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Appâts naturels ou pain : le duel !

La saison hivernale de pêche au coup prend deux tournures selon les pêcheurs. Pour les uns, les plus frileux, elle représente la trêve, le repos bien mérité ! Pour les autres, c’est l’occasion de peaufiner les réglages et de réaliser de belles pêches malgré le froid. Olivier a suivi deux amis dont les approches diffèrent complètement. Ce duel amical permet de tirer de bonnes leçons afin de les mettre à profit tout le reste de l’année.

Certes, le froid ambiant n’encourage pas à passer de longues heures au bord de l’eau mais, à condition de choisir le bon secteur, les parties peuvent être animées et le froid devenir beaucoup plus supportable. Mes invités du jour, Mickaël Hackenys (38 ans, technicien de maintenance pharmaceutique) et Thierry Kerckhove (50 ans, comptable), le savent bien. « Les poissons blancs se regroupent l’hiver. Ils fuient les rivières tumultueuses et les canaux à grand gabarit pour gagner les ports et les cours d’eau moins agités. Il faut en profiter. » Nous avons donc rendez-vous aujourd’hui sur le canal de Hondschoote (Nord), un haut lieu de la pêche en hiver en raison de la présence importante de gardons, brèmes et ablettes. C’est l’endroit idéal pour opposer les techniques hivernales favorites de nos deux inséparables compères. Pour Thierry, c’est une approche conventionnelle composée d’amorce, de vers de vase et d’asticots. Pour Mickaël, c’est certes une approche traditionnelle aussi, mais totalement remise au goût du jour, puisqu’il pratique une pêche au pain résolument moderne. En matière de distance de pêche, ils feront jeu égal puisque le canal est assez étroit. Si différence il y a, ce ne sera donc que dans le choix de la stratégie. Nous avons la promesse d’un match palpitant !

Amorce vs pain, un match amical vraiment incertain. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

L'approche de Thierry

Thierry prépare deux coups au plus creux du canal, l’un à courte distance et le second au plus loin. « Le plus important est de trouver un fond le plus plat et le plus propre possible afin de rendre l’amorce accessible aux poissons. Un fond net me permet aussi de bien présenter mon appât et de détecter les touches les plus subtiles en raison de la température de l’eau relativement basse. J’ai l’espoir de prendre quelques brèmes et je dois pouvoir faire traîner mon appât sur le fond car elles préfèrent une esche immobile. » En préparant deux postes, Thierry peut jongler entre l’un et l’autre pour maintenir un rythme de touches constant. Il confectionne une amorce maison (1 kg de Lanssens Secret Brèmes + 1 kg de Lanssens Secret Lake + 1 kg de terre de rivière) qu’il dépose, enrichie de vers de vase et de pinkies, à l’aide de la coupelle d’amorçage. Cette dernière lui confère une précision ultime tant en matière de distance de pêche que de quantités distribuées. En hiver, la prudence est de mise au départ. On peut toujours réajuster si les poissons se montrent très coopératifs. Thierry est de la vieille, mais de la bonne école du Nord. Il récolte lui-même son fouillis et ses vers de vase – fraîcheur garantie – et fabrique aussi ses propres flotteurs (cf. schéma). Il maîtrise cette pêche de canal à merveille.

Mickaël ponctionne des noquettes de pain de mie de différents diamètres à placer sur son hameçon.
Crédit photo : Olivier Wimmer

L'approche de Mickaël

Bien qu’aguerri lui aussi à la pêche classique – amorce et vers de vase –, Mickaël s’est pris d’une véritable passion pour la pêche au pain et a développé tout un tas d’astuces pour la mettre au goût du jour et se l’approprier. « C’est une pêche très efficace et économique. Elle exige une bonne préparation, mais aussi de la réactivité. Il faut ferrer à la touche, varier les réglages, etc. De quoi rester bien alerte pour lutter contre le froid. Les gardons adorent le pain qu’ils chapardent sans hésiter, parfois avant même qu’il n’arrive sur le fond. » Cette approche est plus sélective sur les espèces, mais pas sur la taille et Mickaël compte bien compenser par le nombre. En guise d’amorce, il emploie deux préparations de pain. La première est composée de chapelure de pain blanche humidifiée telle une amorce classique. L’ajout d’eau va avoir pour effet de la rendre plus collante.

 100% pain pour Mickaël, chapelure humidifiée telle une amorce et pain trempé puis essoré pour réaliser un amorçage à deux vitesses. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

Pour la seconde, Mickaël fait simplement tremper plusieurs tranches pour bien les imprégner, puis les essore. Le tout est déposé à la coupelle et, encore une fois, après avoir déterminé le fond le plus propre. À son hameçon, Mickaël ne place que des noquettes de pain de mie, emporte-piécées avec un outil dédié dans une tranche préalablement tassée au rouleau à pâtisserie. L’emporte-pièce est un Bread Puncher de Drennan, qui dispose d’une fente latérale au travers de laquelle il suffit de glisser l’hameçon afin de piquer la mie très simplement. Il dispose de diamètres variés de puncher (3 à 7 mm) pour coller à la taille et à l’appétit des forces en présence.

