La rivière Moselle s’étend sur 3 pays frontaliers, la France avec 313 kilomètres de berges, le Luxembourg et l’Allemagne. Elle a de nombreux affluents, la Meurthe, la Seille, l’Orne etc. Elle prend sa source dans le massif des Vosges à Bussang et se jette dans le Rhin à Coblence, en Allemagne. Nous allons donc descendre cette rivière et faire une présentation des endroits les plus intéressants et prolifiques pour notre pêche car, aussi poissonneuse soit-elle, elle a aussi son lot de complexités. Cela fera sans nul doute gagner un temps précieux à tous ceux qui souhaiteraient s’y aventurer, car une vie de pêcheur ne suffirait pas à en percer tous les mystères.
Épinal
Nous démarrerons donc par le département des Vosges qui, je dois l’avouer, est loin d’être le plus intéressant, même si vous trouverez les premiers parcours de nuit à proximité d’Épinal (Chavelot). L’endroit y est certes beau et paisible, mais les poissons qui nagent sur ce secteur sont de tailles relativement modestes. Mème si nous ne sommes pas ici pour faire le déballage des spots à carpes Goliath de la rivière, connaissant son potentiel je préfère vous emmener directement sur les lieux les plus intéressants.
De Bayon à Flavigny
Nous allons donc redescendre tranquillement vers le département de la Meurthe et Moselle (54) et nous arrêter quelques instants sur les tronçons partant de la ville de Bayon, passant par Tonnoy en direction de Flavigny. Ici, on notera 4 points intéressants : le caractère sauvage de la rivière, un accès relativement aisé, l’absence de navigation et des beaux poissons ! Sur ces secteurs, la rivière n’est pas très large, ni très profonde mais ne vous fiez pas à cela car nagent ici de très beaux sujets. Ce pourrait être votre première occasion de rencontrer avec une véritable « Mosellane ». Les nombreux lacets, virages, îlots, plages de sable et arbres immergés sur cette partie de la Moselle vous donnent des possibilités considérables de choix de postes. Les fonds et profondeurs sont très changeants, il vous faudra donc une bonne observation, un sondage minutieux mais aussi et comme toujours un investissement personnel certain.
Marron
Laissons-nous porter maintenant un peu plus haut dans le département, jusqu’à la ville de Neuves-Maisons, où les choses sérieuses vont vraiment commencer. Les amateurs de pêches fortes auront tout loisir de se mesurer aux résidentes des lieux et comprendront vite pourquoi cette rivière est devenue un des hauts lieux de la pêche en Europe. Les premiers secteurs à noter sont ceux qui débutent au pied de la ville de Marron. Cet endroit est rejoint par le canal de l’Est entraînant une navigation commerciale. Même si cela complique toujours un peu la chose pour certains, elle apporte aussi une configuration différente et fait que les grosses carpes s’y tiennent bien. Sur ces différents biefs de très jolis et gros poissons ont souvent été glissés à l’épuisette, forgeant ainsi la réputation de la Moselle. Attention toutefois à ces endroits, à vos stratégies d’amorçage. Les silures, de plus en plus nombreux sur nos rivières, auront vite fait de venir perturber votre zone, même si nous savons tous que les plus grosses carpes n’ont pas de souci à cohabiter avec les moustachus.
Aingeray
La complexité augmente en arrivant sur le secteur d’Aingeray, qui vous emmènera jusqu’à Fontenoy sur Moselle. Même si Aingeray a connu de nombreuses captures de beaux sujets, il n’en reste pas moins un secteur difficile du fait de l’élargissement de la rivière et la configuration très changeante des fonds. Cette zone est pour moi un véritable passage. Il ne faudra pas hésiter à placer des lignes à longues distances, bien « backleadées », pour intercepter les carpes voyageuses. La berge face au secteur de nuit d’Aingeray est relativement sauvage et peu profonde. Il est fréquent d’y enregistrer des touches, même en pleine journée. J’utilise cette technique imparable de plusieurs backleads pour pêcher à plus ou moins longue distance en rivière, sans être dérangé par la navigation. Veillez juste à déposer un backlead relativement lourd à l’endroit le plus profond du chenal ; vos lignes resteront ainsi pêchantes même en cas de forte navigation. Le seul petit bémol, ce sont les gros enrochements des pentes du chenal qui rendent obligatoire l’utilisation du bateau pour assurer les combats, mais aussi à chaque changement de montage. Rassurez-vous, la navigation faiblit sensiblement la nuit et devient même parfois inexistante.
Fontenoy-sur-Moselle
Après Aingeray, nous arriverons vite à Fontenoy-sur-Moselle, bief où j’ai passé énormément de temps pour cibler les belles résidentes des lieux. La rivière devient plus sauvage, les fonds plus chaotiques et les berges très encombrées suspectent la présence de grosses carpes résidentes. De très gros poissons sédentaires ou non ont été attrapés sur ce secteur et ne vous laissez pas berner par le semblant de virginité de celui-ci c’est un endroit qui a été très pêché. Les amoureux de paysages de rivières sauvages et de poissons puissants trouveront en ce bief un terrain de jeu parfait.
