Il faut avouer qu’une traque dynamique et des touches en surface ont un vrai côté ludique, voire jubilatoire lorsqu’elles s’enchaînent. L’approche nécessite peu de préparation et de matériel comparativement à la pêche de la carpe au posé. Pas de batterie, pas de détecteur, pas de pré-amorçage, une seule canne et une baguette à 1 €.
Discrétion
Commençons la liste de l’équipement nécessaire par l’indispensable couvre-chef et une bonne paire de lunettes polarisantes, pour à la fois préserver nos yeux de la réverbération et trouver les poissons en maraude. J’ai aussi pris l’habitude, depuis que je pêche le bass en float-tube, de mettre des t-shirts à manches longues, respirants et camouflés, à la fois pour plus de discrétion et pour éviter les coups de soleils cuisants sur les bras. On peut même enfiler une tenue légère de sniper. Ça pourrait prêter à sourire, mais malgré leur torpeur apparente, les carpes savent parfaitement détecter la moindre anomalie dans leur champ de vision. Les copains qui pratiquent assidûment le stalking ne jurent plus que par ces tenues de Ghillies très efficaces ! Il faut bien sûr commencer par trouver les poissons à vue, ce qui est facilité par les eaux claires à cette saison, ou, l’un n’empêchant pas l’autre, par choisir les postes censés en abriter quelques-uns en nous fiant à notre sens de l’eau (zones peu profondes, de nénuphars, frondaisons…).
Amorçage sommaire
Ensuite, on essaie de créer un peu d’activité et de concurrence alimentaire, en lançant quelques morceaux de pain. Cela demande généralement peu de temps avant que les plus téméraires, souvent les poissons blancs et les carpeaux, montent pour venir gober le pain avant que ça ne tourne à l’orgie. À battre ainsi le rappel, les poissons les plus gros ne tardent pas à rejoindre la tablée. J’attends toujours un peu sans pêcher pour voir si justement une carpe un peu plus grosse ne traîne pas dans le coin. Ce n’est pas vraiment évident de cibler un poisson, car les morfales risquent de venir chiper l’offrande et au premier combat, souvent sportif à courte distance, le banc se dispersera. On a le choix de retirer l’appât lorsque pointe le nez des petites, ou de prendre le tout-venant en acceptant de devoir recommencer un peu plus loin.
Stalking
Avec cette approche, on n’emporte que le strict minimum, à commencer par une seule canne. Dans l’absolu, n’importe quel ensemble d’au moins 2,40 m équipé d’un moulinet 2500 convient, quant à la puissance, tout dépend de la taille des poissons convoités. On emporte une épuisette adaptée aux berges (ou au float-tube) et peu encombrante dès qu’il va s’agir de parcourir un peu de terrain. Lorsque l’on pêche du bord, on peut disposer l’épuisette dans (sur) un petit tapis de réception type stalking, dans lequel on pourra mettre une petite boîte avec le peu de matériel nécessaire, quelques hameçons, du Nylon et évidemment du pain.
L'esche reine
Rien de plus simple ni de plus irrésistible qu’un vrai bout de pain de 2 cm de côté environ, avec la croûte pour pouvoir y planter l’hameçon simple de taille 4 à 6. À la touche, c’est un peu comme pour le bass à la grenouille : attendez un tout petit peu, pour voir le flotteur ou le fil partir ou de sentir le poisson avant de redresser la canne. Apprenez à ne pas ferrer en voyant le poisson gober. Le risque à réagir trop vite, c’est justement, au sens propre, de lui ôter le pain de la bouche ! Le revers de la médaille avec le pain, c’est qu’il ne tient pas toujours très longtemps à l’hameçon une fois mouillé, alors qu’il faut justement le mouiller pour pouvoir le lancer. Encore une fois « patience est mère de sûreté », attendez que les poissons soient actifs sur l’amorçage pour lancer votre morceau de pain.
Flotteurs spéciaux
Tout comme l’approche, le montage est donc on ne peut plus basique. Un bas de ligne plutôt long, qui peut faire plus du mètre, à choisir d’un diamètre adapté à l’environnement et au gabarit des poissons, et un hameçon, rien d’autre, sauf lorsqu’il faut lancer un peu plus loin. Pour cela on s’aidera d’un flotteur « auto lesté », de type buldo. Là encore, il existe des flotteurs spéciaux pour la pêche de surface, généralement de teinte discrète avec juste une petite touche de fluo sur le dessus. J’utilise un petit modèle, plus discret, et s’il faut vraiment pêcher plus loin, je prends un modèle qui n’est autre qu’une bombette. Quel que soit le modèle que vous choisirez, évitez bien entendu de lancer directement sur les poissons, jouez avec le vent ou le courant pour effectuer une dérive vers ces derniers ou, à défaut, lancez plus loin en ramenant doucement. Lorsque les carpes sont là mais ont du mal à monter, l’avantage du flotteur c’est aussi que l’on peut pêcher en subsurface en prenant n’importe quelle esche un peu plus dense voire en allongeant encore un peu plus le bas de ligne.
Les alternatives au pain
Bien que le pain soit à mon goût le plus attractif, tout ce qui flotte et qui ressemble à quelque chose de comestible peut attiser la curiosité d’une carpe. Les croquettes pour chiens ou chats marchent bien (attention, toutes ne flottent pas) et peuvent aussi servir d’amorçage en surface pour voir si les poissons réagissent. Elles se lancent loin à la fronde. Les imitations en plastique (grains de maïs, lupin et autres) peuvent être tentées. Vous pouvez escher au cheveu une bouillette ou un dumbell flottant blanc. Vous pouvez aussi fabriquer une « mouche » imitation pain, sachant qu’il existe également dans le commerce des imitations qui ne coûtent, si j’ose dire, qu’une bouchée de pain.