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Bison is Back, interview de Philippe Lagabbe

Philippe LAGABBE avait dit au revoir à la scène carpiste il y a une douzaine d’années. Tel le Phoenix le voici de retour sur les berges depuis quelques mois, pour son (et notre) plus grand plaisir. L’occasion pour nous de lui poser quelques questions !

Salut Philippe. Ça me semble presque aussi improbable de te demander de te présenter en quelques lignes (il faudrait au moins un livre !) que de t’avoir vu raccrocher les Obsessions en 2009. Mais c’est le jeu (facile) des ITW. Première question, qui est le Bison ?

Je suis un homme heureux, je viens d’avoir 69 ans, un âge érotique et je suis conscient que le destin qui a des milliards de clients s’est très bien occupé de moi, d’autant plus que je ne jamais eu un plan de carrière.

La preuve en est que je me suis payé le luxe il y a quelques années de ne pas occuper le poste de rédacteur en chef de Média Carpe alors qu’il m’était proposé. Au fil des années, c’est indéniable, mon corps me rappelle presque tous les jours que je suis dans la dernière ligne droite et comprenne qui pourra mais ce n’est pas la mort qui me dérange mais le fait de ne plus vivre. Je vous rassure, le cerveau est intact, enfin je crois.

Vivre, c’est ce que j’ai fait intensément, aux frontières de ce que certains peuvent imaginer, repoussant certaines limites à des horizons lointains, aussi éloignés que les lignes du périmètre de mes véritables passions. Aujourd’hui, je n’ai plus le physique pour pêcher correctement la nuit et y prendre le même plaisir souvent teinté de l’interdit comme j’ai pu le faire pendant des centaines et des centaines d’heures, alors fini la noche mais je n’ai aucun regret si ce n’est que j’aurais aimé être musicien, guitariste par exemple ou incendier les planches d’un théâtre.

Retour aux sources
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Il m’arrive de regarder un peu en arrière mais pas autant que devant moi. Je mesure la chance qui a été la mienne dans ce que je considère comme étant un passage dans le monde de la Pêche. J’avoue que la somme des événements en tous genres que j’ai vécue est plus que conséquente et quasiment unique ne serait-ce que par la qualité des gens que j’ai côtoyé et qui sont des véritables légendes de l’halieutisme ou des pêcheurs bourrés de talent dans leur discipline respective, que ce soit la Pêche au coup, à l’Anglaise et bien évidemment la Pêche de la Carpe.

De passage chez le gouverneur de la Biosphère du Delta
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C’est curieux mais je me souviens mieux et avant tout des lieux qui m’ont accepté, des gens que j’ai rencontré que des poissons que j’ai pris. On peut avoir l’impression d’avoir eu plusieurs vies si on se demande où on trouvait toute l’énergie pour être au cœur d’aventures palpitantes avec toutefois, bien après les faits, la sensation d’être déplacé comme un pion par des forces cosmiques, ce qui est une façon de dire que je ne crois pas en Dieu qui vous l’aurez remarqué ne fait pas lui-même l’unanimité.

D’autres techniques, pour le plaisir de Philippe
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Si tu devais nous parler de quelques grands (et bons/beaux) chapitres (connus ou méconnus) qui ont marqués ta vie de pêcheur depuis ses débuts, quels seraient-ils ?

Tu aimes mieux ton père ou ta mère ? 1986 c’est l’année de mon premier article publié par mon mentor Paul Boyer, une légende de la pêche des salmonidés et rédacteur en chef des revues Pêche Magazine et Connaissance de la Pêche. J’ai beaucoup apprécié aussi ma relation avec mon ami Bill Cottam le premier boss de Nutrabaits, et je n’oublierais jamais tout ce que nous avons vécu au sein de l’Union Nationale des Carpistes en Mouvement dont j’ai eu l’honneur d’être le président pendant six ans de lutte (entres autres) contre le trafic de Carpes.

