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Tout savoir sur la pêche au spot

La pêche au spot est très certainement la technique de pêche la plus performante et la plus déployée par les carpistes européens. Bien connue de tous, cette stratégie n’est pourtant pas mise en œuvre de la même façon par chacun et à bon escient puisqu’il existe probablement autant de « spots » que de carpes dans notre pays. Cela dit, il y a des tendances et des astuces dans cette approche qui permettent d’augmenter significativement ses résultats

Tout le monde n’a pas le temps, les moyens et la motivation de réaliser des campagnes d’amorçage massives et cela se comprend par faitement. Partant de ce postulat, on arrive à la conclusion que la stratégie de pêche déployée se doit d’être plutôt instantanée et ciblée, car elle ne peut s’appuyer sur un apprentissage ou une habitude du poisson vis-à-vis de nos appâts. Entre le « single hook bait » et l’amorçage de zone, il reste la pêche au spot dont l’essence même repose sur la disposition d’un piège minimaliste pour cibler un poisson à la fois sur une zone préalablement réfléchie et stratégique. Si l’on traduit littéralement de l’anglais le mot « spot », on arrive au mot « tache ». Autrement dit, il s’agit de déposer une tache alimentaire sur une zone tactique où l’on estime qu’un poisson passera tôt ou tard.

Café en main, en pleine réflexion sur un réarrangement de spot.
Crédit photo : Augustin Carre

La carpe face au spot

Avec l’essor des vidéos subaquatiques et des multiples observations depuis la berge de carpes s’alimentant sur un de nos « spots », on observe plusieurs réactions : les carpes sont curieuses et peuvent se rendre sur l’amorçage en moins de 10 minutes, même en plein hiver sans avoir l’envie de s’alimenter. Ensuite, on observe souvent le même système de mise en concurrence alimentaire : un poisson ou un groupe de poissons repère le spot, le délaisse momentanément avant d’y revenir dans un second temps. La carpe « goulue » est la première à s’y jeter avant d’être suivie par d’autres plus ou moins confiantes. Il reste toujours en retrait quelques poissons trop méfiants qui ne seront, mécaniquement, jamais attrapés. Très souvent, ce sont les appâts en périphérie qui sont les premiers à être touchés : il est donc judicieux de déposer son esche en bordure du « spot » tout en réfléchissant au sens d’arrivée du poisson pour qu’il rencontre votre esche avant votre tête de ligne. Petit à petit, les carpes s’alimentent de plus en plus vers le centre de l’amorçage. Il est relativement rare de voir les carpes s’arrêter en cours de nettoyage (sauf pour des amorçages trop conséquents). Très généralement, les coups sont nettoyés en une seule fois (avec l’aide d’autres poissons tels que les brèmes, les tanches, etc.). Enfin, lorsqu’ils sont actifs, ce sont les poissons blancs qui envahissent les premiers le « spot ». Gardons et brèmes sont moins méfiants et se délectent des grains de maïs, de chènevis, de farines avant d’attaquer les petites bouillettes, les noix tigrées et autres appâts aux dimensions adaptées. Ensuite viennent les carpes qui « chassent » les brèmes et prennent le dessus sur le spot. Si vous prenez des brèmes, cela vaut le coup de persévérer, car les carpes ne sont souvent pas très loin, il faut simplement adapter le montage et/ou l’esche. Dans cette même idée, j’adapte fortement mes amorçages à la saison : appâts plus volumineux à la belle saison et plus petits en hiver.

Une koï sauvage arrive sur le spot.
Crédit photo : Augustin Carré

La pêche au spot : pourquoi ?

