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Tresse ou nylon pour la pêche au feeder : l'heure du choix

Ces deux corps de ligne ont des propriétés très différentes, voire opposées. Garnir la bobine de son moulinet pour la pêche au feeder ne doit pas se faire au hasard. Jérémie revient dans le détail sur les avantages mais aussi les inconvénients du Nylon et de la tresse. Abordons ensemble les notions d’élasticité et de résistance.

"Dois-je pêcher en tresse ou en Nylon aujourd’hui ?" Cette question taraude de nombreux pêcheurs, qu’ils soient novices ou maîtrisant déjà bien les bases de la pêche au feeder. Fort d’une expérience dans le domaine et ayant la chance de pratiquer sur des parcours riches en poissons de toutes tailles, j’ai pu tester régulièrement ces deux corps de ligne. J’ai rempli tout un tas de bobines et j’ai pu tirer des conclusions que je partage ici avec vous.

Le Nylon reste une valeur sûre dans 80% des pêches rencontrées. C’est le corps de ligne idéal et économique pour bien débuter la pêche au feeder.
Crédit photo : Jérémie Boissière

Le Nylon

Le Nylon est une fibre synthétique, un polymère issu de la synthèse du pétrole. Comme tout produit artificiel, sa composition peut être modifiée afin d’obtenir un produit aux caractéristiques techniques variées (rigidité, élasticité, couleur, revêtement). La pêche au feeder nécessite l’emploi d’un Nylon « coulant » pour être rapidement en action de pêche une fois la bannière tendue. Les fils estampillés « Nylon feeder » « horizon » ont une composition les rendant plus lourds, leur permettant ainsi de couler plus rapidement. Une des premières caractéristiques qui en fait un indispensable dans la discipline de la pêche est son élasticité. Entendons par là sa capacité à s’allonger au moment de la traction, jusqu’à un certain point bien sûr... Son coefficient d’allongement est proportionnel à son diamètre. Sur une distance de pêche équivalente, un Nylon fin s’étirera plus qu’un plus gros. Lors de pêches de gros poissons, carpes et carassins mordeurs à toutes distances, il est un allié de choix permettant de contrer les plus gros rushs des poissons tout en évitant de casser son bas de ligne. À courte distance, il permettra de pêcher rapidement de jolis gardons et de belles plaquettes sans leur déchirer la bouche au ferrage. Mais le Nylon a l’inconvénient de son avantage ! Quand les touches deviennent timides ou que la taille des poissons s’abaisse, il ne transmet plus les touches au scion, ou avec du retard. En hiver, les poissons font de petites touches, plus ou moins rapides, et à moyenne ou longue distances les ferrages se feront à contre-temps. Les ratés sont nombreux.

Astuce de terrain

Un Nylon qui est gras ou sale coule mal ! Équipez-vous d’un petit vaporisateur contenant du produit pour laver la vaisselle bio dilué dans un grand volume d’eau. Aspergez la bobine en cours de pêche, avant et après les lancers. Vous arriverez à faire couler votre fil plus rapidement.

De gauche à droite, du fluorocarbone résistant à l’abrasion pour des bas de ligne ou des têtes de ligne rigides, une tête de ligne conique sans nœud et prête à être montée sur un Nylon plus fin ou la tresse du moulinet, du Nylon coated (recouvert de fluorine) mêlant élasticité du Nylon pur et résistance à l’abrasion du fluorocarbone et une bobine de tresse en 8 brins d’un bon rapport qualité prix.
Crédit photo : Jérémie Boissière

Quel diamètre ?

Le diamètre du Nylon joue un rôle important dans le positionnement de la bannière dans les couches d’eau mais aussi dans l’aisance à pêcher plus loin. D’une manière générale les diamètres utilisés au feeder sont compris entre 22/100 et 30/100. Le 22/100 est idéal pour les pêches au method feeder en carpodrome et à longue distance couplé à un arraché plus épais de 28/100 par exemple. Je l’utilise aussi pour pêcher dans un canal avec du courant et ainsi se soustraire à sa force. Le 24/100 est plus polyvalent, assez résistant pour accepter des bas de ligne jusqu’à 22 ou 24/100 d’une résistance inférieure. Il est assez fin pour pêcher sans difficulté jusqu’à 80 mètres avec une canne longue et raide. Qui plus est sa raideur est intéressante pour effectuer les vrilles sur les montages. Les 28 et 30/100 sont à réserver à la rivière, pour la pêche des gros poissons ou pour l’emploi de cages lourdes pour les pêches de barbeaux et de carpes par exemple.