Il n’y a pas que la carpe dans la vie
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Il y a tant de chapitres qui ont marqué ma vie de pêcheur mais comme il faut répondre je dirais que c’est le contenu des 16 voyages que j’ai fait en Roumanie. L’organisation de la Coupe du Monde sur le lac Raduta en 1999 marque le début d’une période extraordinaire dans ma vie et je me suis réjoui de ne pas être sur la berge en tant que compétiteur car ce que nous avons vécu avec Jean François Kronenberg, Michel Mahin, Stéphane Gonzalez sans oublier le très regretté Bernard Rivaux et d’autres complices a été exceptionnel sur le plan humain et inoubliable à bien des points de vue.

Martin et Philippe, une longue complicité
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Il y a eu des situations où les rires devaient prendre le dessus sur les larmes et que selon le sacrosaint principe que the show must go on nous avons été les témoins et les acteurs de ce qui ressemble à un film avec des coulisses qui montrent ce qu’est l’épicure et les drames humains. On pourrait écrire un livre sur les incroyables péripéties de l’événement et nul doute que certains d’entre vous vont fouiller dans la boîte à souvenirs. La première fois que j’ai rencontré Robert Raduta je l’ai traité de menteur, il fallait être fou car son regard d’aigle pouvait transpercer un homme. Presque instantanément j’ai rectifié le tir du missile en pariant 1000 Deutsche Marks que ce qu’il affirmait et qui concernait la participation de 30 équipes Anglaises n’aurait pas lieu. J’ai gagné le pari mais aussi l’amitié de Robert. En ce qui concerne l’organisation, côté Français, nous étions complémentaires et j’étais en charge de la vidéo et du sponsoring de la Cupa Mondiale de pescuit la crap.

Le domaine public avant tout
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Il m’avait semblé bon de pouvoir survoler le lac Raduta qui fut faut-il le rappeler un des trois meilleurs lacs du monde sinon le meilleur pour la pêche des grosses carpes. L’armée Roumaine ne pouvant nous fournir un hélicoptère, grâce à Robert Raduta c’est son ami Ion Tiriac, l’homme le plus riche de Roumanie, ancien vainqueur en double avec Illie Nastase du tournoi de tennis de Roland Garros qui nous a prêté le sien (et son pilote.) Par la suite j’ai survolé le Der et Orient en ULM mais c’est une autre histoire plus aérienne que ce qui suit. Avant la Coupe du Monde, lors d’une pêche de nuit en compagnie de mon grand ami Jean François Kronenberg vers une heure du matin et sous une pluie battante nous avons été, comment dirais-je, interpellé par un homme au profil néanderthalien. Il était armé, excusez de mon sens du détail, d’une hache rouillée et accompagné d’un chien sans race dont la morsure doit donner la lèpre. Après un bref conciliabule, lui en Roumain et nous en Français, une façon élégante d’opposer les borborygmes et le verbe du philosophe Michel Onfray, il a disparu dans l’immensité désertique du lac emportant son envie de meurtre, ses grands gestes désordonnés et sa misère. Si JFK et moi avions perdu l’envie de dormir nous conservions une bouteille de Bordeaux qui avait failli atterrir sur le crâne du visiteur, ben oui… Faut pas gâcher…

Deux cannes, deux grattes, c’est ça le bonheur !
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Et puisqu’ il est question de crânes je me souviens aussi du jour où nous avons découvert JFK et moi que dans la berge d’une île où nous pêchions, le flot du lac faisait apparaître des crânes et des fémurs de malheureux enterrés à même la terre, l’île était en quelque sorte un cimetière abandonné sans tombes, sans croix mais aussi un pré pour trois vaches faméliques, l’une d’elle nous gratifiant d’un départ à scier un Delkim avant que nous rentrions dare dare dans le monde des vivants. Après la Coupe du Monde j’ai été plusieurs fois en session sur le lac de Sarulesti que toute l’Europe carpiste appelait le Raduta. A chaque fois il y avait un violent parfum d’aventure, une intensité rare, des poissons comme dans les livres et des personnes aussi intéressantes que différentes. Je me souviens bien évidemment des carpistes Français que nous avions emmenés sur ces berges lointaines dans le cadre de Carp No Limits, une structure que Leon HOOGENDIJK, Xavier PAOLOZZI et moi avions créée. Je sais qu’aujourd’ hui encore aucun des carpistes présents n’a oublié ces sessions qui marque un jalon dans une vie de pêcheur mais forge aussi l’expérience d’un homme. Au Raduta le moindre événement prenait une ampleur insoupçonnée, chaque poisson générait une histoire.