La pêche au spot est la technique reine pour cibler des poissons rapidement sur des zones qui paraissent attractives sans mettre en place des techniques lourdes telles que des amorçages de zones qui peuvent rapidement hypothéquer la suite de la session car on a vite envie d’insister sur la zone, même si cette dernière reste sans résultat. Une pêche au spot peut être entreprise à tout instant et être arrêtée ou réorientée à souhait. La pêche au spot est également une pêche économique, et ce n’est pas un mince argument pour nombre d’entre nous qui ont un budget limité à allouer à la pêche. Et pour autant, ce n’est pas une technique « low cost » car elle peut rapporter à la fois beaucoup en nombre et en poids. La pêche au spot permet en effet de cibler un poisson à la fois : un bon repérage peut permettre de pêcher pour un poisson trophée si l’on sait où il se trouve. Enfin, la pêche au spot est une technique polyvalente qui s’emploie au cœur de l’été comme au plus profond de l’hiver, autant en étang qu’en grand lac de barrage, qu’en rivière et en gravière.

Il y a spot et spot

La définition du « spot » est propre à chacun, au lieu pêché et aux poissons ciblés. La traduction française du mot « spot » permet de se donner une définition plus pratique : dans un lac de 500 hectares, une tache correspond sans souci à un cercle de 10 mètres de rayon autant qu’elle représente la taille d’un sac soluble dans une gravière d’un hectare. La taille du spot s’adapte aussi en fonction du taux de déplacement des poissons : quand ces derniers se déplacent d’une poignée de mètres par jour comme cela peut être le cas en hiver, il est absurde de proposer un spot de 10 mètres de large, à l’inverse du printemps où les poissons peuvent se déplacer sur pratiquement un kilomètre par jour ! L’idée derrière la pêche au spot, c’est surtout de pratiquer une pêche de précision : pêcher une tache de gravier sur un lit de vase, pêcher juste devant un arbre immergé, pêcher une arrivée d’eau ou une profondeur précise, etc. Pêcher au spot, ce n’est pas juste réaliser une tache au fond de l’eau, c’est surtout cibler une particularité du lieu de pêche et encourager les poissons qui y passent de s’y arrêter. Si la taille de l’amorçage compte, son emplacement est au moins aussi important ! Un spot, c’est très généralement une rupture de monotonie : un herbier au milieu d’une zone désertique, un éboulis sur une zone de gravier, une arrivée d’eau dans un canal, un arbre immergé sur une berge composée de nénuphars, une cassure de profondeur, un haut-fond, une péniche abandonnée, une pile de pont, une trouée au milieu d’un immense herbier, bref… Ces ruptures de monotonie sont très souvent visitées par les carpes car il s’y construit un micro-écosystème et une microchaîne alimentaire auquel la carpe appartient. À titre d’exemple, un éboulis fournit des cachettes aux invertébrés et aux écrevisses, offre un support aux petits herbiers et peut briser le courant pour permettre à certaines plantes de se développer ou, à l’inverse, fixer des débris qui dérivent. Ces facteurs attirent des poissons et des prédateurs, dont la carpe, qui, de temps à autre, vient y jeter un coup d’œil. Pêcher ce fameux éboulis, c’est se donner une véritable chance de voir des carpes à proximité dans un laps de temps raisonnable.

Une bouillette bien connue qui m'accompagne sur mes pêches au spot et mes amorçages de zone.
Crédit photo : Augustin Carre

Ingrédients et quantités

Bouillettes, graines, farines, asticots, panachés, etc. Il existe une infinité de combinaisons possibles pour amorcer un spot. Comment choisir ? Pour moi, il faut répondre à 4 questions :

1 Attirer, tenir, intercepter ?

  • Le but du spot est-il d’attirer les carpes ? Dans ce cas, il faut mettre en place un amorçage très attractif (composé de graines, farines, liquides, au risque d’attirer des indésirables qui participeront malgré eux à l’attractivité de la zone).
  • Est-il de tenir les poissons sur la zone ? Dans ce cas, il faut miser sur un amorçage plus copieux ou plus épars pour forcer les poissons à rester sur zone (micrograines, pellets, bouillettes étalées, volumes plus importants…).
  • Ou bien est-il d’intercepter des poissons (scénario où l’on est certain que ces derniers vont passer) ? Dans ce cas, il faut un amorçage durable et minimaliste (pour tenir jusqu’à l’arrivée des poissons).