Toul
Nous passerons rapidement sur les secteurs du Toulois et notamment Pierre la Treiche car même si l’endroit est aussi magnifique, je sais de source sûre que de très nombreux poissons de ces endroits ont quitté les lieux pour des eaux closes. Comme beaucoup de nos eaux françaises, la Moselle a aussi son lot d’histoires sombres, concernant les pratiques peu scrupuleuses et le déplacement de poissons.
Pont-à-Mousson
Reprenons la route en direction de Metz, pour nous arrêter et poser nos bivies sur les rives de la Moselle, aux alentours de la ville de Pont à Mousson. C’est pour moi le véritable épicentre des secteurs à gros poissons de la Moselle. À certains endroits la navigation est détournée et l’aspect sauvage de la rivière retrouve toute sa splendeur. Je ne saurais que trop vous conseiller les secteurs de Loisy, Blénod et Vandières, entre autres. Ici la rivière n’est pas très large, mais les obstacles qui bordent les berges et la profondeur moyenne du chenal en font des endroits à très forts potentiels. Pour les baroudeurs les plus courageux, certaines zones uniquement accessibles en bateau donnent accès à de véritables petits paradis. Rassurez-vous il ne vous faudra pas naviguer très longtemps pour trouver une zone de pêche accueillante. Attention là aussi à ne pas faire n’importe quoi. Pont à Mousson est un haut lieu de la pêche aux silures dans la région. Nous ne pouvions pas parler de cette ville sans évoquer la centrale EDF de Blénod, un incontournable pour la pêche en hiver sur la rivière. En effet, la centrale rejette fréquemment ses eaux chaudes dans la rivière et, même si sur ce point la réglementation devient de plus en plus drastique, inutile de vous dire qu’aux abords de ces eaux plus chaudes les carpes se tiennent en nombre lorsqu’ailleurs les températures chutent.
Metz
L’escapade continue jusqu’à la célèbre ville de Metz où là aussi l’intérêt pour la pêche est énorme. J’ai passé ce bief au crible jusqu’à la centrale EDF de la Maxe et sa célèbre darse. Avec des centaines et des centaines d’heures de pratique sur ce bief, je suis intimement convaincu que les vraies géantes de Moselle nagent ici. Le bief est long d’une dizaine de kilomètres. La nourriture naturelle est omniprésente, les fonds tortueux, une ouverture donne sur les eaux chaudes de la centrale de la Maxe, des presqu’îles, des virages et des amortis sont les particularismes de ce secteur de Moselle, sûrement l’un des plus propice à la pêche des plus gros sujets. Gardons la tête froide, rien n’est jamais acquis facilement et la pêche est ici relativement complexe à cause de la forte navigation fluviale et même parfois la nuit. Pour pallier ce problème je ne saurais trop vous conseiller de vous installer sur la berge la plus éloignée du chenal afin de placer vos montages sans crainte et d’éviter ainsi les énormes mouvements d’eau dus aux véritables paquebots qui naviguent ici. De vraies géantes de Moselle ont croisé le fer ici avec la prise de sujets de plus de 30 kg. J’ai moi-même eu la chance de glisser à l’épuisette, sur ce bief, une énorme commune. Les incontournables hotspots sont les alentours du port de Metz, de la base militaire du 2e Régiment du Génie, du vieux moulin ainsi que la célèbre presqu’île se trouvant face aux silos céréaliers. De plus, la totalité de ce bief est ouverte à la pêche de nuit.
Vers le Luxembourg
Vous n’aurez que l’embarras du choix car les AAPPMA jouent ici fortement le jeu des carpistes, puisqu’en remontant sur la ville de Thionville, à l’aspect plus industrialisé dû à ses nombreux bassins houillers, jusqu’au Luxembourg, vous aurez quasiment plus de 30 km de berges en parcours de nuit, c’est dire les innombrables possibilités qui s’offrent à vous. Vous découvrirez ici ce que l’on appelle la vallée de Moselle, des routes très accessibles et tout aussi magnifique et bordée par les célèbres vignes de Moselle.
Focus sur le matériel
Vous aurez compris que la pêche en Moselle n’est pas une pêche de « finesse ». Pour clore ce chapitre, vous imaginez bien que les tresses et nylons de forts diamètres sont fortement préconisés pour parer aux différentes aspérités du fond; les têtes de lignes ne doivent pas descendre en dessous de 60 centièmes, personnellement, je n’hésite pas à monter à 80 centièmes. Côté hameçons je ne descends jamais en dessous des tailles 1 et 2, forts de fer, qui conviennent parfaitement aux bouches dures et disproportionnées des géantes de Moselle. Certains pêcheurs passent l’intégralité de leurs temps de pêche sur cette majestueuse rivière, assemblant petit à petit les pièces du puzzle, chaque année apportant la découverte de nouveaux poissons aussi beaux que gigantesques. C’est aussi cette part de mystère et de rêve qu’un pêcheur de rivière vient chercher. Même si on peut recenser certains gros sujets et poissons sédentaires, nous ne connaîtrons jamais le cheptel exact d’une eau courante aussi grande. En rivière, toutes les surprises sont possibles et en Moselle, bien plus qu’ailleurs.