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Carp Tour 360 - 90 jours, 90 départements, une expérience unique ! Partie 1

Carp Tour 360

Crédit photo Laszlo Kapolna
Novembre 2020, il fait un temps de chien dehors et le second confinement me fait regretter les sessions de pêche qui sentent bon le soleil, les vacances et les copains. Je tourne en rond dans mon appartement depuis bientôt trois semaines, à errer sur Internet pour tromper mon ennui. Je visionne des vidéos de Youtubeurs à succès qui partent à l'aventure, et je ressens soudain un besoin irrépressible de tout envoyer balader ! Je rêve d'un grand voyage de pêche... Et puis soudain toutes les pièces du puzzle s'assemblent dans mon esprit : et si je tentais de pêcher une carpe par département français ? Seul, avec mon propre matos, combien de temps me faudrait-il pour faire le tour du pays ? Trois mois ?

Pas de comptes à rendre, pas de patron, rien que moi, les paysages de l'un des plus beaux pays du monde et ses carpes. Et puis, comme si la réalité me rattrapait, je me rends compte de l'énormité du projet. J'appelle mon pote Seb, juste pour voir ce qu'il en pense. Je lui explique en deux mots, je n'ai pas encore vraiment pensé aux détails. Sa réponse est immédiate :

– Vas-y fonce ! Et filme tout ! Moi je regarderai ton aventure tous les jours !

 

Il ajoute que si avec ça je ne deviens pas sponsorisé chez Fox (il est obsédé par cette marque). Mais il a visé juste, ça va être une aventure épique qu'il faudra raconter ! Sauf que je ne suis pas vidéaste, je n'ai pas de matériel, pas de chaîne, pas de compétences.

Carp Tour 360

Crédit photo :

J - 90

Je me suis bien amusé. J'ai filmé ma famille à Noël, et je leur fais des petits montages vidéos. Eh oui ! Il faut bien que je m'entraîne. Je commence à préparer mon voyage, mais je ne sais pas par où commencer. On parle de 3 mois de pêche là ! Et puis je n'ai pas le droit à l'erreur, un projet comme ça n'arrivera pas une seconde fois dans ma vie. Moi qui n'ai pêché que dans 4 ou 5 départements français, je suis un peu dépassé. Ce qui joue en ma faveur, c'est mon habitude des pêches rapides voire très rapides. Mais est-ce que ça suffira ?

Carp Tour 360
Les pêches rapides donnent de bons résultats
Crédit photo :

J - 60

Ma chaîne YouTube est prête, elle s'appellera Carpe Odyssée. J'arrête la date du départ du tour au 5 avril. Tout devient réel et j'ai le palpitant qui s'emballe. Le projet Carp Tour 360 aura bien lieu. Je commence à en parler sur les réseaux sociaux pour trouver des contacts dans les différents départements. Les réponses sont plutôt enthousiastes, je sens que je tiens vraiment quelque chose. Rapidement je reçois des centaines de messages « Je suis du 57, je veux bien t'aider », « viens chez moi vers Angers, je vais te faire attraper des carpes », etc. C'est génial mais ça me fait des nœuds au cerveau, et puis c'est où Angers ?

Carp Tour 360
Observation dans le fond d’une baie
Crédit photo :

J - 30

Tout est calé avec mon boulot, j'ai pris 4 mois de congés sans solde. Ma copine est motivée pour moi et me soutient. Je m'entraîne dès que je peux à faire des pêches rapides où je me filme, et franchement, quelle galère ! Les batteries tombent en panne, les prises de vues sont mauvaises, je rate les moments clés... Mais j'y prends goût et petit à petit je m'améliore. Il va bien falloir de toutes façons puisque je pars dans un mois.

J- 5 :Allocution présidentielle, le couperet tombe, nous sommes de nouveau confinés. Je suis dégoûté, mais mon mental n'est pas entamé. Qu'à cela ne tienne, ça décale juste mon départ.

Carp Tour 360
La bathymétrie va me faire gagner un temps fou !
Crédit photo :

Jour 1/90

Nous sommes le 15 avril et je suis en train de faire une pêche itinérante avec mon ami Fred. Nous apprenons qu'il est désormais possible de s'éloigner dans le département voisin de trente kilomètres. Je comprends alors que ça y est, le Carp Tour 360 a commencé ! Je suis surmotivé ! Je vais tenter de rapidement capturer une carpe dans le Tarn et Garonne où je me trouve, et ensuite j'irai valider tous les départements alentours. Si j'y parviens, alors j'aurais peut-être une chance de réussir ce pari insensé. Si j'échoue, ce sera difficile de continuer...