Philippe et Sylvain Remetter, des messagers du Delta
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J’ai passé des heures savoureuses avec la légende Ken Townley un compagnon de pêche d’une qualité rare tant sur le plan humain que technique, mais le climax de mes sessions a été atteint lorsque Leon HOOGENDIJK et moi nous avons pêché ensemble. Nous avons partagé des moments extrêmement forts et j’ai eu la bonne idée de lui sauver la vie comme il l’a écrit dans un de ses livres. Notre amitié est âgée de trente ans, elle est encore très vive aujourd’hui. J’ai eu l’honneur de rédiger la préface de son dernier livre Journal d’un pêcheur de Carpes que je recommande à tous ceux pour qui la dimension d’une passion a un sens. A l’heure où vous lirez ces lignes Leon et moi nous serons en longue session, ce qui sera aussi un prétexte pour nous de brasser nos souvenirs. Peut-être que nous parlerons du jour où nous avons trouvé morte la carpe commune record du monde de Tim Paisley qui flottait (la carpe pas Tim !) parmi d’autres spécimens. Nous avons été les témoins de la mort lente de ce lac. Transférer des carpes du Danube et des virus potentiels n’a pas été la meilleure idée de Robert Raduta, un homme pourtant réellement extraordinaire. Un jour Robert m’a demandé si je voulais aller dans le Delta du Danube et là… ma vie a encore basculé.

La pêche de nuit, une longue histoire que Philippe pourrait nous narrer pendant des heures
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Avec Sylvain Remetter mon frère d’une autre mère qui fut un guide aussi bon que l’homme et le pêcheur qu’il est nous avons vécu de très nombreux moments uniques qui commencent au nord-est du Delta, à Periprava qui fut l’ancien goulag de Roumanie reconvertit par Sylvain en centre de pêche sportive. C’est là que nous avons tourné le film Les Messagers du Delta et notre périple s’achève au sud-est du Delta à Holbina, là ou pour la chaine Seasons j’ai provoqué le film « Delta du Danube des Brochets par milliers ». Une sacrée distance d’autant plus que dans le Delta sauvage les déplacements se font uniquement en bateau ou par la voie des airs. Grâce à Sylvain, mais aussi aux propriétaires d’Holbina, Ernest Virgil Popovici qui dirige le plus grand cabinet d’avocats d’affaires de Roumanie et Sandu Dobrescu le PDG d’Air France KLM à Bucarest, j’ai découvert des endroits incroyables comme, ce n’est qu’un exemple, Sulina au bord de la mer Noire. Nous sommes certainement les deux seuls Français à avoir eu la chance de pouvoir aller sur l’île de Popina un sanctuaire naturel sur le lac Razim qui fait, excusez du peu, plus de 40 000 hectares. A l’accueil il y a des pygargues à queue blanche, ou aigle pêcheur de 2,40 m d’envergure, une multitude d’oiseaux, des serpents et des araignées Veuves Noires. Nous avons pu pénétrer légalement sur l’île de Shakalin, non loin de Sfântu Gheorghe, dernier village Roumain avant la mer Noire, un endroit improbable où j’ai trouvé, le monde est petit, certaines de mes photos de Nature dans un restaurant. Dans le Delta tout est multiplié, les poissons, les grenouilles, les libellules, les oiseaux, on a l’impression d’être aux origines. La Nature est exubérante, généreuse, riche est d’une diversité inimaginable.

Une histoire peu commune
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Pouvoir observer ne serait-ce qu’une colonie d’environ 400 Pélicans, photographier des Guêpiers d’Europe ou le Chacal doré est un réel privilège. Il y a quelque chose de mystérieux, un souffle qui se faufile, comme une Loutre, dans les immenses roselières et qui fait sombrer pour toujours le cœur et l’esprit dans le bleu unique des eaux de ce gigantesque labyrinthe. Il y a aussi des Esturgeons et le caviar et je suis certain mon cher Eric que tu n’as pas oublié la rencontre avec le professeur Anatoly Vedrasco.

Un reflet dans la brume
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Du coup comment as-tu empli ta vie durant ces dix années sans pêche ?

