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10 conseils pour bien pêcher la carpe en grands lacs

Depuis le premier jour, ce sont les lacs qui me font vibrer, je serais bien incapable de m’en défaire. Les grands espaces font rêver pour ce qu’ils recèlent de mystères, pour leur ambiance, les souches de carpes caractéristiques. Ces lieux chargés d’histoires locales très fortes résonnent encore en nous malgré les décennies. Ils ont fait naître la passion de notre art dans les années 1990 et 2000.

1. Le choix de la destination

Nous avons tous dans le coin de notre tête un lieu qui nous intéresse plus que les autres. Il peut s’agir d’un lac de montagne, de barrage ou de plaine, peu importe. Je pense qu’il faut d’abord s’accrocher à votre désir ou ce rêve pour que ce soit le plus motivant possible pour vous. Pour bien pêcher un lac il faut pouvoir s’y rendre assez régulièrement pour se familiariser avec lui et connaître au fil des sessions et des saisons certains détails importants pour l’aborder toujours mieux. Votre choix pourra se faire en fonction de son cheptel, du nombre de pêcheurs, de sa médiatisation ou bien de son environnement et de l’ambiance qu’il dégage. N’oubliez pas que plus un lac est médiatisé, plus il est généralement fréquenté et donc compliqué. Ce n’est pas toujours le cas car j’en connais certains qui restent très difficiles tant les carpes sont rares et la nourriture naturelle abondante. Tentez donc tout d’abord de bien vous renseigner dans les plus grandes lignes auprès d’autres pêcheurs sans forceps !

2. Consacrer plus de temps au repérage plus qu'à la pêche

Dans un premier temps il est nécessaire de regarder le lac sous toutes ses coutures sur une carte pour tenter de comprendre son fonctionnement ; c’est-à-dire s’il est de niveau constant, s’il est soumis à des périodes de marnage. De nombreuses AAPPMA et fédérations départementales ont largement évolué dans leurs systèmes de communication et présentent généralement des sites internet avec des informations précises et à jour. Lors de vos premières sorties il sera important d’effectuer le tour des secteurs avant de jeter les dés sur un site qui semble prometteur. Je serais même tenté de vous dire qu’il est primordial de se rendre compte par vous-même de la réalité du terrain car les choses seront forcément différentes de ce qu’on vous a raconté de vive voix ou derrière un écran. Si vous êtes courageux il est épuisant mais très enrichissant de s’arrêter sur des secteurs pour une ou deux nuits afin de reconnaître les postes. Ce repérage de « survol » à l’inconnu permet de multiplier les chances de trouver des carpes et d’éviter le capot ; rien n’empêche de prolonger le bonheur si la pêche est bonne !

3. Être réactif et se débarasser du surplus

Effectivement lorsqu’on part en lac on s’imagine partir avec un tas de matériel très important, trop important. Je pense que pour réussir nous de vons oublier les influenceurs, la mode, le confort et se contenter du strict minimum pour pouvoir bouger rapidement sans perdre trop d’énergie. N’oubliez tout de même pas quelques slips de rechange par souci d’hygiène car souvent en lac on en… sue des litres ! Et puis une pelle pour enterrer ce qui sort de la partie du corps qui ressemble à la lune ne sera jamais de trop ! L’idée de devoir bouger nous démotive énormément à cause de notre fourbi, mais à quoi bon rester sur un poste qui est vierge de carpe ? L’ayant trop souvent vécu, quand les résultats sont nuls et que rien ne se manifeste c’est que les carpes ne sont généralement pas là, il faut bouger, rapidement, et tenter de mieux se placer. Aujourd’hui des moyens techniques comme le drone facilitent la localisation des poissons parfois à 100 % ; c’est un outil extraordinaire mais qui ne développe malheureusement pas le sens de l’eau de son utilisateur. Se diriger vers la facilité peut être sympa à l’occasion, mais au quotidien elle ne nous incite ni à la réflexion ni à comprendre par soi-même ! Les exemples sont déjà tellement nombreux dans notre quotidien !