Carp Tour 360
Une miroir capturée dans le département de l’Ariège
Crédit photo :

Jour 2/90

Fred et moi pêchons la rivière Aveyron, toujours dans le 82. Hier j'ai décroché une carpe lors d'une pêche improvisée en zodiac sur un lac d'une trentaine d'hectares. Perdre une carpe en temps normal c'est dur, mais là je suis face à un nouveau niveau de frustration. Perdre un poisson me condamne à rester plus longtemps dans le département et tout est à refaire. Tout seul, je me mets déjà la pression. Perché dans un arbre, j'aperçois enfin une carpe, je commence à y croire. La rivière est magnifique et le décor incroyable, ce serait génial de valider ici ! Soudain, le poisson disparaît et quelques minutes plus tard j'ai une touche discrète. Un gros combat s'ensuit, du bord, et cette sauvage de l'Aveyron finit dans mon épuisette. Je n'arrive pas à y croire, je n'aurais pas parié sur ce spot en pêche rapide en avril. C'est le début d'une série de surprises que le Carp Tour me réserve.

Une petite commune des Hautes Pyrénées
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Jour 5/90

Après avoir passé 48h à me préparer chez moi, je démarre enfin mon tour de France ! Confinement oblige, je rentrerai chaque jour, avant 18h. Ce n’est pas pratique, mais c'est ça ou rien. Il est 6h du matin et je me dirige vers un petit lac Toulousain, objectif : valider en stalking au bouchon le département 31 (Haute Garonne). Il fait frais, le lac est calme, mais aujourd'hui sera une belle journée. Les conditions sont idéales pour la pêche que je m'apprête à pratiquer. Premier spot, un arbre immergé dans 2m d'eau en bordure. L'un des meilleurs spots du lac. Et au bout de 15 min, ça paie ! Gros combat, le poisson file dans l'arbre et je le perds.

 

Coup dur ! Je me voyais déjà dans le département suivant... Passée la frustration, je remonte ma ligne, je réamorce et je vais essayer un autre spot en attendant. Là aussi il y a un arbre, mais l'angle est plus facile pour maîtriser les poissons. Il y a un mètre d'eau à peine, j'amorce quelques morceaux de bouillettes hyper attractives autour de mon bouchon et voilà ! Quelques minutes après je sors en force une commune de 5 ou 6 kilos. La touche est si subite que j'oublie d'allumer ma caméra, mais le poisson est sorti et le département validé. Il est 10h du matin, je peux continuer ma route : prochaine étape le Gers (32). Le Gers est un grand département mais je n'ai pas le droit de m'éloigner trop de mon domicile donc je jette mon dévolu sur un étang communal qui s'avérera plus compliqué que prévu et un beau lac de trente hectares où j'aurai l'occasion de ramer pour un pauvre petit carassin. Je ne suis pas au bout de mes peines.

Carp Tour 360
Une superbe commune lotoise
Crédit photo :

Jour 6/90

Le lendemain matin à l'aube je repars. Je vais retenter le Gers en partant vers le département des Hautes Pyrénées (65). Pour le moment, je me contente des infos que je trouve sur internet pour choisir mes spots, mais c'est risqué, j'en ai conscience. Rien ne me dit que les infos sont fiables où même que la législation n'a pas changé entre-temps. Cela dit, je préfère prendre ce risque plutôt que de dépendre de contacts trouvés sur les réseaux sociaux. Echanger avec des inconnus sur les réseaux coûte du temps et de l'énergie, que je n'ai pas toujours. Je suis un animal social certes mais j'ai besoin de faire certaines choses seul, comme trouver mes spots. On verra bien lorsque je serai vraiment en terre inconnue si je peux encore me passer de cette aide précieuse.

Carp Tour 360
Pêche rapide en Aveyron
Crédit photo :

Il est midi et j'arrive dans les Hautes Pyrénées. Je n'ai pas réussi à valider le Gers et je commence vraiment à m'inquiéter. Cet étang avait l'air facile et j'y ai déjà passé deux jours à me casser les dents. J'essaie de ne pas y penser et de me concentrer sur l'avenir. Je suis devant un grand lac de 100 hectares, profond d'un côté et plutôt plat de l'autre. Je n'ai que quelques heures devant moi, je sais que je ne pourrai pas revenir ici. C'est ici et maintenant pour valider le 65. Je sais que ma meilleure chance - nous sommes fin avril - est de trouver des baies ensoleillées. Je me dirige à pied vers une anse peu profonde et j'y trouve des carpes.