Une tresse fine en 6/100 (en premier plan), nécessite d’utiliser une tête de ligne ou un arraché, en second plan, pour réaliser les montages et permettre de forcer au lancer sans casser.
Crédit photo : Jérémie Boissière

La tresse

Ce filament technique est issu du tressage de plusieurs fibres. La dénomination « tresse » offre un grand choix de finitions possibles (tresse ronde, tresse plate, 4/6/8/12 brins, noire, grise, bleue, etc.) Il existe aussi des tresses qui coulent plus vite que d’autres, elles sont bien sûr à privilégier au feeder. La tresse, qui était à l’origine réservée aux pêches de carnassiers, a petit à petit été utilisée pour la pêche au feeder. Ce filament, à l’opposé du Nylon, n’a aucune élasticité. Que vous pêchiez à 10, 50, ou 100 m, la moindre petite vibration, touche, ou le moindre passage d’un poisson dans le fil sera transmis au scion de la canne. Encore plus impressionnant, bannière complètement détendue, les touches sont encore visibles. C’est donc une arme redoutable pour les pêches fines de petits poissons ou à très longue distance pour les gardons, brèmes, carassins…

Pensez à noter le diamètre du filament enroulé sur la bobine. Si le moulinet est vendu avec plusieurs bobines vous pourrez ainsi les identifier plus rapidement.
Crédit photo : Jérémie Boissière

Les marques d’articles de pêche spécialisées dans le feeder commercialisent des bobines d’une contenance avoisinant 130 mètres. Il est possible de trouver des contenances plus grandes, mais pas dans toutes les références et diamètres. Il faut donc, très souvent, enrouler du Nylon d’entrée de gamme pour réaliser un backing, afin de garnir ensuite avec la fine tresse la bobine de votre moulinet si elle est un peu creuse. Les tresses en 8 brins sont les plus utilisées, certainement à tort car elles coulent moins que des 4 brins. Mais elles sont plus solides et tolérantes à l’abrasion sur des parcours aux fonds rocheux. J’aime utiliser des tresses douces, assez peu bruyantes et qui ne « frottent » pas dans les anneaux lorsque je ramène mon feeder. Elles offrent des distances de lancer accrues. La tresse Power Shot de Powerline est un excellent modèle, lisse et rond. Elle est coated, c’est-à-dire qu’elle possède un revêtement de surface lui permettant d’être bien lisse. La tresse Horizon Coated de Matrix est sensiblement identique et un peu moins chère. Il y a de nombreuses autres références sur le marché. Contrairement au Nylon, la tresse s’améliore avec le temps et l’usage. Les colorants disparaissent et elle se gorge plus vite d’eau. Lorsqu’elle devient cassante, au bout de quelques années, retournez-la sur une autre bobine afin d’user les 60 derniers mètres. Il est bien rare de pêcher au-delà de 50 mètres. Un des rares inconvénients, la tresse vibre et saute les jours de vent, lorsque des vagues se forment à la surface de l’eau. Le phénomène doit être palpable à l’autre bout de la ligne.

La tresse devient meilleure avec l’âge. Deux bobines garnies de tresse identique. Celle de gauche, plus utilisée, est plus blanche. Les colorants disparaissent et la tresse s’assouplit.
Crédit photo : Jérémie Boissière

De 6 à 10/100 maxi

Toutefois, pêcher avec de la tresse n’est pas chose facile. Son élasticité nulle interdit les ferrages violents sous peine de casse du bas de ligne, contrairement au Nylon avec lequel un geste franc permet de piquer le poisson avec sûreté. À diamètre égal, ce filament est plus sensible au courant et l’arc de la bannière est donc amplifié. C’est pour cela que l’on utilise des diamètres plus fins : 6 à 8/100 pour pêcher très loin et n’avoir aucune résistance dans les anneaux de la canne ; 8 à 10/100 pour des pêches classiques à courte et moyenne distances et plus de 10/100 pour des pêches fortes de poissons-chats et de gros poissons avec des bas de ligne solides. La tresse oblige à réaliser une tête de ligne ou arraché, en Nylon ou en fluorocarbone, d’un diamètre compris entre 26 et 28/100 afin de réaliser le montage mais également afin de rendre la pointe de ligne plus rigide et de bien la stabiliser sur le fond. Le nœud de raccord entre la tresse et la tête de ligne doit être solide pour encaisser les multiples lancers. Le plus simple, rapide et solide à la fois, est un nœud réalisé par Steve Ringer lui-même, l’un des pêcheurs internationaux anglais le plus titré au monde (voir schéma).

Adaptez votre matériel

Le Nylon, grâce à ses caractéristiques, permet de pêcher avec des cannes de puissance medium à heavy qui ferrent mieux le poisson. Au contraire, l’utilisation de tresse demande une certaine souplesse au niveau de la pointe de la canne ou du blank entier. J’opte pour des cannes dites light ou medium pour pêcher à moyenne et longue distances. À très longue distance, avec de la tresse ou du Nylon, une canne heavy est indispensable pour propulser précisément les feeders. Côté moulinet, les clips lignes en plastique sont à proscrire si vous pêchez avec de la tresse, exception faite des clips en caoutchouc éjectables sur certains moulinets Balzer. Ils peuvent servir de fusible lors de la prise d’un très gros poisson.

La tresse permet même de pêcher bannière complètement détendue. La lecture des touches est plus aisée avec ce corps de ligne.
Crédit photo : Jérémie Boissière

Quel diamètre pour le bas de ligne ?

Que vous utilisiez de la tresse ou du Nylon, la résistance du bas de ligne doit être inférieure à celle du corps de ligne pour éviter de casser le montage au-dessus du feeder. Les résistances sont exprimées en kilo ou livre sur les bobines. Résistance au nœud ou à la traction, il n’est pas toujours évident de le savoir… Choisissez un Nylon inférieur d’au moins 2/100 pour confectionner vos bas de ligne.

 

 

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