1. Remettre le matériel en état
C’est généralement vers décembre que la majorité des pêcheurs de carpes clôturent leur saison. Le froid est là, beaucoup de plans d’eau privés ont fermé leurs portes. Les fêtes de fin d’année approchent et incitent le carpiste raisonnable à rester en famille avec madame et les enfants, surtout lorsqu’il a déjà largement consommé son crédit temps de pêche. Le matos qui a été sollicité durant toute la saison est alors remisé dans le fond du garage, souvent tel quel. On veillera à plusieurs choses pour s’éviter les déboires classiques que l’on connaît tous quand on ressort le matériel trois mois plus tard. Ce qui est prioritaire, c’est de changer ses fils nylons sur les bobines des moulinets qui ont pêché toute l’année. Pour ceux qui utilisent de la tresse, cette dernière s’use beaucoup moi vite et on peut la garder entre trois et cinq ans suivant l’usage. Pour le nylon, sa durée de vie est bien plus faible car il n’aime pas beaucoup les expositions prolongées aux UV, certaines eaux très basiques ont tendance à le faire se dessécher et il devient alors cassant. Un bon moyen de constater que votre fil est bon à changer et de contrôler sa tendance à vriller. Si tel est le cas, poubelle ! Et puis si vous êtes un adepte des pêches de rendement, le fait de lancer, de ramener et de combattre beaucoup de poissons accélère le vieillissement du fil, parfois la durée de vie de votre monofilament ne dépassera pas celle de votre session! En général, un monofilament se change en moyenne tous les six mois à un an. N’oubliez pas de renouveler aussi vos têtes de ligne ! Ensuite, on fera le point en petits matériels et on regarnira ses boîtes en hameçons, émerillons, clip-plomb, nécessaire de montage, fluoro, tresse à bas de ligne, plombs, … C’est bien aussi de recharger tout ce qui fonctionne sur batterie comme les powerbanks, les lampes, … mais aussi de remettre ou de changer les piles des détecteurs et de la centrale qui vont bientôt sonner !
2. Sélectionner le bon type d'eau
Lorsque l’on a décidé de se lancer, il convient de réfléchir aux différentes possibilités qui s’offrent à nous. Il existe une foultitude de choix divers et variés entre les plans d’eau, les étangs, les grands lacs, les rivières et les fleuves ! Personnellement, je ne m’aventure pas sur des eaux inconnues à cette saison car la réussite devient alors très aléatoire. J’aime mettre toutes les chances de mon côté et je préfère m’orienter vers des pièces d’eau de taille raisonnable, inférieures à 100 hectares ou alors pêcher les eaux vives et notamment les rivières où les poissons ne restent pas léthargiques bien longtemps et redémarrent leur activité plus tôt, à cause du courant qu’ils doivent supporter. J’aime commencer sur des eaux bien peuplées en carpes et où j’ai de bonnes chances de cartonner. De bons résultats en début d’année permettent de se mettre en confiance pour aller se confronter plus tard à des eaux difficiles. Peu importe le type d’eau que l’on aura sélectionné, il existe quelques critères à prendre en considération pour trouver les carpes, souvent rassemblées sur des zones précises en sortie d’hiver.
