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Pêcher la carpe dans les grandes profondeurs

Si pêcher les carpes dans les faibles profondeurs est une pratique courante, pêcher les eaux très profondes l’est beaucoup moins. Cela rebute certains pêcheurs à tort car les grands fonds, eux aussi, sont fréquentés par les poissons et notamment les grosses carpes. Nous avons de multiples exemples d’eaux profondes qui recèlent de véritables carpes spécimens, et ce sont, pour certaines, parmi les plus réputées d’Europe. Dans ce numéro, je vous emmène voir ce qu’il s’y passe, et comment opérer dans les profondeurs abyssales, un univers où tout reste encore à découvrir.

La confiance avant tout

Nous sommes tous d’accord pour dire que lorsque nous abordons une eau, et que nous plaçons nos montages, nous devons avoir une entière confiance en notre approche. Alors, même si nous plaçons en toute quiétude un montage dans moins de 80 cm d’eau, notre inconscient a peut-être à tort un peu plus de mal à opérer dans 15, 20 mètres et plus. Bien souvent, cette canne placée dans les profondeurs est dans notre esprit plus une carte joker qu’une véritable stratégie bien construite.

Il y a un paquet de mètres cubes d'eaux sous les bateaux...
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Et pourtant par expérience, et je suis sûr que vous connaissez tous également une personne qui a touché un beau poisson dans une grande profondeur, beaucoup de poissons évoluent dans ces zones sombres. On a longtemps cru à tort que la vie n’existait pas ou peu au-delà d’une certaine profondeur, et que les poissons n’étaient morpho-physiologiquement pas aptes à évoluer dans les abysses. Les pratiques plus régulières de notre pêche dans les barrages profonds nous montrent chaque année qu’il n’en est rien, et qu’exploiter ces zones peut être source de pêche réussie et peut sauver parfois notre session. Otons nous de la tête ces idées reçues, il se passe beaucoup de choses au-delà de la barrière psychologique des 20 mètres de profondeur.

Retour en milieu sauvage
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De plus en plus de pêcheurs se tournent vers la pêche en barrage et doivent maintenant s’adapter, prendre en compte et exploiter des couches d’eau importantes si l’on ne veut pas mettre tous ses œufs dans le même panier, j’entends par là que toutes les cannes soient placées à nos pieds. Nous sommes donc inévitablement amenés, lorsque les poissons ne semblent pas être présents dans des profondeurs moyennes ou peu profondes, à chercher des fonds plus prononcés.

Attention ! Berges accidentées…
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De la vie dans l’obscurité

Une eau riche en nourriture naturelle le doit à sa bonne qualité et à une photosynthèse généreuse. Cette même photosynthèse explique la prolifération de petits crustacés et autres mollusques qui se fixent aux herbiers et autres obstacles immergés, mais facilite aussi le développement d’un microcosme comme les insectes et le zooplancton très apprécié des carpes. Attention de bien différencier le zooplancton du phytoplancton. Le phytoplancton est composé d’algues microscopiques ou de micro végétaux. Le zooplancton, lui, est composé d’organismes animaux microscopiques. Le phytoplancton étant d’origine végétale, il a besoin de source lumineuse et de photosynthèse pour se développer, et est donc présent en surface et faible profondeur.

Système D
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Le zooplancton quant à lui n’a aucun problème à se développer et évoluer dans les endroits sombres. Certes, cette photosynthèse n’a plus son effet dans les zones profondes puisque la pénétration du rayonnement solaire ne s’effectue plus. Ces zones sont également plus pauvres en oxygène, et abritent fatalement une vie végétale beaucoup plus limitée. Après avoir vu récemment le résultat de plongeurs qui avaient posé des caméras dans les profondeurs d’un lac de montagne très connu et haut lieu de la carpe européenne, j’ai pu observer que la végétation était quasi inexistante une fois les 15 mètres d’eau dépassés.