4. Choisissez un matériel polyvalent

Pour la majorité de mes pêches j’utilise maintenant le même matériel de pêche, de couchage et d’abris. Seule la quantité d’amorçage peut évoluer. Et encore… Sur bien des lacs il n’est plus nécessaire d’en mettre des kilos pour réussir ; au contraire, on fait plutôt fuir tout le monde ! Donc si le blanc n’est pas abondant, contentez-vous de quelques kilos d’amorces. Si le temps est clément je me contente d’une surcouverture d’hiver ou à filet, ou bien d’un simple parasol de trois mètres. Mon bed-chair tient bien dessous et est à l’abri de la pluie. Je le recouvre d’une moustiquaire uniquement en présence de nos plus fervents suceurs d’hémoglobine. Tout mon fourbi tient dessous et à côté dans mon grand sac à dos. J’emploie un biwy pour les plus mauvaises conditions. Pour la pêche je sors généralement mes cannes Scope de 3 livres et de 10 pieds qui sont peu encombrantes et indéniablement polyvalentes accompagnées par des petits moulinets Scope. Désormais je préfère le côté baroudeur et minimaliste. Je trouve que l’inconfort (s’il en est encore avec nos technologies), réveille le charme de notre amour voué à l’environnement. Il me remémore la Passion originelle, lorsque je n’avais pas encore le matériel que je pensais obligatoire mais certainement déjà excessif. Nous sommes au bord de l’eau pour pêcher mais n’oubliez pas l’environnement, observez-le, intéressez-vous à lui, n’allez pas à la pêche que pour prendre des poissons. Notre passion est d’abord bien autre chose et je vous invite à chercher ce que c’est à chaque fois que vous y êtes ; philosophez !

5. Se démarquer des autres

Les habitantes d’un lac, aussi grand soit-il, sont sensibles à nos actions, véritablement très sensibles. Elles sont tout aussi réceptives que n’importe où ailleurs et peuvent déserter des zones le temps nécessaire pour être tranquilles ; c’est-à-dire de quelques heures à des années. Les spots les plus connus de certaines grandes eaux appartiennent parfois au passé. Souvent les pêcheurs se copient, il existe des modes selon certaines régions : on dit que ça part mieux avec des tigers, à la 15, au calot, et même à la mousse jaune, sans vouloir vous mettre trop la pression ! Si cela peut se révéler exact les choses ne sont pas éternelles et je vous invite à pêcher tout d’abord comme vous le faites habituellement pour être en totale confiance avec ce que vous faites, et ainsi vous concentrer sur la localisation. Vous aurez ensuite tout le temps nécessaire pour changer de stratégie, d’appâts… Savoir écouter et observer ce que font la majorité des autres, c’est deviner où se trouvent les carpes et à quoi il serait préférable de les pêcher. Alors, si la tendance est de pratiquer les bordures, tentez une canne à plus longue distance, et inversement. D’ailleurs la pêche de bordure peut réellement se faire au pied des cannes dans moins d’un mètre d’eau. On ne soupçonne pas ce dont sont capables les poissons ! Évitez les mauvais bruits dès que vous le pouvez : moteur, échosondeur, amorçage au spod, tresses, repères et tentez de limiter le nombre de vos cannes. Un exemple : si l’eau est très claire, essayer de pêcher ce que vous voyez à vue d’œil filtré par de bonnes polarisantes. Cela vous permettra d’oublier de sortir l’écho, le moteur et de tendre loin, trois sons que les poissons connaissent trop bien. On ne sait jamais, sur une première nuit, ça se tente !?