J’ai rempli ces années jusqu’à ras bord. En ce qui concerne la photographie j’ai investi lourd dans du matériel professionnel et procédé par chantier comme la photographie des colombages Alsaciens, la rouille et le métal d’anciennes aciéries, le monde des champignons. J’ai fait de la photo de paysages et de la photo animalière. J’ai passé des heures merveilleuses en compagnie du Martin pêcheur que je connais aussi bien sinon mieux que la Carpe. J’ai même réussi à faire une photo unique en Europe en le faisant poser sur ma main. Et puis je me suis consacré très sérieusement à la photographie d’architecture moderne et comme je ne fais pas les choses à moitié, j’ai envahi quasiment toutes les grandes villes d’Europe au point que ma moisson photographique est à ce jour unique en Alsace aussi bien dans le monde amateur que professionnel. J’ai été deux fois en formation privée chez Joel Tjintjelaar à Rotterdam, un maître international du noir et blanc Fine Art en Architecture.

Le temps passe, mais la passion est toujours là
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Quand je suis rentré je n’étais plus le même, ma progression a fait un bon de géant particulièrement dans le post traitement de l’image. J’ai acquis un bon niveau dans Photoshop et j’ai partagé mon savoir et mes connaissances par le biais de conférences pour les clubs photos et la Fédération régionale. Avec un ami professionnel, par le biais de stages très appréciés nous avons formé dans plusieurs disciplines environ 180 photographes en trois ans. Aujourd’hui, certains d’entre eux exposent leurs œuvres. Avec mon ami Daniel Nussbaum nous avons réalisé Alliances Naturelles un livre tiré à 500 exemplaires, j’ai exposé une cinquantaine de fois et l’aventure continue puisque je pars le 1er octobre à New York, Chicago et Toronto avec deux amis photographes pour un marathon de photos d’Architecture d’une durée de 16 jours.

Un amour qu’est ce poisson !
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Cet hiver j’irais une semaine à Dubaï, toujours pour l’Architecture. En ce qui concerne la pêche je me suis remis très sérieusement à la pêche au coup à la grande canne et à l’Anglaise au waggler coulissant. J’ai toujours aimé ces disciplines très techniques et pour moi l’antenne d’un flotteur qui disparaît sous la surface a une force symbolique incomparable.

A la grande canne également !
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« Tout est cyclique » comme tu aimes à le dire, parles nous de ce retour ? Comment es-tu revenu à la carpe ?

Je ne pensais vraiment pas que je replongerais… Je suivais de très très loin le monde de la Carpe et le monde de la pêche, deux entités bien différentes. Et puis Leon est venu chez moi en session fin juin 2021. J’ai accompagné le Grand Troll tous les jours sans pêcher et il a eu la bonne idée de me donner un départ que je ne voulais pas, comme si je savais qu’un piège allait me capturer. Peu de temps après, grâce à mon ministre des Finances qu’est ma femme et compte tenu que je suis le ministre auto proclamé de la dépense j’ai acheté tout le matériel nécessaire car je n’avais même plus un plomb ou un hameçon et encore moins de sponsor pour pêcher le merveilleux poisson. Mon ami guitariste de blues Jean Michel Wassmer est aussi en partie un peu responsable de ce recommencement, ça m’énervait de le voir prendre des Carpes quand je prenais des Gardons ou des Ablettes... Il va sans dire qu’en me remettant en main les légendaires cannes Hexagraph, qu’Olivier Soulier, Arnaud Mahut et toi vous avez contribué à mon changement de cap.

Tout est cyclique
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Après ce break, la renaissance. Avec le recul qu’est-ce qui a changé et qu’est-ce qui n’a pas changé ? Qu’as-tu redécouvert ? (Dans la pêche de la carpe que ce soit dans la technique ou dans l’état d’esprit) ?

Quand j’ai repris la pêche ce qui m’a surpris c’est l’explosion du nombre de carpodromes. J’en connais les causes et certaines conséquences mais mon temple restera le domaine public. Ce qui a beaucoup changé le monde de la pêche c’est les réseaux sociaux et notamment Facebook qui est un hôpital psychiatrique à ciel ouvert, un triste exutoire pour certains qui de par leur faillite intellectuelle ou des égos de la taille d’un porte avion banalisent la pêche de la Carpe. On peut y lire des plaisanteries aussi grasses que du saindoux ou des réflexions qui sentent le Monster Crab, faire des cauchemars de malbouffe ou découvrir une nouvelle espèce « les putaclics » qui galvaudent complètement le sens du mot partage.