 

Mon moral remonte en flèche ! Je file à la voiture et je reviens me garer un peu plus près du spot. Je descends le matériel nécessaire : 3 cannes, une épuisette, un tapis, un sac de montages et d'appâts. Je place mes montages très discrètement car les poissons sont dans 50cm d'eau. Elles sont petites mais je m'en fiche, la limite que je me suis fixé pour qu'une carpe valide un département est de deux kilos, ça devrait passer.

Carp Tour 360
Je rame, la mobilité a du bon dans cette aventure
Crédit photo :

Une fois mes cannes statiques posées, je sors ma canne au bouchon que je lance devant moi, à la sortie de l’anse, dans 80 cm d'eau. Je pense pouvoir faire un petit somme quand soudain j'ai une touche. Je sors une petite carpe de 3 kilos. Je suis aux anges ! Je me sens tellement soulagé que j'en oublie de remballer et de filer retenter le Gers. A la place, je me pose, je profite du paysage et surtout je continue de pêcher là. Je ferai quelques touches de carassin mais plus de carpes. Enfin, je comprends que je suis en train de gaspiller de précieuses minutes (surtout à cause du couvre-feu) et je pars. Je retente cet étang qui me rend fou dans le 32, en vain. Ça bulle, ça saute, mais je suis désespérément capot. Et voilà le premier échec du Carp Tour : le Gers n'est pas validé.

Carp Tour 360
A la Roots…
Crédit photo :

Jour 7/90

Le lendemain à l'aube, je décolle direction le Tarn. On va pêcher un lac d'une vingtaine d'hectares que je connais un peu. En arrivant, je me dirige vers un bras bordé de roseaux : le lac est plein au taquet, je pense que ça va le faire. Trois montages sont lancés avec des filets solubles qu’accompagnent quelques billes au cobra. Je sors ma canne stalking, une six pieds super légère que j'adore et je commence à pêcher la bordure, dans environ un mètre d'eau. J'esche avec du maïs doux et je fais un gros gardon. Je passe à une bouillette grattée et après une heure d'attente, je décide de poser cette canne en desserrant le frein. C'est parti pour la sieste. Quelle vie ! Je suis tellement heureux de me dire que les trois prochains mois vont ressembler à ça. Vers 9h, j'entends le frein qui chante, je saute sur la canne et s'ensuit un combat épuisant sur cette petite canne. Je suis tombé sur une commune de plus de 10 kilos qui est en pleine forme. Quel délire ! Le Tarn est déjà validé alors que la journée est à peine entamée. Comme je suis tout de même un peu fatigué, je décide de rester un peu pour ménager mes forces. « Qui veut aller loin... ». Finalement je fais une seconde carpe. C'est encore plus dur de partir ! Elles sautent, ça mord, mais je me décide enfin et prends la direction de l'Aude (11). Je n'ai jamais pêché ce département, mais j'ai envie de varier les plaisirs alors je me dirige vers le canal du Midi à Castelnaudary. Il y a un vent à décorner les bœufs, mais c'est peut-être ma meilleure chance de trouver les poissons rapidement. Je suis les bourrasques et je parviens à une zone bordée d'une île et de bateaux. Parfait !

 

Je sens que les conditions sont idéales mais comme je ne connais pas le spot, je ne me fais pas trop d'illusions. En plus le canal du Midi n'est pas très peuplé en carpes, donc je commence à chercher sur internet un spot deuxième chance. Il y a bien le lac de la Ganguise, ce réservoir hyper encombré, mais cette destination est encore plus incertaine. A peine le temps de réfléchir que le destin décide pour moi : je vais avoir une chance de valider l'Aude. En effet, j'ai eu une touche sur la canne de l'île et je suis maintenant attelé à un poisson très sérieux. Il tient le fond, on dirait un silure, mais c'est bien une carpe que je glisse dans l'épuisette. Je n'en reviens pas ! C'est une magnifique commune sauvage de plus de quinze kilos ! Je me rends compte que je n'aurais jamais pêché ce spot si ça n'avait été pour le Carp Tour. Je sens que ce voyage va m'en apprendre beaucoup.

Carp Tour 360
On ne mange pas toujours bien sur la route !
Crédit photo :

Jour 11/90

Dans les jours qui ont suivi, je suis parvenu à valider in extremis l'Ariège (09), puis j'ai passé 48h à préparer la suite de mon voyage. Recharger les batteries, vider les premières cartes SD, réorganiser mon matériel et préparer les prochaines destinations. Mon plan est le suivant : je vais passer une journée en Aveyron sur un lac très pêché, puis 24h sur ma rivière de cœur : le Lot.