3. Déterminer les bons postes
En hiver les carpes vont devoir diminuer fortement leurs déplacements et leurs périodes d’alimentation puisque la chute des températures va avoir un effet important sur leur capacité à trouver de la nourriture et à la digérer. Les poissons font alors le choix de se rassembler dans les endroits des types d’eau où elles vivent qui restent les plus chauds. C’est pour cela qu’en eaux stagnantes, elles vont rejoindre les parties les plus profondes et vaseuses, car la décomposition de la vase dégage un peu de chaleur au fond de l’eau et elle contient toujours des vers de vases dont les carpes sont friandes. Elles y trouvent le gîte et le couvert. En même temps, les profondeurs se refroidissent moins vite que la couche d’eau superficielle qui peut même geler lors des plus forts coups de froid. On choisira donc de s’intéresser aux parties les plus profondes des pièces d’eau, c’est par exemple le bon moment pour pêcher les digues. Dans les eaux courantes, c’est différent car la température de l’eau qui est en mouvement ne baisse pas autant qu’en plan d’eau et le courant force les carpes à nager et donc dépenser de l’énergie qu’il faudra qu’elles compensent en mangeant. Il est donc plus facile de trouver des poissons mordeurs en sortie d’hiver dans les rivières. En toute logique, on recherchera là aussi les zones profondes et à l’abri du courant qui sont souvent investies par les poissons. En eaux courantes, les zones couvertes de nénuphars en été sont souvent intéressantes en hiver, j’ai déjà eu l’occasion de piquer des poissons qui étaient venus se nourrir à travers l’enchevêtrement des rhizomes de ces plantes aquatiques. Le soleil peut aussi influencer l’activité des carpes et je vous invite à toujours préférer une berge bien exposée au soleil et à l’abri des vents froids, pour déposer vos montages. À mon sens, une zone profonde à proximité immédiate d’une zone de faible profondeur et bien ensoleillée reste le top du top pour trouver des carpes, surtout si l’on vient y tendre ses lignes au bon moment.
4. Trouver le bon créneau
En hiver, les carpes qui sont des animaux à sang froid ralentissent très fortement leur métabolisme au fur et à mesure que la température de l’eau chute. Durant les refroidissements les plus importants, quand la température de l’eau descend en dessous des 5 °C, les carpes peuvent parfois entrer en léthargie, elles ne bougent plus et restent à demi enfouies dans de la vase ou au cœur d’Hamas de bois, en attendant un réchauffement et des jours meilleurs. Ce sont souvent lorsque des vents de Nord Est traversent la France que les températures dégringolent. En principe, on est alors sous l’influence de l’anticyclone de Sibérie. Évidemment, dans ces conditions, elles stoppent toute activité alimentaire. On évitera donc ces moments peu encourageants à dormir dehors où on a toutes les chances de rentrer capot, frustré et malade. Il faut au contraire choisir les périodes de réchauffement durable, c’est-à-dire lorsque les températures sont à la hausse pendant une bonne semaine car il ne faut pas s’imaginer qu’avec l’inertie du volume d’eau froide, le moindre rayon de soleil va parvenir à faire immédiatement grimper le thermomètre ! C’est souvent courant février et Mars que ces moments-là apparaissent, quand on passe sous l’influence de l’anticyclone des Açores, avec un flux Sud-Ouest. En général, il faut compter trois jours très doux et bien ensoleillés pour que ces dames sortent de leur torpeur et daignent ramasser deux ou trois gourmandises. Le système digestif de la carpe étant en lien avec la température de l’eau et donc du poisson, plus le mercure montera et plus la carpe sera en mesure de pouvoir digérer ce qu’elle mange et en tirer profit. Cependant, il faudra rester très parcimonieux sur les quantités consommables distribuées ! Le leitmotiv sera stimulé et attirer mais sans gaver. En restant dans cet esprit, le choix de l’amorçage se fera plus simplement.