Philippe a replongé
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On peut aussi renforcer ses connaissances en anatomie humaine puisqu’il semblerait que certains cerveaux humains mesurent au mieux 25 mm la taille des billes irrémédiablement citées comme si elles étaient les seules responsables d’une capture. Certaines publications montrent que la quête de reconnaissance est souvent pathétique et que montrer pour exister ou influencer (!) n’a pas le même sens que partager tout comme vendre ou donner donne une indication sur les intentions et l’âme de l’intervenant. A l’inverse de l’apologie de la médiocrité qui trop souvent est la norme il y a des contenus intéressants, des gens qui se servent honnêtement du réseau social comme d’un outil et d’autres qui gardent le contact avec leurs vrais amis. A charge de chacun de trier le bon grain de l’ivraie, de ne pas être leurré par le virtuel et l’éphémère et de ne pas oublier que le téléphone existe ou que la réalité est surtout ailleurs.

Une two tone
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En ce qui concerne la technique j’ai constaté une évolution remarquable du matériel aussi bien pour les bateaux amorceurs que, par exemple, pour les composants dédiés aux montages ou le respect du poisson. Je le dis ironiquement mais j’ai cru un instant que les eaux Françaises étaient devenues Anglaises surtout en ce qui concerne les montages. A priori nombreux sont les carpistes qui consomment cette pêche comme si elle était un produit, heureusement d’autres vivent passionnément et intensément cette pêche, peut-être parce qu’ils aiment plus ce qu’ils font et ce qu’est la pêche de la Carpe qu’eux-mêmes. Ce que j’ai découvert c’est la superbe qualité de certaines vidéos sur YouTube et dans ce domaine la palme revient à ce que fait mon ami Hubert Lachize sur sa chaîne Tribun Hub Carp TV. Quand la cabane tombe sur le chien, Hubert remet l’église au centre du village. Les contenus sont de grande qualité, avec Hub pas de porte de derrière et il véhicule un vécu conséquent doublé d’un pragmatisme qui font qu’il est un des gardiens du temple de la technique et de l’esprit Carpiste.

Une belle écaillure
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As-tu épousé les dernières techniques à la mode (qu’en penses-tu) ou cherches-tu toujours à innover ?

Aujourd’hui la somme d’informations est telle qu’il est difficile d’innover mais perfectionniste de nature je fais attention au moindre détail et je cherche sans cesse à optimiser. Après plus de 12 ans d’interruption j’ai dû faire le tri de l’existant, m’appuyant sur mon expérience du passé et ma capacité à aller à l’essentiel en analysant froidement les faits.

Pour le plaisir et Ordnung und Sauberkeit, ordre et propreté, un truc typiquement Allemand je me suis construit un gabarit pour la longueur des bas de ligne et par exemple, au lieu d’utiliser du tungstène pour créer un contre poids agissant sur la mécanique du montage j’utilise des olivettes in line Drennan de différents grammages que je peux déplacer sur le bas de ligne grâce à un coulissement dur obtenu par l’insertion d’un morceau d’élastique roubaisien.

Merci Philippe pour cet interview très intéressante, très bonne continuation à toi et au plaisir de se rencontrer !
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Pour le pop-up j’utilise beaucoup le spinner rig avec les hameçons ESP Trig Hammer N° 4 ou 6 ou les Medium curve shank Razor point de Carp Spirit. C’est le type d’hameçons que j’avais dessiné pour la société Sert il y a plus de 20 ans, à l’époque où j’ai conçu le Gamakatsu LS 5275 F. La fabrication n’avait pas suivi mais à priori j’avais de l’avance… Un truc que j’aimerai tester c’est ce type d’hameçon mais avec un œillet vertical et non horizontal. Pour les bouillettes denses j’utilise les mêmes hameçons et j’affectionne les bas de ligne rigides ou semi rigides même pour les montages quand je pêche, et cela m’arrive souvent, à l’asticot ou au maïs doux avec un maggot clip. Une des premières choses que j’ai fait après avoir acheté des plombs c’est de les transformer pour optimiser le concept du montage de fuite. J’ai aussi mis en pratique mon expérience et mes connaissances en amorces pour la pêche au coup ou à l’Anglaise pour la conception des mélanges pour mes sticks.