Max et cette superbe miroir qui nageait en couche d'eau profonde...
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Ces couches d’eaux sont aussi plus pauvres en oxygène, mais dans les grands fonds, une manne importante de nourriture naturelle se développe en toute quiétude. Ces mêmes zones accueillent donc toutes sortes de crustacés dressènes, anodonte, petits escargots, corbicules, et autres vers. Nous comprenons mieux qu’il y a une véritable vie dans les abysses de nos lacs, et que cela explique la présence des carpes et parfois parmi les plus gros sujets.

Il fallait oser placer ses montages dans ces couches d'eaux profondes. La joie sur les visages parle d'elle-même
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Une question de température suivant les saisons

La température de l’eau est aussi un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre puisque à force d’études et d’observations du comportement des carpes, nous avons appris que celles-ci ne fréquentaient pas les mêmes couches d’eau suivant les saisons, et qu’elles étaient, de par leur métabolisme, constamment à la recherche de la zone la plus confortable. Les carpes faisant parties des animaux à sang froid, elles ne peuvent pas réguler la température de leur corps et doivent donc trouver les bonnes couches et températures afin que leur métabolisme fonctionne. Le fonctionnement du cycle digestif de la carpe est lui aussi influencé par la température de l’eau, ce qui explique les périodes d’alimentation plus courtes lorsque les eaux sont froides, mais ce qui ne les exclut pas. Sans m’aventurer dans un cours de physique, ces mêmes variations de température des couches d’eau ont un rapport avec la masse de celles-ci. La propriété de l’eau liquide est d’avoir une densité maximale lorsque celle-ci atteint une température de 4 degrés.

Michael arpente les barrages du centre de la France et leurs grandes profondeurs
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Cela explique qu’un lac comporte des strates d’eau de densités différentes. Les plus grandes densités vont migrer vers le fond et les moins denses vers la surface. En été par exemple, l’eau la plus chaude et la moins dense va remonter vers la surface. A l’inverse, l’eau la plus froide donc la plus dense, va reposer au fond. Cependant, en hiver, et lorsque la température de l’eau devient inférieure à 4 degrés, l’eau la plus froide remonte vers la surface et la plus chaude migrera vers le fond. Nous comprenons donc pourquoi il est intéressant de pêcher les profondeurs en hiver, mais aussi lorsque les températures sont chaudes voire caniculaires, et pourquoi certaines gravières et barrages alsaciens réputés, très profonds, sont particulièrement productifs en plein cœur de l’hiver.

Le mythique lac Bled et ses profondeurs...
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No Limit ?

Nos carpes sont-elles des apnéistes confirmées ? Je n’en doute pas. Les profondeurs psychologiques dans lesquelles nous faisons évoluer nos montages culminent souvent à 15-20 mètres maximum. Mais pourquoi les carpes n’évolueraient pas dans 30 mètres ou plus ? J’ai l’exemple de carpes spécimens prises dans les profondeurs du bras nord du lac de Saint Cassien, ou dans d’autres barrages du centre de la France, qui ont été prises dans des profondeurs avoisinant les 30 mètres. Certes, ce ne sont pas non plus des généralités, et en ce qui me concerne, par expérience et compte tenu des différentes informations que j’ai pu glaner ici et là, je n’ai maintenant plus aucun problème à disposer mes montages jusque dans 25 mètres d’eau.

Nour est un habitué des lacs Alpins et de leurs eaux profondes
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Nombreuses sont les eaux françaises et européennes qui ont de telles profondeurs abyssales. Je parlais plus haut des gravières alsaciennes, elles sont réputées pour avoir été extraites dans les couches très profondes. Les lacs de barrages ont eux aussi, dans leur grande majorité, des profondeurs importantes.

