Ne vous est-il jamais arrivé, alors que vous vouliez faire vivre à quelqu’un une de vos incroyables sessions, que les mots ne suffisent pas et que votre récit paraisse fade aux oreilles de votre interlocuteur ?
Généralement, il est difficile de faire comprendre aux autres la force de ce que nous ressentons, à quel point la pêche nous fait vibrer. Il faut je crois l’avoir vécu pour le comprendre. Les mots suffisent rarement pour décrire les nombreux bienfaits qu’elle nous procure, essayons tout de même.
Bon pour le corps
L’image d’Epinal du carpiste est celle d’une personne confortablement installée, attendant passivement un bip derrières ses cannes, sirotant une bière. Pourtant, la pêche est un véritable sport, une activité dont les diverses composantes, aussi bien physiques que mentales, engendrent de réelles dépenses énergétiques, que ce soient les déplacements, l’installation du matériel, la recherche des spots, les combats, les séances photos etc… Dans de notre cerveaux où les circonvolutions finissent parfois par faire des nœuds, notre matière grise dépense elle aussi beaucoup d'énergie pour développer des stratégies de pêche, avouons-le, plus ou moins productives. Par ailleurs la pêche, ou plus exactement la reconnexion avec la nature, renforce notre système immunitaire et permet à notre corps de mieux résister aux maladies. Nous y faisons le plein de vitamine D qui joue un rôle essentiel dans le fonctionnement de nos muscles et dans la croissance de nos cellules. Un vrai shoot de vitalité !
Enfin, l’action provoque une véritable cascade d’hormones bienfaitrices souvent ignorées. En effet, chaque série de bips déclenche en nous une décharge d’adrénaline. Cette euphorie ponctuelle suivie du combat, provoque une accélération du rythme cardiaque et de la pression artérielle, ce qui décuple nos capacités physiques et psychiques. Toute notre anatomie est en alerte, rien de tel pour se sentir vivant ! Lorsque le pécheur est satisfait de sa stratégie ou de sa prise, les hormones du bonheur (dopamines, endorphines…) prennent le relais. Un sentiment de bien-être et de plaisir intense parcourt chaque partie de notre corps. Ce sont ces deux états alternatifs qui nous rendent totalement dépendant de la pêche. Certains pêcheurs chevronnés se sentent mal sans leur dose d’écailles ; une vraie drogue saine !
Pour le mental
La pêche de la carpe nous apporte un nombre incalculable de bienfaits pour l’esprit. Tout d’abord, la pratique de cette passion permet de développer certaines fonctions cognitives comme la capacité d’analyse et de résolution de problèmes. Elle décuple le temps et la qualité de concentration. Plus le séjour est long, plus les effets deviennent visibles et durables. Si l’on couple à cela un lieu qui nous fait vibrer, notre état de conscience peut se voir notablement modifié. Plus nous passons de temps au bord de l'eau, plus nous sommes investis, appliqués et perfectionnistes. Notre pensée créative, celle utile dans notre approche de la pêche, est stimulée. Une idée, une intuition, peut alors faire la différence.
La pêche permet aussi de réduire l’anxiété, le stress, les pensées négatives et les conflits internes, et au final nous apporter une sérénité semblable aux effets de la méditation. Au fil du temps, nous entrons en osmose avec la nature. Cette communion élève notre taux vibratoire, ce qui nous connecte davantage à nous même. Notre perception de l’environnement change, nos sens se décuplent, cette évasion apaise l’esprit. Un coucher de soleil aux couleurs chatoyantes, un matin brumeux, le vol d’un papillon ou d’un martin pêcheur qui se pose sur nos cannes sont autant de petites choses que nous remarquons davantage. Autant de véritables pauses bienfaitrices dans un quotidien effréné. Lorsque nous remettons le mode Play en rentrant de session, le décalage est souvent palpable. Le dur retour à la réalité nous rattrape, difficile d’y échapper. Lorsque l’on a la chance de s’évader lors d’une session, reprendre le travail le lundi matin à 8h00 peut devenir un vrai calvaire. Le blues n’est jamais bien loin, à peine rentrés nous ne pensons qu’à repartir et à une prochaine évasion, assoiffés de liberté…
La sociabilisation, le partage
La pêche nous amène à faire de nouvelles rencontres au bord de l’eau, tant les occasions d’échanger avec les passants peuvent être nombreuses. Qu’on le veuille ou non, les fameuses questions « ça mord » ou « vous les mangez ? » reviennent souvent. Il suffit aussi qu’un pêcheur sympathique s'arrête pour que s’ensuive une discussion autour d’un café ou d’une bière. Physiquement ou virtuellement nous nous sociabilisons en partageant autour de notre passion. Aujourd'hui, le monde est de plus en plus connecté et le partage avec les autres en est grandement facilité grâce aux réseaux sociaux, sources inépuisables d'informations. Qui n’a jamais regardé un tuto montage ? Qui n’a jamais suivi les aventures d’un autre pêcheur ? On peut y découvrir d’autres horizons, différentes pratiques. C'est un moyen d’ouverture au monde extérieur et aux autres, de transmettre, d’exister. Nous faisons ainsi partie d’une communauté à part entière, nos différents échanges nous rassemblent et créent des liens, ce qui renforce la nécessaire estime de soi. Ces réseaux permettent de partager en un clic nos moments favoris, nos photos, afin de faire vivre aux autres nos différentes réussites. Mais ce partage virtuel qui incite à nous sociabiliser est parfois à double tranchant. C’est aussi un support incontrôlable de malveillance, le terrain de jeu de nombreux espions à la recherche d’informations sur une eau, un poste… Vous savez, ces fameux « crabes ». Le partage a du bon mais attention aux dérives… Nombreux sont les pêcheurs qui, avec le temps, finissent par éprouver un certain dégoût pour les réseaux et pour qui rien n’égalera une pêche entre amis, une bonne bouffe, de la rigolade et quelques écailles !
