Ce département français, le plus grand territoire d’outre-mer, est un paradis vert en Amérique du Sud, situé entre le Suriname à l’ouest et le Brésil au sud. Ce bout de France aux portes du poumon de la terre est recouvert à 96 % par la forêt amazonienne, il abrite le parc amazonien de Guyane qui est le parc national le plus important de France et même de l’Union européenne, rien que ça ! Des paysages tout droit sortis d’un livre d’aventure, une nature généreuse, une population accueillante et chaleureuse, tous les ingrédients pour écrire de nouvelles histoires dans votre vie de pêcheur.
La quête
Quel passionné de pêche n’a jamais rêvé de se mesurer aux poissons de taille record que l’océan pouvait nous offrir, les tarpons géants, les mérous goliath ou encore les carpes rouges ? Un département français nous offre ces poissons exceptionnels dans un décor naturel à couper le souffle, la Guyane. La saison sèche de juin à fin octobre reste la meilleure période pour pêcher en mer en Guyane, par opposition, l’autre partie de l’année connaît de fortes pluies et dépressions. En métropole les températures baisses, la mer se drape d’un voile brumeux le matin de bonheur, c’est l’automne, la saison que nous avons choisi pour traverser l’Atlantique. En ma compagnie pour ce voyage, deux pêcheurs, Adrien de Villeneuve de l’agence DHD Laïka spécialisée en organisation de voyage de pêche et de chasse et Nicolas Pariset un ami passionné qui a une grande expérience de la pêche des poissons a rostre, un grand plaisir de les avoir à mes côtés. Nous sommes accueillis sur place par des hôtes de marque qui sont parmi les meilleurs spécialistes de la Guyane et de ses pêches. Tout d’abord Pascal Vaudé, ce marin guyanais qui traversa l’Atlantique à la rame à plusieurs reprises et que vous pourrez retrouver, quand il n’est pas à la pêche, à Marine et loisirs, son showroom dédié à la pêche et aux activités nautiques. Dimitri Lecante, lui aussi Guyanais, occupe le poste de responsable du service expertise touristique en Guyane, c’est un naturaliste hors pair et qui possède une très grande expérience dans toutes les pêches pratiquées sur ce territoire. Enfin, Eric Ribas moniteur guide de pêche en Guyane, originaire de notre célèbre ville rose du sud de la métropole, Toulouse. Très fin pêcheur, il s’installa sur ces terres il y a plus de trente ans déjà autant dire que c’est un expert dans les différentes pêches qu’offre ce magnifique département.
Une équipe de choc pour découvrir et se frotter aux géants qui peuplent les eaux troubles du littoral. En effet, le courant nord brésilien et les courants guyanais transportent les eaux chargées en sédiments du fleuve Amazone, situés à 450 Mm de là, en direction des côtes guyanaises. Ces eaux turbides permettent un fort développement du phytoplancton qui est à la base de tout écosystème marin ce qui explique en partie la forte concentration de poissons sur les côtes guyanaises.
Les battures du Connétable, le repère des géants
Après une courte nuit dans la chaleur et l’humidité tropicale nous embarquons avant le lever du jour sur le magnifique bateau de Pascal Vaudé, un splendide et confortable Boston Whaler Outrage de 33 pieds motorisé avec deux fois 350 CV Mercury verado. Si c’est un bateau tout confort, il est néanmoins idéalement conçu pour pratiquer les pêches puissantes qui caractérisent cette région du globe. Éric Ribas qui guide au quotidien sur un très beau bateau pro 2000 de 7 m avec un moteur électrique avant, le seul en Guyane à posséder cet équipement, n’a pu refuser l’invitation de Pascal sur ce rutilant Boston Whaler ! De si bon matin une chose encore me surprend, nous embarquons sur un bateau imposant et magnifique mais nous sommes encore à terre, le bateau est sur remorque ! Pascal m’explique que le département de la Guyane française ne possède pas les infrastructures que nous connaissons en métropole, les marinas sont rares et la mise à l’eau quotidienne est la seule alternative. Sur les kilomètres de côtes que compte ce département français il n’y a donc pas de marina assez conséquente pour accueillir les bateaux qui sont tout de même nombreux dans ce petit coin de paradis. Pour ces mêmes raisons, les marins au long cours ne mouillent pas non plus sur ces côtes ce qui enclave un peu plus ce territoire méconnu.