6. L'amorçage

Si vous savez que les poissons sont présents, tentez de les capturer avec le minimum d’amorçage. Les poissons sont tellement sollicités avec tous types d’appâts qu’il est aujourd’hui préférable de se limiter à quelques poignées de billes ou particules bien éparpillées autour de votre montage. Trop concentré ou trop lourd, l’amorçage peut être rapidement considéré comme un danger. De même si vous tentez de construire un amorçage à long, moyen et court terme ; vous devrez être certain de cibler une zone où les poissons sont bien présents au risque de gâcher de l’énergie et de l’argent. Je ne suis pas fada du long terme, car ça m’ennuie et par chez moi ça ne fonctionne pas bien. Je mesure aussi le risque de voir un autre pêcheur sur le secteur et cela me stresse. J’essaie de faire différemment et sur un temps réduit. Contrairement aux légendes, je trouve que ça marche assez bien sous certaines licences. Quand je réalise cette technique je ne viens pas pour pêcher une semaine, ni pour vider le lac ; mais pour une ou deux nuits. J’amorce tous les jours ou tous les deux jours selon le temps dont je dispose. J’amorce très peu sur deux ou trois zones. L’amorçage est épars s’il s’agit de bouillettes et plus concentré s’il s’agit de graines dans l’idée de ne pas effaroucher nos belles dorées. Pour exemple sur un spot j’éparpille trois ou quatre louches de graines ou poignées de billes sur une surface de 15 mètres sur 15 ; c’est peu, mais ce n’est pas pour accoutumer, ni faire rappliquer tout le monde. Moins on amorce, moins on attire les blancs et les silures. Vous devrez trouver la juste mesure en fonction de la saison, de l’endroit et du lac. Tout cela pour essayer de prendre une carpe, car oui les lacs sont parfois bien compliqués et la réalité de cette pêche c’est celle là, capturer un véritable poisson, le mériter. Mais quand les pla nètes s’alignent on peut encore réaliser de beaux cartons et allonger soigneusement quelques géantes sur les tapis humides. C’est dur, mais c’est la réalité de la pêche à la carpe que j’aime.

7. Tentez la journée

Pêcher un lac ne se résume pas aux longues pêches d’attente la nuit. Si cela est possible expérimentez les pêches de journée. Vous pouvez par courir les berges autorisées en mode repérage et vous poser « où vous le sentez » avec une ou deux cannes. Il est aussi possible de pratiquer en stalking quelques heures si vous avez la chance d’avoir localisé des poissons. Ne craignez pas de changer tous nos rituels, nos habitudes qui nous enlisent dans une forme de consommation de plus en plus infructueuse… pour le pêcheur ! Pêcher de cette façon pourra vous apporter des poissons que vous n’auriez peut-être pas trouvés avec une pratique standard ! Pêcher sur des secteurs de journée, loin des secteurs de nuit peut s’avérer être une des meilleures solutions. Souvent les secteurs sont tellement matraqués que les carpes se sont réfugiées au fin fond de baies beaucoup plus tranquilles. En prospectant du lever du jour à la tombée de la nuit il est fort probable que vous réussissiez à trouver de bons postes que je vous conseille de marquer au GPS. Vous aurez tout à loisir de les essayer les jours suivants en mode baroude. Le dilemme est parfois simple : ne rien pêcher dans le confort ou réussir dans l’inconfort ?