5. Choisir la bonne stratégie d'amorçage
Un amorçage bien pensé en sortie d’hiver ne propose rien de consistant aux carpes. C’est-à-dire qu’il sera constitué de particules, de petites graines, de farines, de granulés très solubles comme le baby corn, de quelques bouillettes normales à forte granulométrie ou solubles broyées. Le maïs doux et les asticots réduits en purée sont eux aussi fortement recommandés. Il ne faut pas négliger les attractants liquides qui peuvent apporter un vrai plus à condition qu’ils soient capables de diffuser en eaux froides. J’aime ajouter des doses généreuses d’huile de saumon ou de chenevis car elles ne figent pas à basse température, j’adore utiliser le booster à base de vers de vase entiers que propose Carp Elémentis associé à leur attractant Ginger Pepper qui est en corrélation avec la même gamme de bouillette que je vais utiliser en esche. À petites doses, le CSL et l’hydrolysat de foie peuvent apporter un plus à l’amorçage en termes d’attraction et de stimulation. Cependant, on évitera les grosses bouillettes, celle avec des textures fines ou caoutchouteuses qui diffusent mal, les pellets carnés de diamètres supérieurs à 4,5 mm, les grosses graines car elles auront vite fait de saturer le poisson et comme le temps de digestion des carpes est très long en eaux froides, vous risquez de devoir attendre longtemps avant d’entendre un détecteur sonner. Dans une eau à 10 °C, comme c’est souvent le cas en mars, les poissons peuvent mettre plus de 12 heures avant de revenir s’alimenter. Il est facile de comprendre que la seule chose de consistante et comestible qui doit exister sur le fond, c’est votre esche ! Ce n’est pas parce qu’il ne faut pas gaver les carpes qu’il ne faut rien mettre dans l’eau même si j’ai déjà enregistré de très bons résultats à la bille perdue, quand je sais exactement où sont rassemblées les carpes. Alors je n’hésite pas à spoder régulièrement, dans le but d’intéresser des poissons et de les réunir dans la zone où se trouvent mes lignes.
6. Sélectionner le bon montage
Puisqu’à cause du froid, les carpes sont plutôt molles et lentes dans leurs déplacements et leur comportement en général, on va devoir adapter notre montage pour qu’il reste efficace face à des poissons qui tournent au ralenti. Pour améliorer l’auto-ferrage d’un montage de fuite classique, il va falloir réduire la longueur du bas de ligne à 15 cm maximum et alourdir un peu le plomb. Le montage hélicoptère sera un choix judicieux sachant qu’en laissant une marge de manœuvre au bas de ligne, il peut éviter au montage de trop s’enfoncer dans la vase ou les végétaux aquatiques ainsi que les feuilles mortes en décomposition qui tapissent certains postes. Plus que jamais, le piquant de l’hameçon devra se montrer irréprochable. Comme à mon habitude, j’utilise des hameçons Curve shank sans ardillons pour une meilleure pénétration. Et puisque je vais les déposer sur des fonds vaseux et que les blancs sont peu actifs, ils vont se révéler particulièrement efficaces et appropriés à la situation. Un simple D-rig monté en fluorocarbone de 35/100e améliore l’aspect anti-éjection très important en cette saison où le poisson qui se sent piqué reste sur place en essayant de souffler l’esche plutôt que de partir dans une fuite éperdue.
7. Utiliser les bons appâts
Qui dit eaux froides dit souvent aussi eaux claires. En début de saison, on a parfois une visibilité de plus de deux mètres et il ne faut pas oublier que la carpe trouve principalement sa nourriture à vue ! Inutile de vous préciser que les appâts de couleurs vives seront un excellent choix pour capter plus rapidement l’intérêt des carpes. Si vos bouillettes d’eschage favorites sont de couleur plutôt discrète, il ne faut pas hésiter à les associer avec une popup flashy ou un appât plastique bien coloré. Je préfère toujours équilibrer mes présentations de manière à surprendre le poisson à l’aspiration et favoriser une bonne piqûre. C’est encore plus vrai en début de saison quand les poissons prennent les appâts un à un et très doucement du bout des lèvres. Lors de mes premières sorties, les faux maïs flottants et de couleurs vives ne me quittent jamais car ils me permettent de transformer mon esche en leurre et d’améliorer mes résultats en termes de départ, surtout lorsqu’ils ont été fortement boostés.