Je privilégie l’aspect mécanique en utilisant de la fluoresceine qui trace énormément, et une combinaison d’acide citrique et de bicarbonate de sodium qui crée une éruption. Le contraste avec la couleur du fond a son importance et contribue à l’aspect attraction du mélange. Le principe étant d’être un véritable aimant si on pêche avec un seul appât ou si ce dernier doit se démarquer de tous les autres présents sur le fond. Dans un registre bien différent je réfléchis beaucoup sur la physique ou la vraie vie d’un lac, les influences naturelles extérieures et sur ce que je nommerais maladroitement la mécanique des fluides.

La pêche c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas !
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Prenez par exemple un bac rectangulaire rempli d’eau et créer un courant. Si maintenant on dispose deux obstacles au milieu du bac la mécanique change. J’essaye donc de transposer ceci sur un secteur que je pêche et de voir ce qui se passe et qui peut influencer non seulement l’activité motrice des poissons mais aussi leur activité alimentaire. Sauf exception qui confirme la règle, l’à peu près est moins payant que la précision, la pêche d’un ou plusieurs hauts fonds en est une preuve même si 10 plans d’eau différents c’est 10 problèmes différents.

Ça brille
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Comment abordes-tu ta vie de carpiste 2.0 ?

Pour moi ce qui est le plus important et le plus excitant c’est l’approche et la stratégie. Prendre un poisson proprement, dans les règles de l’art en ne laissant rien au hasard me procure beaucoup de satisfactions. Comprenne qui pourra mais prendre des poissons et pêcher peuvent être des choses différentes. Compte tenu que je ne pêche plus la nuit ce qui bride une analyse de la pêche qui devrait se faire toutes les 24 heures et même et surtout avant de commencer à pêcher, je m’évertue à trouver la clef pour prendre des carpes et si possible des grosses quand soi-disant elles ne s’alimentent que la nuit. Petite parenthèse mais il est bon, pas toujours, de ne pas attirer les petites carpes si on veut prendre des grosses. Ça passe par le choix de l’endroit où on va mettre son montage et une gestion de l’amorçage. L’âge venant mon approche est différente et par exemple subir la morsure du froid au cœur d’une nuit d’hiver ou les sessions « Vietnam » ce n’est plus d’actualité. J’ai mis une croix sur le baroud en grand lac.

Ambiance du soir
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Les poissons sont de plus en plus durs à soulever, tant mieux me direz-vous, mais je mesure encore plus aujourd’hui qu’hier la colossale somme d’efforts, l’énergie qu’il faut déployer pour prendre un poisson. La plus grande richesse de ma jeunesse aura été l’insouciance, aujourd’hui c’est la santé. Un vieux Bison doit gérer et finalement j’y arrive assez bien compte tenu que la Carpe n’est plus une obsession mais une créature comme une autre que je poursuis avec la sagesse que m’a apporté un long break. J’ai arrêté de travailler à 58 ans, j’entame ma 70ème année ce qui fait de moi un ancien jeune et un vrai dinosaure et probablement le plus vieux Carpiste en activité au moins dans le Bas Rhin, j’ai donc l’immense privilège de décider quand et comment je vais aller à la pêche, ceux qui travaillent me comprendront très bien. Tout à fait entre nous, j’ai même l’impression de mieux pêcher qu’avant et je suis sûr que mentalement j’ai aussi progressé.

Philippe fait souvent des pêches de journée en solo
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Peut-on aussi espérer bientôt un retour du Bison dans Média Carpe ?

C’est très gentil de votre part mais la réponse est non. Mon long break a été dicté en partie par ma volonté de m’ouvrir vers d’autres horizons, de vivre des choses différentes, par exemple j’apprends à jouer de la guitare basse et comme je préfère être la corde que le manche tu comprendras mes priorités. Tu sais qui est notre pire ennemi ? Le temps….

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