Bonjour Luc et Jeffrey, pouvez-vous présenter Underfishing aux lecteurs de Média Carpe ?
Underfishing est une entreprise fondée il y a 4 ans, par 4 cousins Dave, Donny, Jeffrey et Luc. Tous ont la même passion pour la pêche et la nature. Désireux d’explorer et de partager les mystères subaquatiques avec le reste du monde, nous produisons des vidéos. Nous sommes indépendants et travaillons avec beaucoup de marques, grandes ou plus confidentielles, pour montrer leurs produits en action de pêche. Nos contenus sont destinés à la télévision, aux chaînes YouTube des dites marques ou diffusées sur nos propres canaux.
Sur quels types d’eau filmez-vous ? Pourquoi ?
Nous avons commencé par filmer chez nous en Hollande avant de réaliser plusieurs vidéos en France, puis dans sept pays d’Europe. La France reste notre pays préféré, en raison de la beauté des paysages, des eaux claires et de ses grosses carpes. Nous allons sur différents lacs plusieurs fois par an, ce qui nous a permis cette année d’attraper les deux plus grosses carpes de tous les temps face caméra. Nous filmons dans les parties les plus claires afin d’obtenir un contenu de la plus haute qualité possible et des images subaquatiques spectaculaires. Nos caméras sont relativement petites et n’ont aucun effet visible sur les carpes, tant sur les lacs à forte pression que ceux vierges. Ceci dit les carpes pourraient détecter la nourriture sans aucune visibilité, nous le voyons à la caméra lorsqu’elles créent un gros nuage de sédiments et continuent à se nourrir à l’aveugle. Dans l’eau claire nous pouvons voir comment elles réagissent à différents types d’appâts, et la vision semble jouer un rôle majeur.
Lorsqu’elles voient ou détectent nos appâts, y a-t-il de réelles différences de comportement entre les différentes carpes ?
Oui, il y a beaucoup de différences. Certaines carpes sont vraiment dominantes et continuent à repousser les autres lorsqu’elles se nourrissent. Certaines mangent paisiblement, quitte à se poser à plat ventre sur la tablée tandis que d’autres prennent une pleine bouchée puis délaissent la zone pendant plusieurs minutes avant d’y revenir et s’y nourrir à nouveau. C’est vrai aussi pour ce qu’elles mangent et quand. Les comportements alimentaires peuvent varier sur plusieurs jours. Un jour, elles se nourrissent beaucoup et un autre elles peuvent ne plus rien manger. Elles sont pourtant dans le secteur et peuvent même passer plusieurs fois au-dessus de vos appâts. Nous ne savons pas vraiment pourquoi, bien qu’il nous semble que la météo ait un rôle important.
Remarquez-vous des différences d’attraction (ou de refus) selon l’appât ?
Certaines carpes nagent directement vers une pop-up pour l’aspirer, tandis que d’autres les ignorent complètement. Les images nous ont montré que les pop-up permettent généralement des prises plus rapides, mais de poissons plus petits. Lorsque les carpes ne se nourrissent pas, les pop-up peuvent déclencher leur curiosité. Si elles commencent à se nourrir, il peut être avantageux d’utiliser un wafter ou un appât dense, qui par ailleurs facilitent la piqûre de l’hameçon et intéressent les plus gros poissons. Nous avons fait des tests sur un lac où personne n’avait le droit de pêcher. Les résultats ont été très clairs; plus l’appât est petit (noix tigrées, chènevis, maïs doux) plus la carpe s’en nourrit facilement. Lorsque nous ajoutions des bouillettes au mélange, elles nettoyaient toute la zone sauf les bouillettes! Certaines carpes sont sélectives sur leur nourriture et arrêtent par exemple de manger lorsqu’elles rencontrent une bouillette. Il y a beaucoup de variables et il est difficile de généraliser. Pour cette raison, nous essayons plusieurs choses: si nous avons deux cannes, nous mettons sur l’une un appât dense, sur l’autre une pop-up et varions la quantité d’amorçage par canne. Ensuite, si nous commençons à avoir des touches ou si nous voyons à la caméra qu’une approche fonctionne, nous nous concentrons sur celle-ci… Même si cela peut changer tous les jours ou toutes les heures !
Les vidéos Underfishing montrent la limite de nos montages, qu’en est-il ?
Nous sommes encore étonnés du nombre de fois où nos esches sont touchées avant que nous ayons une prise. En général, lorsque les carpes se nourrissent passivement, le montage est souvent touché. Si l’amorçage est plus épars, les poissons nagent plus et se piquent plus facilement. Tous les montages sont touchés à de multiples reprises, mais plus ils sont agressifs, plus le taux de prises converties est élevé. Nous avons appris que la qualité du montage est vraiment importante. Nous pensions que nous étions de très bons pêcheurs, parce que nous attrapions souvent des carpes. Mais lorsque la première année nous avons étudié les images, notre marge de progrès est devenue très claire.