Quatre Bread Puncher

  • Brass Head Bread punches - Drennan - 16 €
  • Punch Kit - Preston Innovations - 24,99 e
  • Punch Box - Guru - 28,95 €
  • Bread punch set - Matrix - 7,49 €

Que le match commence !

Mickaël attaque fort. Il réalise un amorçage frugal et à deux vitesses. Il dépose une boule de sa chapelure humidifiée compacte qui va servir de réserve en se délitant très lentement, suivie d’une pluie de son pain trempé pour un effet attractif immédiat. Et effectivement, les touches ne se font pas attendre. Les gardons de toute taille répondent bien présents et Mickaël démarre sur les chapeaux de roues. Il enchaîne les prises à un rythme élevé et les gardons volent littéralement. Malgré la délicatesse du pain de mie, il n’a aucune difficulté à en revêtir son hameçon grâce au Bread Puncher et qui plus est, il tient parfaitement en place.

Mickaël a pêché léger lui aussi, avec un flotteur longiligne capable de détecter les touches qui pouvaient intervenir à la descente de son esche.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Changement de rythme

Thierry, lentement mais sûrement, patiente jusqu’à l’arrivée des brèmes. Il réalise un amorçage beaucoup plus copieux. Il dépose une huitaine de boules d’amorce parsemées d’esches naturelles. Très rapidement, l’amorce se met à pétiller à la surface mais les touches de Thierry se soldent par la prise de poissonnets. En général ce sont les premiers à arriver en présence de fouillis de vers de vase. Alors que Mickaël enchaîne les gardons, Thierry remarque l’importante activité sur son coup et enregistre de nombreuses fausses touches, signe que les poissons frottent sa ligne, sans se saisir de son appât. Il capture même accidentellement quelques brèmes prises sur le flanc, occasionnant un sacré remue-ménage sur son coup. Mais cela reste pour lui un excellent indicateur de l’arrivée progressive des poissons.

Les gardons de Mickaël sont de taille modeste, mais il les enchaîne à un rythme effréné.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Alors que tout allait bien pour Mickaël, son rythme ralentit considérablement au bout de 2 heures. Les poissons semblent présents mais il doit décaler son montage sur les côtés pour enregistrer des touches. Malgré ses efforts, elles restent timides. Il est alors catégorique. « Les brèmes sont là à picorer, elles gênent les gardons et refusent ma boulette de pain. » Mickaël compense la taille par le nombre quand les gardons reviennent à force de redéposer du pain aux consistances différentes. Il réussit à provoquer des touches en variant d’1 mm seulement le diamètre des noquettes qu’il place à l’hameçon. La différence dans la qualité des touches est saisissante entre des boulettes de 3 et 4 mm. Chez Thierry en revanche, les poissons se sont lentement mais sûrement installés. Il a trouvé la parade. « J’utilise une ligne très légère, très souple, eschée d’un ver de vase unique. Les petits poissons ont fui car les brèmes les ont repoussés. Mais elles mordent du bout des lèvres. » Et en effet, chaque touche de Thierry se solde par la prise d’une brème de jolie taille. S’il a moins de touches que son comparse, il compense par la taille de ses prises. Bien qu’il recherche les brèmes, je ne peux m’empêcher de remarquer la finesse de l’antenne de son flotteur. « Les touches sont très délicates et je vois très nettement la différence entre les deux lignes prévues. Avec la plus lourde et donc la plus stable, mais aussi la moins sensible, j’enregistre de nombreux refus. Seul le flotteur muni d’une antenne fine se solde par une touche franche. » Toutes les deux à trois prises, Thierry redépose une boulette d’amorce truffée d’esches pour maintenir les poissons sur son coup.

Une fois le bon réglage et la bonne ligne trouvés, Thierry enchaîne les prises de brèmes et doit se servir de l’épuisette. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

Deux mondes

Placés à 15 mètres seulement l’un de l’autre, il est fort intéressant de remarquer la différence des espèces capturées par l’un et l’autre, pratiquant chacun à la même distance de pêche. La conclusion saute aux yeux. Les brèmes préfèrent indubitablement les esches animales, plus faciles à ingérer lorsqu’elles reposent sur le fond. Les gardons quant à eux dévorent le pain et sont autant attirés par la texture duveteuse que par la couleur blanche. Il est fort possible que la tache blanche ait rendu les gardons trop visibles aux carnassiers du coin, ce qui pourrait expliquer aussi l’absence sporadique de touches de Mickaël. Mais s’il y a une nette différence de taille de prise, les deux copains font quasiment jeu égal, tout du moins en matière de plaisir. Aujourd’hui avantage à l’amorce sombre, mais les deux bourriches sont éloquentes. Le verdict final : chacun connaît très bien son affaire ! Et comme eux, vous aurez le choix des armes pour vous faire plaisir cet hiver.

Cette petite brème a succombé à un ver de vase fraichement récolté et dont la tenue était parfaite sur l’hameçon. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

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