Une installation souvent primaire sur ce type de barrage
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Nous parlons ici des barrages du centre de la France et de l’Aveyron, mais aussi de certains barrages du Sud. D’autres lacs de montagne ou non sont réputés pour leurs grands fonds. Parmi les plus connus et les plus médiatisés ces dernières années, nous avons le lac de St Cassien, et plus précisément son bras nord, le lac Bled en Slovénie, et bien d’autres encore. Nous n’évoquons bien évidemment pas les véritables mers intérieures que sont le Bourget et le Lac Léman, puisque ceux-ci ont des profondeurs véritablement hallucinantes, mais là aussi tout est également possible, dans la mesure où l’on pratique dans des températures et couches d’eau raisonnables bien évidemment. Nous trouvons aussi dans ces couches d’eau bizarrement plus de très gros sujets solitaires que de bancs de sujets plus modestes. Les profondeurs, même s’il faut avouer que ce n’est pas une généralité, sont visitées plus souvent par les très gros sujets. Leur métabolisme semblerait être plus disposé à évoluer dans ces couches.

Je ne peux pas l’expliquer physiologiquement, mais force est de constater que ce sont souvent les plus grosses habitantes qui sont prises ici, sûrement parce que ce sont des poissons au comportement plus solitaire et qui ont des mœurs différentes des petits sujets. On peut aussi penser que certains poissons plus sédentaires nageraient en profondeur puisque ces zones seraient moins fréquentées par les pêcheurs. Ces endroits apporteraient une certaine quiétude et ils seraient moins confrontés à la concurrence alimentaire.

Capture hivernale
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Une approche différente

La pêche en eau très profonde ne se pratique pas de la même façon que celles en faible ou moyenne profondeur. Plusieurs paramètres sont à prendre en compte : commençons tout d’abord par l’amorçage. Que l’amorçage soit lancé du bord, déposé à l’aide d’une embarcation ou d’un bateau amorceur, il faut avoir conscience que les appâts vont se disperser de façon différente puisque leur descente mettra plus de temps pour attendre le fond. Vos appâts seront donc tout naturellement beaucoup plus éparpillés sur le fond et seront plus proches d’un amorçage de zone qu’une présentation dite en « assiette ».

On y trouve souvent des berges rocailleuses
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Il vous faudra user des matériaux solubles (PVA solid bag, fils solubles, etc..) si vous souhaitez proposer une présentation avec des appâts à proximité de votre montage. Là où vous avez l’habitude d’effectuer un amorçage précis, il faudra réduire au maximum l’ampleur de vos gestes pour que les appâts qui atterrissent sur le fond soient dans la plus petite zone possible. J’entends par là qu’il est inutile d’envoyer vos appâts à la volée sur un large périmètre si vous prônez la précision, à moins que vous ne souhaitiez amorcer un très large espace. La dépose de vos lignes doit se faire également de façon différente, et afin d’éviter tout emmêlement, je préconise de lancer votre montage à une distance comprise en 10 et 15 mètres du spot que vous souhaitez pêcher et de le ramener très doucement lors de sa descente vers l’endroit souhaité.

Le monstre des abysses
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Cela permettra au montage d’être positionné de façon optimale, et vous éviterez ainsi toute mauvaise présentation. Cette technique est valable que vous lanciez du bord, ou que vous déposiez depuis votre embarcation. Il faudra également tenir compte de la pression de l’eau, qui jouera de façon certaine sur la présentation de vos esches, flottantes ou équilibrés. Ces zones profondes étant généralement dépourvues d’herbiers ou autres végétaux, je privilégie une présentation classique sur le fond.

La pêche en bateau permet d’accéder plus facilement aux grandes profondeurs
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Il reste encore beaucoup de choses et de mystères à percer sur ce type de pêche, et surtout sur les profondeurs maximales dans lesquelles les carpes sont capables d’évoluer et de se nourrir. La barre des 30 mètres est, selon moi, un seuil limite, mais je suis sûr que certains lecteurs de la revue me feront mentir puisqu’ils auront réussi dans des profondeurs plus importantes que celle-ci. Une chose est sûre, le positionnement d’une canne en eau profonde ne doit plus jouer le rôle restrictif de la canne joker, mais doit faire partie intégrante de la construction de votre pêche, de votre approche et de votre stratégie. Bienvenue dans un monde pas si sombre que cela.

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