Justement, qu’est-ce qui peut limiter ces fausses touches ?
Une des choses qui peut changer la donne, nous l’avons appris au fil des ans, est le piquant des hameçons. Au début nous pensions que c’était une astuce commerciale pour faire changer l’hameçon à chaque fois. Cependant, nous avons constaté une nette différence dans le rapport des prises. La longueur du cheveu a également un impact, nous validons la règle selon laquelle pour avoir plus de touches nous devons utiliser un cheveu court. Mais cela se traduit aussi par plus de petits poissons, dont les brèmes. Un cheveu plus long rapporte moins, mais souvent des poissons plus gros. Mais dans l’ensemble, désolé, il n’y a pas de truc magique! Il y a tellement de variables qui font que vous attrapez une carpe ou pas. D’expérience, la chose la plus importante reste l’endroit où vous pêchez. Concentrez-vous sur la recherche du poisson et créez une concurrence alimentaire en donnant juste la bonne quantité d’appât. Lorsqu’elles entrent en compétition, vous pouvez les attraper avec tout ce que vous voulez. Elles vont même jusqu’à aspirer les pierres sur le fond. Le véritable “game changer” c’est le pré-amorcage. Nous avons fait plusieurs tests face caméra, pendant de nombreuses semaines, et nous avons beaucoup appris à ce sujet. Les poissons peuvent être totalement conditionnés: nous voyions les mêmes poissons arriver à la même heure, tous les jours et parfois même ils attendaient sur place! Ils peuvent être tellement conditionnés qu’ils essaient de se nourrir même lorsqu’il n’y a pas d’appât, en filtrant le sable, aspirant chaque branche ou cailloux. Il suffit alors d’un simple single-hookbait pour attraper un poisson en quelques minutes.
En tant que pêcheur, si vous ne deviez choisir qu’un seul montage et un seul appât, quels seraient-ils ?
On utiliserait un Ronnie rig, pour sa polyvalence. Vous pouvez l’utiliser sur presque tous les fonds, même avec un wafter ou une bouillette dense. Quand nous l’avons testé une des premières fois, nous avons piqué l’un des poissons qui n’était jamais sorti auparavant. Comme type d’appât, ce serait une bouillette, parce qu’on peut l’utiliser toute l’année, déclinée dans différents diamètres et formes. En hiver, vous pouvez les réduire en miettes et les présenter près de votre hameçon, et en été elles sont parfaites, sans autre artifice.
Quelles sont les idées reçues qui se sont révélées fausses sous l’eau et à l’inverse qu’avez-vous découvert ?
Tellement de choses… Lorsque nous n’attrapons rien, nous pensons toujours qu’il n’y a pas de poisson dans le secteur, or c’est souvent faux. Nous avons constaté tellement de fois qu’il ne restait plus que l’esche, que tout autour avait été nettoyé, ou que les poissons étaient là mais ne voulaient tout simplement pas se nourrir. Nous avons aussi testé la fréquence à laquelle le montage s’emmêlait… C’est beaucoup moins fréquent qu’on ne le pense. Même quand ça arrive parce qu’un poisson a donné un coup de queue, nous avons attrapé des carpes par la suite. Nous avons testé le Spomb et nous avons été étonnés de voir à quel point les appâts tombaient de façon compacte au fond. Nous avons aussi essayé de voir l’impact d’une porte de voiture qui claque, sans constater de réaction vive, au contraire de ce qui se passe lorsque nous marchons ou parlons près du spot. Les gens pensent souvent que les carpes sont facilement effrayées, et c’est vrai lorsque vous les approchez de la rive. Alors que lorsque nous nageons avec elles, elles sont en fait très curieuses. On observe cette même curiosité devant la caméra, lorsque les carpes vont directement chercher une pop-up rose sur un gros tas de bouillettes, par exemple. Une autre chose intéressante : nous pouvons entendre le son se propager à travers la ligne jusqu’au spot. Par exemple, lorsque vous prenez votre canne pour mouliner, vous l’entendez à la caméra. Nous avons vu des poissons se piquer et d’autres continuer à se nourrir, indifférents, des carpes se débarrasser d’un montage d’une seule secousse, ce qui n’entraîne qu’un seul bip; d’autres se piquer et rester complètement immobiles, sur place. On a vu les silures se nourrir sur le spot alors qu’on attrapait des carpes, les petits poissons déplacer le montage partout, et bien d’autres choses encore.
Puisque malheureusement il faut conclure, comment est-il possible de rentrer en contact avec les cousins Underfishing ?
Vous pouvez nous trouver sur Instagram, YouTube, Facebook et TikTok. N’hésitez pas à nous envoyer un message direct sur Instagram, où nous sommes très actifs. Une autre option consiste à nous envoyer un e-mail info@underfishing.nl Cela vaut également pour les entreprises ou les propriétaires de lacs qui souhaitent explorer la possibilité d’une collaboration.