Dans les magasins de pêche, on peut souvent distinguer 2 principaux types de couvertures.
La couverture étanche « simple » en polyester fin, qui a l’avantage d’être légère, compacte (reste pliée dans le bed) et suffisamment respirante. Ce dernier point est intéressant lorsque l’on choisit de ne s’abriter qu’avec une couv’, qu’il pleut et que l’on doit garder la tête en dessous toute la nuit. Au fil des années d’utilisation, ces couvertures nécessitent une réimperméabilisation, notamment au niveau des coutures transversales qui sont souvent les points de faiblesse à l’étanchéité. Pour une cinquantaine d’euros, on trouve des choses tout à fait performantes dans cette catégorie. Attention cependant, certaines couvertures ont d’avantage des objectifs d’ordre thermiques et sont aussi étanches qu’un pull en laine. Il y a moyen de faire la paupiette dedans mais si le ciel se met à pisser, ça peut vite tourner au drame psychologique. Si votre objectif est de rester au sec, autant acheter une bâche « top budget » de chez lidl-price-eco+ (qui elle aussi rend bien des services au bord de l’eau d’ailleurs). Les grandes marques jouant souvent le jeu des « thermal cover », le risque de se tromper est bien présent.
La couv’ un peu plus hi-tech en bâche PVC épaisse, type « bâche a camion », avec des œillets dans les angles, permettant ainsi de surélever (et/ou fixer au sol) un angle coté tête, tout en la maintenant clipée sur le cadre du plumard au niveau des pieds. Cette option est intéressante, car ce type de couv’ n’est pas spécialement agréable à porter sur le corps toute une nuit puisqu’elle est lourde, rigide et donc un peu étouffante. En revanche, elle a une étanchéité à toute épreuve et avec un peu d’organisation et une logistique adaptée, elle peut devenir l’unique abri d’une session de plusieurs jours, même lorsque les conditions n’invitent pas à passer la nuit en slibard/claquettes. Pour surélever un angle « comme sur les photos de promo », prévoir un bon gros mat bien rigide et un sol accueillant pour bien l’enfoncer car le dispositif pèse un peu lourd. Un bout de corde accroché à une branche en hauteur sera au moins aussi stable, et vous ne vous endormirez pas avec l’angoisse de vous taper le piquet en pleine tronche en cas de départ nocturne. Pour ce type de produit, le budget est souvent un peu plus élevé, et il faut souvent compter 70/80 euros. La fabrication artisanale est également une solution largement envisageable, sans doute la meilleure et la plus économique, à condition d’avoir à disposition une bonne machine à coudre, des compétences qui vont avec, et de travailler sur une matière première sérieuse. Il sera alors possible d’adapter « au millimètre » selon vos besoins, la taille de votre bed, etc.… Les customiseur de « carpboat » ont parfois recours à ce genre de création pour créer des abris. Comme pour les biwy et abris, je ne me suis jamais « amusé » à compter le nombre de têtes hydrostatiques (terme à la mode depuis quelques années, à croire qu’avant rien n’était étanche), et étant peu sensible aux arguments commerciaux sur les fiches techniques, je réduis mon choix à ce seul critère : soit c’est étanche, soit ça ne l’est pas !
Divers usages et usages d’hiver…
Dans bien des cas, et si l’on n’est pas très à cheval sur les conditions de confort à la pêche, la « couvétanche » est bien suffisante lorsque l’objectif est de passer quelques heures en activité au bord de l’eau quel que soit le temps. Son usage exclusif (c’est-à-dire sans « adjonction » d’autres abris) permet de gagner un temps fou en install’-désinstallation, du volume lors des transports et du poids pour faciliter la manutention, car c’est bien plus « rachis lombaire-friendly » de se balader avec un drap plié sous le bras que de trimballer une grosse guitoune full option avec des mats en fonte. Outre sa mise en œuvre on ne peut plus rapide (on déplie et c’est fini), elle vous permettra de garder votre motivation au sec même là où il n’est pas possible de monter un abri classique comme un rocher, une pile de pont, un ponton, un quai, une écluse, une petite embarcation… Aussi, si vous avez à naviguer sous la pluie, elle saura protéger votre matériel le temps de la traversée. Pour des pêches de quelques heures (sans bed-chair), on a à la fois le coussin parfait s’il fait beau, la toile au-dessus de la tête s’il pleut, le pare-vent s’il y a de la houle, et avec un peu d’imagination, le voile de camouflage si le « GIGN de la pêche » vous court après. Pour les pêches « plus lourdes », on peut bien sûr l’employer en complément d’un abri léger, parfois trop court pour protéger entièrement un bed notamment si les vents tournent. Si vous avez le syndrome McGyver, quelques colliers type « colson » et une ou deux pinces serre-joint, permettent d’établir un bricolage qui peut vous éviter de passer la nuit en PLS à téter son pouce et attendre que les minutes s’égrènent inlassablement… Enfin, sur les périodes froides, elle saura apporter la petite couche thermique supplémentaire qui ne fait jamais de mal aux orteils, même lorsque le temps est sec. En été, elle saura remplacer avantageusement un duvet parfois un peu trop chaud… D’une manière plus générale, quel plaisir de s’endormir « à la belle étoile » et d’ouvrir les yeux au petit matin juste en dessous d’un écureuil suspendu à une branche, curieux d’observer cette étrange paupiette kaki qui ronfle. Dans bien d’autres circonstances enfin, elles peuvent avoir moult applications insoupçonnées de prime abord… Sans pousser le vice jusqu’à vouloir vous faire croire que c’est l’objet préféré des ménagères de plus de 50 ans, on ne peut lui enlever certaines vertus en usage un peu plus « domestique »: s’en servir comme drap de pique-nique champêtre (avec sa dulcinée lorsque les cieux sont au beau fixe, par exemple), y envelopper des objets fragiles lors de transport/déménagements, protéger ponctuellement du matériel électrique lors d’événements extérieurs (genre la sono-roulante de DJ JeanMich’ à la foire au pigeon de Pérignoux en Vexin, qui a traditionnellement lieu sous les ondées du mois de Mars), assurer ses sièges de voitures du jus de graine fermenté ou d’un bébé diarrhéique, assurer le toit de sa voiture lorsqu’on y glisse un zodiac, ranger une personne (ivre?) qui s’endort « là », ou que sais-je encore… Tant d’application pour un si petit objet ? Et oui, et mon petit doigt me dit que le xxie siècle n’a peut-être pas fini de nous livrer toutes ses surprises encore !
En espérant que ces quelques lignes auront convaincu les derniers réfractaires à une protection maximale (tout parallèle fait à une situation sanitaire n’est que pure coïncidence), je me permets de terminer sur ce médiocre plagiat d’une fable bien connu.
« La trombe d’eau et le gros naze »
Maître carpeux à son rêve accroché,
Squattait sur son bed en naufrage.
Maître nuage de sa perfide volonté
Lui pissait abondamment au visage.
« Quel crétin suis-je, car de mon infini budget dépensé,
J’ai pensé à emplir ma boîte d’accessoires improbables,
Des cannes les plus puissantes au meilleur des câbles,
Ma taie d’oreiller ornée d’un logo
Pèse à présent 12 kilos et dans ma tête, les idées prennent l’eau »
À ces mots, maître nuage s’en battu la couenne
Et pour soulager son âme triste,
De plus belle ouvrit les vannes
Sur le crâne du malheureux carpiste