Sur les traces de nos grands-pères
Multi-pêcheurs plutôt que spécialisés dans un style de pêche ou de poisson particulier, nos très chers papis étaient tout de même des pêcheurs au coup invétérés. Tous les poissons blancs y passaient : ablettes, gardons, rotengles, tanches et bien-sûr carpes… C’est en les accompagnant toute notre enfance au bord de l’eau, en nous imprégnant de leurs techniques, de leurs gestes, que nous avons développé aujourd’hui une technique d’amorçage que nous affectionnons (peu importe le type d’eau rencontré pour la carpe). Nous nous souvenons : les journées de pêche étaient réglées comme du papier à musique. Amorçage fort à la farine le matin pour la blanchaille histoire de garnir la bourriche et après-midi sieste avec une ou deux cannes à la pelote eschées d’un ou deux grains de maïs pour y piéger une carpe… Vous nous sentez venir : rien d’extravagant mais de l’efficace et de l’éprouvé. Nous usons et abusons de farines ou de matières solubles et notamment des pellets végétaux pour démarrer nos spots de pêche.
Attirer et fixer durablement : du « solide soluble »
Aussi bien en barrage qu’en petite rivière, nous faisons très souvent face à des poissons qui naviguent beaucoup et qui ne passent pas beaucoup de temps par zone. Ces poissons sont toujours en quête de nourriture, et les spots sont innombrables : bordure, profondeur, bas de pente, marche, éboulis rocheux, arbres immergés etc... C’est pour ces raisons et ces constats simples que nous avons développé (sans se concerter au départ) un mélange à base de farines «solides» telles que le babycorn, le pellet chènevis ou le pellet noix tigrée. Nous sommes aussi des fans de particules en tous genres (mélanges à pigeons, maïs entier et concassé, noix tigrées). Le but est de potentiellement ralentir les carpes et de les maintenir le plus longtemps possible sur les zones piégées.
Les avantages des pellets végétaux sont nombreux. Solubles, ils peuvent être retravaillés en les mouillant à l’eau, au soak ou dip. On peut aussi jouer sur la couleur des pellets pour rechercher un effet de contraste par rapport au fond. On peut aussi les utiliser sur n’importe quel type de substrat et reprendre surtout toutes les qualités d’une amorce au coup classique. La taille modeste des particules (et nous en sommes convaincus) permet de renforcer l’attrait des pellets et de fixer plus longtemps les poissons sur le spot. En effet, les poissons vont fouiner les moindres recoins entres les pierres à la recherche de pitance. Une hypothèse très probable et reconnue par la majorité : à quantité égale, un poisson passera moins de temps à « nettoyer » un spot de gros appâts (type bouillette en 24mm ou 30 mm) plutôt qu’une multitude de petits voire de micros appâts.
La vraie contrainte de ce genre d’approche se pose sur les lieux de pêche où on trouve une grande densité d’ « indésirables » aussi nommés « nuisibles ». Pour des sessions d’au moins 24 heures, nous n’hésitons pas à envoyer entre 500 grammes et 2 kilos de bouillettes et de tigers de manières larges et éparses suivant l’activité des nuisibles. Ainsi nous mettons en place notre amorçage soluble mais nous assurons nos arrières. Il restera quelques denrées lorsque les carpes passeront à table. L’idée est de marquer et créer de suite la zone de pêche, le « hot » spot sera marqué par nos mixtures. Même dissous, les pellets continueront de donner « du goût » au spot, continueront d’attirer les poissons.
Amorçage soluble et sélection du poisson
Cette stratégie d’amorçage n’as pas vocation à sélectionner une taille particulière de poisson, mais plutôt à donner un coup de starter à votre pêche. Vous êtes susceptible d’attirer tous type et toutes tailles de poissons. Il faut se rendre compte que dans beaucoup de cas en petites rivières et en lacs de barrages, les poissons se déplacent par groupes de plusieurs individus et peuvent emprunter le même chemin (pallier entre deux pentes abruptes par exemple). Et sur des pêches rapides, chaque touche est bonne à prendre ! Ce type d’amorçage peut être très bien appliqué d’ailleurs sur n’importe quel type d’eau lorsque l’on en comprend tous ses avantages.
