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Pêche de la carpe au printemps (1) : où, pourquoi et comment ?

À la sortie de l’hiver, nos eaux sont encore fraîches. Les températures remontent petit à petit et les carpes sont de nouveaux actives et s’alimentent de plus en plus avant la période de fraie grâce à la nourriture naturelle qui ne cesse de se développer. C’est donc une période propice pour mettre des carpes sur le tapis et espérer voir l’aiguille du peson monter le plus haut possible. Il y a de nombreux paramètres à prendre en considération afin d’optimiser vos pêches printanières. On vous explique tout !

Les carpes sont très actives juste avant et après la fraie. Le printemps est donc l’occasion de voir l’aiguille du peson s’affoler, d’autant que c’est potentiellement la saison où les poissons sont le plus trapus.

Un scénario identique d'une année sur l'autre

C’est, en gros, le même scénario tous les ans et généralement sur les mêmes zones (herbiers, branches, rochers, eaux peu profondes…). Sur les petits plans d’eau, il y a souvent une zone de fraie. Plus la superficie est grande, plus il y aura potentiellement de secteurs où les carpes se réuniront pour frayer, donc de lieux à prospecter. En lac, c’est souvent en queue ou dans les baies que les poissons se réunissent. Pour les eaux courantes, les bras, les herbiers et les obstacles dans des eaux peu profondes sont à privilégier. À cette période de l’année, il n’est pas rare que les rivières soient en crue ou en phase de décrue et que l’on puisse observer les carpes marauder voire frayer dans les champs. On constate ce phénomène dès que les pluies plus chaudes font monter en peu de temps la température de l’eau, ou que le soleil tape sur les prairies inondées…

Les herbiers sont des zones productives au printemps.
Crédit photo : Christophe Courtois

Une méfiance qui s'efface

Avec l’approche de la fraie, les carpes seront moins méfiantes, plus faciles à localiser et approcher. Cette fenêtre reste limitée, elle s’ouvre sur 7 à 10 jours. Pour éviter de passer à côté, l’observation des mouvements et des rassemblements n’est possible que tant que les eaux sont claires. Une fois que les carpes entrent en frai, on les voit tourner dans très peu d’eau et on commence à les entendre claquer ici-et-là. Généralement la pêche bascule sur off, elles ont d’autres choses en tête. De toute façon, il semblerait logique de les laisser tranquilles pour que la reproduction se passe le mieux possible.

Une fois que les carpes sont localisées, l'utilisation de PVA avec un amorçage ciblé donne de très bons résultats.
Crédit photo : Christophe Courtois

Un décalage

Il n’est pas systématique que tous les poissons frayent en même temps. Parfois, les gros sujets frayent après, ce qui peut être une stratégie pour les coucher sur le tapis au maximum de leur poids. D’ailleurs, c’est souvent à cette période de l’année que tombent les records. Ces poissons se baladent souvent en petit comité et il est généralement possible de les suivre. Ils entament un rituel pendant quelques jours tout en continuant à s’alimenter. Nous avons justement eu l’occasion d’observer quelques spécimens en drone juste avant la fraie. Ils ont tendance à longer les herbiers et les bordures, en eau peu profonde et chercher l’alimentation à proximité. Souvent, les femelles continuent de s’alimenter tandis que les mâles tournent autour, mangeant peu. Quelques jours après, les femelles arrêtent de se nourrir tandis que les mâles, pleins de laitance, attendent que ces dames libèrent leurs œufs. Si vous capturez des mâles à cette période, vous pourrez constater lors de la séance photo qu’ils perdent leur semence et observer des nodules reproducteurs blanchâtres sur leur tête ou sur les pectorales. Vous connaissez la suite, les mâles viendront se frotter aux femelles et féconder les œufs qu’elles libéreront.

Juste avant la fraie, les résultats peuvent être au-dessus de vos espérances !
Crédit photo : Christophe Courtois

Visualisation du cheptel

Pendant cette période d’insouciance, ne vous privez pas de les observer afin de réaliser un recensement précis, de voir leur comportement et de savoir si elles se nourrissent ou pas. En cas d’activité alimentaire, limitée, une approche en stalking avec une canne s’avère une très bonne idée. Avec un spinner et une poignée d’appât, rien n’est impossible.

Une pop-up fluo au milieu des herbiers, ça peut rapporter gros.
Crédit photo : Christophe Courtois

L'après fraie

Cette période n’est surtout pas à négliger. Les poissons se sont dépensés et ont jeûné pendant plusieurs jours. Pour les femelles, elles ont évidemment perdu du poids, le ventre est flasque et des combats moins puissants. Comme il est souvent difficile de savoir quand elles vont reprendre un rythme normal, il est préférable de mettre en place un amorçage sur une quinzaine de jours en fin de fraie, afin de garder et de concentrer les poissons au même endroit, dans l’espoir d’enchaîner les départs.

Un poisson capturé par Eric Deboutrois juste après la fraie et une remise à l'eau rapide.
Crédit photo : Eric Deboutrois

Une bonne manipulation et une remise à l'eau rapide

Si tous nos auteurs ne cessent de vous rappeler de manipuler les poissons avec précautions en temps normal, il convient d’être encore plus prudent en cette période. Les femelles ont souvent le ventre distendu par les œufs, soyez vigilant depuis la mise à l’épuisette jusqu’à la remise à l’eau. Comment d’habitude faites attention aux nageoires, mais plus que jamais évitez de les faire reposer sur le ventre et de les laisser dans un sac de conservation ou dans un sling. Remettez-les le plus rapidement possible à l’eau, en réduisant au maximum la séance photo, y compris en cas de capture nocturne. La meilleure façon pour accélérer la remise à l’eau est d’anticiper. Préparer votre zone photo et votre matériel avant et pour les prises de vues nocturnes, munissez-vous idéalement d’un projecteur à LED.

Une promenade en amoureux !
Crédit photo : Christophe Courtois


À savoir

Les carpes sont à maturité sexuelle entre deux et six ans. Leur fraie se déroule de mai et de juillet, en fonction de la température de l’eau, généralement entre 18 et 20 degrés. Dans certaines conditions environnementales ou météorologiques, elle peut avoir lieu en plusieurs fois. La ponte est quant à elle réalisée dans des eaux peu profondes (moins d’un mètre), sur une dizaine de jours en moyenne. Les femelles peuvent produire plus d’un million d’oeufs en fonction de leur taille et de divers facteurs biologiques. Plusieurs mâles peuvent naturellement fertiliser les œufs. Parfois les femelles pondent aussi de petites quantités d’œufs et les gardent pendant plusieurs mois. Évidemment, l’avant et l’après fraie sont deux périodes très intéressantes pour enchaîner les départs, alors ne les manquez pas.

Une séance photo rapide dans l'eau et un poisson qui retourne directement dans son élément.
Crédit photo : Christophe Courtois

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