Bonjour Ian, et tout d’abord merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Peux-tu te présenter aux lecteurs de Média Carpe qui ne te connaitraient pas encore ?
Bonjour, je m’appelle Ian Russel et je travaille pour Dynamite Baits et Carp Spirit. Je suis connu au Royaume-Uni dans le monde de la pêche de la carpe à travers mes productions régulières de vidéos et d’articles dans les magazines, ainsi que pour avoir participé à de nombreuses compétions et en avoir remportées pas mal.
Depuis combien de temps pratiques-tu la pêche de la carpe ?
Je pêche depuis 50 ans environ. J’ai commencé à l’âge de 7 ans avec mon père dans les étangs de mon secteur. C’est à l’âge de 10 ans que j’ai capturé ma première carpe dans une gravière locale, en utilisant des petits pois en guise d’esche. Une capture très chanceuse m’a rendu accroc à l’âge de 13 ans, la puissance incroyable de ce poisson me fascinait.
Selon toi, qu’est-ce qui a le plus changé dans la pêche de la carpe ces dernières années ?
C’est selon moi l’affluence grandissante de pêcheurs de carpe sur les eaux que je pratique. Le matériel et particulièrement les accessoires ont dans le même temps évolué techniquement bien au-delà de ce que l’on pouvait imaginer.
Les carpistes ont également changé, et beaucoup pêchent désormais plus pour des « likes » sur Instagram, ce qui entraîne pour eux la nécessité de prendre du poisson à n’importe quel prix. A mon sens, c’est un pas en arrière dans la sécurité des poissons.
Les appâts ont également beaucoup progressé en termes de qualité des ingrédients, notamment les conservateurs, et de digestibilité. Je n’utilise plus que des appâts à longue durée de conservation, plutôt que des appâts frais ou congelés, car ils sont de très grande qualité, je sais ce qu’il y dedans et ils ont toute ma confiance.
Peut-on dire que tu es un pêcheur à plein temps, ou as-tu un emploi en parallèle ?
Je suis très souvent au bord de l’eau, mais je travaille pour Dynamite Baits et Carp Spirit. Pour être honnête, tout mon temps de pêche est nécessairement lié au travail, et même lorsque je pêche pour le plaisir, mes captures et photographies sont utilisés pour les médias et par les marques qui m’emploient. Mais ma vie privée reste le plus important à mes yeux, et c’est pourquoi je ne pêche que très rarement les week-ends, car je préfère être à la maison avec Debbie, nos deux chiens et profiter de nos 7 petits-enfants que nous adorons.
Pêches-tu exclusivement la carpe, ou recherches-tu d’autres espèces ?
J’aime à l’occasion traquer le chevesne, l’ombre et la perche, entre autres espèces, mais uniquement en hiver.
Quel est ton rôle chez Dynamite Baits et Carp Spirit ? Es-tu impliqué dans la conception des nouveaux produits ?
Je participe au développement et aux tests des nouveaux appâts et du matériel, et je représente les marques du mieux que je peux lorsque je pêche. J’ai été partie prenante de la conception d’une grande partie de la gamme Carp Spirit, comme la nouvelle série de biwys, les nouveaux matériaux pour les bas de ligne qui vont sortir, ainsi que la gamme de tapis de réception. Je suis très heureux de faire partie d’une team dont les membres travaillent en collaboration étroite et qui sont écoutés par le management des sociétés.
Justement, quels sont tes produits préférés de ces deux marques, et pourquoi ?
Les appâts « Monster Tiger Nut » de Dynamite Baits, car je n’ai jamais été déçu par ces bouillettes sucrées à l’odeur très agréable, à base de noix tigrées, auxquelles les carpes ne résistent pas en toutes saisons. Chez Carp Spirit, je dirais la gamme d’hameçons « Razor Point Hooks », car j’ai capturé un nombre incroyable de carpe avec eux. Ils sont hyper affûtés et disponibles dans une grande variété de formes et de tailles, qui s’adaptent à tous les styles de pêche.
Je sais que tu as pêché dans de nombreux pays. Quelle est ta destination préférée et pourquoi ?
En France, je dirais le domaine d’Abbey Lakes, car leurs plans d’eaux sont très variés et avec un stock important de gros poissons. La plupart de mes pêches en Angleterre se font sur des plans d’eau de type « day ticket » *, et mon préféré est « linear fisheries » pour la grande variété de lacs et de niveaux de difficulté qu’ils proposent. Le fait que ces eaux soient très fréquentées me permet d’échanger avec beaucoup d epêcheurs et de promouvoir les produits des marques qui m’emploient.
* : un « day ticket » est un plan d’eau privé accessibles à la journée avec l’achat d’une carte, par opposition aux « syndicate lakes » où une action à l’année est nécessaire, avec souvent une longue liste d’attente pour intégrer un syndicat. Rappelons qu’en Angleterre le domaine public est inexistant, contrairement à la France. Autre pays, autre culture !).
As-tu déjà pratiqué sur des eaux sauvages du domaine public, comme des fleuves ou des grands lacs, en France ou ailleurs ? Ou bien préfères-tu les eaux privées, comme celles dont tu parles et que l’on trouve en Angleterre et également en France désormais ?
