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Paylake, pourquoi s’en priver ?

Ces dernières années, l’explosion des privés a fait évoluer les mentalités et certains spécimens-hunters se sont tournés vers ces eaux longtemps décriées. Sans éluder les polémiques sur les vols de poissons, trafics et autres gestionnaires peu scrupuleux qu’il convient de condamner, les eaux privées connaissent désormais un réel succès. Les poissons ont des taux de grossissement souvent impressionnants et les carpes qui y nagent atteignent des poids records. Plongeons, le temps d’un instant, dans ces eaux où la satisfaction de croiser la route d’une carpe géante se paie… Mais ne dit-on pas que le bonheur n’a pas de prix ?

De moins en moins d’a priori

Il ne faut pas nier que les eaux privées ont connu des heures noires et ont été le terrain de toutes sortes d’abus, de manque d’éthique et de respect du patrimoine commun. Certains gestionnaires ont vite compris qu’il y avait un moyen facile et rapide de profiter d’une manne financière en affichant des prises records, sans se soucier de la provenance des poissons, larcins d’un vol ou du trafic. Certains mouvements et associations ont mis les pieds dans le plat et ont dévoilé ces pratiques au grand jour, ce qui a jeté l’opprobre sur les auteurs de ces faits tout en dissuadant quelques autres de faire de même. Mais ne nous voilons pas la face, le problème est toujours présent bien que généralement les eaux malsaines soient connues de tous. Libre donc à chacun de s’y rendre ou pas, en parfaite connaissance de cause. C’est une question d’éthique !

Une géante d'un syndicat privé pour le spécimen hunter Chris Ackermann
Crédit photo :

D’un autre côté, devant la frilosité de certaines AAPPMA à ouvrir des parcours de nuit et la célérité dont font preuve d’autres à les fermer, de plus en plus de pêcheurs se tournent vers ces eaux où le séjour est tarifé, en France comme à l’étranger. Avec l’explosion des eaux privées, un nombre grandissant de carpes records s’affiche sur les différents réseaux de communication. Les amoureux des carpes géantes ont bien compris l’arrivée de ce phénomène et s’y sont naturellement intéressés. Personnellement, je n’ai jamais eu d’a priori sur le fait qu’une carpe géante ait plus de valeur en public qu’en privé. Elles restent pour moi des poissons d’exception et, même si ce n’est pas la même pêche, si cela ne demande pas le même investissement personnel, bien souvent la facilité est loin d’être de mise, comme on pourrait le penser à priori. Bien entendu, je ne parlerai pas dans cet article de pêcher les carpes géantes volées dans le public, une pratique que je condamne fermement.

Une commune bien dodue
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Elles mangent bien à la cantine...

C’est indéniable, les poids que peuvent atteindre les carpes goliaths des eaux privées font tourner la tête de beaucoup de pêcheurs autour de l’hexagone. Beaucoup de spécimens hunters se sont intéressés à ces eaux et certains de façon très assidue. Je connais quelques amoureux de carpes Goliath, dont certains parmi les plus réputés de la scène carpiste, qui ont passé des années entières à ne pêcher qu’une seule eau pour espérer y croiser ses plus beaux sujets. Nous ne sommes plus ici à traquer un seul sujet isolé recensé comme sur le lac du Der avec le poids hallucinant de la fameuse big girl à plus de 44 kg ! Non et même si nous ne pouvons pas bien évidemment dire que les carpes de 40kg+ sont monnaies courantes dans les « paylake », il est vrai que ces dernières années nous assistons à une véritable explosion des poids avec plusieurs sujets qui atteignent la barre des 40 kg. Il est même recensé dans des eaux étrangères des poissons flirtant avec les 50kg !

Les poids ne cessent de grimper !
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Cela n’était même pas concevable jusqu’à peu, et pourtant ! Beaucoup de facteurs ont fait que ces poissons peuvent avoir des taux de grossissement rapides. Gardons tout de même en tête que pour pouvoir atteindre ces poids records, un poisson doit être issu d’une souche d’une génétique particulière. Tous les poissons n’ont pas ces capacités. La qualité de l’eau et sa richesse contribuent également grandement à favoriser cette croissance. Je prends par exemple le lac de Curton qui fut longtemps un haut lieu prisé par les amoureux des gros poissons, toutes nations confondues. En échangeant avec le gestionnaire, celui-ci m’expliquait que son lac était situé sur des mines de charbon et que ces eaux étaient par conséquent riches en hydrates de carbone, un paramètre favorisant la croissance rapide d’une carpe. Autre paramètre, encore plus évident, la quantité d’appâts qui y tombe régulièrement, quotidiennement dans certaines eaux. La manne de nourriture est si abondante que les poissons ont en permanence une source protéinique, vitaminique à disposition. D’ailleurs, certaines eaux ont vu nos appâts devenir la seule source de nourriture recherchée par les habitantes des lieux. Cela explique aussi le grossissement de certains spécimens.

J’entends déjà certains s’insurger sur le fait que ces poissons sont « gonflés artificiellement » et que cela est une pratique inacceptable, que ces poissons « ne comptent pas » etc. Je me suis longtemps posé cette question et j’en arrive à la conclusion que sur les eaux publiques très fortement fréquentées par les pêcheurs, le phénomène pouvait être semblable, y compris sur des grands lacs très prisés. J’ai donc compris que je ne devais pas juger ce phénomène négativement et que le nombre grandissant de pratiquants participaient tout naturellement à celui-ci. Beaucoup de pêcheurs l’ont aussi compris, il suffit de voir le taux de réservations de certaines eaux privées et de constater qu’il est parfois nécessaire de réserver une année à l’avance (voire plus) pour espérer pouvoir y pêcher. Outre le rêve de mettre à l’épuisette un poisson géant, certains viennent y chercher une certaine sécurité, la tranquillité mais aussi des commodités que l’on ne pourrait pas trouver sur une eau sauvage. Beaucoup de pêcheurs y viennent aussi en toute franchise pour battre leur record personnel. Je respecte tout à fait cette idéologie, pour moi, une carpe spécimen reste une carpe spécimen, peu importe sa provenance et son parcours.