2 Pendant combien de temps ?

  • Courte durée (quelques heures) : miser sur quelque chose d’explosif à base de liquide, de pellets et de micrograines ou de bouillettes concassées.
  • Moyenne durée (~10 h) : s’appuyer sur des produits qui travaillent sur une durée plus longue telles que les gros pellets, les bouillettes ou les noix tigrées agrémentées éventuellement de graines et de farines, mais qui risquent d’être consommées bien avant le passage des carpes.
  • Longue durée (~24 h) : s’appuyer exclusivement sur des appâts qui durent, de type bouillettes et noix tigrées et ne pas employer de graines (sauf si les indésirables sont absents).

3 Quelle surface ?

  • Microspot : graines, bouillettes, farines et liquides sans souci.
  • Spot étalé : davantage de bouillettes et d’appâts volumineux qui vont permettre « d’occuper l’espace » sans gaver le poisson. Cela se pratique souvent en accord avec la stratégie « attirer » ou « intercepter ».

4 Quelle saison ?

  • Période froide : graines, farines, asticots, micropellets et liquides en quantité minimaliste.
  • Période automnale et printanière : graines, bouillettes entières et broyées, noix tigrées en faible quantité.
  • Période estivale : bouillettes, noix tigrées, quelques graines, pain en surface en quantité adaptée.

Ces quatre questions permettent d’orienter ses décisions, mais ce ne sont que des points de départ qu’il convient ensuite d’adapter à sa pêche et à son spot de pêche. Parfois, on est face à des dilemmes et il faut trancher, se tromper et se remettre en question pour trouver la combinaison gagnante.

Le êllet, une alternative très appréciée pour la pêche au spot.
Crédit photo : Augustin Carre

Esches et montages dans tout celà ?

Après avoir développé la partie amorçage, il convient de s’arrêter rapidement sur la partie esche et montage. L’esche peut être identique à l’amorçage et avoir une grosse probabilité de conduire à un départ, car les carpes ont peu de moyens de différencier l’esche de l’amorçage. À l’inverse, elle peut s’en démarquer fortement (pop-up par exemple) ce qui permet parfois de gagner en rapidité de touches, mais peut parfois conduire à un capot total par méfiance des poissons vis-à-vis de cet « Ovni » déposé sur le coup. Lors de mes observations en caméra subaquatique j’ai à plusieurs reprises pu observer les poissons nettoyer mon spot pour ne laisser que ma pop-up ! C’est frustrant et je pense que ce scénario arrive bien plus souvent qu’on ne le pense : c’est pour cette raison que je pêche autant que possible avec des esches qui font également partie de mon amorçage. Côté montage, à mon goût, tout est compatible tant que c’est proportionné. J’entends par cela qu’un montage de 50 cm de long sur un spot de 20 cm de large me paraît excessif. De façon générale, la pêche au spot impose aux poissons d’être localisés sur une petite surface, ce qui leur laisse le temps de repérer votre piège et de se prendre le groin dans un bas de ligne/ tête de ligne qui serait entre deux eaux : il est plus que jamais capital de camoufler son bas de ligne et de s’assurer de sa bonne présentation sur le fond.

Pour conclure

La pêche au spot est une technique simple à mettre en place, économique, performante et polyvalente. Avec quelques bonnes pratiques, on peut rapidement mettre en place un piège localisé susceptible de capturer le premier poisson qui passe sur la zone. La pêche au spot est une question de proportion et d’adaptabilité, mais dans tous les cas, c’est toujours une bonne idée de pêcher au spot !

Une "two tones" prise sur un spot de gravier dans 4 m d'eau.
Crédit photo : Augustin Carré

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