Vivre ses rêves
Devoir se dépasser, sortir de sa zone de confort, sont des épreuves auxquelles notre être sera confronté tout au long de sa vie. Tant qu’à faire autant choisir celles, enrichissantes, qu’on lui proposera. Certains rêvent de gravir des montagnes, d’autres de poissons. Les objectifs que nous nous fixons nous permettent de passer du rêve au projet, du projet à l’action et donc de concrétiser quelque chose d’imaginaire. Nombreux sont les défis qu’un pêcheur peut se fixer : toujours plus gros, toujours plus beau, toujours plus rare, chacun les siens. Qu’ils soient atteints ou non, les évolutions sont perpétuelles. Ces challenges augmenteront notre persévérance, notre motivation, ils nous permettent de nous développer et de nous accomplir. Plus l’investissement sera grand, plus le plaisir d’atteindre notre objectif sera inouï ! Une satisfaction personnelle s’en dégagera automatiquement. C’est aussi pour cela qu’il faut aussi accepter la bredouille : suite à une série de capots successifs, la satisfaction d’une capture n’en sera que meilleure.
Piquée
Voici l’exemple qui illustre la toute première satisfaction que j’ai ressentie à la pêche, en tout cas c’est à ce moment-là que j’ai réellement été piquée par la passion. C'était la première fois que je suivais Joris en session. Nous étions sur un lac de barrage dans le sud de la France, au mois de janvier. Il devait bien faire -7° la journée et notre équipement vétuste n’avait d’isolant que le nom. Au bout de 3 jours sans la moindre activité, tout devenait souffrance. Je n’ai jamais eu aussi froid de ma vie, même les bouteilles de gaz sensées devoir nous réchauffer avaient gelé ! Avec 4 ou 5 couches de vêtements nous étions obligés de boire des soupes chaudes à longueur de journée pour ne pas congeler. Évidemment, rien ne nous empêchait alors de rentrer chez nous, bien au chaud, mais allez savoir pourquoi, la persévérance a pris le déçu. La dernière nuit, alors que tout espoir avait disparu, la délivrance inattendue s’est finalement manifestée ! C’est en chaussettes, les pieds tétanisés, qu’on épuisa une commune d’une dizaine de kilos. Je n’ai jamais ressenti une si grande satisfaction convaincue, sur le chemin du retour, d'avoir vécu et gagné une véritable épreuve. Après une bonne nuit de sommeil, je n’avais qu’une envie, y retourner ! C’est à ce moment-là que j'ai pris conscience à quel point la passion pouvait nous animer et que le dépassement de soi, lorsqu’il était récompensé par l’atteinte de nos objectifs, pouvait nous procurer cette intense satisfaction.
Nos valeurs
Elles sont nombreuses et variées ; il est intéressant pour nous de les cultiver. La détermination, l’ouverture d’esprit, la solidarité, la liberté sont des valeurs morales que nous travaillons sans forcément en être conscient, à la pêche. Elles nous amènent à nous approprier certaines vertus comme l’amitié, la patience, le respect… La liste est longue et influence nos vies de façon positive. Une personnalité n’en devient que plus belle lorsqu’elle grandit en se nourrissant de ces vertus bienfaitrices. Nous accordons ainsi moins d’importance au monde matériel et au train-train quotidien, davantage à l’essentiel, au moment présent. Le respect du cheptel aquatique et plus globalement de la Nature, qui nous procure autant de plaisir, prend dans notre esprit une place considérable et c’est bien un des enjeux de notre société.
Puisque la pratique de notre passion peut transformer avantageusement une personne, puisque la pêche est bonne pour la santé, autant la consommer sans modération.