Je préfère les eaux publiques, et si l’opportunité se présentait en fonction de mon travail, j’adorerais y pêcher plus souvent sur le continent. J’ai eu la chance de pratiquer les berges de Saint-Cassien dès 1994, et je suis tombé sous le charme.
Mais j’ai pratiqué et je pratique encore très majoritairement des eaux privées continentales, où honnêtement je prends beaucoup de plaisir.
Tu as été, aux côtés de Dave Lane et Ian Chilcott, pour ne citer que les plus connus en France, l’un des personnages de l’émission de télé « carp wars » que les pêcheurs français ont pu suivre sur la chaîne Chasse & Pêche. Peux-tu nous parler de ce concept : où quand et comment cela a-t-il été tourné ?
Il s’agit d’une série de matchs entre deux pêcheurs, dans le cadre d’un tournoi, dont j’ai remporté la saison 2. J’ai accompagné les équipes de la chaîne anglaise « fishing TV » dans sa conception : deux pêcheurs s’affrontaient dans un duel dont le but était de prendre le maximum de carpes, et le vainqueur affrontait un autre pêcheur dans l’épisode suivant.
J’ai adoré y participer, mais j’ai abordé la première saison avec un sérieux insuffisant techniquement et tactiquement, et j’ai terminé troisième. Pour la seconde saison, j’ai mis en place une approche quasi militaire et ultra précise, et j’ai gagné haut la main. Je me suis surtout beaucoup amusé !
A propos d’approche et de tactique, il existe des techniques très variées pour capturer un carpe : sur le fond, en surface, au flotteur en stalking, etc. As-tu une approche préférée parmi celles-ci ?
Oui, sans hésiter rechercher les plus gros poissons de façon classique, sur un bon amorçage. Je suis capable de m’adapter rapidement à toutes les situations, mais pêcher sur le fond reste ma préférence : 3 cannes et un amorçage réalisé par exemple au spod, selon le spot, voilà mon premier choix. Le mélange qui m’a particulièrement réussi en d’innombrables situations est composé de bouillettes Monster Tiger Nut de 12mm, de chènevis et de maïs doux, que je prépare la veille pour que les bouillettes soit imbibées du jus des graines. Le top !
Si tu ne pouvais utiliser qu’un seul montage et un seul appât pour le reste de ta vie de pêcheur, quels seraient-ils ?
Un corps de ligne en nylon Velocity de 19lbs/35 centièmes, un bas de ligne « Ronnie Rig » (ndlr : autre nom du célèbre et très en vogue « Spinner Rig ») avec un hameçon « Medium Curve » en taille 4, et une bouillette Monster Tiger Nut. Un combo mortel !
Quel est ton meilleur souvenir de pêche… et le pire ?
Ma première carpe de plus de 40 livres en Angleterre est un grand souvenir. Dans un autre registre moins agréable, j’ai bien failli me noyer quand j’étais enfant, en tombant tout habillé dans une rivière…
Pour revenir à ma première carpe de plus de 40 livres, c’était en 1996 dans le lac d’un syndicat dont j’étais membre, appelé Summerleaze à Maidenhead. Je venais de m’installer par un fort vent de sud-ouest, quand j’ai vu sauter un gros poisson juste derrière mon amorçage. Je précise que ce lac fait 26 hectares et qu’il ne contenait que 16 carpes, alors en voir une sauter était déjà considéré comme un bon résultat ! Après deux heures de pêche, une des cannes a démarré et le beau combat qui a suivi m’a rapporté une magnifique miroir de 43 livres.
As-tu des projets spéciaux pour cette année ? Es-tu plutôt un pêcheur organisé qui planifie toutes ses sessions à l’avance, où fais-tu selon tes envies du moment ?
Je m’étais fixé comme objectif de prendre une carpe de plus de 50 livres en Angleterre, mais comme c’est arrivé dès janvier, maintenant j’en veux une autre !
Mes plans pour le reste de 2022 sont de pêcher en Europe plusieurs fois, car j’ai du annuler plusieurs voyages à cause de la pandémie. J’ai 4 sessions prévues dont 2 avec un ami sur une eau au stock de carpes inconnu. Les autres sont prévues à Abbey Lakes, une de mes destinations favorites. Les carpes y sont différentes des autres plans d’eaux où j’ai pêché en France, elles sont très sombres, avec des écaillures particulières et très grosses !
Chez moi en Angleterre, je vais pratiquer plusieurs de mes eaux habituelles, comme je le fais chaque année pour le travail, et m’adapter au mieux aux conditions du moment.
Et plus globalement cette année, je vais tester les bouillettes CompleX-T comme appât principal, pour changer un peu.
Merci beaucoup Ian pour le temps que tu nous as accordé et pour tes réponses. Quel dernier conseil donnerais-tu aux jeunes - et aux moins jeunes ! - qui commencent à pratiquer la pêche de la carpe ?
Profitez à 100% de votre temps au bord de l’eau ! Et respectez l’environnement, le poisson, mais également tous les autres pêcheurs autour de vous.