Pour cette première matinée nous nous dirigeons donc sur la mise à l’eau de Degrad des cannes, à Rémire-Montjoly non loin du showroom de Pascal Vaudé. L’excitation est évidemment au rendez-vous, les moulinets surdimensionnés sont montés sur les cannes tout aussi musclées, c’est la promesse de combats épiques et sur vitaminés ! Sortie du fleuve, levé du jour, le spectacle est saisissant, dans le bateau le silence parle devant la magie des lumières, le ronronnement des moteurs berce l’équipage. Nous naviguerons sur environ 15 miles nautiques pour rejoindre la zone de pêche qui se situe sur le plateau rocheux des battures du Connétable au large de la ville de Cayenne. Ce haut-fond rocheux de plusieurs hectares n’est qu’à quelques mètres sous la surface entre 8 et 20 m en moyenne.
Tazards de plusieurs kilos… comme appâts !
La pêche débute en traîne afin de faire des appâts dans lesquels seront levés des filets pour cibler le tarpon ou le mérou goliath par la suite. En métropole quand nous pêchons des appâts, nous mettons une mitraillette ou une turlutte, en Guyane la pêche des appâts se fait à l’aide d’un poisson nageur de 15 cm avec un bas de ligne en acier ! Les appâts ce sont des tazards de plusieurs kilos dont certains peuvent en faire presque dix, autant dire que nous sommes directement dans le bain, les bras et les épaules sont chauds, l’entraînement est efficace ! Nous suivons des jeux les vols de sternes et les frégates qui chassent les petits poissons en surface pour trouver les tazards. Au milieu de cette agitation les bancs de carangues hippo ou crysos ne sont pas en reste, le repas est sonné. Pour nous la glacière est pleine en peu de temps, nous nous essuyons le front, Pascal le skipper, choisit une zone précise où il mouillera pour cibler certains poissons, en particulier la carpe rouge. Cette dernière se pêche moins souvent avec des filets de tazards mais plutôt avec des vifs, le croupia de roche est le poisson recherché pour cela. Notre jeune matelot, Jack, un des fils de Pascal, s’empresse de les attraper à l’aplomb du bateau. Efficace à cet exercice il nous permet de mettre en pêche rapidement toutes les cannes. La technique de pêche consiste à escher un filet de tazard sur un hameçon circle entre 10/0 et 14/0 généralement mais il peut aller jusqu’à 20/0 pour le mérou goliath. Cet hameçon termine un trainard de plusieurs mètres de 100 à 140/100, en fonction des espèces recherchées. Le plomb qui est souvent coulissant sur le corps de ligne est choisi en fonction du courant présent, souvent entre 80 et 200 g. La ligne est immergée à l’aplomb du bateau, une fois la prise de contact avec le fond, quelques tours de manivelles pour décoller le plomb du fond et laisser l’appât évoluer dans le courant et au gré du roulis du bateau. Le courant détermine le poids du plomb pour que la ligne ait un angle d’environ 60° ce qui permet à l’appât d’évoluer correctement, décollé du fond mais pas trop prêt de la surface. Cette technique permet de prendre les tarpons ou les mérous le plus souvent. D’autres lignes assez semblables sont montées mais avec des vifs cette fois-ci piqués par le nez pour chercher plus précisément les carpes rouges. Pascal utilise aussi des hameçons droits pour la carpe rouge, pas forcément des circles. Ce sont les trois espèces les plus recherchées sur cette zone qui abrite de gros spécimens, le record du monde de la carpe rouge est sûrement dans ces eaux, notre équipage nous le confirme ils en ont déjà vu.
La première touche nous fait bondir !