La bonne et saine gestion fait souvent de ces lieux des endroits où il fait bon d’y pêcher
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Un autre monde

Cet article n’a pas pour but de convertir les amoureux des grands espaces sauvages, c’est une réflexion personnelle sur ces eaux souvent critiquées. J’ai même déjà entendu certaines réflexions de pêcheurs disant qu’il était honteux de pratiquer en privé, que ces eaux n’étaient faites que pour ceux qui choisissaient la facilité, sans oublier tous les noms d’oiseaux « trou à pisse, marre à bœufs etc.… ». Je ne suis absolument pas d’accord avec ces jugements. Je suis avant tout un amoureux des gros poissons et je respecte tous les endroits où ceux-ci nagent. Je respecte également les pratiques de chacun et très sincèrement je trouve la pêche en eaux privées aussi passionnante qu’en grands lacs. Les émotions y sont souvent décuplées car on sait qu’ici et plus que jamais, les grands poissons nagent devant nous. En grand lac, les interrogations sont souvent plus fortes et il est parfois très difficile de localiser la zone où ceux-ci se trouvent. L’investissement en temps est donc tout naturellement moindre en eaux privées puisque celles-ci sont souvent de taille moindre et plus aisément exploitables. Il est également particulièrement plaisant de pêcher dans des lieux qui sont souvent très propres, bien entretenus, avec toutes sortes de facilités, de commodités et très sécuritaires puisque les gestionnaires imposent un règlement allant dans ce sens.

Des eaux souvent ouvertes toute l'année où il est possible de pratiquer sa passion de jour comme de nuit, même en saison froide.
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Tout n’est pas si facile !

Beaucoup de pêcheurs (et j’avoue en avoir fait partie) ont connu des désillusions en croyant que les eaux privées étaient plus faciles que les eaux publiques. Certains arrivaient sur les lieux en toute confiance et pensaient avec certitude qu’ils allaient fatalement battre leur record personnel. Ce n’est fort heureusement pas aussi facile. Certaines de ces eaux sont souvent de véritables casse-têtes et le comportement des poissons peut-être pour le moins déroutant. Cela s’explique par la pression de pêche constante qui fait que les résidentes ont appris à se méfier des stratégies mises en place par les pêcheurs. La qualité des appâts à utiliser aura ici toute son importance.

Une approche en finesse souvent nécessaire pour réussir à prendre les plus gros sujets...
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En pratiquant quelques-unes de ces eaux, je me suis rendu compte que sauf coup de chance, les plus gros sujets s’étaient fait prendre sur des stratégies extrêmement étudiées ainsi que sur des amorçages et appâts très qualitatifs. Vous vous doutez bien que les carpes n’ont que l’embarras du choix et qu’elles se dirigeront tout naturellement vers une nourriture qualitative et répondant à leurs carences et besoins. J’arrive toujours sur une eau privée en ayant en tête que j’y viens pour pêcher un seul poisson, parmi les plus gros. Comme sur une eau publique, j’essaie de rassembler tous les paramètres propices à une réussite : météorologie, localisation, pression de pêche, comportements et j’essaie aussi de connaître ce que les autres pêcheurs ont fait avant ma venue, en termes de résultats mais aussi les stratégies qu’ils ont adoptées.

Certains privés ne sont très techniques
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Il est beaucoup plus difficile, voire quasiment impossible de construire une stratégie d’amorçage d’accoutumance avant votre venue. Vous devrez donc être parfaitement rodés le jour J et mettre tous les atouts de votre côté. La terminaison comprenant votre montage et l’appât, ce que j’appelle le dernier mètre, a dans cette pêche une importance capitale. Vous devez donc apporter une attention toute particulière à vos montages afin que ceux-ci soient les plus efficaces et discrets possible. Il est aussi parfois nécessaire de faire preuve d’ingéniosité, de chercher la différence qui vous fera sortir des sentiers battus afin de leurrer les plus gros poissons, éduqués, qui en ont déjà vu de toutes les couleurs.

Une belle boule
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Le mot de la fin

Les eaux privées sont un monde à part où, une fois sortis de nos préjugés, il fait bon pêcher. Il y aura toujours des gestionnaires peu scrupuleux qui ne verront en cette pratique qu’un moyen facile de gagner de l’argent sur le dos des poissons (et des pêcheurs), ceci dit, ceux-là ne me verront jamais. Il existe aussi, en France et un peu partout en Europe, des eaux bien gérées et véritablement plaisantes à pêcher où je suis sûr que bon nombre d’esprits réticents changeraient d’avis en s’y essayant au moins une fois. Les amoureux des gros poissons y trouveront de beaux défis à relever et croiseront à coup sûr des poissons exceptionnels. Les bons gestionnaires prennent toutes les précautions pour que leur cheptel soit préservé et que les résidentes y évoluent en parfaite santé. Dans un monde de plus en plus fragmenté, nous gagnerions tous à être plus tolérants, à aller à la découverte de l’autre et de nouveaux horizons, pour découvrir des émotions souvent insoupçonnées.

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