Concernant le choix de l’esche, Lancelot préfère l’utilisation de pop up, avec un gros faible pour la pop up jaune miel ananas ou rose fluo cassis sur un slip D rig. Jef affectionne particulièrement une noix tigrée équilibrée d’un maïs flottant ou une wafter. Nos choix se portent généralement sur un appât équilibré ou décollé du fond, peu importe le substrat (sable, pente, éboulis de pierre, glaise). L’appât se présentera toujours parfaitement au-dessus de la mixture, l’hameçon bien dégagé, prêt à se piquer sur la première carpe qui croisera l’amorçage.
Coup de poker = coup gagnant
Sur un petit barrage du Limousin que Lancelot pratique depuis des années, il s’amuse à créer de cette manière un spot très réduit de 2 ou 3 mètres carrés maximum sur des zones où il n’y as pas de spot flagrant au premier abord. Il amorce donc souvent en pleine eau, zone assez profonde de 8 à 12m et en pleine vase. Il mouille le pellet avec le jus du maïs concassé et du jus des noix tigrées. Il aime booster sa mixture à l’aide d’un soak aromatisé au plus proche des bouillettes qu’il utilise. De cette manière, il confectionne aisément des boules d’amorce compactes composées de son mélange et il n’a aucune crainte de pêcher dans les profondeurs.
Sur ce barrage, la pêche se fait la plupart du temps sur les bordures. Les carpes longent les berges, et mordent à 80 % de jour. La majorité des pêcheurs le savent et bien sûr tout le monde pêche de façon stéréotypée. En modifiant son approche, et la profondeur de pêche, Lancelot a pu capturer tout au long de ces années beaucoup de carpes de nuit avec quelques carpes qui sortent du lot et à plusieurs reprises, capturées en plein milieu de nulle part, si on peut dire.
Jef pratique une petite rivière et il a passé pas mal de temps sur un bief en particulier. Celui-ci est court et bien peuplé. Au fil des années, les poissons ont peu à peu « réagi » à la pression de pêche (d’autant que d’autres s’y sont intéressés). On est bien loin des lacs surpêchés mais peu à peu le comportement des poissons a évolué et les touches sont devenues (selon les années) moins évidentes à avoir. En appliquant la méthode décrite ci-dessus (amorçage soluble assez quantitatif), les touches sont redevenues plus régulières, notamment de jour. Jef aime désormais amorcer en avance : un amorçage « soluble/solide » simple et efficace (voir encadré).
Le plus optimal semble 3 à 4 amorçages avant la pêche (tous les deux jours). Jef n’hésite pas à étaler sur ses spots de pêche 5 à 6 kilos de son mélange. Il y incorpore des billes coupées en 2, des billes de petit diamètre et des tigers Le jour de la pêche, quelques bonnes boules d’amorce sont placées bien précisément et le tour est joué... L’eschage est très souvent composé d’une bille équilibrée (wafter) de couleur blanche ou rose (il a un faible pour les monster crab et cassis). De plus en plus souvent, les carpes sont précédées par les brèmes, les barbeaux et les tanches. Il n’est pas rare que sur une nuit ou sur une journée (4 à 8 heures de pêche), Jef fasse jusqu’à une petite dizaine de touches. Tout comme en barrage, les carpes des petites rivières « passent » en groupe et se déplacent rapidement. Avoir recours à ce genre de stratégie semble bel et bien les ralentir un peu, pour notre plus grand plaisir !
Deux recettes d’amorçage solide/soluble
Lancelot :
Mais concassé cuit + noix tigrées (1/3)
Pellets chènevis, baby corn (2/3)
Amorçage simple et passe partout, servant de base, peut être agrémenté d’autres farines suivant la période et envie du moment... Le jus des noix tigrées et du maïs concassé est ‘pompé ‘ par le pellet végétal. Le jus étant très collant, vous pourrez aisément former des boules d’amorce compactes.
Astuces : Lancelot ajoute très régulièrement de l’huile de chènevis ou soak pour faire travailler l’amorçage dans la colonne d’eau
Jef :
Base identique à Lancelot :
Mais concassé (1/3 de la quantité),
Pellets végétaux (tiger, babycorn et chènevis), tiger concassée (1/3 de la quantité)
Le dernier tiers est composé de farines sèches (tiger ou pêche au coup), éléments solides (billes coupées en deux, tiger) et selon les saisons de robin red (surtout en automne) ou de candy nectar (surtout au printemps et en été). Jef aime mouiller et faire « travailler » cette mixture avec du tiger extract et/ou de l’huile de robin red.
Il aime faire cette préparation au moins 24 heures en avance de façon à ce que l’ensemble soit à la fois soluble et aussi assez solide.