Kayak : quelques règles de sécurité de base

Tout d’abord, pas de sortie kayak envisagée au large sans une étude approfondie des conditions du jour. Bien sûr les coefficients de marée et les horaires sont les premières choses à étudier… Pour sortir sur ce genre de spot, haché de cailloux et de pointes, on évite les jours de brume, les gros coefficients, le vent de terre, la marée descendante en début de session et on sort toujours à plusieurs. Pour cette journée, les conditions étaient réunies au-delà de nos espérances, pétole relative annoncée, pas de vent, un petit coefficient de marée de 60 avec une bascule de marée vers les 9h30, ce qui nous permettra de filer au petit large et de nous laisser porter par la remontée pour pêcher tranquillement. Autre recommandation pour les sorties en général, prévenir un proche de votre lieu de mise à l’eau et de votre heure approximative de sortie, n’hésitez pas, si vous avez du réseau, à appeler cette personne en cours de session pour lui dire que tout se passe bien.

Au large, restez à vue les uns des autres

Bien sûr nous sommes tous équipés de VHF et nos téléphones étanches ont le 196 enregistré dans les contacts. La mise à l’eau sur ce spot se fait d’une plage de sable, qu’il faudra aussi remonter à la sortie, prévoyez un chariot adapté au sable mou, surtout si vous devez, comme 2 d’entre nous, pousser des kayaks assez lourds avec tout le matériel embarqué. Notre 3e larron, Julien, était sorti en ponté ce jour-là, vu les conditions, cela s’y prêtait et j’ai regretté de ne pas avoir pris le mien. Le ponté se prête très bien à la pêche, à condition de maîtriser le sujet. La stabilité n’est pas la même que sur nos plateformes de pêche, mais quel plaisir de filer sur l’eau, à rase-cailloux sur de tels bolides, ça, ce sont de vrais kayaks, et à l’origine, nos amis du Grand Nord pratiquaient la pêche sur des pontés qu’ils fabriquaient eux-mêmes avec les os et la peau des phoques. Une fois vérifié que rien n’a été oublié, nous nous mettons à l’eau et avons la primeur d’un magnifique lever de soleil du côté du phare de la Vierge, sentinelle éternelle de ce coin de côte… Dès la mise à l’eau nous tombons sur des chasses dans les laminaires, qui commencent à se découvrir, ce sont des petits bars, nous en prendrons un chacun. Ils vont repartir grandir aussitôt et nous n’insistons pas, nous avons une demi-heure de transit avant d’arriver sur le spot convoité. Pour ces sorties au large, nous restons à vue les uns des autres et de plus nous gardons un canal de contact sur nos VHF, prêt à se porter secours mutuellement ou à rappliquer vite pour une photo souvenir… Autre recommandation, sur une chaude journée comme ce fut le cas, n’oubliez pas de vous hydrater régulièrement, même si vous ne ressentez pas le besoin de boire. Un Thermos d’eau légèrement sucrée ou du thé froid, avec une ou deux barres de céréales ne seront pas de trop. À la fin de la session, si vous faites le compte des kilomètres parcourus, vous verrez que l’addition peut très vite être élevée, et il est bon de s’hydrater et de se sustenter pour éviter une crampe ou un coup de fatigue.

À la bascule de marée

Après une grosse demi-heure de navigation, nous arrivons sur le spot choisi, il y a des fonds de 40 m, ce qui est propice pour le lieu, qui est l’espèce visée ce matin. Il y a encore une heure avant la bascule de marée et l’activité est quasi nulle sous nos coques, à part quelques coquettes qui n’hésitent pas à s’emparer de leurres aussi gros qu’elles. Pour cette sortie, nous avons pris des leurres souples type lançons, qui sont des protos en phase de validation, avec des têtes de 30 à 45 g, de la maison Astufish, une petite boîte artisanale qui se trouve du côté de Port-Louis dans le Morbihan. Nous essaierons plusieurs couleurs, « flashy » et plus naturelles. Ce sont les secondes qui fonctionneront le mieux. Surtout les coloris bleu et vert, avec les têtes de 30 g, qui nous permettront de pêcher de manière satisfaisante. Les premiers poissons corrects se feront un peu attendre, jusqu’à la bascule de marée, comme prévu, et c’est notre ponté, Julien, qui ouvrira le bal avec un joli cabillaud, pris dans 40 m d’eau.

Ensuite ce seront lieus et bars, mais les poissons sont difficiles à trouver et à décider. La bonne animation consistera à toucher le fond, puis à ramener vite sur quelques mètres avec une pause de quelques secondes, puis ainsi de suite, sur la moitié de la hauteur d’eau et recommencer, une animation ascenseur boostée en quelque sorte. Après quelques poissons mérités, la température est montée en flèche, il est 10h30 et il fait déjà plus de 25°C. Une autre recommandation, n’oubliez pas la casquette, la crème solaire et les lunettes de soleil pour vos sorties. En plus du soleil qui tape sur les têtes, la réverbération de l’eau rajoute sa touche à l’effet « four » et lorsque vous avez un kayak noir comme Romain ça chauffe deux fois plus… Ce n’est plus la peine d’insister alors j’en profite pour emmener la troupe pour une visite guidée des cailloux autour du phare de l’île Vierge, autant profiter des conditions exceptionnelles sur ce coin pour le visiter. C’est aussi cela une sortie kayak, profiter de l’environnement et s’émerveiller… Nous ferons le tour de l’île de Stagadon, sur laquelle nous ferons la pause casse-croûte.

Danger des cailloux affleurants

Nous raserons le banc du Libenter, bien connu des pêcheurs de lieus qui viennent y prélever leurs lançons vivants avant d’aller sur les bases à lieus plus au large et inaccessibles pour nous sans une logistique sérieuse avec un bateau d’assistance. Les passes entre Stagadon et le phare de la Vierge sont à prendre avec attention, beaucoup de cailloux affleurent et sont autant de pièges pour nos petites coques. Les conditions d’aujourd’hui nous permettent une navigation rassurante pour qui connaît un peu le coin. Une autre recommandation, ne partez pas à l’aventure sur ce type de spot sans être accompagné par quelqu’un qui connaît bien l’endroit, la solution d’une journée pêche avec un guide de pêche du coin peut être une bonne approche pour apprendre à maîtriser ce type de spot si vous n’avez pas un local dans vos connaissances.

Le moment de la pause déjeuner arrive enfin, après une grosse heure de navigation à travers le dédale des cailloux, les couleurs sont féeriques et nous en prenons encore plein les yeux. On se croirait sur une plage des Seychelles par la couleur de l’eau et du sable, mais non, c’est bien un petit coin de notre belle Bretagne qui s’offre à nous. Ce coin magique est connu de nombre de locaux qui y viennent pique-niquer en famille, paddles, kayaks, bateaux se pressent pour y accéder. De notre côté, nous trouvons une langue de sable inoccupée et nous arrêtons là pour nous restaurer et profiter du spectacle. Nous en profitons aussi pour appeler nos proches et leur dire que tout se passe au mieux et ajustons l’heure de sortie de l’eau. Le casse-croûte avalé et le plein de photos fait nous repartons vers notre point de départ, la tête remplie de merveilleuses couleurs. Seule une balade en kayak peut vous donner de telles sensations, pas de bruit, en communication avec la nature et au plus près d’elle, en ayant toujours à l’esprit que vous naviguez sur un petit morceau de plastique et qu’il faut garder en tête ces quelques recommandations évoquées dans cet article pour que tout se passe au mieux. Le principe d’une bonne sortie étant de rentrer sans problème à bon port. Portez-vous bien. Le kayak ça vous gagne…