 

Je vais ensuite retrouver David pour tenter de valider le Cantal sur le géant Cantalès. Pour la suite ? Eh bien je vais improviser ! Mais pour le moment, direction l'ouest de l'Aveyron où je retrouve Seb, Léo et Christophe. Ils ont déjà fait deux carpes et c'est bon signe. Une fois sur place j'installe deux cannes à droite de leur poste où je finirai par faire une décroche. Je prends alors ma canne stalking et je m'en vais pêcher une bordure encombrée. Je parviens à sortir deux poissons après des combats musclés et pas mal de touches. Le département est validé mais je décide de profiter du moment et de ne pêcher le Lot que demain. J'aurai alors 24h pour faire un poisson dans cette rivière mythique.

Pêche rapide en Aveyron
Crédit photo :

Jour 12/90

La pluie se met à tomber, je suis debout depuis cinq heures du matin et cela fait maintenant six heures que j'explore les berges du Lot à la recherche d'un bon spot. J'ai parcouru les berges de Capdenac à Ambeyrac, villages médiévaux accolés à la rivière. Depuis ce matin, je cherche l'endroit qui me permettra d'attraper une carpe. Je prends mon temps, je n'ai même pas encore mis les lignes à l'eau. Pourtant le temps passe et les 24 heures que je me suis accordées pour pêcher et valider ce département sont en train de filer à vitesse grand V. J'essaie de ne pas paniquer, car je sais que c'est durant la nuit que j'aurais le plus de chances. Je me dis que ce qui compte, c'est que mes pièges soient tendus avant 20h. Passé cette heure, il fera sombre et je risque de ne pas bien les positionner. Sachant qu'il faut environ deux heures pour tout installer, j'ai encore six heures devant moi pour trouver l'endroit idéal. La berge d'en face est prometteuse, mais le seul moyen pour moi d'y aller m'installer est de sortir le bateau. Pour cela, il faut que je réduise au maximum mon matériel afin qu'il rentre dans mon minuscule zodiac propulsé à la rame. Il faut également que je trouve un emplacement suffisamment dégagé afin d'y poser mes cannes, ma tente si possible, sinon mon hamac — au risque d'être fatigué demain — et avoir encore assez de place pour combattre un poisson, faire à manger, préparer mes amorces et j'en passe. Vu la pente de la berge et la végétation abondante, cela se présente mal. Je passe l'après-midi à ramer, je suis crevé et je n'ai pas trouvé de spot. Je suis fier de ne pas baisser les bras et je me dis que le Carp Tour ne sera pas une série de pêches faciles ! Si je le peux, je tremperais mes lignes dans les eaux les plus mythiques. Et si ça ne marche pas, j'improviserai, je tenterai un plan B sur une eau plus facile, comme un étang bien peuplé en carpe où il sera plus facile de trouver le poisson. A 19h je me dirige vers un poste que j'ai pêché il y a plus de dix ans déjà. Ça a bien changé, mais l'émotion est intacte. Je tends mes lignes en face, il n'y a pas de navigation en ce moment. Les cassants sont prêts, j'amorce tout le long de la berge avec des noix tigrées très éparpillées. Mes montages sont costauds : deux tigers géantes avec un popup et des hameçons numéro 1. Je tombe de fatigue. Vers trois heures du matin un bip me réveille. Ma canne est prête à partir à l'eau, je sors en trombe sans prendre le temps de filmer et c'est parti pour un combat à haute tension. Le poisson traverse la rivière, file vers un véritable cimetière de montages mais je parviens à l'en détourner. Il approche de mon poste mais je sais qu'il y a un énorme risque qu'il rejoigne un gros arbre immergé placé entre lui et moi. Je saute alors dans mon zod et pars à sa rencontre.

 

A la rame c'est presque impossible de combattre et de diriger le poisson, alors je décide d'aller m'amarrer dans l'arbre. De cette manière, le poisson devrait tout faire pour ne pas venir à moi et donc rester à l'écart des branches. C'est scabreux, mais ça marche ! Un coup de frontale et je vois que dans l'épuisette se tient une commune colossale ! Je rentre au camp, je suis sur un petit nuage et encore plein d'adrénaline. Après une pesée rapide, je vois qu'elle passe les vingt kilos. Je suis aux anges et il me reste encore 78 jours. Que va-t-il m'arriver encore pendant le Carp Tour 360 !

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