nuit. Vous imaginez bien le tollé que cette interdiction a pu générer, mais cela n’a pas empêché une grande population de pêcheurs de braver ces interdits. D’années en années, la garderie est devenue plus intransigeante. La fréquentation des berges a tout naturellement diminué et l’on a pu reprendre régulièrement des carpes en pleine journée, chose qui était à un moment devenue très difficile. Les réserves, elles aussi, ont été agrandies pour laisser plus de zones de quiétude aux poissons. Toutes ces interdictions n’ont pas pour autant fait baisser les bras de certains aficionados. Un vrai passionné de Cassien portera toujours le lac dans son cœur malgré les interdits mis en place et je pense en particulier à mon ami Cédric, qui a voué une grande partie de sa vie de pêcheur au lac, avec une connaissance et une réussite exceptionnelles, un nombre impressionnant de gros poissons du lac à son actif, et ce, à différentes époques. Comme toujours, l’investissement personnel important apporte à un moment ou un autre la satisfaction. Cédric le sait mieux que quiconque, et cette même obsession lui a souvent réussi. Malgré tout, il est devenu extrêmement difficile de sortir des sentiers battus, car je ne connais pas un seul endroit du lac qui n’ait été exploité et où une bouillette n’est pas tombée. Les carpes ont goûté à toutes les saveurs existantes et ont vu toutes les présentations possibles. J’ai moi-même constaté l’extrême méfiance des poissons du lac, quand parfois tout l’amorçage avait été nettoyé et qu’il n’y restait que l’esche piégée, sans jamais n’avoir eu le moindre bip.

Une génération de pêcheurs, mais aussi de pêcheuses amoureuses de Cassien.
Crédit photo : DR

Et maintenant ?

Certes, vous ne pourrez plus courir après certains poissons qui vous ont fait rêver, mais le taux de grossissement d’autres poissons est tel que d’autres générations natives du lac ou arrivées par empoissonnement atteignent, elles aussi, des poids records. On voit ces dernières années une population de poissons qui explose et certains sujets qui dépassent maintenant les barres mythiques. Je pense notamment à quelques très grosses communes prises ces derniers temps. Par effet papillon, la pression de pêche ayant fortement diminué avec l’interdiction de pêche de nuit, nous ne sommes pas à l’abri d’avoir de très belles surprises dans les mois et années à venir. Cependant, l’investissement est peut-être encore plus chronophage qu’avant. Rester sur les berges la nuit sans pêcher n’est malheureusement pas autorisé et c’est donc toute une logistique qu’il faut mettre en place, la meilleure solution étant de prendre une place dans les campings avoisinants et de se lever aux aurores tous les matins pour se rendre sur le poste convoité. Si l’opération est relativement simple dans les bras Ouest ou Sud, elle demande un peu plus de temps lorsque vous voulez vous enfoncer dans les abysses du bras Nord. Charger et décharger son embarcation tous les jours mérite toutefois d’être réalisé, et en voyageant light on peut être en action de pêche dès les premières lueurs du jour.

Le bras Sud, très convoité pour ses gros poissons sédentaires…
Crédit photo : Media Carpe

D’autres paramètres viendront vous compliquer la tâche : la population grandissante de silures avec quelques très gros sujets, dont des albinos, la forte activité touristique en été où il faudra accepter d’être dérangé et se voir déplacer les repères par les très nombreux baigneurs. Le bras Nord reste un endroit un peu plus calme en été, si vous n’aimez pas la foule des grands jours. Cassien semble reprendre toutefois un second souffle et certains passionnés motivés travaillent en bonne intelligence avec les AAPPMA pour plus de souplesse et une meilleure gestion. Un bel empoissonnement a été réalisé récemment à leur initiative et les instances dirigeantes autorisent même le déroulement d’une compétition conviviale et bien gérée, le trophée Saint-Cassien. Cette compétition très convoitée permettra sûrement à l’avenir de dévoiler de nouveaux gros sujets supplémentaires qui nagent dans le lac, puisque durant cette semaine la pêche de nuit y est naturellement autorisée. Le reste de l’année, en absence de pêche de nuit, il est évident que vous aurez plus de chance de pêcher des postes clés qui étaient tous pris il y a une dizaine d’années. C’est aussi pourquoi l’engouement du lac connaît toujours une belle popularité auprès des pêcheurs locaux bien sûr, des passionnés qui ne craignent pas d’avaler les kilomètres et ceux pour qui rien que le nom de Cassien évoque une forte excitation et les rêves les plus fous. Une fois n’est pas coutume, et c’est souvent nécessaire lorsque l’on cible particulièrement des très gros poissons, l’échange d’informations entre pêcheurs responsables et passionnés doit être de mise. D’autant plus que Cassien est très loin d’être un endroit confidentiel: tout pêcheur sait qu’il y nage de gros sujets.

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