8. Préservez les poissons

La rareté des habitantes les rend d’autant plus précieuses. Malgré le réchauffement climatique, la carpe n’est pas un poisson capable d’accroître sa lignée naturellement, ni aussi simplement qu’il n’y paraît. La nature n’y suffit pas et la main de l’homme doit intervenir pour garder une quantité et préserver une bonne souche sur de nombreuses eaux. Il faut des conditions très particulières pour que la reproduction porte ses fruits en abondance. Pour ces raisons et évidemment pour tous les poissons, je vous conseille d’utiliser des tapis de réception de grande qualité. Les plus simples sont souvent les plus adaptés pour recevoir convenablement les plus gros. Privilégier les mousses fermes plutôt que molles dont l’amorti n’est pas sécurisant ; leur durée de vie en est d’autant plus réduite ! Optez pour des modèles qui rendront de bons services pour le bord et le bateau, sinon prenez-en deux. Je déconseille les tapis bassines aux armatures en acier qui brisent les queues, c’est un massacre, surtout avec de gros et longs poissons qui ne tiennent pas dedans ; certains peuvent mesurer 120 centimètres. Ce type de protection est très mal utilisée et incite aussi les pêcheurs à laisser indéfiniment leurs prises à l’intérieur. L’eau qui y stagne se charge rapidement de mucus et je m’interroge quant à ses effets sur les branchies et l’oxygénation des poissons qui vont être relâchés…

9. La sécurité et les obligations

La sécurité est un point important sur lequel on ne peut pas faire l’impasse. Les conditions météo sont désormais de plus en plus violentes et imprévisibles. Je dispose de deux bateaux pneumatiques. Un petit pour barouder et un gros de trois mètres trente pour les sessions et les promenades. Le minimum idéal en lac serait un deux mètres soixante-dix. Il y a quelques années j’aurais dit un trois mètres mais les nouvelles largeurs rendent les gonflables plus stables. Un gilet de sauvetage par personne est obligatoire et ils devraient toujours être à disposition et sur nous dans le bateau. Une petite écope c’est pratique et une corne de brume pas forcément inutile non plus. Dans tous les cas je vous invite à vous renseigner sur la réglementation en vigueur sur chaque lac car elle peut varier selon les endroits. Prenez le temps de le faire et ne négligez pas la sécurité ; c’est trop con de se retrouver face à la brigade nautique et répondre bêtement « je ne savais pas » alors que nous avions tout le temps de nous renseigner.

10. Respecter les lieux

Respecter les lieux est une de nos valeurs fondamentales. Cela pourrait d’abord se définir par notre capacité à nous fondre dans le paysage pour être le plus discret possible, presque caché. C’est aussi tenter d’appliquer ce bougre de règlement avec ses secteurs pourris, ses limites hors de portée des carpes… Il ne faut pas devenir une nuisance visuelle et sonore pour les autres et pour la faune. En gros on ne vient pas pêcher ici pour faire la grosse fête, ce qui n’empêche pas de passer des moments très conviviaux. Si vous appréciez les barbecues, le marché est désormais bondé de modèles pratiques et variés. Interdisez-vous les feux au sol puisque l’endroit que vous aurez choisi pour brûler ne plaira pas aux personnes qui vont vous succéder et produiront autant de foyers, laissant autant de traces dégueulasses au sol qui n’a rien demandé. Gaffe aussi aux feux interdits à certaines périodes ou à certains endroits ! Aborder un lac est riche d’enseignements, parcourir leurs diversités l’est encore bien davantage. Si certains se ressemblent, aucun n’est identique. Chaque baie, chaque pointe, chaque poste est unique et les poissons qui les parcourent le sont tout autant. Le pouvoir d’adaptation de chacun de nous fera la différence pour réussir. Nous sommes libres d’évoluer comme nous l’entendons : courageusement en découvrant par nous-même pas à pas, en imitant les autres, en obtenant quelques infos de base, ou trop d’infos ce qui reste moins glorieux. Faire le choix de pêcher la carpe dans ces lieux doit développer votre plaisir vous faire prendre conscience de notre environnement en découvrant une faune et une flore différentes de celle qui est proche de chez vous. Les odeurs et les sons seront différents, le calme aussi. Prenez le temps d’observer et de comprendre la richesse du lieu, voir ce qui s’y passe pour pouvoir échanger autre chose que des souvenirs de poissons à votre entourage. La pêche ne se résume pas qu’aux poissons. C’est une vie à part, un moment hors du quotidien, un pas de côté, une réflexion essentielle à partager.

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