Les montages sont en pêche, nous en profitons pour lever les yeux sur l’horizon, au sud, un immense caillou émerge, seul au large, isolé, c’est la réserve naturelle de l’île du grand Connétable. Cette île minuscule abrite l’une des plus importantes colonies de frégates superbe en Atlantique avec près de 5 000 individus et plus de 1 000 nids. Le ballet des oiseaux volants autour de ce rocher est d’une grande puissance sauvage, un magnifique spectacle. La première touche nous fait bondir, Nicolas saute sur la canne et débute un combat féroce avec de grands coups de tête, Dimitri esquisse un sourire, c’est une carpe rouge ! Ce poisson est vraiment très puissant, il essaie de regagner le récif mais il faut en aucun cas qu’il y parvienne sous peine de casser le bas de ligne dans les roches. Nicolas met une grosse pression dans la canne et parvient à gagner son combat. Une magnifique carpe rouge est hissée sur le bateau, quelle joie pour tout l’équipage, quel poisson magnifique avec sa gueule féroce. Elle retrouvera son élément rapidement. Sur plusieurs jours les touches sont très nombreuses et bon nombre de poissons sont pris, des mérous obèses, des tarpons immenses et des carpes rouges sur vitaminées. Parfois des requins s’invitent à la fête, comme le requin-nourrice avec sa robe brun orangé magnifique.
Les îles du salut, le royaume argenté
La deuxième grande zone de pêche en Guyane sont les îles du salut qui sont plus près des côtes a seulement 7 miles nautiques au large de Kourou. Pour se rapprocher du spot durant ces quelques jours nous logeons à la marina, un lieu fait pour les pêcheurs et par un pêcheur ! Un hébergement tout confort les pieds dans l’eau avec comme pièce maîtresse des lieux, le bar ! La poupe d’un bateau coupé en deux fait office de comptoir, un décor floridien avec des poissons en taille réelle accrochés au mur. Un lieu convivial, nous embarquons tous les matins au pied des chambres. Ces trois îles où le cocotier est roi forment un décor idyllique, c’est le royaume du poisson argenté, le fougueux tarpon. Mais ces îles n’ont pas toujours été si accueillantes, elles sont aussi connues pour avoir abrité les bagnards durant 100 ans, une partie de l’histoire de France s’est écrite ici. Les techniques de pêche sont sensiblement les mêmes que pratiquées sur les battures du connétable à la seule différence que la pêche au leurre y est plus fructueuse grâce à la grande densité de tarpon sur cette zone. Éric et Dimitri nous expliquent les habitudes des tarpons pour mieux les appréhender, c’est la principale espèce visée dans cette zone. Nicolas, quant à lui, nous fait part de son montage particulier pour adapter un shad sur un hameçon circle indispensable pour ne pas décrocher le bondissant poisson argenté. Il conserve la tête plombée du shad mais en coupe la courbure de l’hameçon droit puis attache l’anneau de la tête plombée sur la courbure du circle à l’aide d’un collier plastique a serrage rapide. Afin que le shad soit bien aligné avec la courbure du circle Nicolas réalise de part et d’autre de l’anneau deux ligatures avec un fil coton ciré qui ne glisse pas. Ce montage simple est très efficace, il est beaucoup utilisé en Louisiane à la traîne avec de bons résultats. Les tarpons des îles du salut nous offrent un vrai festival de touches et de combats acrobatiques. Adrien souffrira durant de longues minutes, agrippé à sa canne mais cette lutte acharnée le mènera à prendre dans ses bras le poisson de sa vie. Prendre de tels spécimens au milieu de ce décor est vraiment un rêve de passionné, les îles du salut sont envoûtantes. Le tarpon, ce trophée de pêche, est à la fois puissant et délicat, lorsqu’il bondit hors de l’eau en chandelle il resplendit, c’est incontestablement le roi du combat. Ce voyage extraordinaire et très riche en découverte nous laissera comme un goût sucré dans la bouche comme une envie de revenir. Nos hôtes explorent encore le potentiel de cette destination plus loin au large, dans l’eau bleue, ce qui promet de belles aventures à venir.
Comment y aller ?
L’agence DHD Laika saura organiser votre voyage en Guyane dans les moindres détails. N’hésitez pas à prendre contact avec Adrien de Villeneuve !
DHD LAIKA VOYAGES
4, rue Paul Cézanne
75008 Paris
Tél. : +33 (0)1 42 89 32 64
Fax : +33 (0)1 49 53 09 04