8. Améliorer l'attraction de vos esches
Toujours dans l’esprit de rester en rapport avec les bouillettes broyées introduites dans l’amorçage, je place systématiquement une de ces bouillettes entières sur le cheveu. Mais je reste fidèle à mon idée d’alléger ma présentation en l’associant avec un faux maïs fluo. Puisque je n’utilise presque exclusivement que les bouillettes Ginger pepper de Carp Elementis, je vais tremper les bouillettes d’eschage et son faux maïs dans le dip Ginger pepper afin de rester sur les mêmes notes aromatiques que l’amorçage. Cependant, ce booster contient aussi d’autres ingrédients qui vont permettre à mon appât d’être détecté de loin par un poisson, même en eaux froides mais aussi de se démarquer de l’amorçage. L’autre astuce que j’emploie régulièrement quand il s’agit de stimuler fortement le réflexe alimentaire des carpes, c’est la boule de farine serrée autour du plomb. Autrefois cela s’appelait la pelote, maintenant on parle de méthode mais le concept reste le même. J’attache une grande importance à la composition de ce mélange de farines et j’utilise les meilleurs ingrédients éprouvés comme étant capable d’attirer un poisson de loin. Le krill, le foie, les farines de poissons bleus, le calamar peuvent entrer dans la recette et sont incorporés avec des amorces collantes afin de pouvoir faire des boules qui tiennent autour du plomb et qui puissent être lancées. Je ne connais pas grand-chose de plus efficace pour intéresser une carpe qu’une boule de farine concentrée en attractants à proximité d’une esche boostée.
9 - Augmenter la détection de vos touches
Puisque les carpes ne font pas vraiment de gros départs quand l’eau est encore froide, il faut soigner son système de détection. C’est vrai qu’elles ont tendance à rester sur place à essayer de se débarrasser de l’hameçon plutôt que de démarrer en sprint! D’où l’intérêt de raccourcir les bas de ligne pour que le poisson n’ait que peu d’amplitude avant de déplacer le plomb et ainsi de provoquer la détection de la touche. On pourra augmenter la sensibilité des détecteurs s’ils sont équipés de cette fonction bien pratique et puis alourdir les indicateurs de touche visuel pour que le moindre mouvement au niveau du montage puisse être perçu. Parfois, il ne faudra pas hésiter à ferrer sur un seul bip tellement les touches peuvent être discrètes à cette saison.
10. Être et durer, surtout durer
Sortir au bord de l’eau fin février ou en mars relève parfois de l’autoflagellation ! Le temps est incertain et on assiste souvent à une alternance de périodes de froid intense et de redoux pas toujours évidente à supporter quand on est dehors. On peut aussi avoir à faire face aux fameuses giboulées de mars qui vous trempent jusqu’aux os en quelques minutes. Il faut donc prévoir un équipement adapté pour pouvoir rester au sec et au chaud malgré des conditions instables. Voici une liste non exhaustive du matériel que je n’hésite pas à emporter à cette période pour être tranquille: un chauffage de biwy, une lampe à gaz qui dégagera de la chaleur en plus de m’éclairer, une tenue de pluie haut et bas, des bottes, des chaussettes chaudes, des chaussures chaudes, une winter suit, un blouson matelassé, des sous-vêtements thermiques, des gants chauds, un bonnet, des vêtements de rechange. Niveau alimentation, je prévois de manger chaud matin, midi et soir, viandes grillées, légumes, soupes et thé seront les bases de mon alimentation sans oublier des fruits secs pour leur apport énergétique.
En conclusion
Voici les 10 commandements que je m’efforce d’appliquer lors de mes sessions de sortie d’hiver. J’espère qu’ils vous aideront à bien commencer l’année 2024 qui sera merveilleuse pour vous, j’en suis certain ! Cette période n’est jamais simple à aborder car il y a un autre élément que je n’ai pas évoqué, c’est que l’on est souvent rouillé ! Quand on n’a pas pêché depuis trois mois, inutile de vous dire que certains automatismes ne sont plus là, que la précision et les distances de lancer ont pris du plomb dans l’aile et que l’on a même parfois oublié comment réaliser certains nœuds ! Pas de panique ! Un peu de pratique et d’entraînement et tout cela reviendra très vite ! Pour les aspects stratégiques ou autres, je vous invite à parcourir notre site, vous pourrez certainement retrouver les informations oubliées que vous recherchez désespérément ! Moi qui ai une mémoire de poisson rouge, j’ai trouvé la solution, je n’arrête jamais de pêcher et de lire Media Carpe sur le web et en version papier tout au long de l'année...